20 juin 2022

Platitudes du lendemain

 

Anciens

Comme j’ai lu plein de choses passionnantes dans la presse et les réseaux sociaux suite l’élection d’hier, je n’ai pas grand-chose à ajoute. Deux points me sautent néanmoins aux yeux. D’une part, les gens aiment bien analyser les raisons de la montée du FN mais tous se trompent car ils oublient que les raisons ne sont pas uniques. Tout le monde se trompe ou tout le monde à raison ? D’autre part, les commentateurs avisés essaient de deviner de quoi demain sera fait.

Que puis-je ajouter ?

 

A propos de la montée du Front National, appelons-le ainsi, chacun fait comme si la montée est récente. L’ami Denis, par exemple, nous dit : « Là où Sarkozy avait su enterrer le RN, Hollande et Macron, par leur politique antisociale et libérale, auront amené les Français à voter massivement pour une expérience politique qu’ils sont manifestement de plus en plus nombreux à vouloir essayer. » Les gens oublient le passé… Sarkozy avait réussi à enterrer le RN qui nous rappelle LHLPSDNH lors de son élection, avec une campagne dynamique mais le candidat de ce parti a augmenté son score de 7 points pendant son quinquennat, soit plus que pendant les deux quinquennats suivants « cumulés ».

Rappelons que le FN a fait 10% en 1986 (à l’époque, c’était à la proportionnelle), est monté à 15% en 1997 et est maintenant à 19% (au premier tour). La montée, aux législatives, est relativement dérisoire. Le nombre de sièges est sans doute préoccupant mais il est plus la cause d’une bizarrerie de notre système électoral que de la montée de la haine de l’étranger, du fascisme ou que sais-je ? Je ne cherche pas à relativiser mais la chute de la « droite de gouvernement » explique peut-être à elle seule ce bordel.

Hier soir, j’ai tweeté un truc pour me foutre de la gueule de Mélenchon, comme d’habitude. Il fanfaronnait sur le score de Nupes et je lui ai rappelé que le résultat de sa campagne était aussi la cause de la montée des fachos en culote courte (ce n’est pas un reproche – c’est le job – mais « ils » ont passé beaucoup de temps à taper sur la macronnerie…). Une ancienne ministre socialiste (même que son père était mon prof de tennis quand j’étais jeune) m’a répondu que la montée du RN était bien de la faute de Macron qui avait réussi à enterrer le PS et LR.

Je suis resté aimable (entre anciens Loudéaciens, n’est-ce pas ?) mais les deux anciens gros partis ont bien réussi à se saborder tout seul. Macron n’a fait que sentir la situation et se plonger dedans, les affaires judiciaires de Fillon ont fait le reste… On en revient toujours à la période Hollande : le PS s’est déchiré et a montré un bordel monstrueux. Vous ne voudriez pas, non plus, que les électeurs votent pour ces fous ?

 

Dans l’analyse qui est faite, il y a une autre erreur : l’augmentation du nombre de députés du FN aurait monté en particulier à cause de l’absence de « front républicain » (LREM n’a pas appelé à voter NUPES en cas de deuxième tour FN – NUPES). Croyez bien que je le déplore mais il ne faut pas s’étonner, non plus… D’une part, on peut légèrement se demander si le rouge de certains nupestiférés ne tendrait pas vers le brun. D’autre part, le rapport à la laïcité de certains chez NUPES n’est pas étranger à tout cela. Comment voulez-vous que « élu républicain » encourage à voter pour des zozos qui plébiscitent l’usage du burqini à la piscine ?

Un peu de sérieux. D’ailleurs, il me semble qu’on sous-estime parfois ces musulmaneries dans les motivations des électeurs.

Le sujet de la montée du FN est infini…

 

L’autre aspect qui m’intéresse tourne non pas autour de ce qui va arriver maintenant mais des débats à ce sujet. Chacun y va de ses supputations, prédisant ou non un remaniement, une dissolution ou que sais-je et je ne vois pas l’utilité de tergiverser.

Mélenchon veut faire un groupe Nupes. Les petits partis ne veulent pas. Certains incompétents que c’est la présidence de la commission des finances qui est visée mais ils ont oublié de lire le règlement de l’Assemblée. Nupes veut déposer une motion de censure qui sera débattue dans une paire de semaines. Pour être acceptée, elle devra être votée par des députés de tendances opposées qui vont donc se ridiculiser. C’est ainsi que se pratique la démocratie, par chez nous.

En fin de compte, dans la mesure où l’on ne sait rien, cela a fort peu d’intérêt et on ne peut qu’espérer que le gouvernement saura négocier pour faire passer ses textes.

Ou pas. Le budget finira bien par être voté et la spirale des réformes est lassante.

11 commentaires:

  1. « ils oublient que les raisons ne sont pas uniques. »

    De même, il faut savoir que LA raison ne peut jamais être multiple !

    (Bon, je remonte lire…)

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  2. je crois qu'il ne faut pas se précipiter.
    D'une part le machin nupéen est en train de se fissurer et va exploser et d'autre part le RN va vite se trouver confronté aux réalités de la vie du pays et notamment économiques.
    Tout va se jouer hors de chez nous avec les réactions des marchés financiers et celles des investisseurs.
    Et j'ai bien peur qu'avec leurs réactions va-t'en guerre la rentrée soit difficile.

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    1. Le machin n'avais pas vocation à dépasser le second tour...

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  3. Encore un joli billet. Je partage (tu le sais) ton avis. Entre LFI et RN il ne peut y avoir de front républicain.

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  4. Je viens de me rendre compte du jeu de mot du titre.

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