En salle

06 août 2025

L'extrême-centre n'existe pas !

 


C’est par mon ami Denis du blog Extime que j’ai le plus entendu parler de la notion « d’extrême-centre » et l’ami T0pol l’évoque dans son dernier billet. Ne tournons pas par quatre chemins, pour moi, c’est une sombre fumisterie (même si Wikipedia y consacre une page assez détaillée) : c’est un terme utilisé pour décrédibiliser « la macronnerie » mais ça ne peut pas exister. Quand on est à une extrémité, cela veut dire qu’on est au bout : on ne peut pas être au bout du milieu.

C’est purement rhétorique et je doute que les gens qui utilisent cette locution ont étudié les aspects historiques liés à son utilisation. Moi non plus, d’ailleurs, et ça me gave de voir prospérer des expressions qui viennent d’une autre époque (la naissance de la République, en l’occurrence) comme si le monde n’avait pas changé depuis…

La notion d’extrême est elle-même un peu dévoyée !

A gauche, on voit bien à quoi elle correspond : des petits partis (les NPA, FO, PT, POID…). Il y a quelques années, on avait le PCF et le PS, complété par les écolos, qui composaient la gauche normale (par opposition à « extrême). Puis, avec l’émergence de LFI, on a parlé de la « gauche radicale » par opposition au « centre gauche » qui s’est lui-même perdu : des militants et lecteurs se sont rapprochés de LFI ou de coalitions autour de ce parti (la Nupes puis le NFP) et d’autres se sont rapprochés du camp politique monté par un candidat qui se voulait « ni de droite et ni de gauche » ou « de droite et de gauche », je ne sais plus.

A droite, c’est plus compliqué : on sait ce que c’est « l’extrême-droite » mais peut-on réellement qualifier d’extrême un parti qui regroupe 30% des électeurs ? On va continuer à l’appeler ainsi parce que cela nous fait plaisir et parce que les fondateurs du parti étaient réellement issus de tendances très minoritaires, à la droite de la droite, comme des Waffen SS. Mais des partis comme ceux de Philippot ou de Zemmour ne sont-ils pas plus à droite ? Je ne fais que poser la question mais il me semble que le RN n’est plus partisan de la sortie de l’UE et fait campagne sur des thèmes qui étaient bien plutôt à gauche il y a plus de 45 ans…

 


Au fond, si Georges Marchais n’avait pas eu cette voix si particulière, on passerait des discours de lui au tout début des années 80, on trouverait la moitié des supporters de LFI pour le traiter de facho ! D’un autre côté, on a cette moitié qui passe une partie de sa vie à défendre les musulmans, oubliant que les religions pouvaient opprimer le peuple.

On a les fils qui se croisent.

Ne nous trompons pas sur mes volontés par ses propos : mon billet est là pour dire ce que je pensais de la notion d’extrême-centre, pas pour participer à la « dédiabolisation » de l’extrême-droite : le job a été fait par la gauche pure.

Ce billet fait par ailleurs suite au dernier que j’ai produit, parlant d’une confusion générale dans le traitement de la politique en France…

 


Venons-en au centrisme. Historiquement (du moins sous la Cinquième), le centre officiel a toujours fait partie de la droite. Notre actuel premier ministre, dans les années 90, a fait partie de gouvernements bien à droite. En revanche, quand la droite a voulu se restructurer pour devenir une machine à remporter des élections (ce qui n’a fonctionné que deux fois, pour les présidentielles), en 2002, François Bayrou a refusé de voir son centre englouti par la droite. En 2007, il a fait un excellent résultat (18%) alors que la gauche était arrivée à un plus bas historique (en cumul de voix des candidats au premier tour). C’est d’ailleurs à peu près la preuve que le candidat centriste fédérait beaucoup d’électeurs habituellement. Une grande partie des électeurs de Bayrou est d’ailleurs probablement « revenue » vers la gauche aux élections suivantes.

Cela m’a toujours amusé de voir des copains passés du soutien de Bayrou à celui de Mélenchon en l’espace de 10 ans.  

 


Pour ma part, mon positionnement politique a toujours été au centre-gauche (ce qu’on appelait la social-démocratie à une époque pas si lointaine) et vous pouvez lire mes billets de blogs sur les 20 dernières années pour vérifier que je n’ai pas changé (et je pourrais trouver des copains qui confirmeraient que j’ai approuvé la politique d’ouverture de Mitterrand, en 1988, tout en ayant voté Juquin et surtout des potes qui pourraient affirmer que j’étais Jospinien dès 1990).

Il y a évidemment toutes sortes de nuances. Je suis libéral et je soutiens les immigrés (mais pas les religions qui pourraient aller avec), favorable d’une imposition plus juste avec une vraie progressivité en fonction des revenus… ce qui fait qu’on pourrait me traiter de trotskyste comme de fasciste : vous avez le choix.

Au moins, je vais pouvoir illustrer ce billet avec la tête de Jospin.

 


Aujourd’hui, je souhaite que l’on puisse retrouver, à l’issue d’élections, un gouvernement vraiment à gauche mais éloigné de ceux qui ne respectent pas les Institutions ou font des actions violentes pour lutter contre ce qu’ils n’aiment pas. Je souhaite une plus grande intégration européenne (je ne parle pas de fédéralisme mais il faut bien qu’on pèse face aux grandes économies… ou aux grandes puissances militaires). Une gauche Républicaine, laïque et libérale, vraiment (ce n’est moi qui ai défendu les taxis, récemment, mais LFI… alors que les taxis n’ont rien de libéraux puisqu’ils ont des privilèges dont celui de gagner leur vie sur le dos de la sécurité sociale).

 

Pour cela, il faut bien créer une sorte d’alliance au centre pour que les socdems puissent trouver des gens avec qui travailler. C’est ce qu’avait voulu faire Macron (mais il a échoué en menant une politique en faveur du capitalisme financier dès le début de son mandat).

Ce n’est pas du tout de « l’extrême-centre », c’est l’union de gens qui veulent lutter contre des partis populistes et peu républicains.

« Comme dirait l’autre » (en réponse à mon commentateur à son billet que je cite plus haut) : « cette notion [d’extrême-centre] est une saloperie [qui] vise à faire croire que les centristes sont extrémistes. » 

Après, ils viennent chialer sur leurs faibles scores et la montée du RN…

J’ai bien un qualificatif en tête.


Quant à la droite, qu'elle se débrouille. Elle a pour l'instant des lascars qui font campagne sur le thème de l'immigration là où réussi le RN sans rien défendre d'autre à par les plus aisés. Qu'ils assument.

12 commentaires:

  1. "C’est ce qu’avait voulu faire Macron (mais il a échoué en menant une politique en faveur du capitalisme financier dès le début de son mandat)"
    Est-ce qu'il a vraiment voulu ? Ou même échoué ? Pour moi, il n'a même pas essayé. Je parlais d'hypocrisie dans mon commentaire précédent.
    Pour ce que vous souhaitez (un gvt vraiment à gauche, pour les institutions et contre la violence), je suis d'accord. Mais sur le constat, peut-être pas. Par ex quand des gvts (de tout bord, les exemples sont nombreux) bafouent le dialogue social, font tout pour affaiblir les corps intermédiaires, ne tiennent aucun compte des oppositions ou propositions diverses (cf 1er mandat d'EM à l'Assemblée), ils cochent les cases (institutions, contre la violence, ...). Mais ils ne cherchent pas le consensus, au moins sur certains sujets.
    Un pays ne peut pas être géré à si courte vue, 5 ans.
    Marc

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    1. Je ne sais pas ce qu'à voulu faire Macron ou essayé : ce qu'il y a de sûr c'est que sa politique a échoué et que les mesures fiscales qu'il a prises en début de mandat sont très mauvaises.

      Je ne sais pas où tu veux en venir avec la suite de ton commentaire et je ne sais si elle a un rapport avec le sujet de mon billet... Depuis que tu commentes chez moi, je commence à comprendre ce que tu veux souvent dire. Tu bosses dans l'éducation nationale et tu n'es pas content de la manière avec laquelle le gouvernement traite la profession. Tu peux le faire au nom du dialogue social et des corps intermédiaires mais force est de constater que depuis au moins 30 ans, les profs ne peuvent pas blairer le ministre de l'EN... Ce sont pourtant les seules "instances" qui ont à répondre devant les représentants du peuple, ceux qui votent le budget et prennent en compte les exigences de ceux qui paient. Les ministres qui ont été les moins critiqués par les profs sont souvent ceux qui sont restés en poste le moins longtemps...

      Tu pourras me trouver des exceptions (Jack Lang, peut-être, qui avait été appelé à la rescousse après la période Allègre) mais tu ne couvriras par 20% de la période dont je parle.

      Venons-en au premier mandat de Macron : au bout d'un peu plus d'un an, il y a eu les gilets jaunes on a reproché à Macron de ne pas les écouter. Seulement, je ne vois pas pourquoi Macron aurait écouté des guignols dans des ronds points qui réclamaient des choses contraire à ce qui avait été voté par le peuple un an ou deux avant.

      A l'opposé, une des premières décisions de Macron en arrivant au pouvoir a été d'arrêté la construction de Notre-Dame-des-Landes (pourtant décidée à l'issue d'un long processus démocratique) pour faire plaisir à la plus virulente des oppositions (et en reculant devant la violence).

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    2. Ce que je voulais dire à propos d'EM, c'est qu'il a été élu entre autres sur un "ni de droite, ni de gauche" qui n'a pas longtemps fait illusion. C'est pourquoi je parle d'hypocrisie.
      A mes yeux, le centre n'a pas beaucoup de sens (cf le parcours de F. Bayrou). Alors l'extrême-centre, encore moins ... Avec par ex une aile gauche incarnée par A. Pannier-Runacher ...
      Un pays très divisé, à qui on ment trop, par "court-termisme". Et qui ne croit plus en grand chose.
      Pour ce qui est de l'EN, la question n'est pas d'aimer nos ministres. Le problème est plus la façon de traiter l'EN que les enseignants, même si c'est en partie lié.
      L'EN a bien changé en 30 ans, pas en bien. Autant d'argent et d'efforts pour si peu de résultats... Mais les politiques menées sont toutes passées, même quand elles étaient contestées par le réel, la profession ou même la science.
      Que les fonctionnaires en général, et les enseignants en particulier, rendent des comptes, cela me va tout à fait. Mais les représentants du peuple aussi. Et sur l'EN, ils font souvent preuve de démagogie ou d'impuissance.
      Et si je suis d'accord sur les 30 ans de dialogue de sourd, il est injuste de rendre responsables les enseignants, ils ont été si peu écoutés.
      Pour les Gilets Jaunes, pour moi, EM est arrivé au mauvais moment. Il a payé la note, avec certes une communication méprisante, et en donnant le sentiment que les efforts ne seraient pas partagés. Je reproche plus le comportement à l'Assemblée de sa majorité.
      Et pour NDDL, je connais trop mal la question pour avoir un avis.
      En général, je ne m'étends pas sur les accords, ce qui me fait commenter des détails. Mais mon but n'est pas d'agacer.
      Marc

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    3. Tu n'agaces pas !

      Pour le début, on est d'accord : je ne suis pas macroniste. Je cherche un consensus au centre mais qui soit majoritairement plutôt à gauche (si je cherche vers le centre, c'est pour créer une majorité).

      Je ne prends pas les enseignants pour les seuls responsables ni même pour "majoritairement responsables". Je remarque simplement que les représentants du peuple (qui "valident" les ministres) n'ont jamais eu le moindre pouvoir sur l'institution ce qui est contraire aux principes des services publics, tout de même, mais je ne dis pas, non plus, qu'ils ne font pas une majorité de conneries.

      Notons que tous les gouvernements depuis 2002 (mais il y en a eu avant) sont composés de guignols (et pour l'EN, ça a commencé avant). Ce n'est pas une spécificité de l'ère Macron. Il suffit de lire l'intitulé des ministères d'Hollande pour être plié de rire (et ses ministres de l'EN n'ont pas été au top...).

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  2. S'il y a bien un oxymore ridicule, avec "extrême centre" on tient un grand gagnant. Même la notion de centrisme radical, qui est un peu plus soft, est sur le même ton et un tantinet ridicule pour les mêmes raisons.
    En Belgique (où j'habite) et dans d'autres pays européens on appelle cette idéologie le libéralisme social, ce qui me paraît un peu plus adapté. Bien sûr, on me rétorquera que c'est toujours du "en même temps" et c'est vrai, mais ce n'est pas le sujet de ton billet que de discuter ce qu'est ce courant politique.
    Donc oui, extrême centre est une étiquette péjorative qui ne veut rien dire.
    Ceci dit, c'est intéressant de voir à quel point nos vues sont en bien des points similaires, alors que tu te définis de centre-gauche et moi de centre-droite.

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    1. Nos points de vue sont similaires par ce que l'on est un tantinet objectif et factuel et que nous ne parlons du fond... On pourrait alors voir nos divergences ? Ce qu'il y a de sûr, maintenant, c'est que le centre gauche et le centre droit sont moins éloignés que le centre gauche et la gauche radicale.

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    2. Pas de souci, lorsque je ne serai pas d'accord avec toi je ne manquerai pas de le souligner. D'ailleurs je crois l'avoir fait quand on discutait de Gaza et que j'ai piqué une bonne gueulante sur Macron au sujet de la reconnaissance d'un état palestinien, mais je n'ai plus envie de revenir sur le sujet, j'en ai parlé jusqu'à l'overdose.

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    3. Nous n'aurions pas nécessairement en désaccord ! Je ne dis pas cela pour relancer le débat mais pour clarifier mon commentaire précédent. Du moins, j'aurais admis tes arguments et je les aurais probablement approuvé. Ce que j'ai dit, en gros, c'est que Macron avait eu raison de faire une ouverte. On a vu la suite : d'autres pays ont suivi et, surtout, le Hamas a continué ses conneries, affichant ainsi, non pas les félicitations que certains ont vu dans des communiqués, mais une fin de non recevoir. Notamment en diffusant les vidéos des otages.

      On sait maintenant que ce sont eux qui refusent les solutions de paix proposées.

      Par ailleurs, on est d'accord sur plein de chose comme la propagande du Hamas qui fait office de seule source d'information pour la gauche française et les médias nationaux (les journaux allemands ont publié une enquête à ce sujet, aujourd'hui - notons que ça m'a amusé de voir que c'est "Tribune juive" qui en parle en tête de Google News ce qui pourrait me faire suspecter de propagandiste d'Israël).

      On était d'accord aussi sur le fait que la solution à deux Etats ne pouvait pas fonctionner. Je l'ai écrit dans un billet où je félicitais Macron d'avoir dit qu'il le proposerait. Je suis donc plein de sous-entendus et de paradoxes.

      Il est probable que si nous avons, un jour, des désaccords forts, ça serait autour de sujets économiques ou sociaux. Je pense que nous sommes assez proche pour ce qui touche "la République".

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    4. Je suis une brèle en économie donc d'habitude, à part des considérations générales j'évite de trop la ramener (rire). Pour les sujets sociaux (Droits LGBT, avortement, mariage pour tous, fin de vie etc...) je suis très progressiste. Donc on verra au cours des discussions...

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  3. «Ce qu'il y a de sûr, maintenant, c'est que le centre gauche et le centre droit sont moins éloignés que le centre gauche et la gauche radicale»
    Donc qu’ils discutent rapidement du fond et taire au plus vite ce qui éloigne encore les uns des autres pour faire véritablement centre .
    Hélas cela ne fera pas encore suffisant, mais sûrement un blog indispensable à une future majorité.
    A charge à la gauche de gouvernement et la droite sociale de rejoindre ce pôle.
    Sans quoi je ne donne pas cher de la suite .
    Qui en sera le chef je n’en sait rien, mais il sera certainement issu de la droite .
    vincent

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  4. Tu sais à quoi on reconnaît un type de droite ? Il ne supporte pas la contradiction, surtout quand les faits apportés au débat lui donnent tort. Le fait est que c'est Macron lui-même qui en avril 2022 a qualifié son projet d'extrême-centre, sur France-Culture, ce qui invalide l'ensemble de ce que tu avais surement pris pour un beau raisonnement. L'autre fait est que l'argument spatial est imbécile, on parle ici de politique : centre, droite ou gauche ne sont pas des positions sur un axe qui aurait deux extrémités et seulement deux. Tu ne publieras pas donc ce commentaire et je m'en balec, il me suffit de savoir que tu l'as lu, de savoir que c'est parce qu'il te défrise que tu ne le publies pas. C'est infantile et ridicule. C'est de droite et ça me fait marrer.

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    1. Ah mais je peux publier si tu veux. Visiblement tu es un type de droite selon tes critères vu que tu n’admets pas la contradiction, pauvre con.

      En plus tu restes anonyme. Tu as honte de tes propos ? Il faut dire qu’ils sont d’une connerie prodigieuse. Tu peux aller chier, tu passes pour ridicule pour tous les gens qui vont lire tes bouses.

      Ridicule et inculte.

      Maintenant, je dis stop : je ne tiens pas un blog pour me faire emmerder. Tu peux te réjouir que j’ai lu ton commentaire mais c’est uniquement parce qu’il me fait rigoler. Demain, je l’aurai oublié. Même avant.

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