C’est par mon ami Denis du blog Extime
que j’ai le plus entendu parler de la notion « d’extrême-centre » et
l’ami T0pol l’évoque dans son
dernier billet. Ne tournons pas par quatre chemins, pour moi, c’est une
sombre fumisterie (même si Wikipedia y consacre une page assez
détaillée) : c’est un terme utilisé pour décrédibiliser « la
macronnerie » mais ça ne peut pas exister. Quand on est à une extrémité, cela
veut dire qu’on est au bout : on ne peut pas être au bout du milieu.
C’est purement rhétorique et je doute que les gens qui
utilisent cette locution ont étudié les aspects historiques liés à son utilisation.
Moi non plus, d’ailleurs, et ça me gave de voir prospérer des expressions qui
viennent d’une autre époque (la naissance de la République, en l’occurrence)
comme si le monde n’avait pas changé depuis…
La notion d’extrême est elle-même un peu dévoyée !
A gauche, on voit bien à quoi elle correspond : des
petits partis (les NPA, FO, PT, POID…). Il y a quelques années, on avait le PCF
et le PS, complété par les écolos, qui composaient la gauche normale (par
opposition à « extrême). Puis, avec l’émergence de LFI, on a parlé de la « gauche
radicale » par opposition au « centre gauche » qui s’est lui-même
perdu : des militants et lecteurs se sont rapprochés de LFI ou de coalitions
autour de ce parti (la Nupes puis le NFP) et d’autres se sont rapprochés du camp
politique monté par un candidat qui se voulait « ni de droite et ni de
gauche » ou « de droite et de gauche », je ne sais plus.
A droite, c’est plus compliqué : on sait ce que c’est « l’extrême-droite »
mais peut-on réellement qualifier d’extrême un parti qui regroupe 30% des
électeurs ? On va continuer à l’appeler ainsi parce que cela nous fait plaisir
et parce que les fondateurs du parti étaient réellement issus de tendances très
minoritaires, à la droite de la droite, comme des Waffen SS. Mais des partis
comme ceux de Philippot ou de Zemmour ne sont-ils pas plus à droite ? Je
ne fais que poser la question mais il me semble que le RN n’est plus partisan
de la sortie de l’UE et fait
campagne sur des thèmes qui étaient bien plutôt à gauche il y a plus de 45 ans…
Au fond, si Georges Marchais n’avait pas eu cette voix si
particulière, on passerait des discours de lui au tout début des années 80, on
trouverait la moitié des supporters de LFI pour le traiter de facho ! D’un
autre côté, on a cette moitié qui passe une partie de sa vie à défendre les
musulmans, oubliant que les religions pouvaient opprimer le peuple.
On a les fils qui se croisent.
Ne nous trompons pas sur mes volontés par ses propos :
mon billet est là pour dire ce que je pensais de la notion d’extrême-centre, pas
pour participer à la « dédiabolisation » de l’extrême-droite :
le job a été fait par la gauche pure.
Ce billet fait par ailleurs suite au
dernier que j’ai produit, parlant d’une confusion générale dans le
traitement de la politique en France…
Venons-en au centrisme. Historiquement (du moins sous la Cinquième),
le centre officiel a toujours fait partie de la droite. Notre actuel premier
ministre, dans les années 90, a fait partie de gouvernements bien à droite. En
revanche, quand la droite a voulu se restructurer pour devenir une machine à
remporter des élections (ce qui n’a fonctionné que deux fois, pour les
présidentielles), en 2002, François Bayrou a refusé de voir son centre englouti
par la droite. En 2007, il a fait un excellent résultat (18%) alors que la
gauche était arrivée à un plus bas historique (en cumul de voix des candidats
au premier tour). C’est d’ailleurs à peu près la preuve que le candidat centriste
fédérait beaucoup d’électeurs habituellement. Une grande partie des électeurs
de Bayrou est d’ailleurs probablement « revenue » vers la gauche aux
élections suivantes.
Cela m’a toujours amusé de voir des copains passés du
soutien de Bayrou à celui de Mélenchon en l’espace de 10 ans.
Pour ma part, mon positionnement politique a toujours été au
centre-gauche (ce qu’on appelait la social-démocratie à une époque pas si
lointaine) et vous pouvez lire mes billets de blogs sur les 20 dernières années
pour vérifier que je n’ai pas changé (et je pourrais trouver des copains qui
confirmeraient que j’ai approuvé la politique d’ouverture de Mitterrand, en
1988, tout en ayant voté Juquin et surtout des potes qui pourraient affirmer
que j’étais Jospinien dès 1990).
Il y a évidemment toutes sortes de nuances. Je suis libéral
et je soutiens les immigrés (mais pas les religions qui pourraient aller avec),
favorable d’une imposition plus juste avec une vraie progressivité en fonction
des revenus… ce qui fait qu’on pourrait me traiter de trotskyste comme de fasciste :
vous avez le choix.
Au moins, je vais pouvoir illustrer ce billet avec la tête
de Jospin.
Aujourd’hui, je souhaite que l’on puisse retrouver, à l’issue
d’élections, un gouvernement vraiment à gauche mais éloigné de ceux qui ne
respectent pas les Institutions ou font des actions violentes pour lutter
contre ce qu’ils n’aiment pas. Je souhaite une plus grande intégration
européenne (je ne parle pas de fédéralisme mais il faut bien qu’on pèse face
aux grandes économies… ou aux grandes puissances militaires). Une gauche
Républicaine, laïque et libérale, vraiment (ce n’est moi qui ai défendu les taxis,
récemment, mais LFI… alors que les taxis n’ont rien de libéraux puisqu’ils ont
des privilèges dont celui de gagner leur vie sur le dos de la sécurité
sociale).
Pour cela, il faut bien créer une sorte d’alliance au centre
pour que les socdems puissent trouver des gens avec qui travailler. C’est ce qu’avait
voulu faire Macron (mais il a échoué en menant une politique en faveur du
capitalisme financier dès le début de son mandat).
Ce n’est pas du tout de « l’extrême-centre », c’est
l’union de gens qui veulent lutter contre des partis populistes et peu républicains.
« Comme dirait l’autre » (en réponse à mon commentateur
à son billet que je cite plus haut) : « cette
notion [d’extrême-centre] est une saloperie [qui] vise à faire croire que les
centristes sont extrémistes. »
Après, ils viennent chialer sur leurs faibles scores et la
montée du RN…
J’ai bien un qualificatif en tête.
Quant à la droite, qu'elle se débrouille. Elle a pour l'instant des lascars qui font campagne sur le thème de l'immigration là où réussi le RN sans rien défendre d'autre à par les plus aisés. Qu'ils assument.
"C’est ce qu’avait voulu faire Macron (mais il a échoué en menant une politique en faveur du capitalisme financier dès le début de son mandat)"
RépondreSupprimerEst-ce qu'il a vraiment voulu ? Ou même échoué ? Pour moi, il n'a même pas essayé. Je parlais d'hypocrisie dans mon commentaire précédent.
Pour ce que vous souhaitez (un gvt vraiment à gauche, pour les institutions et contre la violence), je suis d'accord. Mais sur le constat, peut-être pas. Par ex quand des gvts (de tout bord, les exemples sont nombreux) bafouent le dialogue social, font tout pour affaiblir les corps intermédiaires, ne tiennent aucun compte des oppositions ou propositions diverses (cf 1er mandat d'EM à l'Assemblée), ils cochent les cases (institutions, contre la violence, ...). Mais ils ne cherchent pas le consensus, au moins sur certains sujets.
Un pays ne peut pas être géré à si courte vue, 5 ans.
Marc
Je ne sais pas ce qu'à voulu faire Macron ou essayé : ce qu'il y a de sûr c'est que sa politique a échoué et que les mesures fiscales qu'il a prises en début de mandat sont très mauvaises.
SupprimerJe ne sais pas où tu veux en venir avec la suite de ton commentaire et je ne sais si elle a un rapport avec le sujet de mon billet... Depuis que tu commentes chez moi, je commence à comprendre ce que tu veux souvent dire. Tu bosses dans l'éducation nationale et tu n'es pas content de la manière avec laquelle le gouvernement traite la profession. Tu peux le faire au nom du dialogue social et des corps intermédiaires mais force est de constater que depuis au moins 30 ans, les profs ne peuvent pas blairer le ministre de l'EN... Ce sont pourtant les seules "instances" qui ont à répondre devant les représentants du peuple, ceux qui votent le budget et prennent en compte les exigences de ceux qui paient. Les ministres qui ont été les moins critiqués par les profs sont souvent ceux qui sont restés en poste le moins longtemps...
Tu pourras me trouver des exceptions (Jack Lang, peut-être, qui avait été appelé à la rescousse après la période Allègre) mais tu ne couvriras par 20% de la période dont je parle.
Venons-en au premier mandat de Macron : au bout d'un peu plus d'un an, il y a eu les gilets jaunes on a reproché à Macron de ne pas les écouter. Seulement, je ne vois pas pourquoi Macron aurait écouté des guignols dans des ronds points qui réclamaient des choses contraire à ce qui avait été voté par le peuple un an ou deux avant.
A l'opposé, une des premières décisions de Macron en arrivant au pouvoir a été d'arrêté la construction de Notre-Dame-des-Landes (pourtant décidée à l'issue d'un long processus démocratique) pour faire plaisir à la plus virulente des oppositions (et en reculant devant la violence).
S'il y a bien un oxymore ridicule, avec "extrême centre" on tient un grand gagnant. Même la notion de centrisme radical, qui est un peu plus soft, est sur le même ton et un tantinet ridicule pour les mêmes raisons.
RépondreSupprimerEn Belgique (où j'habite) et dans d'autres pays européens on appelle cette idéologie le libéralisme social, ce qui me paraît un peu plus adapté. Bien sûr, on me rétorquera que c'est toujours du "en même temps" et c'est vrai, mais ce n'est pas le sujet de ton billet que de discuter ce qu'est ce courant politique.
Donc oui, extrême centre est une étiquette péjorative qui ne veut rien dire.
Ceci dit, c'est intéressant de voir à quel point nos vues sont en bien des points similaires, alors que tu te définis de centre-gauche et moi de centre-droite.
Nos points de vue sont similaires par ce que l'on est un tantinet objectif et factuel et que nous ne parlons du fond... On pourrait alors voir nos divergences ? Ce qu'il y a de sûr, maintenant, c'est que le centre gauche et le centre droit sont moins éloignés que le centre gauche et la gauche radicale.
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