23 juin 2022

Un discours pour poser des bases

 


Je n’ai pas écouté le discours d’Emmanuel Macron, hier, à la suite des élections législatives et à la rencontre avec les responsables politiques mais j’ai vu, dans les réseaux sociaux, les réactions de dirigeants de partis, de simples militants ou de journalistes vaguement engagés et tout cela me parait complètement délirant. Alors, je suis allé le lire, ce matin. Mon avis est qu’il n’y a rien à retirer. Je ne suis pas un lapin de six semaines, j’ai voté Macron en 2017 et pas cette année… Il ne donne aucune précision et je pourrai m’opposer (ou approuver…) plus tard.

Les observateurs sont trop dans le mouvement et feraient mieux de se poser. Sinon, les cinq prochaines années vont être longues. En outre, je commence à être énervé par les polémiques à la mords moi le nœud et je pense que les citoyens sont comme moi.

Macron a répété deux fois qu’il avait gagné sur la base d’un projet qui avait été retenu par les Français. On peut dire qu’on n’a rien… retenu du projet mais on ne peut pas attribuer cette élection à un rejet de son adversaire, en l’occurrence de Marine Le Pen car c’est ainsi que se passent toutes les opérations présidentielles. Ce brave Chirac a fait deux mandats à la tête de l’Etat sans jamais atteindre les 20% au premier tour ! On ne peut pas vivre éternellement sur la mystification des résultats d’une élection.

 

Reprenons dans le détail. C’est ainsi qu’il a commencé : « Le 24 avril, vous m’avez renouvelé votre confiance en m’élisant Président de la République.  Vous l'avez fait sur le fondement d’un projet clair, et en me donnant une légitimité claire. » C’est la stricte vérité même si le projet a été coulé sous l’afflux des propositions de LFI qui a respecté des slogans en boucle mais n’a pas gagné. La légitimité est réelle et supérieure à celle de beaucoup de ces prédécesseurs.

Il a continué en félicitant l’ensemble des députés élus, ce qui est la moindre des choses, tout en ayant une parole aimable pour les battus. Il constate ensuite l’abstention élevée et la nécessité d’améliorer la visibilité des prochaines actions collectives, en particulier, pour prendre en compte les « inquiétudes, le sentiment d'avoir des vies bloquées, [l’absence] de perspectives dans nombre de nos  quartiers populaires, comme dans nos villages. » A lui seul, il résume ce que devraient penser tous les politiciens…

 

« Ces élections législatives ont fait de la majorité présidentielle la première force politique de l’Assemblée nationale. Toutefois, et c'est un fait nouveau, et comme dans la plupart des démocraties occidentales, qu'il s'agisse de l'Allemagne, de l'Italie, et de beaucoup d’autres, aucune force politique ne peut aujourd'hui faire les lois seule. » 

Cela me parait être la plus pure vérité…

« Il a manqué une trentaine de députés sur 577, et la majorité présidentielle est en effet relative.  Sa responsabilité est donc de s'élargir, soit en bâtissant un contrat de coalition, soit en construisant des majorités texte par texte. » C’est à peu près ce que disent tous les types qui écrivent dans internet ou cause dans le poste sauf les fous furieux qui voudraient que le programme de Nupes soit appliqué à la lettre alors que Nupes ne représente que 30% des voix exprimées.

« Oui, pour agir dans votre intérêt et dans celui de la nation nous devons collectivement apprendre à gouverner et légiférer différemment. » Si vous n’êtes pas d’accord, vous le dites, hein ! Tout comme pour ceci : « Bâtir avec les formations politiques constituant la nouvelle assemblée des compromis nouveaux dans le  dialogue, l'écoute, le respect. C'est ce que vous avez souhaité et j'en prends acte. » Pour ma part, je ne suis pas trop d’accord avec le « vous avez souhaité » dans le sens où personne n’a souhaité un tel bordel. Il n’empêche que c’est le résultat et Emmanuel Macron dit franchement qu’il va en prendre acte.

 

Je ne vais pas tout citer non plus. Après, il évoque les rencontres qu’il a eues avec les dirigeants politiques et confirme l’exclusion d’un gouvernement d’union nationale. C’est bien la peine d’avoir polémiqué dans tous les sens en traitant les autres de traitre et tout ça…

Il constate que la plupart sont d’accord avec les objectifs : « le pouvoir d'achat, le travail, les moyens d'atteindre le plein-emploi, la transition écologique, la sécurité. »

Puis, il rappelle que l’essence même de sa manière de faire de la politique est le « dépassement politique » (le « ni de droite ni de gauche » ce que certains traduisent en « ni de gauche ni de gauche »).

« D'abord, la clarté. Cela veut dire ne jamais perdre la cohérence du projet que vous avez choisi en avril dernier. C'est un projet d'indépendance pour notre pays, la France et dans notre Europe que nous devons rendre plus forte, qui passe par une défense forte et ambitieuse, une recherche d’excellence, une industrie et une agriculture plus puissantes par des investissements d’avenir, un projet de progrès sociaux, en particulier pour notre école et notre santé qu'il faut refonder, sur lesquels nous devons réinvestir, un projet de progrès écologique par une planification et des investissements assumés. Un projet de sécurité et de justice, mais aussi un projet responsable, c’est-à-dire crédible et financé. » Vous avez quelque chose contre ?

Et contre ceci : « Pour ce faire, dès cet été, il nous faudra prendre, nous le savons, des mesures d'urgence pour répondre aux besoins du pays et de votre quotidien. Une loi pour le pouvoir d'achat et pour que le travail paie mieux, des premières décisions pour aller vers le plein emploi, des choix forts sur l'énergie et le climat, des mesures d'urgence pour notre santé, qu'il s'agisse de notre hôpital ou de l'épidémie. » ?

Je me répète : il est encore trop tôt pour discuter du contenu et nous aurons des divergences. Il ne s’agit pas de bénir Macron, ce matin, mais de sortir des expressions débiles que l’on voit sur le net.

Dès a suite, d’ailleurs, on peut ronchonner : « Tous ces progrès ne sauraient-être financés ni par plus d'impôts, ni par plus de dette budgétaire et écologique. C'est pourquoi notre pays, plus que jamais, a besoin de réformes ambitieuses pour continuer de créer plus de richesses, plus de travail et innover davantage. Ça c'est la clarté. » Mais je n’ai vu personne en parler… Cela étant, Macron a été élu et est centriste et ses députés arrivent en tête : on ne va pas lui reprocher de fixer des limites : pas plus d’impôt, pas plus de dette ! Je comprends une déception côté LFI pour qui tout était « open bar » mais n’oubliez pas qui a réellement perdu, aussi…

Ensuite : « La responsabilité ensuite. Il faudra bâtir, comme je l'expliquais, des compromis, des enrichissements, des amendements, mais le faire en toute transparence, à ciel ouvert si je puis dire, dans une volonté d'union et d'action pour la nation qui concerne toutes les forces politiques,  à commencer par la majorité présidentielle mais aussi toutes les autres, les forces vives, les  partenaires sociaux, les élus, les associations, nous tous. »

 

La phrase suivante a fait polémique : « Pour cela, il faudra clarifier dans les prochains jours la part de responsabilité et de coopération que les différentes formations de l'Assemblée nationale sont prêtes à prendre. Entrer dans une coalition de gouvernement et d’action. S'engager à voter simplement certains textes, notre budget. » C’est pourtant bien ainsi que cela doit se passer : le Président a reçu les responsables et leur a fait des propositions. Ils doivent retourner vers les militants puis répondre au président. « Pour avancer utilement, il revient maintenant aux groupes politiques de dire, en toute transparence, jusqu'où ils sont prêts à aller. » C’est simple : soit ils disent qu’ils sont prêts à écouter soit ils refusent tout. En toute transparence. S’ils refusent tout, ils seront effectivement tenus pour responsables du bordel mais soyez calme : nous n’en sommes qu’à la négociation.

Et après, il dit qu’en fonction de tout ça, il faudra définir la nouvelle méthode de travail. Vous êtes contre ?

Enfin, il dit qu’il a confiance, qu’on a traversé d’autres crises et tout ça.

 

Je n’ai qu’un truc à ajouter : je ne vais pas continuer à reprendre les discours d’Emmanuel Macron si le type qui les tape à la machine continue à faire autant de fautes de frappes, m’obligeant à faire une bonne trentaine de corrections, rien que pour les citations que j’ai faites.

Au boulot !

7 commentaires:

  1. Très bien résumé, j'ai regardé la vidéo présidentielle sur Facebook hier soir. Là ce matin je regarde FranceInfo qui a du mal a comprendre le "compromis" encore une fois, et la porte parole du gouvernement qui répète ce que tu as compris : un dialogue a été engagé. Ça ne se fait pas en 3 jours, ni accord avec le RN, ni accord avec la FI.

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    1. Je ne crois pas qu'il ait parlé d'accord avec le RN ou LFI. C'était l'objet de mon d'hier soir. Malgré toutes les "haines" qu'on peut avoir à l'encontre de LFI, ne mettons pas ces deux machins dans le même panier. Cela étant, oui, les journalistes font semblant de ne pas comprendre histoire de vendre... C'est comme Mélenchon qui continue à exiger un discours de politique générale de la part de Borne alors qu'il est planifié depuis longtemps...

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  2. Merci d'avoir relayé le discours. Je me rends compte que je l'ai regardé sans l'écouter. Mais je crois m'être endormi très tôt hier soir...

    Y a juste un truc. Je dois être con, mais je n'ai rien compris au "projet" qu'a présenté Macron et qui l'a fait élire. J'ai compris qu'il y avait un rejet de Mélenchon et Le Pen, mais un projet de Macron à part sa propre personne ?

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    1. Il faut arrêter avec ça, il avait bien un programme. Le projet, ça marche pour le premier tour. Au second, on élimine...

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  3. Ses 7 insupportables minutes d'allocution lui auront permis de cultiver son immense talent à parler pour ne rien dire.

    Denis.

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    1. Donc tu ne les a pas écoutées. Et pour une première fois, il n'a franchement pas été trop long. Tu agis par haine. C'est mal.

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    2. Comme souvent, tu te trompes. Je l'ai écouté, entièrement, religieusement.

      Denis.

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