En salle

28 août 2025

Intensité des billevesées

 


L’actualité politique de la semaine est tellement riche que le blogueur du même métal est bien ennuyé : tout le monde a donné son avis à la télé et il n’y a strictement rien à ajouter. D’ailleurs, souvent, ce ne sont pas des avis mais plus des prédictions. On pense que François Bayrou n’obtiendra pas la confiance et on ignore tout de ce qui pourrait se passer ensuite. La journée d’action du 10 septembre aura-t-elle un intérêt si on n’a plus de premier ministre ? Emmanuel Macron provoquera-t-il une nouvelle dissolution ? Ou nommera-t-il une nouvelle quiche ? Une procédure de destitution pourra-t-elle aboutir ? Ne risque-t-on pas de donner les clés un peu trop rapidement au Rassemblement National ?

Je ne veux pas défendre les blogs (ils sont un soin palliatif depuis longtemps) mais, au moins, on y lit des textes de gens que l’on connait un peu et qui ont travaillé ce qui change des zozos des écrans plats qui n’ont comme seul objectif que de vendre de la soupe. Tenter de devenir influent parmi les influents !

Voyez tous les guignols qui ont réagi cette nuit parce Bayrou a osé dire à la télé qu’il n’avait pas consulté en août parce que les gens sont en vacances, ce qui est la stricte vérité (c’est une tradition : les parlementaires sont en congés puis finissent le mois dans leurs universités d’été). Arrêtons donc de se poser les mauvaises questions… et de penser qu’un type qui a une carrière politique comme celle de Bayrou puisse être un lapin de six semaines sans stratégie…

Qu’importe, au fond, si Bayrou a lancé son suicide politique ? Peut-être que tout le monde se plante, notamment les partis qui ne voteront pas la confiance à un premier ministre qui dit qu’il va travailler avec les parlementaires et les partenaires sociaux pour sortir d’une impasse ? Où sera le ridicule ? Et quelle sera la suite ?

 


Je disais que tout le monde donnait son avis. La seule conséquence est que tout le monde s’en fout, au fond. Je ne mets pas hors du champ des imbéciles qui donnent leur avis sans la moindre importance (relire le titre de mon blog) mais j’aime bien revenir sur des avis que j’ai précédemment donnés.

En 2017, à l’issue de la présidentielle, je disais que le PS ne devait pas tourner le dos à la majorité voulue par Emmanuel Macron. Les conséquences auraient été que des cadres et militants seraient obligés de quitter le parti, que le PS allait se noyer au sein d’une gauche radicale et que la gauche ne pourrait pas peser sur un gouvernement qui se disait « ni de droite ni de gauche » (ou « de droite et de gauche », je ne sais plus).

Bilan des courses : le PS est en état de mort cérébrale et la politique menée a été franchement à droite.

En 2024, à l’issue des législatives anticipées, je disais que le centre gauche devait se mettre en position de prendre la tête d’un gouvernement « technique » ou « d’intérêt national » parce que les gens ne voudraient plus vivre dans le chaos permanent, la succession de gouvernements qui échouent ou sont censurées. Bilan des courses, elle s’est pris les pieds dans le tapis lors de l’épisode pitoyable Castets…. Et notre économie continue sa descente aux enfers !

 


Cette fois, j’ai encore un avis. Comme il ne sera pas écouté, je pourrais dire, dans deux ou dix ans : ah ben vous voyez, j’avais eu raison. Au moins, ça me fait rigoler…

Le PS a dit qu’il ne voterait pas la confiance. Il devrait dire maintenant : « nous ne voterons pas la confiance car François Bayrou n’a pas respecté ses engagements pris lorsqu’il a annoncé le fameux conclave au sujet des retraites. En revanche, nous sommes prêts à participer à la construction d’un nouveau budget, partiellement bâti autour des propositions que nous avons faites et à condition d’avoir la garantie que le budget pourra être amené devant le Parlement. Mais, compte tenu des épisodes passés, la seule possibilité pour avoir cette garantie est que le futur premier ministre soit issu de partis politiques proches du nôtre. »

Et hop !

 

Je me moque. Ce n’est pas de la pure méchanceté, remarque ! C’est un réalisme. Je voyais l’autre jour (mardi ?) Jean-Luc Mélenchon parler de la destitution du Président. Il fustigeait ceux qui disaient que ce n’était pas possible. Ma consœur Juliette en fait un billet de blog. Elle a raison : la probabilité que la démarche aille jusqu’au bout est si faible qu’on se demande quel est l’intérêt d’en parler. En outre, la destitution est prévue pour des raisons précises notamment un « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat ». Nous ne sommes pas dans ce cas mais dans celui de gougnafier qui veulent provoquer le chaos pour le seul intérêt de son propre chef. On ne va pas invoquer la destitution pour des basses motivations de politique intérieure, purement électorale.

Cette insistance de Mélenchon est un pur scandale et un reniement de la démocratie : Macron a été élu en 2022 dans des conditions précises, dans le cadre d’institution.

 


Mardi matin, donc, Mélenchon est passé à la radio devant je ne sais plus quel Duhamel. J’ai commencé par voir des articles de presse puis je suis tombé sur quelques extraits dans TikTok. A la limite, il a été très bien Mélenchon, attaquant de préférence Macron au pion Bayrou, présentant ainsi une belle vision de la République et j’aurais presque été convaincu si je n’étais pas tombé sur un article au sujet de ce dictateur en herbe menaçant les préfets qui font respecter la loi…

Si j’avais eu le temps, j’aurais fait dans l’intervalle un billet au sujet de Mélenchon pour parler de fond, parce qu’il l’a fait, notamment avec une saillie avec l’éternel mise en opposition de la politique de l’offre et celle de la demande. C’est bien, parfois, de parler de fond. Mon confrère Politeeks le fait, dans son dernier billet. Il parle du Ruissellement, ce truc voulu par Macron mais qui n’a pas fonctionné ce qui explique en grande partie la situation budgétaire de notre pays.

Je veux bien parler de fond avec Mélenchon. Il a bien plus d’expérience et de compétences que moi. Il n’empêche que, sur ce sujet précis, ça m’énerve que l’on continue à opposer l’offre et la demande, à notre époque, dans notre économie mondialisée. Par exemple, je gagne bien ma vie et je suis un bon consommateur. C’est la demande. Si tout le monde gagnait la moitié de ce que je touche, l’économie irait beaucoup mieux. Il n’empêche que les entreprises auraient des difficultés, seraient obligées d’augmenter leurs prix et auraient du mal à lutter ! Au fond, j’emploie du personnel français (une femme de ménage, un jardinier…) mais j’achète sur Amazon parce qu’il est impossible aux entreprises françaises de gagner du pognon en vendant certains produits en Centre Bretagne !

Mais on peut parler de fond.

 

Les frivolités et suppositions à la petite semaine, celles qui font que l’on confond un désir intense (ben oui, Macron et Bayrou ont fait leurs temps) avec le domaine du possible ou du souhaitable (ben oui, si on dissout, la majorité sera sans doute acquise au Front National qui aura un boulevard pour démontrer sa capacité à gouvernement autrement que dans le chaos en attendant la présidentielle).

Je préfère donner mon avis sur ce que je pense qui serait la meilleure solution pour notre pays et pas pour voir aboutir la politique que je souhaite et pour laquelle je veux bien débattre avec Méluche.

Mais au moment de conclure ce billet, comme souvent, j’ouvre Google News. Et le premier titre que je vois est un celui d’un article de Libé, illustré par la tronche de Manuel Bompard, que LFI n’ira pas à Matignon la semaine prochaine pour discuter avec Bayrou.

 

Il faut le dire : on s’en fout. Clairement. Ces gens se foutent de notre gueule. Je ne parle pas de Bompard (je vois assez de vidéos de lui pour affirmer qu’il dit beaucoup de choses très bien) mais de tous ces gens qui veulent nous remplir l’actualité d’événements sans importance.

Pour des raisons que je préfère ignorer.

5 commentaires:

  1. J'aime bien le Metal (dans mes oreilles) et les quiches (dans la cuisine). Commentaire idiot, je n'ai pas grand chose à ajouter à ton billet avec lequel je suis d'accord. Je parlais justement d'un gouvernement technique avec Falconhill aujourd'hui, je pense que ce serait une bonne solution mais que nommer des experts au gouvernement et non des élus serait vu comme un déni de démocratie.

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    1. Nommer des experts ? Aucun intérêt. Les politiques ont tout le loisir de demander l'avis des experts sur les dossiers qu'ils ont à traiter. Le problème principal de la politique française c'est qu'elle se noie dans des polémiques futiles et des détails à la con tandis que les problèmes majeurs qui nous attendent ne sont pas traités : la dette, le déficit, les retraites, l'économie française plombée par un système social en fin de vie, la défense, et la sécurité.

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  2. Je ne suis pas sûre d'avoir signé le billet précédent. C'est Juliette.

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