22 juin 2022

Démocratie parlementaire, nous voila ?

 


« Pour la première fois, la France découvre la démocratie parlementaire. » a tweeté Ternisien, ce qui n’est pas parfaite exact mais on ne va pas faire de la théorie : on se retrouve avec un parlement qui n’est plus à la botte du président. Par contre, on reste dans un système complètement foireux, si je puis me permettre, vu qu’il n’y a aucune culture du compromis, en France… Je ne suis pas abonné à beaucoup de militants de droite, dans les réseaux sociaux, mais ceux de gauche me paraissent assez peu raisonnables.

Louis Boyard est un jeune député (21 ans). Il a tweeté, hier : « Mes premiers pas à l’Assemblé nationale avec @KekeRachel ! Avec la #NUPES, aujourd’hui c’est le peuple tout entier qui entre à l’assemblée.  » Quand on siège à l’Assemblée, on devrait au moins l’écrire correctement. Et savoir compter. Nupes a fait environ 25% au premier tour. Retenons les 30% du second. Disons 35 pour éviter les polémiques. Cela fait quelque chose comme 15% des inscrits et on ne peut pas vraiment dire que « tout le peuple ».

En parlant de Rachel Keke, disons bien que le racisme et le mépris de classe passent aussi par LFI vu qu’ils ont choisi comme emblème une ancienne femme de ménage noire. Regardez la photo de famille du groupe, elle n’est pas emblématique. Ce qu’il y a de notable à signaler c’est que la dame est une « ancienne soutien » de Marine Le Pen. Tiens ! Pendant que j’y suis, des élus de la majorité présidentielle ont sous-entendu qu’ils pourraient aller chercher des voix au sein du RN pour faire passer les projets de loi.

C’est inadmissible. On ne va pas cracher dessus s’ils ne votent pas contre mais on ne peut tout de même pas aller chercher les voix de l’extrême droite pour gouverner.

 


Je vais en finir avec les réseaux sociaux pour aujourd’hui. Je n’en peux plus de lire des tartines avec des braves gens qui se lancent dans des analyses à chier. Ce matin, il y en a un qui nous a pondu trois A4 avec pour postulat de base que « Ensemble » est à droite. Il va falloir réviser les classiques car les théories qui se bases sur des axiomes fausses sont à foutre à la poubelle. Rappelons-le...

Veuillez trouver ci-contre une représentation de notre future hémiplégique hémicycle faite, je crois, par Brice Couturier qui voudrait nous faire croire que la majorité présidentielle est largement majoritaire, ce quelle est mais il faut bien que Twitter gueule. J’ai ajouté un trait rouge au milieu. Pile poil. J’en ai chié. On voit aisément que la moitié de « Ensemble ! » est plutôt à gauche.

Il y a quelques semaines, j’avais fait un billet pour m’amuser des anciens Modem passés chez Nupes et surtout de mes postes, anciens socdems, passé lfiste. J’en ai retrouvé un nouveau, qui était dans les leftblogs (mais je me suis fâché avec lui). A l’époque, il défendait Hollande dans notre groupe de discussion même quand moi j’étais en désaccord avec pépère, notamment lors qu’il a augmenté la TVA. Maintenant, il défend becs et ongles le Nupisme le plus à gauche.



Vous vous rappelez l’histoire de la girouette ?

Il me revient en mémoire la grande époque des blogs, à la fin des années 2000, quand, moi-même, je connaissais de plus en plus de militants de gauche, de gens proches des états-majors des partis. Avec les copains, ceux dont je viens de parler, on passait déjà pour des connards de droite auprès des types qui allaient devenir soit les insoumis après un passage par le Parti de Gauche soit, tout simplement, les frondeurs… Et, ensemble (« Ensemble ! »), on luttait contre cette idée idiote.

De tous temps, les gens de gauche se sont cru les seuls à gauche… Et Jean-Luc Mélenchon n’avait comme seul rêve que de torpiller le Parti Socialiste, pour se venger de je ne sais quoi…

Il a entraîné tout ce beau monde avec lui mais ils viennent de perdre, à nouveau, une élection nationale mais, ce coup-ci, en ayant fait croire qu’ils tentaient de rassembler la gauche alors qu’ils n’ont fait que plaisir aux militants qui se sont enfin trouver une voie… Et on en revient à ces 15% : les citoyens sont loin de plébisciter ce truc.

 

Alors, il faut être sérieux et apprendre à faire des compromis pour que le pays soit dirigé sans qu’on oblige Ensemble ! à s’aller avec la droite. Par exemple, Faure et Roussel pourraient aller voir les dirigeants de l’exécutif et dire « Dites, Zaza et Manu, on ne va pas se mentir : nous ne sommes pas en position de force. Vous non plus d’ailleurs. Au moins, nous, on n’a pas à gouverner. La situation n’est pas telle qu’il faudrait une entente formelle voire un gouvernement d’union nationale mais on pourrait éviter d’être collectivement cons. Par exemple, vous ne voulez pas de la retraite à 60 ans après 40 anuités telle qu’on l’a défendue avec les copains de Nupes et nous ne voulons pas de votre retraite à 65 ans. Alors laissons tomber nos projets réciproques et travaillons à autre chose. Le Conseil d’Orientation des Retraites a dit que le financement était assuré jusqu’en 2070 mais nous avons un double problème : le montant des retraites qui stagne et la dépendance. Travaillons ensemble pour trouver une solution acceptable. Par exemple, on rétablit ce qui concerne la pénibilité, on augmente d’un an l’âge pour les autres et on augmente un peu les cotisations patronales. En fait, vous voyez le genre. Faites des propositions et, si elles sont raisonnables, on poursuivra la discussion et on ne vous chiera pas dessus ! »

J’ai vu beaucoup de types qui ont essayé de voir ce que les Français ont voulu dire avec leurs votes. La réponse est : « rien ». Ils ne se sont pas réunis pour élaborer un message. Certains ont voté à l’extrême-droite, comme souvent, et notre système électoral ivre mort a donné plein de députés au RN. D’autres ont voté à gauche par réflexe, parce qu’ils ont toujours voté à gauche, sans doute comme leurs parents. Beaucoup ont voulu soutenir la majorité présidentielle parce qu’ils sont quand même les plus sérieux. Quelques-uns ont choisi LR parce que le député sortant est quand même bien implanté. Chacun a ses raisons. Comme toujours (et pas exceptionnellement), un tiers a décidé que les législatives sont inutiles dans notre système et que se déplacer est inutile. D’autres les ont rejoints (par contre) en se disant que « bah, pour ce que ça sert, cette fois, tous les autres sont grillés, je vais rester à l’apéro avec les copains. »

 

Les Français cherchent très certainement des gens sérieux qui peuvent travailler pour gouverner – mais aussi gérer – la France. Par exemple, ils ne veulent pas de la retraite à 60 ans ! Ils ont déjà donné… Il y a quarante ans. Depuis, on fait tout pour la torpiller et on nous explique que le financement n’est plus assuré d’autant que l’espérance de vie a augmenté. Ce qui n’est pas faux, convenons-en… Pour ma part, et je suppose que beaucoup pensent comme moi, je ne suis pas pour l’augmentation de l’âge de la retraite dans la mesure où beaucoup ne trouvent plus de boulot après 55 ans et dans celle où il y a plein de jeunes chômeurs qui ne demandent qu’à travailler et il est complètement débile de faire travailler les vieux. Nous ne sommes pas spécialement dans une logique de progrès social… d’autant que les socdems ont bien fait progresser la réflexion (on peut travailler plus tard si on n’a pas un boulot pénible alors qu’il y a encore une dizaine d’années, on travaillait plus sur l’égalité).

 


Ainsi, ils cherchent des gens pour travailler et pas pour vociférer en permanence et jouer aux guignols. Vous trouverez ci-joint deux photos pour le prix d’une avec des députés LFI qui font les clowns devant l’ancien bureau de Castaner. Vous pensez vraiment que les électeurs attendent ça ? Ou Sandrine Rousseau qui a déclaré : « On ne peut pas se contenter d'humilier encore la parole des femmes. Le jour où Damien Abad entrera dans l'Assemblée, il y aura 180 députés de la Nupes qui feront le chahut nécessaire pour qu'on ne puisse pas l'entendre. » ? Je comprends bien le principe mais on n’a pas élu 170 députés pour qu’ils fassent les cons… en oubliant que l’autre andouille a lui aussi été élu. Vous n’êtes pas là pour faire du chahut mais pour mener les réformes dont le pays a besoin (même si, évidemment, vous n’êtes pas d’accord avec ce qui est proposé), surveiller l’action du gouvernement et j’en passe…

 

La question n’est évidemment pas de savoir si je sais plus que les autres ce que veut le peuple mais il me parait nécessaire de continuer à diriger la France en prenant en compte le résultat des urnes. Les électeurs n’ont pas réellement choisi un projet mais ils n’ont en aucun cas choisi la chao. On peut faire ce qu’on veut de la démocratie parlementaire (plus exactement d’un régime parlementaire) y compris le paralyser. Il me semble néanmoins que toutes les « petites » formations politiques voulaient renforcer le rôle du parlement et mettre en place la proportionnelle, c’est je pense le principe de la sixième république, voulue par les insoumis (au fait, j’ai mis des guillemets à « petites » car le PS et LR en sont plus ou moins exclus…).

Avec notre parlement rock’n roll, on ne peut pas jouer : il faut réellement faire des compris et si la démocratie ne peut pas fonctionner ainsi, Emmanuel Macron aura beau jeu de faire un referendum pour renforcer le bipartisme.

 


S’il faut arrêter avec les gamineries tels que les guignolades devant le bureau de Casterner dont je parlais, le chahut de Rousseau ou les refus des compromis (je vais y revenir) et s’il faut revenir au sérieux, seul élément attendu par les électeurs potentiels, à ne pas confondre avec des militants, il faut aussi arrêter les polémiques comme celles qu’on a vu que le front républicain. D’une part, les éléments sont sans doute faux et le « FR » ne sert à rien (veuillez trouver ci-joint une image le prouvant). D’autre part, il y a plus grave, comme ces élus MREM qui souhaitent aller chercher le soutien du RN mais dont on a relativement parlé alors qu’il aurait fallu leur signifier une faute grave…

A propos des compromis, Messieurs Roussel et Faure ont rencontré Monsieur Macron et ont dit, en sortie et en substance : « bon ben on va voire ce qu’il va proposer » ce sont fait tomber dessus, dans internet, quasiment en faisant traiter de collaborateurs…

 

Démocraties parlementaires (Wikipédia)

Ce n’est pas comme ça que la gauche va revenir au pouvoir. Elle reviendra le jour où les électeurs la trouveront raisonnable, ce qui n’est plus le cas depuis la moitié du quinquennat de François Hollande à cause du phénomène des frondeurs (peut-être politiquement justifié mais désastreux électoralement).

Enfin, il faudrait rappeler à ceux qui traitent les électeurs de la majorité présidentielle de connards de droite, ce qu’ont généré les derniers gouvernements de droite, en France. Loi de programmation sur la sécurité intérieure, baisse des impôts sur le revenu, durcissement du droit pénal des mineurs, assouplissement des 35 heures… Je vais arrêter aux six premiers mois de Chirac 2002, vous épargner le CPE, les lois sur les retraites, la loi TEPA, le discours de Dakar et celui de Grenioble.

 

Du recul, que diable !

 

15 commentaires:

  1. le dernier paragraphe est délicieux et tellement vrai, les extrémistes confondent compromis et compromission. Ils sont à fond dans leur dogmatisme. Suffit de parler climat, hop ça te chie tout de suite "à bas le nucléaire", comment faire du compromis la dedans ? faire voter l'assemblée sur les EPR : hop, E! et des LR, PS votent pour .. faire voter la même assemblée sur l'éolien en mer : E!, des PS et des EELV votent pour. Le compromis peut fonctionner ainsi, avec en plus du travail parlementaire dans les commissions qui est éloigné des revendications politiques en plateaux TV.

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    1. D'un autre côté, c'est un nouveau mode de fonctionnement à adopter. Si les extrémistes n'en veulent pas, ils seront rejetés et il sera facile de faire une campagne, par exemple en cas de dissolution, sur le blocage. Par moment (mais même à jeun), je me demande si la situation n'a pas été voulue par Macron, sinon LREM n'aurait pas foiré la campagne. Là, ils vont avoir LR et le PS qui vont voter des trucs de temps et qui par "sérieux républicain" seront obligés de s'abstenir pour d'autres. Il aurait eu beaucoup plus de difficulté avec une majorité absolue plus "légère" (genre 292 députés) vu qu'il suffirait de l'absence d'un ou deux gugusses pour tout faire foirer. Là, il sait qu'il ne peut pas tout faire mais est assurer de pouvoir en faire un peu, comme pour les EPR ou l'éolien en mer dont tu parles. S'il avait voulu passer en force avec une majorité absolue sur la retraite, par exemple, ça aurait mis le pays à feu et à sang.

      Ou alors, tu prends un truc comme les gilets jaunes, il ne sera plus responsable s'il n'a pas la majorité absolue...

      Attention , je ne suis pas formel, mais j'ai une impression bizarre.

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    2. (je viens de configurer un 2e compte blogger sur mon 2e Mac : épuisant) tout comme toi j'ai une impression bizarre : E! a vu que les médias mettaient la NUPES à 50 voir 60% du temps et n'ont pas répondu sur ce point.Et après l'élection je me rend compte qu'en effet ils n'ont pas cherché à faire campagne à fond. Là si Macron est malin, il peut forcer le débat parlementaire avec un gouvernement presque majoritaire mais ça va prendre du temps avec des médias qui sont encore en mode instantané.

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    3. Ouais, on n'y comprends rien...

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  2. Je crois que la réaction la plus intelligente est de Laurent Berger de la CFDT
    ""Le Parlement n’est ni un ring de boxe, ni une tribune"
    «Un député n'est pas là pour résister mais pour construire».
    D'autre part quand on regarde le schéma de répartition des siège à l'AN
    aucun parti démocratique ne peut contester que le vainqueur des législatives, c’est la coalition orange, sauf peut être Trump aux US
    Marco

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    1. Oui, LFI continue à nier la victoire de la majorité présidentielle : c'est de la connerie, ils sont en tête. La seule satisfaction pour l'opposition est que cette majorité présidentielle ne pourra pas tout faire.
      Pour Berger, il a souvent raison...

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    2. Oui, LFI continue à nier la victoire de la majorité présidentielle : c'est de la connerie, ils sont en tête. La seule satisfaction pour l'opposition est que cette majorité présidentielle ne pourra pas tout faire.
      Pour Berger, il a souvent raison...

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    3. « LFI continue à nier la victoire de la majorité présidentielle »

      En quoi ils se comportent exactement comme… Donald Trump !

      (Je sens que ce rapprochement ne va pas les combler de joie…)

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    4. On peut continuer à se foutre de leurs gueules.

      La comparaison avec Trump, en revanche, n'est pas bonne : ils ne nient pas le gain dans les urnes mais uniquement le fait que la majorité puisse considérer ce gain comme un gain. Le cabanon n'est pas loin...

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  3. La situation résumée par Bayrou ce matin (interview sur France Inter) :
    1) Il n’y aura pas de gouvernement d’union nationale puisque ni LFI, ni le RN, ni LR n’en veulent, sans oublier la majorité des élus d’Ensemble ! qui ne veulent pas entendre parler d’une collaboration avec Le Pen et/ou Mélenchon.
    2) Il n’y aura pas non plus de gouvernement de « grande coalition », notamment avec LR, compte tenu de la position adoptée par ce parti.
    3) Contrairement à la plupart des commentaires depuis les résultats du second tour des législatives, le pays est parfaitement gouvernable à condition de trouver des majorités de circonstances sur tel ou tel projet de loi avec des élus dotés d’un esprit constructif.

    C'est (le point 3) l'esprit des éléments de langages distillés depuis dimanche soir par Elisabeth Borne (manifestement préparés avec Macron puisqu'elle avait passé plusieurs heures avec lui avant de faire son discours) et de sa "majorité d'action". Après, que Bayrou s'estime à tort ou à raison plus qualifié qu'elle pour conduire cette majorité, c'est une autre histoire...

    Les hypothèses d'un gouvernement de coalition ou (encore moins crédible) d'union nationale sont de l'enfumage ou un chiffon rouge agité par Macron au nez des responsables des partis d'opposition pour les obliger à se positionner contre.
    Macron a bien l'intention de continuer de gouverner à sa guise (et au gré du vent, un coup à gauche, un coup à droite) sans dépendre d'un accord de gouvernement avec tel ou tel parti d'opposition. Surtout pas LR qu'il veut pouvoir continuer de dépecer petit à petit. Quant aux groupes PS, PC et écolo, ils sont trop petits pour faire l'appoint (ou alors il faudrait qu'ils le fassent tous ensemble, mais sur quelles positions communes : le nucléaire ? les retraites ?), et auraient tout à craindre des accusations de traîtrise et autres invectives que les Lfistes ne manqueraient pas de leur lancer s'ils envisageaient un tel accord.

    Avec 245 députés (et sans-doute plus de 250 en comptant les quelques ralliements probables), le nombre de voix à gratter pour faire passer telle ou telle loi sera assez faible pour que l'appoint de l'un des groupes minoritaires "modérés" et l'abstention d'un autre soit suffisant.
    Quant à imaginer l'ensemble des groupes d'opposition voter la même motion de censure pour faire tomber le gouvernement, c'est de la politique-fiction.

    Mais avec l'opposition systématique des plus radicaux, soit un tiers des députés, les débats à l'Assemblée vont être chauds. Et interminables (surtout que depuis Rocard les possibilités d'usage du 49.3 ont été fortement restreintes). Et donc peu efficaces quand il s'agira de répondre à des situations d'urgence.
    Ce n'est probablement pas ça qui va réconcilier les français avec la démocratie parlementaire. Bon courage pour 2027 si ça ne pète pas avant.

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  4. Le dernier paragraphe me donne une certaine nostalgie d'une droite que j'aimais bien. J'ai beaucoup moins aimé la fin et la période Sarkozy Fillon.

    Après, on est tous le connard de droite ou de gauche de quelqu'un...

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