En salle

03 août 2025

A gauche, il faut changer !

 


« L’observatoire politique » de juillet 2025 par Elabe pour Les Echos vient de sortir (pdf). N’oubliez pas de lire la « notice » et de ne pas me sortir vos âneries habituelles quand les résultats d’un sondage ne vous plaisent pas. On le sait, la confiance envers le président de la République et le premier ministre sont au plus bas. Il est donc assez amusant de constater, page 16, que, parmi les 10 personnes qui ont la meilleure image, on ne retrouve que deux personnes de Gauche, François Hollande et Raphaël Glucskmann, mais quatre cadors de la majorité parlementaire et quatre lascars encore bien plus à droite.

Les deux personnes de gauche sont relativement proches, politiquement, et on ne pourrait pas les qualifier de gauchistes. François Ruffin et Fabien Roussel s’en sortent relativement bien mais les chefs des trois autres partis de gauche, Jean-Luc Mélenchon, Marine Tondelier et Olivier Faure sont bien loin…

 

On va le dire autrement : dans le contexte de grandes difficultés pour le gouvernement, avec des chiffres qui sont mauvais, un plan budgétaire rejeté par tous, une loi « pour » l’environnement qui ne passe pas du tout, ceux qui devraient représenter l’alternance, qui se présentent régulièrement comme les vainqueurs des dernières législatives… ne passent pas auprès de l’électorat !

Les militants devraient s’interroger sur les raisons de ce bordel et je vais les aider.

Les propositions politiques ne sont pas en jeu : nous ne sommes pas en période électorale et les responsables des partis n’ont pas l’occasion de détailler un programme.

C’est le comportement qui déplait. Le positionnement politique d’Olivier Faure n’est pas compris, Marine Tondelier est complètement à l’ouest et Jean-Luc Mélenchon est bien trop agressif, sûr de lui… Le premier est sans doute une quiche sans charisme mais les deux autres et leurs proches montrent en permanence des positions antirépublicaines, comme s’ils tendaient à prouver qu’ils n’aiment pas la France.

 

Pour être plus précis, le sujet politique dont on parle le plus, à gauche, depuis quelques mois tournent autour de la situation à Gaza. C’est largement le thème favori de LFI. Déjà, le sujet ne concerne pas la France (ça ne veut pas dire que notre pays n’ait pas un rôle de premier plan à jouer, en tant que vieille puissance, que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU mais que les dirigeants politiques concernés ne parlent pas assez de ce qui se passe dans le pays et les Français n’aiment pas que l’on désavoue la politique étrangère de l’Etat).

Les opérations de communication autour de cette histoire sont franchement grotesques (on a des pétasses navigatrices qui se plaignent de ne pas avoir eu des fauteuils de cuir dans le bus qui les amenaient à l’aéroport pendant que le Hamas diffuse des vidéos avec des otages faméliques qui semblent directement sortis des camps de concentration).

 

Pour citer un autre exemple, il y a la loi Duplomb. Les opposants (de gauche) ont réussi à se mettre à dos le monde rural par des attaques diverses (alors qu’il aurait fallu se battre sur le thème : « bâtissons ensemble l’agriculture du futur, dans notre monde mondialisé mais soumis au réchauffement climatique »).

Si l’exemple est intéressant, c’est aussi parce qu’il présente l’éternel malentendu de la gauche : la pétition est un succès et tout le monde se base sur le nombre prodigieux de signataires pour se faire croire que c’est un signe de proximité d’une victoire électorale. J’aurais pu citer la réforme des retraites : les sondages montrent que les Français sont largement opposés au fait de devoir travailler plus longtemps mais ce n’est pas pour autant qu’ils ont confiance en les braillards de gauche pour garantir l’équilibre budgétaire !

Et le plan d’austérité bâti n’importe comment par François Bayrou. L’opposition a immédiatement fait un focus sur les aides aux entreprises (leur niveau est un vrai problème) alors qu’il aurait fallu présenter les dossiers plus calmement, parler d’un rééquilibrage des recettes ou que sais-je !

 

Une des preuves que le problème vient d’un défaut de comportement des dirigeants des grands partis de gauche est que François Ruffin et Fabien Roussel ont une bien meilleure popularité que leurs « rivaux de gauche ». Or, on les voit plus dérouler calmement leurs avis qu’hurler contre une droite foireuse.

 

Il faut changer. 

13 commentaires:

  1. Arié, espèce de crétin. Heureusement que j’avais mis en introduction de ne pas faire les habituels commentaires débiles sur les sondages. Je pensais un peu à toi. Mais c’est plus fort que toi : tu ne peux pas réfléchir et ne sors que des banalités que tu penses réfléchies.

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  2. la gauche en slip taché , et les 2 qui sont en têtes sont vomis par la LFI. Et je vois aussi des gens sur Bluesky qui insultent les gens qui ont abandonné la gauche pour Macron. Ce n'est pas la bonne méthode, et ces gens là ne se demandent pas pourquoi l'extreme droite est plus populaire qu'eux? c 'est un problème de projet (trop extrémiste, le PS n'en a plus) et de discours. Et il me semble que les sondages "quali" montre des contradictions dans l'électorat sur la dette, les services publics, le travail, les impôts etc.. etc..

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    1. Oui, la priorité pour le PS devrait être de rebâtir un projet : ils n'auront bientôt plus d'électeurs d'autant qu'en soutenant à moitié LFI, les gens préfèrent l'original à la copie. Et ils continuent à être odieux avec le "centre gauche" (ceux qui ont préféré se tourner vers Macron que vers Mélenchon).

      L'électorat a toujours eu des contradictions (moi-aussi, d'ailleurs, j'ai voté Roussel alors que je suis plutôt centriste de gauche).

      Je repensais à ce sondage et j'aurais du écrire un truc dans le billet : la gauche LFI (si c'est Méluche) peut faire un bon score au premier tour parce que les gens de gauche cherchent une solution à gauche mais elle n'a aucun sens à un second tour parce que personne ne peut les blairer pour les raisons que je citais et celles que tu ajoutées.

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  3. Ce qui m'impressionne le plus, c'est qu'aucune des personnalités de ce sondage n'a une image positive supérieure à la perception négative des Français. Dans le genre, Hollande est pas mal : 28/58. Certes, c'est très loin de Mélenchon et ceux que tu cites à gauche.

    Du coup, excuse-moi de te dire que ton analyse ne me semble pas particulièrement pertinente. Je pense que l'enseignement majeur de ce sondage, c'est que les Français prennent tous ces hommes et femmes politique pour de grands guignols.

    Denis.

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    1. Je ne sais pas si mon analyse est pertinente à 100%. Je crois néanmoins que ma conclusion n'est pas trop mauvaise : personne ne peut blairer Faure parce qu'il est inconsistent, Tondelier parce qu'elle est nulle et Méluche parce qu'il est en tête d'un truc pas républicains. Voir ce que j'ai répondus à T0pol ci-dessus.

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  4. Je ne sais pas si ce genre de graphique a un intérêt à moyen terme, un impact sur des élections encore lointaines. Mais il est trompeur. On voit en tête des gens presque plus rejetés qu'appréciés. Un résultat, sans surprise et qui devrait faire réfléchir l'intéressé, c'est pour JLM. Un vrai rejet.
    L'opposition n'est pas à sa place, mais l'exposition médiatique fausse les résultats. Que représente réellement par ex un R. Ménard ? Qu'a-t-il fait à par interdire d'étendre son linge aux fenêtres ?
    Je suis d'accord sur Gaza, sujet qui sature la politique intérieure (alors que le Sud-Soudan...), mais pas trop sur la loi Duplomb. Le monde rural, ce n'est pas que les agriculteurs. D'ailleurs, même si les médias martèlent un discours très positif sur le monde agricole, certains comportements exaspèrent (dégradations diverses en toute impunité, mais aussi comportement localement hégémonique).
    Cette loi Duplomb est une allégorie du lobbyisme. Et je ne vois pas comment on peut éviter de se mettre à dos ce milieu, plein de contradictions, qui a par ex plus un problème de revenus (avec de très fortes disparités) que de normes ou de pesticides par ex.
    Marc

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    1. Un sondage n'a un intérêt que si on sait ce qu'il faut en retenir et, en l'occurrence, c'est que personne n'a confiance en Mélenchon et qu'il ne pourrait pas gagner un second tour s'il ne change pas de comportement.

      Ton deuxième paragraphe mérite réflexion. Je ne sais pas pour les sondeurs ont choisi de tester Ménard mais on oublier tous les types de gauche qui occupent les médias comme Panot ou Bompard...

      La loi Duplomb est une connerie mais son "opposition" (comme la publicité faite autour de la pétition) en est une belle également. Et c'est bien toute la ruralité qu'elle braque, pas que les paysans. On n'en peut plus des Parisiens qui nous disent quoi faire en ne connaissant rien à rien... Tu prends une ville comme Loudéac : c'est une ville qui tient grâce à l'industrie "autour de l'agriculture". Ca attire des usines de transformation, elle profite d'une bonne situation géographique, d'autres usines s'implantent dans le coin, tout ce petit monde entraîne la présence de commerces, de profs, d'infirmières... Et Paris nous explique que l'industrie agroalimentaire fait de la merde...

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    2. Pour ce qui est de l'agriculture, au gré des mutations, j'ai connu la puissance des céréaliers de Beauce et de Brie, et maintenant les difficultés des éleveurs de montagne et producteurs de lait.
      Je ne fais pas la leçon au "milieu", mais la FNSEA a le pouvoir depuis longtemps, un peu moins maintenant. Un comble : elle a fourni des ministres de l'agriculture au pays ! En tant que syndicaliste de l'Education Nationale, je m'imagine ministre à la place d'E. Borne… Je plaisante. Mais on n'a jamais parlé pour eux de cogestion. 2 poids, 2 mesures.
      Je trouve juste que le milieu agricole devrait se trouver des représentants plus en phase avec l'intérêt de tous. Et la loi Duplomb n'est qu'un élément parmi d'autres.
      Même si les citadins qui ont tout compris font figure de repoussoirs.
      Marc

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  5. Il est très bien ton billet. Tu as raison aussi sur Ruffin et Roussel, qui sont accepté au delà du cercle des militants bornés et radicaux.

    T0Pol dit un truc intéressant : " Et je vois aussi des gens sur Bluesky qui insultent les gens qui ont abandonné la gauche pour Macron." --> pour convaincre, c'est sur que insulter c'est remarquable d'intelligence.

    Une élection se gagne en rassemblant au delà de son camp. Il est évident qu'une personne de droite comme moi ne se posera aucune question si je dois voter entre Mélenchon, Bompard, Hamon, Rousseau ou Tondelier vs un ou une autre (même si l'autre est RN).
    Par contre, si c'est un Ruffin, un Roussel ou un Glucksman, je réfléchirai... (et quand je dis "je réfléchirai"... c'est tout réfléchi).

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    1. Pour les insultes, c'est le thème de mon billet du jour ou presque (je vais rebondir sur le billet d'A uthueil, en fait).

      Pour les élections, LFI a réussi une première : passer pour pire que l'extrême-droite (par des positions d'extrême droite notamment sur la Palestine). Seuls ceux qui n'ont pas suivi cette ligne, et c'est le cas de Ruffin et Roussel, pourtant bien à gauche, ont une vague chance d'avoir des scrutins au second tour (mais ils ne l'atteindront jamais...).

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  6. Salut Nicolas, bon billet mais je vais y mettre un bémol: tu dis que vu que nous ne sommes pas encore en période électorale, ce n'est pas le moment de rédiger un programme politique. Je ne suis pas trop d'accord: comment veux-tu que l'électeur potentiel décide de ses allégeances sans savoir quels sont les piliers idéologiques de base sur lesquels repose le parti? Ce serait un peu comme aller dans un restaurant qui ne propose pas de menu pour que tu saches ce que tu veux mettre dans ton assiette...

    En tout cas, personnellement c'est comme çà que je fonctionne, je lis le programme du parti, je suis son évolution avant de décider de quel côté je vais, et ce bien avant toute élection. Oui, je sais ce n'est pas le cas tout le monde, le moment venu beaucoup se décident au dernier moment et votent avec leurs tripes par réflexe pavlovien pour/contre, voire avec leurs pieds.
    Tu me diras sans doute qu'avant d'établir un programme de base, il faut se mettre d'accord et cesser de se battre comme des chiffonniers entre factions. Mais là...c'est un mal qui touche tous les partis, de la gauche à la droite en passant par le centre et le travers.

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    1. Tu me fais dire ce que je n'ai pas dit. J'ai dit que nous ne sommes pas en période électorale et que les candidats n'ont pas l'occasion de détailler un programme politique. Je veux dire par là, assez précisément, que le projet de Mélenchon, bien établi, n'est pas en cause dans sa mauvaise popularité car il n'en parle pas beaucoup, ce qui est en cause; c'est son comportement qui est visiblement mauvais.

      Pour le reste, bien sûr qu'il faut un projet pour que les électeurs puissent se positionner. Le PS n'a pas de projet et on ne sait plus trop quoi penser de ce parti, il est donc impossible, pour Faure, de remonter d'autant qu'il n'a pas le charisme nécessaire.

      Pour ma part, je regarde peu le programme mais plus le projet qu'il dessine (j'en avais fait des billets, à une époque, mais la nuance est faible). Par exemple, le programme de LFI est très détaillé et très clair, j'approuve beaucoup des propositions mais l'alchimie ne prend pas : je ne vois pas ce que pourrait donner le pays avec ce qu'ils proposent.

      Avant le programme, il y a le feeling... Comme pour un restaurant ! Tu peux regarder la carte mais ça ne t'aide pas à grand chose : tu ne sais pas si les produits sont frais, si le cuisinier est bon... En fait, mon fonctionnement est presque inverse, dans la mesure où tous les restaurants ont une carte, je regarde le nombre de produits et s'il y en a trop, c'est que tout n'est pas frais et préparé avec amour... Et il faut gérer les exceptions, comme pour un restaurant italien qui va pouvoir proposer des dizaines de déclinaison des mêmes produits frais, comme le veau...

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