Dans un récent billet, mon confrère Authueil
disait que du fait de l’essor des réseaux sociaux, on ne discutait plus vraiment
de politique. De son côté, Falconhill
s’amuse suite… une discussion qu’on a eue tous les deux au sujet des noms des
partis politiques qui devraient changer.
Je dois reconnaitre, que même s’ils se de droite, ils n’ont
pas tort ! Car je lis des blogueurs de droite, comme de gauche… mais il
reste peu de blogueurs. Je me demande d’ailleurs si je n’ai pas le « blog
tenu par un simple citoyen engagé » le plus prolixe de la blogosphère
française… Le monde a bien changé en vingt ans. Mes publications dans Facebook
reçoivent plus de like quand je diffuse la photo de mon assiette de filet de bœuf
que quand je parle politique. Le blog où je parle de ma maison ou de mon jardin
a, pour chaque billet, 10 ou 20 fois plus de lecteurs que le blog politique
(dont l’audience n’a pas vraiment changé depuis 10 ans)… qui est pourtant un
des derniers blogs politiques en activé.
On pourrait faire un billet détaillé pour expliquer la
baisse des blogs politiques mais chacun irait, dans ses réflexions, insister
sur son propre avis alors que les causes sont multiples. Il y a, en vrac et par
exemple, le déport du militantisme sur les réseaux sociaux, la presse
nationales qui fait de plus en plus d’articles « engagés » et surtout
le fait que les blogueurs ont enfin compris que les blogs politiques n’avaient
aucun impact sensible sur la vie politique.
L’impact est la marge : j’écris mon blog parce que j’aime
bien cela et que cela m’aide à formaliser mes idées et je lis des blogs de tous
bords parce que j’aime bien comprendre le point de vue des autres.
Je vais résumer le billet d’Authueil en quelques mots (je ne
suis pas son porte-parole, vous pouvez le lire). Avec l’essor de Twitter (puis
X), Facebook et les autres, on ne discute plus vraiment politique en dehors des
réseaux sociaux.
Le premier dommage que je vois et dont j’ai souvent parlé
est « l’effet de meute ». On finit par tourner essentiellement entre
gens qui partagent le même avis ce qui limite la richesse culturelle. Le
deuxième, dont je ne crois pas avoir déjà parlé, est que quand on lit un texte
avec lequel on n’est pas vraiment d’accord, on ne cherche pas à le comprendre
mais uniquement à avoir la réponse la plus percutante, celle qui vous fera
apprécier par vos copains de « la meute ».
Je pourrais multiplier les exemples mais la discussion
partirait dans tous les sens. Je vais me contenter d’en citer un, issu de mon
dernier billet. J’y citais un sondage de popularité où Tondelier, Mélenchon et
Faure étaient en mauvaise posture et donnais ma vision des raisons (le
comportement à différents sujets n’est pas apprécié par les électeurs). On m’a
répondu que le sondage n’était pas opportun car on n’est pas en période
électorale, que Mélenchon était proche du second tour et finirait par gagner à
cause de la vacuité de la droite et j’en passe. Les lecteurs ont voulu
démontrer que je me trompais sans même chercher à comprendre mes propos.
Pourtant la vérité est bien là : Mélenchon pourrait arriver à un second
tour parce que l’offre n’est pas bonne à gauche et qu’elle est trop dispersée à
droite et au centre mais le but d’une élection n’est pas d’arriver au second tour
mais de le gagner.
La vérité est pourtant là : Mélenchon recueille 15% d’opinions
positives alors Bardella en est 39. Il n’y a pas photo. Cela ne sert à rien de
se persuader que la politique proposée par Méluche est meilleure, qu’il est dix
fois plus intelligent et cultivé que l’autre. Il ne peut pas gagner l’élection
s’il ne change pas quelque chose.
Ceci n’est qu’un exemple pour montrer comment on en arrive à
ne plus lire ou écouter ce que disent les gens…
Dans un prochain billet, Juliette, il faudra que je raconte comment je me suis fâché avec un tas d'andouilles, dont les Kiwis, qui me trouvant sympathique (tant pis pour mes chevilles) et à l'écoute ont tenté à tout prix de me convaincre et n'ont pas compris pourquoi ils n'y arrivaient pas... Les blogs n'avaient pas que du bon.
Alors, puisqu’on parle de LFI, venons-en au billet de
Falconhill qui pense que certains partis politiques devraient changer de nom
(et je pense que cela doit dépasser les changements de nom ; je précise
par ailleurs que je ne suis pas d’accord avec lui quant à la liste des partis
qui doivent changer de nom).
LFI est porté par Jean-Luc Mélenchon mais il n’est pas éternel.
Je ne sais pas ce que deviendra le parti quand papi sucrera les fraises et n’aura
plus l’énergie pour se présenter, tenir des meetings… Je crois que le parti
aurait intérêt à changer de nom et à « revenir » à quelque chose
comme « Parti de Gauche », la formation précédemment créée par
Méluche. Le nom est beaucoup plus fédérateur et, au fond, proche de ce qu’a
voulu faire LFI avec la NUPES, le NFP…
EELV est devenu « Les Ecologistes, Europe Ecologie les
Verts » récemment. C’était peut-être une bourde. La « marque EELV »
était bien connue. Ils devraient trouver un nom plus simple. « Europe
Ecologie » ? Ils gagneraient à revoir leur positionnement politique
en se centrant sur l’écologie, ce qui implique l’économie sociale, et sur l’Europe.
Ils devraient arrêter la chasse aux idées antirépublicaine de LFI. Il n’y a pas
de place pour deux partis avec ce créneau.
Le PCF ne doit pas changer de nom. Il est trop imprégné dans
l’histoire. Par contre, il pourrait revenir à un positionnement politique plus
proche de ce qu’il était à la grande époque (avant 80), non pas pour ce qui concerne
le soutien aux dictatures politiques mais pour le projet, la défense des
catégories populaires et tout ça. Ils n’en sont pas loin, remarque !, mais
ils devraient abandonner des propos plus « wokes ». Il n’y a pas de
créneaux disponibles.
Je pourrais parler beaucoup plus du PS et je le fais souvent
mais je vais simplement évoquer le nom. L’actuel est devenu un peu ringard et
plus personne n’est socialiste (personne ne veut, par exemple, la propriété
collective de tous les moyens de production). Les mots ont un sens. Je n’ai pas
d’idée de nom (il ne faut pas, non plus, enterrer « la marque » du
second parti de France en termes de nombre d’élus locaux et de seul parti de
gauche à avoir pu gagner des présidentielles et fédérer des majorités parlementaires
depuis le début de la Cinquième). Un truc comme « les démocrates
socialistes » ?
Nous arrivons au centre. La majorité présidentielle est
centrée autour de trois formations politiques : Renaissance, le Modem et
Horizon. Le Modem est le parti de François Bayrou, pas plus éternel que Jean-Luc
Mélenchon et demandez donc aux Français ce que sont les deux autres !
Personne ne le sait. Il y a pourtant le parti du président actuel et celui du
gars souvent favori pour lui succéder.
Fusionnez-moi tout ça et revenez à un nom plus connu, comme
LREM…
Nous voila arrivés au « grand parti de droite », « LR »,
même si la droite est divisée (avec d’un côté Horizon et de l’autre les machins
de Ciotti, NDA…). Ce nom, « Les Républicains » est le symbole de la
droite Sarkozienne qui perd tout depuis 15 environ. Je me demande s’ils ne
devraient pas revenir à une ancienne marque, qui est plus synonyme de victoire
et d’union de la droite, comme l’UMP (on se lance : Union pour une
Majorité de Progrès ?).
Je me fous des partis plus à droite, ceux que je citais (UDR,
DLF…) mais aussi le parti d’Eric Zemmour, Reconquête. Le changement de nom de
FN en RN a été une réussite, les sondages et scores électoraux le prouvent.
Mais je m’adresse aux zozos du centre. Comment voulez-vous
que les électeurs fassent la différence entre Renaissance, Horizon et Reconquête ?
Vous avez quoi dans le ciboulot ?
Personnellement, les noms de partis qui sonnent comme des punchlines trouvées sur X/Twitter ne m'ont jamais parlé...et ont même tendance à m'agacer. Renaissance, En Marche, Horizons, Insoumis, Les Républicains pour moi ce sont des expressions fourre-tout qui n'évoquent pas grand chose. Peut être que la proposition délicieusement impertinente de Falconhill de rebaptiser le bloc central le C.U. L. (Centre Unitaire Libéral) n'est-elle pas si mauvaise que çà, finalement. On pourrait juste modifier ce nom en Centre Libéral Unitaire (C.L.U.) pour éviter que tout le monde ne se mette à glousser et lancer des plaisanteries de salle de garde à l'évocation même de ce parti.
RépondreSupprimerLe désintérêt pour les blogs, je pourrais ajouter ceci à ton analyse: à l'heure des réseaux sociaux, bien des gens ont perdu l'habitude de prendre le temps de lire - ou rédiger - un long texte argumenté. Personnellement j'ai horreur des "analyses" de 4 lignes vociférées en meute, comme tu le dis si bien. Je m'en tiendrai donc à la lecture des blogs "de la vieille école" qui restent, et qui me permettent au moins de réfléchir et de me frotter à des opinions qui ne sont pas nécessairement les miennes. La réflexion politique c'est comme le sport, si on ne va pas au delà de sa zone de confort, on ne progresse pas.
Je ne me rappelle pas des engueulades que tu as eues avec certains Kiwis, réseau dont mon blog faisait partie. Je me souviens par contre que certains membres avaient fini par se prendre un peu le melon, et à prendre de haut ceux qui ne partageaient pas leurs opinions. Ce dont je me souviens par contre, c'est que Lomig Unger avait claqué la porte avec pertes et fracas, ses opinions ultra-libérales (voire libertariennes) lui ayant valu de se faire traiter de facho par certains. Ce qui est une preuve d'inculture totale soit dit en passant, vu qu'économiquement le libéralisme et le fascisme sont opposés à 180 degrés. Oui, le monde des blogs de l'époque manquait parfois singulièrement de bienveillance. Mais quand on discute de politique, n'est-ce pas inévitable?