En salle

30 septembre 2025

Le centre gauche devant la gauche radicale ?

 


Un nouveau sondage vient de sortir pour la prochaine présidentielle et les résultats sont assez encourageant pour les gentils militants du centre gauche. Le candidat le plus proche du PS, Raphaël Glucksmann est aux environs de 15% à peu près au même niveau que le candidat le plus fort dans le « bloc central », Edouard Philippe, loin derrière le candidat du RN (quel qu’il soit) mais bien devant Jean-Luc Mélenchon ! Et seule la présence au premier tour de l’ancien premier ministre pourrait empêcher l’accession du patron de Place Public au second tour. Les autres candidats de ce bloc central sont à la ramasse.

Les éternels ronchons, notamment proche de ce dernier, me rappelleront que les sondages lui ont toujours été « défavorables » et que ce n’est qu’un sondage à 18 mois de l’échéance. Qu’ils se rassurent, je le sais. Il n’empêche que c’est la première fois depuis longtemps qu’un sondage donne un candidat socdem aussi haut placé.

Et on pourrait aussi expliquer à ces ronchons qu’ils se plantent toujours sur l’analyse des chiffres avec des propos tels que « à 300 000 voix près, il était au second tour ». L’important n’est pas d’être au second tour mais de l’emporter.

 

D’ailleurs, on pourrait illustrer cette erreur d’analyse avec leurs réactions suite aux législatives partielles de ce week-end. Il y en avait deux, une à Paris, un second tour, l’autre chez des « français de l’étranger », un premier tour. Dans les deux circonscriptions ne sont « pas de gauche » depuis très longtemps et semblent historiquement acquises à la droite. A Paris, Michel Barnier l’a remportée face une candidate socialiste ce qui est logique. LFI se foutent de la gueule de cette dernière. Dans « l’étrangère », LFI est qualifié pour le second tour mais critiquent la position du PS et de PP (Place Publique), chacun ayant un candidat (ce qui est évidemment une connerie) pour des raisons que je ne comprends pas, aucun parti de gauche n’a mis en danger la capacité à un candidat de gauche de figurer au second tour.

Ce sont surtout ces analyses d’apothicaires qui font perdre LFI et qui expliquent en partie pourquoi les autres partis de gauche s’en détournent. La méconnaissance de l’électorat et des mécanismes électoraux est terrible.

 


Revenons à notre sondage pour les présidentielles et à un exemple, dans la foulée ! Marine Tondelier est en colère : vous vous rendez compte ? Le sondeur n’a pris aucun des candidats qu’elle soutient pour une candidature d’union à gauche dans ses hypothèses. Il faudrait qu’elle se rende compte que les sondeurs n’ont pas que ça à foutre. Quelles que soient les qualités de François Ruffin (et je suis souvent d’accord avec lui), par exemple, aucun électeur de gauche n’a envie de voter pour une personne qui n’a aucune chance de bouleverser le jeu, à gauche. Ils en ont soupé des petits candidats.

Il faut démystifier les primaires. La seule fois où ce processus a été utile, c’était celle en vue de l’élection de 2012 parce que le clivage interne à la gauche était plus au sein du PS, tout d’abord entre les rivales du congrès de Reims puis entre DSK et Hollande (duel remplacé par un Aubry Hollande). Il fallait une union pour arriver au second tour. Une primaire aurait été utile en 2002 parce qu’il y avait plusieurs candidats à gauche, en plus de celui du PS, à pouvoir faire plus de 5% (mais au moment de lancer des primaires, on ne le savait pas, mon exemple n’est pas de la plus haute pertinence).

Nous ne sommes plus dans le même cas, avec cette pauvre Tondelier qui espère ajouter des « 3% » pour aller jusqu’à 20… Il faut traiter le sujet dans tous les sens. Une des raisons qui a fait que Mélenchon a fait deux fois un bon score aux présidentielles est liée au « vote utile » et à ces électeurs qui ne voulaient pas voter pour un petit candidat qui n’avait aucune chance de l’emporter et auraient pu empêcher une présence au second tour. En votant pour Mélenchon, ils ont choisi une sorte de « vote utile » (tout comme moi, en 2017, j’ai voté Macron au premier tour pour éviter la victoire de Fillon au second).

Cette fois, il y a une lueur d’espoir…

 

Une autre des raisons de l’échec de LFI est la manière de faire de la politique. Je crois que j’en parlais hier, par exemple, mais dans le contexte de constitution d’un gouvernement, LFI ne parle que de censurer Lecornu et de destituer Macron alors que le PS et Place Publique cherchent à faire plier un premier ministre au niveau de son projet et du budget. Ajoutons par ailleurs que Lecornu pourrait faire des concessions au RN pour éviter une censure, les électeurs de gauche préfèrent qu’il en fasse au centre gauche…

Forcément, c’est la stratégie de la gauche modérée qui est gagnante. Les Français ne veulent pas d’un gouvernement qui tombe mais d’un gouvernement qui gouverne, selon une ligne politique (certes floue) dessinée par les dernières législatives, à savoir une France divisée en trois blocs.

 


Cette manière de faire de la politique concerne aussi le conflit au Moyen-Orient ! J’en parle assez souvent mais on a de nouveaux cas d’erreurs de communication qui apparaissent tous les jours. Il y a peu, Mathilde Panot a fait une vidéo (que j’ai reprise sur mon compte Facebook). Elle parlait d’un pays où il y avait des millions de morts et elle n’a pas utilisé le mot génocide alors qu’elle n’arrête de le faire pour Gaza.

C’est évidemment de la folie (et heureusement pour elle, je suppose que sa chaîne TikTok est surtout regardée par des militants et pas des guignols comme moi). Un copain à moi (proche de LFI mais pas de Méluche) est intervenu pour critiquer ma moquerie mais ses arguments sont lunaires (vous pouvez cliquer sur le lien pour lire). Je suis resté aimable mais il ne se rend même pas compte que dans le ciboulot des gens qui votent, le mot « génocide » n’est pas défini par le droit international mais par les usages et les dictionnaires. En outre, le droit international n’a pas qualifié la situation de génocidaire mais a simplement parlé d’un risque de génocide.

Là n’est pas le sujet de ce billet de blog ! Ce que je veux dire est que le grand public en marre de toutes les simagrées, qu’elles soient justifiées, sincères… ou pas du tout.

D’ailleurs, « l’autre » actualité du jour porte sur un plan de paix pour ce coin (ce n’est pas non plus le sujet de mon billet, je me demande s’il n’y a pas des gouvernements étrangers qui se foutent de la gueule de Trump), le premier sérieux depuis deux ans. Il vient d’allié d’Israël, un vil réactionnaire haï par toute la gauche française, qui ne prend pas en compte une des revendications de celle-ci (et de la macronerie) : la reconnaissance de l’Etat de Palestine.

Pendant ce temps, LFI encourage une flottille de bateaux, ne fait que jacter au sujet d’un pseudo génocide commis par des juifs (ben oui…). Ils sont pitoyables. Et les manifs de gauche, surtout en faveur des femmes et des minorités de genres sont jonchés de drapeaux qui symbolisent le pire d'une religion.

 

Ainsi, les divergences entre LFI et la gauche moins radicale ne porte pas sur le fond d’un programme ou d’un projet mais sur des méthodes, des postures. Et j’ai tout de même tendance à penser que les électeurs seraient plus près de mettre un parti « de gouvernement » au pouvoir qu’une bande de révolutionnaires de basse court, quel que soit le fond politique.

Et la stratégie de la rupture a gauche semble fonctionner.


Cela étant, on ne peut pas fanfaronner sur les résultats d'un sondage qui mettent plus d'un tiers des intentions de vote pour l'extrême-droite. 

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