21 avril 2014

Quelle stratégie pour François Hollande ?

"Si le chômage ne baisse pas d’ici à 2017, je n’ai, ou aucune raison d’être candidat, ou aucune chance d’être réélu" a dit François Hollande. Mon confrère Grandludo semble penser que c'est un coup de génie, le retour de François Hollande, monstre politique, l'homme aux petites phrases assassines.  

Pourtant, ça ressemble à une phrase qu'il aurait dite comme ça, au détours d'une conversation mais Jean-Christophe Cambadélis a déclaré qu'il n'y aurait pas de primaire si Pépère reposait sa candidature. Il serait surprenant que le chômage ne baisse pas. Il n'empêche que si ça arrive, toute la gauche sera emmenée avec François Hollande. Aucun candidat de gauche n'aurait la moindre chance. Si le chômage baisse, par contre, d'autres à gauche pourraient avoir des velléités. Julien Dray avait demandé des primaires. Le nouveau chef du PS l'a calmé suite à la phrase de François Hollande.  

Ce qu'en dit Grandludo : "Dans ce cas, scénario le plus probable, le Président sortant empochera seul tous les fruits de cet engagement et de sa politique en matière d’emploi . Ce qui lui permettrait de partir grand favori pour 2017, éliminant, aussi, naturellement tout idée de primaires à gauche ." 

François Hollande est dans une position très fragile. Son premier ministre a une forte popularité et de bons réseaux. Avec cette petite phrase, était-ce Manuel Valls que François Hollande a voulu calmer, rappelant qu'il était le patron ?  

Le Figaro en fait son sondage du jour. "Comprenez-vous que François Hollande évoque déjà la question de sa candidature en 2017 ?" 80% des internautes (lecteurs du Figaro...) répondent "non". Sont rigolos, à droite... 

D'ailleurs, ce journal diffuse une chronique d'un économiste qui a une position totalement opposée à celle de Grandludo. Il pense que les fruits de la baisse du chômages seront récupérés par Manuel Valls. Il pense donc que l'intérêt de Pépère n'est pas que le chômage baisse mais d'avoir une situation qui empire pour pouvoir justifier une dissolution qui ramènerait la droite au pouvoir, ce qui lui permettrait de vivre en cohabitation et d'augmenter ses chances pour 2017. 

Penser que Pépère ne veuille pas la réussite du gouvernement est relativement grotesque. Il n'empêche que je suppose qu'il a déjà pensé à la dissolution mais attend les régionales  en 2015 pour prendre une éventuelle décision. 

Mais le chômage n'est pas le plus gros problème de François Hollande en vue de cette élection de 2017, qu'il soit en cohabitation ou pas. C'est sa popularité. Jacques Chirac, quand il a fait sa dissolution en 1997, n'a pas récupéré de popularité en restant au château. L'histoire retient ses 82% au second tour en 2012 mais il a eu un score dérisoire au second, inférieur à 20%. La droite traditionnelle avait fait moins de 40%.  

C'est ce à quoi il doit travailler, maintenant. Le départ d'Aquilino Morelle est probablement une bonne nouvelle. Outre le fait qu'il fut la plume de Lionel Jospin entre 1997 et 2002, la chute de la popularité de François Hollande date du jour où il est passé à ses côtés, il était donné vainqueur au second tour avec 60% des voix et est maintenant au ras des pâquerettes. Ne me faites pas dire non plus, ce que je n'ai pas dit : il n'est pas responsable. Il n'empêche que François Hollande doit tout repenser. 

La stratégie du président normal a échoué. Une des raisons de l'impopularité de Pépère est qu'il n'arrive pas, aux yeux du public, à incarner la fonction. Avoir une forte personnalité à Matignon l'aidera-t-il ? Manuel Valls passe pour un chef. François Hollande doit être le chef du chef... Il doit s'élever. Je ne sais pas si ses visites sur le terrain, comme vendredi à Clermont-Ferrand sont une bonne idée... 

Souhaitons lui bien du courage. 

La menace de la dissolution restera quoi qu'il arrive une arme pour éviter la fronde des députés. Mais elle ne garantit en aucun cas une réélection. Au mieux, si la dissolution est faite en 2015, François Hollande restera peinard à l'Elysée, pendant deux ans, à inaugurer les chrysanthèmes. 

Mais est-ce une vocation ? 

En outre, s'il y a dissolution, quel homme politique pourrait inviter François Hollande à prendre les clés de Matignon ? En toute logique, il appellera Jean-François Copé qui est le chef du parti qui devrait récupérer la majorité...  

Qui trouver pire pour la droite ? 


6 commentaires:

  1. J'ai regardé Hollande sur le tarmac de Villacoublay et on ne peut pas dire qu'il ait l'air naturel. Les bras toujours le long du corps, il semble totalement coincé et gauche dans son costume un peu trop petit... Il serait temps qu'il se laisse aller à ses gestes d'avant, qu'il se décoince. A Villacoublay il aurait pu venir en polo, c'était dimanche matin tôt, et ça aurait fait la joie des commentateurs...

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    1. Oui, j'ai eu cette impression bizarre, en plus.

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    2. En plus de quoi, d'ailleurs ? On a de ces expressions...

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  2. Ton analyse est juste et Pépèrement vrai!
    T'as parlé de F. Hollande, du gouvernement, de Manuel Valls, d'Aquilino Morelle, des élections etc.. et, je dois t'avouer que je partage ton avis. L'échéance Régionale 2015 sera un tournant, on verra mieux l'évolution de la chose et les perspectives pour 2017...

    Attendre.

    @bembelly

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  3. Je ne crois pas une seule seconde à la dissolution. Surtout comme une stratégie pour garder un pouvoir qui pendant un laps de temps serait stérile. C'est un peu comme la bombe atomique, l'arme de dissuasion.
    Je suis complètement d'accord sur tout le reste.
    Les députés sont fatigants, enfin moi ils me fatiguent mais ils le font le boulot pour tenter de concentrer le débat et la critique à gauche. Ça occupe les médias et en plus ils pourraient obtenir quelques aménagements. Trois ans d'économies, c'est long et le chômage pourrait nous faire souffrir encore....

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