12 novembre 2016

Mon hommage à Léonard Cohen

J'ai 24 heures de retard, je sais, mais je viens de prendre l'apéro avec le vieux Jacques qui en pleurait, le pauvre. J'étais très amusé en lisant les tweets et autres conneries internetiques, hier. 

Tout d'abord, je tiens à présenter mes condoléances et mon respect à la famille et aux proches. Débrouillez-vous pour l'héritage, les droits d'auteur qui vont tomber pendant quelques décennies. 

Ces chansons étaient magniques, il faut le dire. Mais il faut dire aussi qu'elles étaient particulièrement chiantes. Donc, aucun type de ma génération n'écoutait Léonard Cohen quand il était jeune sauf les jours de déprime. 

Figurez vous qu'un jour, alors que j'avais entre 25 et 30 ans, je me suis retrouvé avec un CD de reprises de l'illustre par différents chanteurs. Je ne sais plus comment je l'ai eu. Un cadeau, sans-doute. C'était à l'époque où je faisais 60000 kilomètres en voiture par an. 

Je vais raconter ça en hommage à Léo en 1993, je bossais pour une boîte de Paris qui m'avait envoyé 30 mois auparavant en déplacement en Bretagne. J'étais logé et blanchi par les parents mais j'avais quand même droit à des frais de déplacement, 350 francs par jour. Autant vous dire qu'avec mon salaire d'ingénieur en informatique à Paris et cela, j'avais un revenu sympathique, sans aucune charge à part la bouffe et les sorties. Je n'étais pas victime du déclassement. Quand cette mission en Bretagne a été terminée, j'ai facilement pu acheter un appartement vu que j'avais à 26 ans un apport de base correspondant à la moitié du prix. Je me suis quand mis dans une merde noire vu que j'ai perdu 10000 francs (une brique) par mois et que je continuais à flamber. 

J'aime bien être odieux, parfois, dans mes billets de blog (mais je l'ai déjà raconté). 

Toujours est-il que pendant cette période d'opulence, j'avais acheté une bagnole de branleur, une ZX Volcane. En gros, c'était l'équivalent d'une 205GTI en plus grand. C'était très bien vu que je n'arrêtais pas de faire de la route dans le Centre Bretagne. Cela étant, quelques semaines après, ma mission en Bretagne s'arrêtait et je suis revenu en région parisienne. Ma boite m'a alors trouvé une mission en lointaine banlieue ouest dans une boîte qui pratiquait les 39 heures sur quatre jours et demi. Je n'étais pas astreint à ces horaires mais comme l'entreprise était fermée le vendredi après midi, je bossais environ 35 heures par semaine. Et finissant à 12h en banlieue ouest, je rentrais tous les week-ends en Bretagne. Au bout de trois ans, j'avais fait 165000 km avec ma ZX, le tout essentiellement à vitesse constante (155 km/h, c'était avant les radars automatiques, les fixes avaient une belle marge d'erreur) avec une voiture puissante donc consommant peu à vitesse constante. 

On s'en fout me direz-vous dans cet hommage à Léonard Cohen. C'est faux. En apprenant sa mort, c'est toute cette période de ma vie qui m'est revenue en mémoire. 

Faisant la route le vendredi après-midi, j'étais à peu près seul sur l'autoroute. C'était peinard, vitesse constante, un dépassement toutes les dix minutes... c'est dans ces conditions que j'ai découvert Léonard Cohen PI, du moins, avec ce CD, ses chansons chantées par d'autres. Ce CD ainsi qu'un de Barbara me permettait de faire Les Ulis La Gravelle en ne changeant qu'une seule fois de CD. Toutes les semaines, le vendredi et le dimanche, sauf pendant les vacances. Arrivant sur les routes Bretonnes, je repassais à de la musique normale. Du rock gras. 

Nous avions donc la musique d'ascenseur, celle de supermarché, j'avais découvert la musique de voiture grâce à ce CD de reprise de Cohen. 

C'était mon hommage à Cohen. Il faisait de la musique chiante qui correspondait exactement à ce qu'on avait besoin dans d'étranges moments de décontraction à 155 hm/m sur une autoroute vide avec une voiture puissante. 

Paix à son âme. 

Je vais quand même raconter la suite, parce que Cohen représente beaucoup pour moi. En 1996, au bout de trois ans, cette mission s'est terminée. J'ai commencé à bosser dans Paris. Je continuais à aller bosser en voiture (ce qui me coûtait 100 francs par jours de parking, c'est ainsi que je me suis mis dans la merde) et à rentrer tous les week-ends en Bretagne. De la folie. Partir du Centre de Paris vers 17 heures, ma taper la route dans des bouchons avec des reprises de Léonard Cohen,... 

Ma ZX a fini par avoir 260000 km. Elle était impeccable. 260000 km à vitesse constante ou presque n'use pas beaucoup. Mais j'avais une bougie que je n'arrivais plus à dévisser et quelques ennuis divers. J'ai donc décidé de changer de voiture (mes problèmes financiers avaient été réglés ; j'avais été sérieux pendant des années ; d'ailleurs j'avais pu faire un remboursement anticipé du crédit pour l'appartement tant j'étais devenu ascète ou huit). 

Mais j'étais resté con. Je n'avais plus besoin de voiture, pourquoi en acheter une ? J'ai évidemment choisi une voiture du même niveau de gamme. Un coupé sportif de Citroën. J'ai nommé ma Xsara VTS. 138 chevaux. La ZX faisait 122, je crois. Je me rappelle que je l'ai acheté un samedi (j'avais oublié le chèque de Banque, ça avait été un bordel). J'avais transféré les CD d'une à l'autre. Je continuais à écouter Barbara et les reprises de Cohen. La Xsara était bourrée de gadgets électroniques, genre GPS avec une voix de gonzesse qui donnait des indications pour la route à utiliser. 

C'est alors (juste après l'achat) que la grand mère est morte. Mon premier voyage en Bretagne était donc pour l'enterrement. Le cercueil mis dans le caveau, je discutais avec les cousins. Le plus vieux demande à voir ma voiture qui parlait. On y va, devant le cimetière. Je mets le contact. Le CD part. Alléluia de Léonard Cohen (par je ne sais plus quel chanteur). Je ne sais plus, non plus, l'année. 2001 ou 2002. Je ne sais plus si j'ai revu les cousins depuis. J'étais venu de Loudéac au cimetière de Paimpol via le funérarium de Saint Brieuc et l'église du coin (dans la famille, une cérémonie à l'église,... Une des sœurs de mon père, mort en 1992, y avait tenu, et avait réussi à glisser une bénédiction pour lui, alléluia) en écoutant la reprise de Cohen que j'écoutais surtout sur l'autoroute à vitesse constante (il n'y avait toujours pas de radars automatiques). 

J'ai continué à faire la route. J'écoutais moins Cohen et Barbara. Un jour, je rentrais de Loudéac à Bicêtre, le pot d'échappement est tombé, peu avant Rennes, mais avant Montauban. Je m'arrête à la première station service. Ô appelle le dépanneur. Il bricole le truc pour que je puisse aller jusqu'à Bicêtre. 

Je me gare devant chez moi (entre temps, j'avais perdu le bip pour rentrer dans le garage mais je m'en foutais, on peut toujours se garer dans le quartier, très près de chez moi) après avoir fait 400 km sans pot, ce qui n'est pas de bol. 

Le week end suivant (entre temps, j'avais pris l'habitude de ne rentrer que tous les trois semaines en Bretagne), j'ai pris une voiture de location. Et de fil en aiguille, j'ai oublié de prendre le temps de réparer ma voiture, la Xsara. 

Un jour, mon pote Gilles de Loudéac me dit que sa 205 va rendre l'âme. J'ai donc décidé de lui donner ma Xsara qui n'avait pas roulé depuis près de deux ans. Il est donc venu la chercher avec un copain, Dominique, et ils l'ont ramené sur un plateau. Il l'a remise en service et la voiture va toujours bien, merci. 

C'est un copain très proche. Si on ne couche pas ensemble c'est que nous sommes du même sexe (je ne parle pas de la taille). Donc, je lui ai filé la voiture avec le bordel qu'il y avait dedans. Notamment du matériel de camping parce que nous avions passé quelques vacances ensemble. J'étais le conducteur, nous roulions à 155. Alleluia. 

Lors de mon retour en Bretagne suivant, il est passé à la maison et m'a rendu tout ce qui trainait dans la voiture. 

Dont le CD de reprises de Léonard Cohen. Je ne sais plus où il est. 

Paix à son âme. 

Il n'est pas beau mon hommage à Pépère ?



10 commentaires:

  1. Dire que j'ai ouvert ce lien en ayant lu : "Jegoun se met nu...". Je me rappelle néanmoins du billet que tu avais fait sur la Xsara il y a quelques années...

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  2. Oh si, il est vachement beau ton nohommage.

    Moi aussi je le mettais en voiture dans les embouteillages, sous le tunnel de st Cloud, ça aidait.

    Par contre dans les années 70 il n'était pas de bon ton pour ceux qui aimaient Bob Dylan, de tolérer cette musique (moi j'aimais les deux), aussi un jour que je passais "le partisan" sur la platine, un ami m'a houspillée en me disant :
    "Comment peux tu écouter ce connard de leonen".
    Sur le moment j'ai pas osé lui répondre, mais aujourd'hui je le fais : Marc, je t'emm.... 🙂

    Hélène dici


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  3. Une ZX Volcane équivalente à une 205 GTi? C'est une blague j'espère? Et puis quoi encore!

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    1. Les premières seulement, après c'était un 2L mais c'était moins bien avec le pot cata.

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    2. Bah ! Toujours est-il que cette bagnole était un modèle de tenue de route, de puissance (par rapport à son poids,...).

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