27 mars 2014

Le triple salto arrière de la courbe du chômage ?

La mauvaise nouvelle est tombée et fait mal entres les deux tours : le chômage a fortement progressé et l’inversion de la courbe est inversée. Mon confrère Bembelly note que certains s’en réjouissent, à droite, parce que cela conforte leur stratégie électorale. Les éditorialistes s’en donnent à cœur joie comme le résume cet article de 20 minutes.

« Cette hausse du chômage «est venue rappeler une préoccupante vérité: ce gouvernement paraît dépassé par les événements», juge Paul-Henri du Limbert, pour Le Figaro. » Ce monsieur a probablement raison mais il devrait préciser que tous les gouvernements depuis 1974 l’étaient et ceci dans la plupart des pays de l’OCDE… Sauf que…

« L’Etat ne peut pas tout » avait dit Lionel Jospin à une époque ce qui lui a probablement valu, en partie, sa déroute aux élections. L’Etat ne peut que légiférer et réformer sur le long terme ce qu’avait fait la gauche de 1997 à 2002 avec la diminution du temps de travail…

Tiens ! Parlons de chiffre. Voir la jolie courbe comparant le chômage en France et en Allemagne généreusement communiquée par la maison Google. Je parle des chiffres bruts puisque c’est l’objet de la mauvaise nouvelle du jour. Je ne cherche pas du tout à vanter le « modèle Allemand » avec sa précarité et son taux de pauvreté délirants.

J’interromps mon billet pour une page de publicité. Vous tapez « chômage en Europe » dans Google et il vous sort un machin interne avec plein de chiffres, de courbes,… Très fort.

Reprenons notre étude des chiffres, par période politique en France. Nous sommes en mars mais Google ne fournit les chiffres que jusqu’à janvier (ce qui arrange ma démonstration…). Devant vos yeux ébahis, je vais comparer l’évolution du chômage entre le début du mandat et janvier, près de 2 ans après, et entre le début du mandat et la fin du mandat.

Période 1 : 1993-1997 – Droite. Cohabitation avec Edouard Balladur comme chef du gouvernement puis présidence de Chirac avec Juppé comme chef.
Période 2 : 1997-2002 – Gauche. Cohabitation avec Lionel Jospin.
Période 3 : 2002-2007 – Droite. Avec deux chefs de gouvernement.
Période 4 : 2007-2012 – Droite.
Période 5 : 2012-…


Au bout de 20 mois
En bout de période
Période 1
-0,4
-1,3
Période 2
+0,3
-1,8
Période 3
-0,2
+0,1
Période 4
+1,3
+4,9
Période 5
+1,1


On le voit : la période où l’écart s’est le plus réduit est quand Lionel Jospin était premier ministre. L’Etat ne peut pas tout qu’il disait mais il y a bien eu un changement en France, d’autant que le début de la législature a bien connu une augmentation.

On le voit moins mais entre 2002 et 2012, l’écart a commencé à baisser mais a fini par une augmentation de 5 points ! Du jamais vu. Ainsi, ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est l’évolution du chômage en 2017.

Je compare avec l’Allemagne mais c’est une caricature. On voit bien que la crise (l’effondrement de la bulle numérique vers 2001) n’a pas eu les mêmes effets chez eux que chez nous. La forte baisse du chômage commence au moment où les socialos et les écolos du coin ont fini de mettre en œuvre leurs réformes du code du travail mais trois mois plus tard, ils sont éjectés du pouvoir mais les électeurs ne pouvaient pas savoir que le chômage allait baisser durablement pour perdre 6 points.

La situation n’est pas équivalente à celle qu’a connue Jospin en 2002, le système électoral étant bien différent mais, pourtant, c’est bien la poussée de la gauche de la gauche qui a empêché Gerhard Schröder de former un gouvernement. Du coup, ils nous ont fait une vaste coalition. En 2002, c’est bien l’électorat de Jospin (ou plutôt le non électorat !) qui était dispersé et a empêché son arrivée au second tour.

Où je veux en venir ? A dire que tout va bien ? Non. Pas du tout. Je répète ce que l’on disait au début de l’année dernière : il va falloir des résultats en 2017 si la gauche veut sauver ses fesses. Mais les mauvaises nouvelles se poursuivent : « L'emploi intérimaire, considéré comme un indicateur avancé de la situation générale de l'emploi, a reculé en février pour le troisième mois consécutif, selon les données du baromètre Prism'emploi publié jeudi. »

Par contre, je suis ulcéré de voir les commentaires de certains blogueurs de droite et surtout les cadres de l’UMP, comme Jean-François Copé qui disait ce matin (je crois) que seule l’UMP peut sauver la France alors que l’on voit clairement qu’elle a foutu la France dans la merde. Ce matin, il disait également qu’il voulait revenir sur les 35 heures alors que l’on voit aussi que c’est la seule mesure d’un gouvernement qui a réellement eu de l’action sur le chômage en France.

Je suis également énervé quand je vois toutes ces andouilles qui pensent que le gouvernement peut supprimer le chômage d’un claquement de doigts et qui sortent des recettes toutes faites. J’ai soutenu François Hollande parce que j’avais confiance en lui pour entreprendre les restructurations dont on a besoin en France.

J’ai pris l’exemple de l’Allemagne parce qu’il est emblématique avec ces réformes de droite faite par un gouvernement de gauche. On sait que cela va nous arriver sur la tronche et que pépère essaie de faire pareil mais plus discrètement…

Toujours est-il que j’aurais pu prendre les chiffres du chômage de l’Europe à la place de l’Allemagne mais l’écart reste globalement constant et très faible. J’aurais pu prendre l’exemple de la Grande Bretagne mais ce pays est atypique.

En fait, la France est le seul des grands pays de l’Union Européenne à avoir une courbe du chômage parfaitement parallèle à celle de l’Union en question.

Les réactions de tout le monde (gauche et droite) sont délirantes (à lire dans cet article de Libé). Sauf celles de Gérard Filoche à qui je laisse le mot de la fin : « Mon gouvernement devrait avoir une politique globale contre le chômage et pas seulement viser à inverser une courbe. On ne pourra pas réduire le chômage de masse sans réduire la durée du travail. C’est absurde pour des gens qui ont fait les 35 heures d’allonger la durée du travail. Comment on a fait entre 1936 et 2002 ? C’est parce qu’on est passé de 40 heures à 39 heures, et à 35 heures, qu’on a pu doubler le nombre d’emplois, qu’on a pu produire plus, qu’on a pu gagner plus, en travaillant moins, c’est-à-dire en partageant le travail. ».

6 commentaires:

  1. Si vous pensez réellement que tout le monde dit n'importe quoi sauf ce pauvre Filoche, vous auriez intérêt à consulter rapidement…

    (Cette andouille qui s'offre le ridicule de parler de "son" gouvernement…)

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  2. Ouh ben ! Les "restructurations", çà comprend les réformes Hartz en loucedé ?
    Puis citer Filoche en suivant, nom de gu, fallait oser ! Pas sûr qu'il soit partant...

    Pis pour finir la comparaison, vu les succès que remporte le SPD depuis que ses chefs l'ont sacrifié au profit de la droite, on peut dire que vous êtes pas sectaires avec tout le monde, vous autres !

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    1. Reste calme. Je dis moi même que le SPD a été éjecté.

      Depuis que je tiens mon blog, j'y défends la réduction du temps de travail.

      Et J'introduis mon billet en critiquant l'Allemagne et sa pauvreté et sa précarité.

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  3. Et Copé qui veut prodiguer des conseils, lui qui ne sait même pas gérer un parti. Par contre, pour faire les poches de ses adhérents et sympathisants, ça il sait très bien faire. Aussi, je sais très bien dans quelles autres poches il va puiser, si son parti revenait à la tête du pouvoir. Avec lui, ce sera retour aux 40 heures avec salaire de 35h, voire moins !

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