23 juillet 2025

Duplomb dans la démocratie

 


Dans mon billet d’hier, je disais pourquoi je n’avais pas signé la pétition contre la loi Duplomb. Il avait sûrement du plomb dans l’aile et il n’a pas été compris. Je ne suis pas favorable à la loi en question, au contraire, et je n’ai rien contre ceux qui ont signé ! J’ai pourtant exposé clairement mes motivations mais, comme souvent, les lecteurs n’ont pas perçu le sujet (je parle de la pétition et de ce qui va avec, pas vraiment du sujet de la pétition).

Je vais résumer le problème qui tourne autour de la démocratie dans le cadre de nos institutions. Je n’ai pas les compétences scientifiques pour juger de la nocivité d’un produit. Il faut donc faire confiance à nos élus qui ont un certain nombre d’outils à leur disposition, comme des agences d’Etat à l’instar de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire).

 


En aparté, vous noterez que des partis politiques populistes, comme le RN, dans le cadre du débat budgétaire suite au discours de François Bayrou, proposent de supprimer les agences de l’Etat ! Cela revient à nous priver d’outils essentiels à l’exercice de la démocratie. C’est encore un truc populiste mais pas plus que les âneries racontées par les opposants à la loi Duplomb. La démocratie à un coût.

D’ailleurs, ils ont fait circuler la pétition en faisant croire que la question était « voulez-vous qu’on abroge la loi qui autorise l’utilisation intensives de produits hautement cancérigènes ? »

On ne peut pas faire de la démocratie avec des mensonges et des réseaux sociaux. On arrive à un résultat loufoque. Il faut redonner confiance aux agences d’Etat et à la démocratie représentative.

 

Je sais qu’on a parfois l’impression que nos représentants font n’importe quoi car ils le font… Dans mon billet d’hier, je critiquais les opposants à la loi mais l’objectivité aurait dû me pousser à parler de celles des partisans comme ces imbéciles qui parlent du Nutella ou des colliers antipuces de nos chiens et chats…

 

Dans son dernier billet, mon confrère Politeeks évoque sa vision de la chose que je partage à peu près (sauf que, lui, a signé la pétition et que je continue à refuser de le faire). Dans les liens dont il jonche le billet, il y en a un vers un article du Monde (réservé aux abonnés, croyez-moi sur parole). On y lit que : « Gabriel Attal et Agnès Pannier-Runacher ont indiqué vouloir saisir l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) ». A ce stade, on se dit qu’ils auraient pu le faire avant de voter en faveur de la loi, évidemment !

Mais on découvre plus loin qu’un chercheur réputé d’une autre agence a déclaré : « Faire appel à l’Anses me paraît ridicule. L’Anses a déjà été saisie deux fois et par deux fois elle a rendu les mêmes conclusions de l’existence de solutions alternatives efficaces et opérationnelles. »

On croit franchement rêver : nos législateurs ont déjà consulté les agences spécialisées mais n’ont pas pris en compte les recommandations.

« C’est lui qui a présidé les deux groupes de travail de l’Anses sur les alternatives à l’usage des néonicotinoïdes : « Je veux bien refaire un troisième groupe de travail mais on ne fera que confirmer encore plus clairement qu’il existe des solutions alternatives à l’usage des néonicotinoïdes pour la lutte contre les pucerons de la betterave à sucre, tout aussi – si ce n’est plus – efficaces que l’acétamipride et à l’évidence moins dangereuses pour la biodiversité.» »

On nous prend tout de même bien pour des cons ! Il existe des alternatives aux produit considéré comme dangereux. L’article du Monde détaille les deux études de l’Anses. Il est à charge contre la loi et un peu contre Attal et Pannier garni et, au fond, je ne sais qui croire d’autant que je ne connais pas le chercheur cité (mes excuses au Monde pour la citation de passage d’un article réservé aux abonnés, c’est contraire à mes habitudes mais j’en avais besoin). Il évoque aussi les avis de certains, des deux élus ci-dessus, du patron de la FNSEA (directement concerné par les insecticides réautorisés vu qu’il produit des betterave).

 


La pétition aura au moins eu l’intérêt d’avoir une espèce de débat public via les médias et les réseaux sociaux. Par contre, elle ne peut aboutir qu’à un débat parlementaire sans vote ce qui est profondément ridicule. Concrètement, une journée pourrait y être concernée. Les chefs de groupes parlementaires vont défiler à la barre pour faire des discours avec leurs arguments. Cela ne sert à rien et est aussi une parodie de démocratie… Au moins, les positions des chefs de groupe auront été enregistrées officiellement… C’est beau.

 

Les politiciens qui vivent de notre pognon feraient mieux de réfléchir à l’exercice de la démocratie représentatives et à l’utilisation des agences de l’Etat. De notre côté, nous pourrions penser un peu plus à l’ineptie de nos interventions.

1 commentaire:

  1. de ce que j'ai compris de cet article très complet du monde c'est que l'alternative donne plus de boulot au betteravier, je m'explique.
    - avec néonicotruc : la graine de betterave est enrobée, lors de sa pousse elle est donc déjà traitée contre le vilain ravageur qui lui donne la jaunisse fatale (en mai si j'ai tout compris). Inconvénient , le produit se diffuse d'une façon certaine et le paysan n'a plus rien à faire, a part attendre la récolte au début du mois de septembre.

    - sans néonicotruc : si le vilain ravageur s'attaque a un champ, le paysan qui surveille ses betteraves pour voir s'il y a de la jaunisse ou des pucerons.. il doit traiter et épandre une quantité de pesticide (d'autres sont autorisés) pour éradiquer le puceron maléfique OU alors il sème de l'orge sur des bandes (de largeur de sa moissonneuse batteuse s'il en a une) dans son semis de betteraves : l'orge éloigne le puceron... chez le voisin ? ça je ne sais pas. Et là moins besoin de pesticides. Et si ce n'est pas un céréalier avec le bon équipement/locaux, bah faut qu'il se démerde. s'il l'est il faudra qu'il fasse la moisson de l'orge (juillet) et là y'a plus de protection contre le ravageur, et oui... mais ça ne semble pas être un problème.

    C'est la proposition de l'ANSES qui a été testé et semble très efficace.

    N'importe quel esprit logique voit que le 2e option demande BEAUCOUP PLUS de travail au paysan. Et les gros betteraviers sont des gens qui profitent d'une production dont ils savent qu'elle est vendue pour faire du sucre, ou l'éthanol du E95. Mais il faut reconnaitre aussi que les 2 dernières années , ils ont perdu 25% de leur production à cause de ce ravageur et que des usines à sucre ont été fermées.

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