Un nouveau
sondage vient de sortir pour la prochaine présidentielle et les résultats
sont assez encourageant pour les gentils militants du centre gauche. Le
candidat le plus proche du PS, Raphaël Glucksmann est aux environs de 15% à peu
près au même niveau que le candidat le plus fort dans le « bloc central »,
Edouard Philippe, loin derrière le candidat du RN (quel qu’il soit) mais bien
devant Jean-Luc Mélenchon ! Et seule la présence au premier tour de l’ancien
premier ministre pourrait empêcher l’accession du patron de Place Public au
second tour. Les autres candidats de ce bloc central sont à la ramasse.
Les éternels ronchons, notamment proche de ce dernier, me
rappelleront que les sondages lui ont toujours été « défavorables »
et que ce n’est qu’un sondage à 18 mois de l’échéance. Qu’ils se rassurent, je
le sais. Il n’empêche que c’est la première fois depuis longtemps qu’un sondage
donne un candidat socdem aussi haut placé.
Et on pourrait aussi expliquer à ces ronchons qu’ils se
plantent toujours sur l’analyse des chiffres avec des propos tels que « à
300 000 voix près, il était au second tour ». L’important n’est pas d’être
au second tour mais de l’emporter.
D’ailleurs, on pourrait illustrer cette erreur d’analyse
avec leurs
réactions suite aux législatives partielles de ce week-end. Il y en avait
deux, une à Paris, un second tour, l’autre chez des « français de l’étranger »,
un premier tour. Dans les deux circonscriptions ne sont « pas de gauche »
depuis très longtemps et semblent historiquement acquises à la droite. A Paris,
Michel Barnier l’a remportée face une candidate socialiste ce qui est logique. LFI
se foutent de la gueule de cette dernière. Dans « l’étrangère », LFI
est qualifié pour le second tour mais critiquent la position du PS et de PP
(Place Publique), chacun ayant un candidat (ce qui est évidemment une connerie)
pour des raisons que je ne comprends pas, aucun parti de gauche n’a mis en
danger la capacité à un candidat de gauche de figurer au second tour.
Ce sont surtout ces analyses d’apothicaires qui font perdre
LFI et qui expliquent en partie pourquoi les autres partis de gauche s’en
détournent. La méconnaissance de l’électorat et des mécanismes électoraux est
terrible.
Revenons à notre sondage pour les présidentielles et à un
exemple, dans la foulée ! Marine
Tondelier est en colère : vous vous rendez compte ? Le sondeur n’a
pris aucun des candidats qu’elle soutient pour une candidature d’union à gauche
dans ses hypothèses. Il faudrait qu’elle se rende compte que les sondeurs n’ont
pas que ça à foutre. Quelles que soient les qualités de François Ruffin (et je
suis souvent d’accord avec lui), par exemple, aucun électeur de gauche n’a envie
de voter pour une personne qui n’a aucune chance de bouleverser le jeu, à
gauche. Ils en ont soupé des petits candidats.
Il faut démystifier les primaires. La seule fois où ce
processus a été utile, c’était celle en vue de l’élection de 2012 parce que le
clivage interne à la gauche était plus au sein du PS, tout d’abord entre les
rivales du congrès de Reims puis entre DSK et Hollande (duel remplacé par un
Aubry Hollande). Il fallait une union pour arriver au second tour. Une primaire
aurait été utile en 2002 parce qu’il y avait plusieurs candidats à gauche, en
plus de celui du PS, à pouvoir faire plus de 5% (mais au moment de lancer des
primaires, on ne le savait pas, mon exemple n’est pas de la plus haute
pertinence).
Nous ne sommes plus dans le même cas, avec cette pauvre
Tondelier qui espère ajouter des « 3% » pour aller jusqu’à 20… Il
faut traiter le sujet dans tous les sens. Une des raisons qui a fait que
Mélenchon a fait deux fois un bon score aux présidentielles est liée au « vote
utile » et à ces électeurs qui ne voulaient pas voter pour un petit
candidat qui n’avait aucune chance de l’emporter et auraient pu empêcher une
présence au second tour. En votant pour Mélenchon, ils ont choisi une sorte de « vote
utile » (tout comme moi, en 2017, j’ai voté Macron au premier tour pour
éviter la victoire de Fillon au second).
Cette fois, il y a une lueur d’espoir…
Une autre des raisons de l’échec de LFI est la manière de
faire de la politique. Je crois que j’en parlais hier, par exemple, mais dans
le contexte de constitution d’un gouvernement, LFI ne parle que de censurer
Lecornu et de destituer Macron alors que le PS et Place Publique cherchent à
faire plier un premier ministre au niveau de son projet et du budget. Ajoutons
par ailleurs que Lecornu pourrait faire des concessions au RN pour éviter une
censure, les électeurs de gauche préfèrent qu’il en fasse au centre gauche…
Forcément, c’est la stratégie de la gauche modérée qui est
gagnante. Les Français ne veulent pas d’un gouvernement qui tombe mais d’un
gouvernement qui gouverne, selon une ligne politique (certes floue) dessinée
par les dernières législatives, à savoir une France divisée en trois blocs.
Cette manière de faire de la politique concerne aussi le
conflit au Moyen-Orient ! J’en parle assez souvent mais on a de nouveaux cas
d’erreurs de communication qui apparaissent tous les jours. Il y a peu, Mathilde
Panot a fait une vidéo (que j’ai reprise sur mon compte Facebook).
Elle parlait d’un pays où il y avait des millions de morts et elle n’a pas
utilisé le mot génocide alors qu’elle n’arrête de le faire pour Gaza.
C’est évidemment de la folie (et heureusement pour elle, je
suppose que sa chaîne TikTok est surtout regardée par des militants et pas des
guignols comme moi). Un copain à moi (proche de LFI mais pas de Méluche) est intervenu
pour critiquer ma moquerie mais ses arguments sont lunaires (vous pouvez
cliquer sur le lien pour lire). Je suis resté aimable mais il ne se rend même
pas compte que dans le ciboulot des gens qui votent, le mot « génocide »
n’est pas défini par le droit international mais par les usages et les
dictionnaires. En outre, le droit international n’a pas qualifié la situation
de génocidaire mais a simplement parlé d’un risque de génocide.
Là n’est pas le sujet de ce billet de blog ! Ce que je
veux dire est que le grand public en marre de toutes les simagrées, qu’elles
soient justifiées, sincères… ou pas du tout.
D’ailleurs, « l’autre » actualité du jour porte
sur un plan de paix pour ce coin (ce n’est pas non plus le sujet de mon billet,
je me demande s’il n’y a pas des gouvernements étrangers qui se foutent de la
gueule de Trump), le premier sérieux depuis deux ans. Il vient d’allié d’Israël,
un vil réactionnaire haï par toute la gauche française, qui ne prend pas en
compte une des revendications de celle-ci (et de la macronerie) : la
reconnaissance de l’Etat de Palestine.
Pendant ce temps, LFI encourage une flottille de bateaux, ne
fait que jacter au sujet d’un pseudo génocide commis par des juifs (ben oui…).
Ils sont pitoyables. Et les manifs de gauche, surtout en faveur des femmes et des minorités de genres sont jonchés de drapeaux qui symbolisent le pire d'une religion.
Ainsi, les divergences entre LFI et la gauche moins radicale
ne porte pas sur le fond d’un programme ou d’un projet mais sur des méthodes,
des postures. Et j’ai tout de même tendance à penser que les électeurs seraient
plus près de mettre un parti « de gouvernement » au pouvoir qu’une
bande de révolutionnaires de basse court, quel que soit le fond politique.
Et la stratégie de la rupture a gauche semble fonctionner.
Cela étant, on ne peut pas fanfaronner sur les résultats d'un sondage qui mettent plus d'un tiers des intentions de vote pour l'extrême-droite.
C'est une bonne nouvelle de voir LFI se réduire. Mais pour la droite, Glucksman est un sacré challenger... (enfin, n'importe quel clampin serait un challenger ^__^)
RépondreSupprimerC'est autre chose que Ségolène Royal en 2007.
Supprimer"un parti « de gouvernement » au pouvoir"
RépondreSupprimerJe n'ai jamais aimé cette expression, très employée sur le service public audiovisuel. Dire cela, c'est une sorte de préemption du résultat de l'élection.
Pour le reste, je ne suis pas plus ravi que cela de cette évolution, même si elle est inévitable puisqu'il faut sortir de la crise et faire des compromis. Je trouve que R. Glucksman n'est pas beaucoup plus légitime de L. Castets, pour qui je n'avais pas un gros enthousiasme. Question de parcours pour tous les deux.
Les français voudront sortir de cette situation à n'importe quel prix, et la presse pousse fort.
"Ils en ont soupé des petits candidats." A gauche, comptons les gros, ce sera plus rapide. S'il y en a. Encore faudrait-il savoir si on parle de notoriété ou de poids électoral.
Et je trouve que M. Tondelier n'a pas tort. Tester la candidature de D. de Villepin, tout de même… Les sondages font de la politique, comme les éditorialistes sur les plateaux télés. Cela me rappelle "La fabrique du consentement" de N. Chomsky, même si c'était moins sur la social démocratie que sur le libéralisme économique.
Je pourrais me contenter d'un énième socialiste, mais il faudrait vraiment qu'il y ait du changement. Or j'ai senti R. Glucksman "mou du genou" ce matin à la radio.
Marc
A propos de l'expression, je la vois plus comme une référence au passé et, du moins, je l'utilise ainsi, en gros pour désigner des formations politiques qui ont déjà réellement participé à des gouvernements. Ca exclut évidemment le RN mais aussi LFI (Mélenchon a été ministre mais il était alors dans un autre parti).
SupprimerL'évolution serait satisfaisante si le RN baissait. Glucksmann est bien plus légitime que Castets : il a déjà, par deux fois, menés une liste de la sociale démocratie dans des scrutins nationaux. En outre, il s'agit d'un sondage. Si Castets dépassait les 5 ou 10%, elle aurait une certaine légitimité.
Pour la "taille" des candidats, j'aurais pu détailler mais lors des deux derniers scrutins présidentiel, il y a eu beaucoup de candidat à faible score et je pense que les Français en ont marre de cette division de la gauche qui n'arrive pas à avoir une "tête" cohérente.
Tondelier a raison mais qui tester ? Ruffin, Autain, Tondelier ? De toute manière, aucun des trois ne dépasserait 3 ou 4% dans les conditions actuelles. Et ils ne représentent pas un "courant politique historique" (je me comprends : on ne sait plus si les écolos sont plus proches de LFI que du PS) contrairement à des types plus insignifiants comme Zemmou ou NDA. Quant à Villepin, il est très présent dans les médias et on sent bien qu'il veut exister.
Pour en revenir à Tondelier, elle n'arrête pas de militer pour une candidature d'union. Quitte à faire l'union, autant favoriser celui qui a le plus de chance, à gauche, d'être élu.
Pour Glucksmann, je vais m'en expliquer ci-dessous en réponse à Denis.
Comment, Nicolas, peux-tu faire de la retape pour un type qui soutenait Sarkozy en 2007 ? Crois-tu, un instant, que Raphaël Glucksmann est de gauche ?
RépondreSupprimerDenis.
Tout d'abord, soutenir qui que ce soit face à Ségo ne me parait pas être un signe de folie. Ensuite, je ne vais pas faire un procès à un type pour une position qu'il a tenue il y a près de 20 ans. Je peux te citer plusieurs personnes qui soutenaient activement Bayrou en 2007 et qui sont passé chez Méluche dix ans après. En outre, je me demande toujours si des gens qui se prétendent vraiment à gauche (et les seuls) mais qui votent pour LFI sont vraiment de gauche...
SupprimerTu as raison sur un point : les électeurs de LFI ne sont pas tous de gauche (musulmans des banlieues, bobos des villes, etc) comme ont pu l'être à d'autres époques les électeurs du PS. Ne sont-ils pas les mêmes ?
SupprimerDenis.
Voyons Nicolas ..
RépondreSupprimerTu le sais bien un homme de gauche doit être :
Solidariste, Pluraliste ,Ecologiste .
Tout ce que Raphaël Glucksmann n'est pas !!!
De grâce Nicolas ressaisis toi ..
Vincent
On a le temps de ressaisir...
SupprimerSi je dois retenir une seule phrase de ce billet ce sera celle-ci: il faut un gouvernement qui gouverne et pas un gouvernement qui tombe (à répétition). C'est pas gagné.
RépondreSupprimerIl y a effectivement de la marge !
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