J’ai défendu (depuis les législatives de 2024 puis depuis
les âneries de Bayrou) l’idée d’un gouvernement de type « union nationale ».
Les raisons sont simples : aucun conglomérat de groupes parlementaires
proches ne peut revendiquer une majorité pour gouverner. Cela me semble
évident. Pourtant, une partie de la gauche continue à revendiquer la victoire
et donc la légitimité d’avoir un gouvernement sur la base du NFP et une partie
de la droite pousse tellement le centre vers la droite qu’il vire naturellement
« encore plus » à droite… Deux premiers ministres se sont vautrés et
je ne sens pas le troisième, M. Lecornu, foncer vers une grande réussite. Comme
je le disais, la seule timide annonce qu’il a faite, la fin des avantages pour
les anciens ministres, est du ressort de l’anecdote et il ne dessine publiquement
aucun cadre de ce qu’il voudrait faire pour l’avenir.
Je ne dis pas que le boulot est facile, hein ! Il faut
faire plaisir à la droite et à la gauche tout en faisant des choix qui ne
déplaisent ni à la droite ni à la gauche afin d’éviter la censure.
Dans ce que je proposais, il y avait le fait de nommer un
premier ministre issu de la gauche (mais pas un symbole du NFP) parce que, d’une
part, deux premiers ministres de droite avaient échoué à éviter la censure et,
d’autre part, qu’il ne me semble pas crétin d’avoir un premier ministre qui ne
vienne pas d’un groupe minoritaire.
Dans mon idée, il y avait aussi l’évidence que des solutions
alternatives, comme des élections anticipées, ne permettraient pas de créer une
vraie majorité à part, peut-être, pour le Rassemblement National. Il nous faut
donc attendre des échéances plus lointaine (vers le deuxième trimestre 2027)
afin que les principaux partis politiques puissent faire éclore des projets et
des candidats…
Notons, en marge, que seuls les partis extrêmes ou radicaux
ont cela en stock mais je ne souhaite pas la victoire du Rassemblement National
et je ne crois pas en la victoire de Jean-Luc Mélenchon (que je ne souhaite
pas, non plus mais ce n’est pas la question : s’il arrive au second tour,
il perdra).
Enfin, cette culture du compromis est ce qui se pratique
dans la plupart des démocraties et, jusqu’à il y a une douzaine d’année, notre
pays représentait tout de même une exception. De même, nous sommes à peu près
les seuls (avec l’exception notoire des Etats-Unis) à avoir une démocratie
plutôt présidentielle : dans l’esprit de ce que sont devenus nous
institutions, les législatives ne sont là que pour donner une majorité à une
personne élue présidente sur la base, notamment, d’un projet politique présenté
aux Français.
Différentes raisons me poussent à faire ce rappel, aujourd’hui !
Tout d’abord, le PS avait réussi à relever un peu la tête avec la présentation
d’un budget assez crédible et l’hypothèse de voir Olivier Faure à Matignon (je
ne dis pas que ça aurait été un bien). Ce dernier a toutefois réussi à se
prendre les pieds dans le tapis avec sa volonté de mettre le drapeau
palestinien dans toutes les mairies à l’occasion de la reconnaissance par la France
de cet Etat. Cela ne plait pas à toutes les tendances de la gauche et j’espère
bien que cette reconnaissance se fera sous conditions, notamment celle de
destruction du Hamas après la libération des otages… En outre, je ne sais pas
si un observateur avisé croit vraiment à cette solution à deux Etats (Israël
continuant ses colonies).
Depuis des mois, je me dis que c’est une erreur de mettre la
Palestine au centre des enjeux politiques en France… C’est un peu comme le wokisme, si
les causes semblent bonnes, elles donnent l’impression que la gauche ne s’occupe
plus du peuple, des classes populaires, des ouvriers, des retraités…
Une autre des raisons est la fronde des entrepreneurs des
nouvelles technologies contre la taxe Zucman, très relayée par les médias. On
en vient à oublier des évidences. Par exemple, un type qui est propriétaire d’une
boite valorisée à 300 millions, même s’il ne dégage pas de revenus, est riche !
Point. Il n’y a pas à discuter. Surtout, il n’y a pas à pleurer. Si sa fortune
a augmenté de 300 millions parce qu’il a réussi à obtenir des capitaux, c’est
très bien pour lui mais il est plus riche de 300 millions. Les investissements
sont nécessaires pour espérer avoir, plus tard, de grandes entreprises mais on est
tout de même assez loin de l’économie réelle. En outre, ces lascars (on
trouvera certainement des biais pour les « sauver ») ne sont les
cibles de cette taxe. On a tout simplement des mesures fiscales qui ont été prises
vers 2017, avec la fin de l’ISF et la réduction de l’imposition sur les revenus
des capitaux, qui ont abouti à un déséquilibre du budget et à une énorme
augmentation des déficits donc de la dette.
Et il vaut mieux prendre le pognon où il est plutôt que de
taxer les gens qui n’en ont pas, de diminuer leurs revenus, d’augmenter la
pauvreté et de créer la récession que cela accompagnera.
Surtout, j’ai lu des propos délirants d’individus (de
gauche) qui ont expliqué que ceux qui, comme moi, voulaient un gouvernement d’union,
voulait revenir à une ligne « ni de gauche ni de droite ». Or c’est
totalement faux ! Il s’agit, pour moi, de refaire un peu ce qui a été fait
après la guerre (et qui a permis, tout de même, d’asseoir notre modèle social)
et d’attendre les conditions nécessaires à l’apparition d’une majorité !
En outre, j’ai toujours dit qu’une des conditions était le
rééquilibrage du budget entre les pauvres et les riches, que ça soit par la
taxe Zucman, le ménage parmi les aides aux entreprises ou la suppression de la
flattax et j’ai toujours dit, aussi, qu’il ne fallait pas pénaliser les
entreprises parce qu’il nous faut bien « combattre » les productions
d’autres pays.
Si cette deuxième partie peut sembler de droite (et ça ne l’est
pas nécessairement, on favorise tout de même les revenus de salariés qui
travaillent sur notre territoire), la taxation des plus riches ne me semble pas
le symbole d’une politique de droite.
Il est temps que la raison revienne.
Je voyais hier, pendant les manifestations, des propos de
personnalité de gauche qui appellent, toujours, à la destitution de Macron mais
il n’y aucune raison pour que la situation s’arrange ensuite ! On aura un
président avec une cote de popularité de 30 qui recommencera à s’éroder
rapidement…
On avait les conditions pour gérer la fin du bipartisme tout
en donnant la possibilité aux partis traditionnels de se reconstruire et on est
en train de tout perdre pour des idéologies stupides et un électoralisme à la
petite semaine de dirigeants de gauche bouffés par une propagande libérée dans
des médias de droite.
C’est compliqué et je vais aller prendre l’apéro.
J'avais dit il y a quelques jours que je ne commenterais pas sur Lecornu avant qu'il n'ait formé son gouvernement. Je vais m'y tenir...à peu près. Je n'ai pas de boule de cristal mais je me dis qu'il va ouvrir à gauche, sous la pression des socialistes (qui auraient tort de se priver de pousser l'avantage). Et que directement, les psycho-rigides de LR vont faire de la flibuste. On n'est pas sortis de l'auberge.
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