En salle

11 octobre 2025

Une semaine pour rien et la droite en PLS

 


Grace à l’action de notre bon président de la République, la situation a bien avancé en une semaine puisque nous avions un premier ministre, M. Lecornu, sans gouvernement, et que nous avons, maintenant, un premier ministre, M. Lecornu, sans gouvernement, malgré une agitation assez incroyable et je vais laisser la presse nous rappeler tous les rebondissements. La section adéquate de sa page Wikipedia nous dresse un résumé (sans nous réclamer d’oseille, contrairement à la semaine dernière, ce qui prouve l’avancement).

Tout cela pousse à rire, évidemment, mais j’ai envie de rétablir certaines vérités par rapport à ce qu’on peut entendre dans les médias ou lire dans les réseaux sociaux.

 

Hier après-midi, j’ai profité d’une pause dans le boulot pour regarder les chaines d’information et je suis tombé sur Cnews. Il y avait une bande d’affreux journalistes bien à droite qui parlaient de la remise en cause de la réforme des retraits et qui disaient, en gros : « c’est de la folie de suspendre la réforme des retraites compte tenu de l’état de nos finances et, en plus, c’est la seule avancée faite pendant les mandats d’Emmanuel Macron ».

Comme journalistes, ils sont mauvais. Ce n’est pas la seule avancée. Entre 2017 et 2019, par exemple, les mesures fiscales qu’il a prises ont permis l’augmentation de 25% des 0,1% des Français les plus riches. Il a rapidement obtenu le taux de chômage le plus bas depuis la crise de 2008 (mais c’était grâce aux mesures prises sous la présidence de François Hollande et à la conjoncture mondiale). Je vais arrêter là mais le bilan du président ne peut pas s’arrêter à la réforme des retraites.

Il a eu une gestion abominable qui a projeté la France au bord du gouffre…

 


Pour la réforme des retraites, il faut bien être journaliste à Cnews pour expliquer sans bouger les oreilles que le fait de travailler plus longtemps est une avancée…

Je vais néanmoins éviter de jouer au militant gauchiste et me contenter de mathématiques. La question de ce petit monde de droite est qu’il faut travailler plus pour que l’on puisse redresser la tronche de notre économie, ce qui est par ailleurs discutable. La vérité est que nous avons un fort taux de chômage chez les moins de 25 ans et les plus de 55. Faire en sorte que l’âge de la retraite augmente ne fera qu’encourage le chômage des « séniors » et ne créera pas un emploi. Il y aura peut-être plus de pognon à rentrer dans les caisses de nos organismes de sécurité sociale mais il sortir sous la forme d’allocations chômage… La précarisation des personnes concernées fera qu’elles consommeront moins ce qui provoquera un recul de l’économie.

En outre, et ce n’est pas, non plus, du gauchisme, mais il faut être un peu siphonné des boyaux du ciboulot pour penser que l’on peut augmenter le nombre d’années à travailler sans prendre en compte les évolutions futures du monde du travail, notamment avec les progrès technologiques comme l’intelligence artificielle.

L’abandon de la réforme des retraites est salvateur pour notre économie et il y aurait des possibilités complémentaires pour améliorer le financement de notre système. Pourquoi, par exemple, ne pas créer une tranche de taxation supplémentaires de quelques pourcents au-delà de 5000 euros de revenus ? Il n’y aurait pas de quoi en chier une pendule !

 




Ce matin, les réseaux sociaux sont pliés de rire avec cette histoire de gouvernement. J’ai vu une publication dans laquelle l’auteur disait : « j’aurais dû prendre un chat, ça m’aurait habitué à ouvrir la porte pour qu’il sorte puis la rouvrir pour qu’il rentre, ça m’aurait habitué, pour Lecornu. » Cela étant, il y a beaucoup d’imbéciles qui font le jeu de mot avec « biscornu » en oubliant de dire qu’il avait été fait, mercredi, en une du Canard.

En revanche, pendant la semaine, on voyait plein de types qui expliquaient dans Threads que cela serait de la folie de mettre des personnalités de gauche dans le gouvernement compte tenu de l’état de nos finances publiques. Je les invite à se carrer leurs idées préconçues dans le fondement et à vérifier les chiffres de l’économie avec le premier Google venu. Depuis 30 ans, la situation de nos comptes s’améliore quand la gauche est au pouvoir alors que la dette se creuse beaucoup plus avec la droite.

Il ne s’agit pas, encore une fois, d’une crise de gauchisme (et je ne vais pas mettre la crise des subprimes sur le dos de Sarkozy et celle du Covid sur celui de Macron) mais c’est purement factuel. Les mécanismes économiques sont compliqués et il y a des histoires d’équilibre entre « l’offre et la demande » et d’autres bricoles. Par exemple, Macron a diminué la taxation des plus riches avec la flattax, la suppression de l’ISF et, comme par miracle, notre déficit a augmenté. Et, comme je le disais, les plus riches se sont enrichis. Les pauvres appauvris.

 

Les situations financières mais aussi électorales de notre pays montrent que le recherche d’un compromis est indispensable et ce n’est pas en relançant des slogans idiots qu’on y arrivera.

Mais ce n’est pas, non plus, en nommant à nouveau un premier ministre de droite, même s’il a tenté de se refaire une beauté en une semaine après avoir jeté l’éponge, qu’on s’en sortira.

Je suis un peu fatigué d’écrire dans mon blog que je vais attendre la nomination du gouvernement, le discours de politique générale, le dépôt d’une proposition de budget à l’Assemblée puis son vote après discussion.

M’sieur Macron aurait beaucoup mieux fait de se bouger les fesses…

10 commentaires:

  1. en fait l'essentiel est ton avant dernier paragraphe, et de savoir combien de temps le parlement pourra débattre (sans 49.3) au sujet de ce budget et ce que contiendra son discours de politique générale. A première vue il semble compliqué pour certains de faire des compromis, même si on en a entendu certains (cf Borne).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le problème est qu'il s'est lui-même éloigné du compromis avec son premier gouvernement... Je lui laisse une chance mais je n'ai pas confiance pour autant.

      Supprimer
  2. Une semaine pour rien en effet. Le but de Macron est de détruire tous les partis politiques est atteint. Parce que ça refoutra le bordel à gauche avec le PS qui va quitter le NFP. Bravo l'artiste...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. S'il arrive à faire en sorte que des partis de la gauche quittent le NFP, je ne pourrai que le remercier !

      Supprimer
  3. La réforme des retraits c’est une déformation professionnelle :p ?
    Tout ça pour ça. Au mois on aura rêvé un peu de Lucie Castet (non je deconne)
    J’ai entendu aussi un journaliste dire qu’il suffirait de prendre les excédents des complémentaires et que c’était réglé. Mais de là à se demander pourquoi les complémentaires sont bien gérées, il n’a pas fait le rapprochement. Pensez que les partenaires sociaux sont moins cons que les politiques ne la m’a pas effleuré (sans savoir si c’est la solution mais ça se creuse - et c’est mieux que creuser les déficits)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pourquoi pas mais il faut quand même se rappeler que la « sécu «  était gérée dans toutes ses composantes par les partenaires sociaux depuis sa création.
      Dans les années 90, les nécessités de financement complémentaire se sont fait de plus en plus importantes pour assurer sa survie et les partenaires sociaux avaient la nécessité d’attendre que l’AN et le Sénat votent une rallonge.
      Le budget de la Sécurité Sociale est donc devenu une prerogative gouvernementale en 1996.

      Supprimer
    2. Cyril,

      Oups !

      Pour le complémentaires, qu'ils les cassent est un peu ma hantise !
      Je n'ai pas la solution non plus, mais il faut que nos élus (puisque le job est chez eux) travaillent intelligemment.

      Pierrot,

      Voila encore un bel argument contre la droite...

      Supprimer
  4. Quant à une solution hybride d'allongement moins drastique de l'âge de la retraite combiné à des mesures efficaces de mise/remise à l'emploi, comme ce que nos voisins font (avec plus ou moins de succès selon les cas), est-ce que cela te paraîtrait ésotérique?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Franchement, oui, ça me parait un peu ésotérique.

      S'il y a des mesures efficaces pour l'emploi (que pratiquent nos voisins), pourquoi ne pas les mettre en oeuvre sans s'occuper des retraites ?

      Il y a à peu près 7,5% des gens au chômage en France et 5,9 en Europe. Aussi bien (je n'ai pas vérifié), si on réduit le chômage en France à environ 6, le problème de financement des retraites sera tout autre !

      Par ailleurs, je pense que s'il faut augmenter un peu l'âge de départ (tout en prenant en compte les carrières longues), il faut aussi penser à augmenter le niveau des pensions.

      Supprimer
    2. Attention, j'ai bien dit que ces mesures de mise à l'emploi étaient efficaces avec plus ou moins de succès...pas qu'elles étaient efficaces tout court, et suffisantes pour arriver à un bon bulletin de santé économique. Elles sont souvent moins efficaces que plus, si on prend l'exemple belge, où pas mal de conseillers de l'équivalent de Pôle Emploi sont incapables de comprendre un CV dès qu'il devient un peu pointu. Expérience vécue, je suis déjà passée par la case chômage. Un gros frein est également l'idée reçue dans le chef de beaucoup d'employeurs que c'est inutile d'embaucher des "vieux" de plus de 50 ans. Cette culture de l'âgisme est une vieille lune très difficile à tuer.

      Supprimer

La modération des commentaires est activée. Les commentaires anonymes ne sont pas publiés (sauf les miens...). Tout comme ceux qui me les brisent.