07 octobre 2018

Bicêtre, ses bistros le dimanche soir

J’adore Bicêtre. J’arrive vers 19h de Montparnasse et je vais boire un coup à l’Aéro. Les clients étaient aussi saouls que le patron ce qui est rare. Il y avait ainsi trois ou quatre Kabyles qui s’engueulaient - comme on peut s’engueuler au bistro - avec un Arabe. Ils parlaient à moitié en kabyle à moitié en arabe et à moitié en français, ce qui fait trop de moitiés pour que je puisse tout suivre. Je bois peinard. Un autre Arabe arrive, prêt à défendre son collègue. Il semblait à cran alors que je rigolais et cherchais plus ou moins un type pour rigoler de la situation. 


A un moment, l Arabe qui buvait de la bière à fait une théorie comme quoi la science arabe avait de l’avance sur la France vu qu’elle a dit 1400 ans avant les occidentaux que l’alcool était mauvais. Il était quant même en minorité. Alors il se fâche : de toute manière l’Algérie est toujours gouvernée par la France. 


Moi (première intervention dans la conversation) : ah non, ils ont Bouteflika. 

Les kabyles étaient pliés de rire. 


Je change de bistro et vais à l’Amandine. Je m’installe au comptoir. Je plonge dans l’iPhone après avoir papoté avec le patron (comment va Roger ? La Comète est encore ouverte ?). Et je commence à entendre la conversation de trois clients d’une soixantaine d’années. Deux femmes, un homme.  Ils parlaient d’Aznavour. L’homme jouait celui qui sait tout pour épater les dames qui ne lisent pas Le Parisien genre : vous savez qu’il a couché avec Piaf ? Ou : vous savez qu’il a composé pour Johnny ?


A un moment, j’avais perdu le fil, il dit : vous savez s’il s’est fait enterrer en France et pas en Arménie, c’est pour des raisons fiscales. 


Je me suis permis d’intervenir dans la conversation et j’ai dis : excusez moi monsieur, mais vous n’y êtes pas et je suis désolé de vous contredire. Mais s’il s’est fait enterrer ici c’est parce qu’il n’avait pas ses papiers d’Arménie. 


Je vais au PMU où tous les clients sont kabyles mais ils m’aiment bien. 25 ans que je vais tous les dimanches soir dans ce bistro. Je plonge dans mon iPhone après avoir papoté avec deux ou trois potes. 


Un type arrive. Normal le type. Un de souche, quoi. Il commande une bière. Il regarde l’horloge. Vide son verre cul sec et engueule le patron : mais il est neuf heures moins vingt alors que vous m’aviez dit qu’il était huit heure et demie. 


C’est beau. 

11 commentaires:

  1. Pierrot merci mais j’ai fait une bourde, j’ai effacé le commentaire où tu disais « un grand moment de vie ».
    Désolé.

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    1. Comme je suis de bonne humeur, je bois un coup à ta santé.

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  2. Tu prends quoi à chaque fois? Galopin, demi, 33 ?

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  3. rien que pour les conversations de comptoir que doivent subir les serveurs de France...je leur décerne la médaille du mérite national...et j'ajoute que j'ai une totale admiration pour ce métier qui ne s'apprend pas en "traversant la rue" ...et qui relève parfois d'une forme de sacerdoce 😀 Sylvie

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    1. Mais non. Les serveurs participent et entretien’ent Les conversations de comptoir.

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  4. J’adore ces billets, qui me font dire que la prochaine fois que je monte à Paris je fais pas l’aller retour dans la journée

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  5. J’aime mes dimanches soir devant la cheminée ;-)

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