23 juin 2014

Le clivage de glace

« Ce message et ces commentaires montrent la disparition du clivage gauche droite » commentait une andouille effacée suite à mon dernier billet à propos de la grève des intermittents. Il faut dire que l’andouille est libérale, trouve refuge dans les blogs réactionnaires et les blogs politiques normaux tant il est perdu.

Il se trompe. Il n’y a pas de disparition de ce clivage, il y a simplement certains qui sont perdus et qui rangent dans le camp d’en face tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, notamment à gauche et à droite. C’est assez marrant à observer mais pour cela il faut lire les blogs du camp d’en face, ce qui équivaut, pour nous autres gauchistes, à lire les blogs nauséabonds qui puent en nous rappelant LHLPSDNHOUTCA (les heures les plus sombres de notre histoire ou un truc comme ça).

Commençons par l’ami FalconHill blogueur non politique mais de droite par ailleurs le type de la blogosphère dont au sujet duquel je suis le plus proche avec d’autres imbéciles comme Gaël, Poireau et Styven. Je le prends lui car il serait inconvenant que je prenne son épouse.

Quand je fais un billet de fond, il est généralement d’accord avec moi. Moi aussi, d’ailleurs, je suis d’accord avec moi. Il n’empêche que quand nous sommes tous les deux d’accord avec moi, ce n’est pas nécessairement pour les bonnes raisons. Par exemple, quand je fais un billet contre la grève des intermittents, il est d’accord avec moi parce qu’il est contre la grève qui emmerde tout le monde notamment l’économie d’Avignon. Moi, je suis contre la grève car ça fait des dizaines d’années qu’on nous parle des intermittents et qu’il me parait souhaitable qu’on traite du fond à défaut de le toucher. Je suis contre, aussi, parce qu’il y a parmi les intermittents qui ne peuvent pas bosser à Avignon alors qu’ils voudraient le faire et en ont besoin. Je ne veux pas caricaturer les propos FalconHill mais les résumer (il en parle très bien sur son blog et dans les commentaires du mien).

Ainsi, nous sommes tout à fait en phase sur les constats. Pour un peu, on trouverait des vieux réactionnaires limites fascistes ou des purs trotskistes qui seraient, comme lui et moi, contre la faim dans le monde, le sida, la vache folle, la TVA sur la bière, les serveuses habillées,…

C’est à la gauche de la gauche, néanmoins, que les réactions sont les moins réfléchies ce qui a tendance à m’énerver. Par exemple, l’objet de mon billet de samedi était de dire qu’avant de défendre sans retenue les intermittents du spectacle parce que, à gauche, on défend la culture, bordel, je souhaite qu’on se demande combien parmi les intermittents travaillent réellement pour la culture, sauf si on doit considérer d’emblée que faire éclairagiste pour « On n’est pas couché » est participer à l’œuvre culturelle. Je constate que ce régime permet aux employeurs de piocher dans un gisement de braves gens sans se poser de question et de cumuler les CDD de courte durée sans limitation dans le temps. C’est purement libéral.

Je crois que la gauche de la gauche a du mal avec le libéralisme. Ils le défendent sans le savoir. Moi, quand je tape sur les intermittents, je ne fais que lutter contre le libéralisme. Je conçois assez facilement que l’on soit perdus et arrêtez immédiatement de dire que je suis condescendant, d’autant que je bosse au 17ème étage, avant d’avoir lu la suite.

Figurez-vous que j’étais tranquille accoudé à table ou attablé au comptoir, ce week-end quand je suis tombé sur un tweet d’un représentant de la vraie gauche qui disait : « Le gerbe » en citant un billet de blog que je suis immédiatement allé consulter. Je l’avais déjà lu et surtout, je l’avais écrit. C’était mon billet de vendredi où je posais la question « quelle gauche pour demain ? » et où je constatais que la gauche telle que la voudrait les andouilles de la vraie gauche n’avait aucune chance d’arriver au pouvoir parce que les Français n’en veulent pas. Rappelons que quand la gauche est arrivée au pouvoir, en 1981, 1997 et 2012, c’était surtout par rejet du pouvoir en place. Tiens ! A l’UMP, ils se battent pour leur survie et dans les alliances qu’ils veulent faire, ils sont bien emmerdés : François Hollande a été élu grâce à François Bayrou. Faire alliance avec lui ferait tache mais en l’absence de Jean-Louis Borloo il reste le seul à incarner le centre droit (à part quelques guignols amusants).

J’ai lu un peu les conversations qui ont suivi ce tweet. Les gens de la vraie gauche parlaient de moi avec un dégoût prononcé ce qui me faisait rigoler, tout comme le fait qu’en ayant bloqué certains, je ne voyais qu’une partie des propos. A un moment, on avait même le lascar qui jurait être tombé par hasard sur billet et ne pas me suivre. C’est ainsi que j’ai vu qu’on me traitait de condescendant. Voilà où on est dans la vraie gauche : dès qu’on émet un avis divergent du leur tout en osant se présenter comme étant aussi à gauche, on est accusé de condescendance. C’est nouveau.

Tiens ! Il y a un truc qui offusque beaucoup la gauche : le mobilier anti-SDF qui fleurit dans Paris. Des images tournent dans Twitter. On voir des rebords de fenêtre avec des petits pics, des pas de porte avec des machins pour éviter que les clochards ne s’allongent,... C’est comme ça, il faut s’indigner. C’est un ordre : tu ne peux pas être de gauche si tu ne d’indignes pas.

Tant pis si les gars habitent dans un immeuble où un sas avec digicode ferme l’accès aux boites aux lettres. Ces faux culs disent que c’est pour protéger ces boîtes alors que c’est pour empêcher les clodos d’y dormir.

Pour ma part, en tant que type de gauche, j’aimerais bien qu’on empêche des types de dormir dehors en leur offrant un hébergement digne de ce nom.

Je pourrais multiplier les exemples mais je ne vais en citer que deux, dont je parle souvent. Le premier : la politique de la demande et la fameuse « rigueur ». Tu parles ! La dette étant financée par des intérêts privés, elle bénéficie essentiellement à notre adversaire c’est la finance. Le deuxième : la défense des musulmans. Je suis fatigué de voir la gauche de la gauche défendre les femmes voilées et les prières de rue au prétexte que les critiquer est nauséabond. Nos grands pères et grands-mères se sont battus contre le catholicisme, je ne vais pas défendre une autre religion maintenant.

Allez ! Un dernier exemple ? Le camarade Des Pas Perdus fait de nombreux billets contre le travail du dimanche. Comme lui, je suis contre. Mais je ne suis pas persuadé que raisons d'être contre soient les mêmes. Les miennes sont de gauche : je n'ai pas une position au nom de la défense de la famille. Smiley.

Ainsi, le clivage droite gauche existe toujours même si tout le monde ne le met au même endroit car il existe un clivage interne à chaque côté…

Ne pas le prendre en compte est mortifère et donne soif.

C'est ainsi que j'aime autant boire un coup avec FalconHill qu'avec certains glandus...

19 commentaires:

  1. Je ne suis pas de gauche, pas de droite, pas libéral. Je ne vote pas non plus. Je pense que la gauche est un espèce de produit qui a vécu. Il faut passer à autre chose. La preuve avec vos SDF de Paris. Le fait de laisser le pouvoir à une petite bande de technocrates n'apportera jamais gloire, argent, beauté au peuple qui est mangé à la soupe inflationniste keynésienne. Je vous propose autre chose: le démerde toi toi même. Appliqué sur 65 000 000 d'individus, je vous assure que les pourris de politiques vont se casser. Entretenir une douce désinformation sur des valeurs bobo socialisantes est plus qu'un mensonge, c'est désormais un aveu d'echec. Avancez, bougez vous le cul, n'attendez plus que vos frères de goch vous sauvent. Aide toi, et le ciel t'aidera. Stop au PS, au Pc a l'UMP au FN et aux autres escrocs. Oui aux vraies valeurs humaines qui poussent sur la constitution des droits de l'homme et du citoyen. Liberté, égalité, fraternité, pour tous et toutes, qu'ils fussent du secteur privé ou public. Ainsi nous pourrons parler, enfin, de justice sociale

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  2. pas libéral , je rigole
    ce que tu préconises c'est le chacun pour soi , à la sauce américaine

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    1. La somme des intérêts individuels concourent toujours à la somme des intérêts collectifs. L'inverse ne marche hélas, pas. Une preuve, des preuve, 40 ans de preuves ne suffiront pas à un socialiste à comprendre ce simple fait. C'est pas du libéralisme, juste de la logique. Prenez un Montebourg, un Valls, un hollande, une ségo, ou n'importe quel guignol (Sarko, bien entendu). Ces gens proposent quoi ? De redistribuer de l'argent qu'ils n'ont pas. Non, pas exactement en réalité. Car ces gens, "eux", au contraire de "nous" prélèvent un montant non négligeable sur notre labeur (plus de 6 mois de celui ci). Chaque loi, chaque taxe, referme un peu plus la corde autour de votre idéologie bobo et autour du coup de chaque Français (et ce peu importe sa couleur de peau, ou politique)

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    2. Pour un type pas droite et pas libéral tu es très de droite et très libéral.

      Vas chier connard est ce que je dis généralement aux abrutis qui font comme toi. La discussion n'a pas d'intérêt.

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  3. En fait vous êtes pénible pour un type de gauche, il est impossible de complétement vous détester !
    Par exemple "en tant que type de gauche, j’aimerais bien qu’on empêche des types de dormir dehors en leur offrant un hébergement digne de ce nom" et bien moi, "en tant que type de droite" je suis tout à fait d'accord. Je fais même tout ce que je peux, tous les soirs où je suis disponible, pour cela.
    Maintenant je ne voudrais pas vous déprimer outre mesure dans une époque où le moindre alcool coute plus cher que l'eau, mais vous êtes d'une gauche ancienne, qui savait où se trouvaient ses véritables valeurs et qui réfléchissait.
    La gauche française que j'ai connue, je l'ai souvent respectée (nous laissons de côté tout ce qui fâche, hein !) car elle avait des objectifs pour le pays. Aujourd'hui qu'elle n'en a plus, elle n'a que l'indignation, l'agitation. Il serait bon et utile qu'elle retrouve ses racines.
    En fait elle a abandonné les ouvriers, les pauvres, le réel, et n'a gardé que les porteurs de valises.
    Comme aurait dit Péguy, elle a les mains pures, mais elle n' a pas de mains.
    A la votre quand même!

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    1. On est d'accord. Et en plus j'ai trouvé un bistro à la Défense où le demi est à 1€50.

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  4. La frontière classique entre droite et gauche est bel et bien en train de mourir sous nos yeux. Si ce n'était pas le cas, les blogueurs de gauche ne passeraient pas leur temps à s'étriper pour savoir qui est "vraiment" de gauche et qui ne l'est pas. De même, les blogueur de droite n'accuseraient pas systématiquement leurs contradicteurs de droite d'être de gauche.

    Mais je conçois qu'il est difficile de l'admettre quand on a vécu confortablement trente ou quarante ans sur cette division ; et en particulier si on se veut de gaiuche, puisque l'a gauche était le beau, le bien, la générosité, la grandeur d'âme, EJEP (et j'en passe). Il faudra pourtant nous y faire, sous peine de comprendre de moins en moins le monde.

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    1. Pas totalement d'accord. La frontière existe toujours mais le raisonnement est plus là, notamment à gauche où l'on confond droite et libéral.

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  5. J'ajoute que ma position n'a rien à voir (mais alors, rien d'chez rien, tu vois…) avec celle du zozo qui m'a précédé ici.

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  6. C'est bien la peine conseiller aux copains de pas faire des billets trop longs !

    mais je vais relire quanndmême ....

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  7. "Pour ma part, en tant que type de gauche, j’aimerais bien qu’on empêche des types de dormir dehors en leur offrant un hébergement digne de ce nom."

    Certes, mais comme le fric se fait rare, on ne peut pas le dépenser en même temps pour rincer les crasseux sur le dos du contribuable et nos sdf. Le problème de la gauche, la vraie, la velue qui boit que du rouge avec un couteau entre les dents, c'est qu'elle est aveuglée par son internationalisme (autre facette du mondialisme) qui la pousse à préférer des populations qui vivent de rapines et du parasitisme à nos nationaux qui eux doivent se contenter de dormir dehors et gentiment fermer leur gueule. Durant son passage en France, la famille de Leonarda a perçu 640.000 euros d'aides diverses. Est-il encore utile de rappeler qu'il s'agissait d'illégaux ? Combien de sdf auraient pu être aidés au quotidien avec cet argent ? Combien d'expulsions de Leonarda and Cie suffiraient pour financer un foyer ? Voilà des questions à ne pas poser à des gens qui sont solidaires avec l'argent des autres sous peine de se voir illico taxer de je ne sais quel épithète en "isme".

    La fascination de ces gens pour ce lumpenprolétariat que Marx et son orchestre détestaient* chaleureusement est étonnante. A croire qu'ils chérissent ces importuns au simple motif qu'ils ne sont pas Français, tant leur détestation de tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à un être lié à notre pays, sont histoire, sa culture, sans même parler de sa couleur de peau, est forte.

    * "Le lumpenproletariat - cette lie d'individus déchus de toutes les classes qui a son quartier général dans les grandes villes - est, de tous les alliés possibles, le pire. Cette racaille est parfaitement vénale et tout à fait importune."

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    1. On est presque d'accord. Les communistes tapaient sur les immigrés jusqu'à 1980. Par contre je ne suis pas d'accord avec l'utilisation du mot "internationalisme" alors que, ils sont les premiers à lutter contre l'Europe (jusqu'à faire des arguments clés en main pour la droite de la droite : voir en 2005).

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  8. Je passe sur le côté touchant (en tous cas qui m'a touché) de ton billet vraiment intéressant, et juste sur bien des points.

    J'y répondrai plus tard.

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  9. Tiens à propos des cuistres de la vraie gauche, je me suis récemment frité avec un militant PG à propos des médicaments génériques auxquels il est opposé. L'andouille en est venue à défendre les profits de l'industrie pharmaceutique détentrice de brevets sous prétexte de défense de l'emploi. Le gars ne voit aucun problème à ce qu'on subventionne des parasites avec le budget de la Sécu. Cela dit il est cohérent vu qu'il est partisan d'un monopole d'Orange dans les télécoms, parce que la concurrence ça détruit des emplois et tout ça.

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    1. Oui ils sont surprenants. Certains nient des trucs évidents.

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