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31 mars 2015

La démocratie [dans la colle !]

Reste de démocratie
« Ah putain, mais c’est quoi ce bordel ? J’ai appris qu’on vote encore à la fin de l’année ! » C’est en substance ce que m’a dit le vieux Joël, hier soir, pas exactement dans ces termes mais largement aussi grossièrement… Je lui ai répondu : « Ben oui, pour la régionales. » « Ah ! Mais on votait pourquoi, alors, hier ? » « Ben pour le département. » « Il fait quoi le département ? » « Bah, l’aide sociale, les collègues, les routes,… C’est pour ça qu’on a voté hier ! » « Moi pas ! J’ai voté pour la gauche. » « C’est bien… »

Je suppose qu’il est comme la plupart des Français ou, du moins, de ceux qui votent. Il ne sait pas pourquoi. Moi-même, je connais assez bien à quoi sert le département mais je ne sais pas du tout ce que proposaient les braves gens pour qui j’ai voté (au premier tour seulement). De toute manière, on a nos élus qui devront ensuite négocier avec d’autres forces politiques pour former une majorité. C’est triste à dire mais on ne vote pas pour un programme ou un projet. De toute manière, il n’est pas appliqué.

L’ami Yann fait le même constat, à partir des résultats de la dernière élection et du nombre de suffrage exprimés : 45,82% des électeurs ont fait un choix. Il faudrait faire une étude plus précise mais une grande partie des électeurs ont fait un choix purement politique en fonction des étiquettes, pour ou contre les socialistes au gouvernement, pour ou contre la droite traditionnelle et les gros partis… Une autre grande partie a voté pour une personne en qui ils ont confiance.

Quel est le taux d’électeurs qui ont choisi en fonction des propositions ?

Je vous livre la conclusion de Yann : « Comprendre tout cela devra ou devrait être l'une des priorités des partis politiques. A défaut, notre système électoral, pourrait vaciller encore plus lors des scrutins à venir et devenir, une Bérézina nationale. »

La suppression des départements, en tant que collectivité territoriale, fait régulièrement débat (tout comme, d’ailleurs, l’utilité du Parlement européen mais pour de mauvaises raisons, les gens ignorant le fonctionnement des institutions). En étudiant la campagne des départementales et ces chiffres, elle devient de plus en plus une évidence ou, du moins, celle de la nécessité de revoir ses attributions pour les limiter à une représentation auprès de la région et de l’Etat et la mise en valeur du territoire qu’il couvre. Par exemple.

Il y a des gens qui militent pour une sixième République pour améliorer la démocratie. Pour ma part, je pense que la démocratie mériterait moins d’élections. Ce n’est pas paradoxal. Il y a tellement d’élections qu’on ne sait plus à quoi elles servent et on vote pour autre chose. C’est antithèse de la démocratie.

Je suis donc pour le renforcement des intercommunalités, donc des communes, au détriment des départements car elles sont l’émanation du pouvoir des maires qui siègent dans les collectivités correspondantes et en forment pour partie l’exécutif. 

Je suis aussi pour de grandes régions avec un réel pouvoir en matière d’économie et d’aménagement du territoire.

Je suis pour le changement radical de mode de scrutin pour les législatives. On devrait en avoir un comme pour les communes et les régions, comme ce qui se pratique à l’étranger, avec des scrutins de listes, les résultats permettant d’en déduire un exécutif et une coalition pour diriger le pays.

Je n’ai rien contre la présidentielle mais il faudrait arrêter de la coupler aux législatives. Il ne devrait pas revenir au président de mener la politique de l’Etat. Regardez la définition du Larousse du mot « président ». Un président est là pour présider, pas pour gérer.

Je suis pour un changement radical du mode de scrutin pour les européennes, comme pour les législatives : il faut un vote à l’échelle de l’Europe qui permette, comme les municipales chez nous, de désigner l’exécutif.

Hop !

Un jour on retrouvera la démocratie…





04 novembre 2014

Décentralisation et démocratie

Barrage de Guerlédan se demandant ce qu'il fait hors sujet.
Contrairement à Notre-Dame-des-Landes, je ne connais pas le dossier du « barrage de Sivens » mais on dirait bien que des élus locaux aient pris une décision contraire aux intérêts des habitants, de l’environnement,… Concrètement, une enquête publique a été menée et a mené un avis favorable mais en subordonnant cet avis à une étude scientifique qui, elle, a fini par donner un résultat négatif. Le Conseil Général n’a pas suivi cet avis donc le résultat de l’enquête d’utilité publique. Il a lancé la construction du barrage. Vu sous cet angle, il apparait que la logique d’un fonctionnement démocratique efficace n’a pas été respectée.

A NDDL, c’est un peu pareil. Des élus locaux ont dit « tiens et si on faisait un aéroport » et ont lancé l’étude. Ces deux explications sont d’honteux raccourcis qui ne relèveront pas le niveau de la blogosphère mais on ne peut pas pondre des tartines à chaque fois. A cause des opposant ou grâce à eux selon le point de vue qu’on adopte, le premier ministre de l’époque, par ailleurs grand promoteur de l’aéroport, dit : « bon, ça chie dans la colle, on va faire une étude complémentaire ». Cette étude complémentaire a dit (je ne sais pas si c’est la vérité) : « bon, les opposants racontent bien des conneries mais il y a deux vrais points : il manque un accès par tram à partir de Nantes et, bordel, au niveau de l’environnement les dégâts seront considérables ». De fait, l’aéroport de NDDL ne se fera probablement pas.

Revenons à Sivens. On ne connait pas la suite. Ségolène Royal, la ministre de l’environnement a reçu un rapport négatif. Elle semble contre le projet, contrairement à Manuel Valls, et doit tenir une réunion aujourd’hui.

L’ami Des Pas Perdu fait un intéressant billet sur la décentralisation et la démocratie. Donner des pouvoirs a des élus locaux renforce-t-il la démocratie ou n’est-ce pas une démolition de la République ? Je partage certains de ses constats et interrogations mais pas ses conclusions. Notons par ailleurs qu’ayant un député maire MRC, je lis ses textes. Il me semble à peu près sur la même longueur d’onde que DPP. Je dis bien, il me semble et il peut bien penser ce qu’il veut, je voulais juste mentionner que le sujet ne m’est pas totalement inconnu contrairement à ce qu’on pourrait penser.

Néanmoins, je trouve DPP un peu trop direct.

Je cite DPP : « Le projet de barrage du Sivens illustre à merveille, hélas, que la décentralisation n'a pas permis d'améliorer le débat public, de faire participer les citoyen-ne-s aux décisions qui concernent leur vie et leur environnement. Elle n'a pas non plus empêché des orientations politiques qui vont à l'encontre de l'intérêt général, ni apporté une quelconque amélioration démocratique. En fait, elle a superposé les autorités décisionnaires et éparpillé leurs responsabilités respectives, et, ce faisant, embrouillé le débat public et les citoyen-ne-s. »

On est d’accord. Mais à force d’utiliser des expressions comme « n’a pas permis d’améliorer », on oublie de dire qu’elle n’a pas empêché le débat public… Il y a eu une enquête d’utilité publique. Les citoyens ont été consultés. Des élus ont pris des décisions en conséquence, mais, comme je le signalais, sans respecter les conclusions de l’enquête.

« Paradoxalement, la décentralisation a renforcé le centralisme et le dirigisme. Les décisions sont prises par des assemblées locales isolées soumises au pouvoir exécutif local... Les élus n'ont aucun mandat impératif, ni contraints de consulter localement le peuple sur certaines questions locales. Entre deux élections, les citoyen-ne-s ne sont même pas consultés. S'ils contestent certaines décisions, ils font face à un pouvoir exécutif local borné et autoritaire qui recourt le plus souvent à la force qu'au dialogue. »

La première phrase est fausse. D’ailleurs, dans les deux dossiers, ils sont remontés dans les mains de l’Etat… En outre, c’est le principe de la démocratie représentative. Le peuple n’a pas à être consulter sur tout et sur rien et dire le contraire est de la démagogie. En quoi le peuple a-t-il les moindres compétences pour participer à une décision ? A NDDL, par exemple, le peuple était pour l’aéroport et c’est un détail technique au sujet de la gestion de l’eau qui va tout faire foirer.

« La décentralisation a permis l'émergence de grands féodaux des temps présents, parfois mégalos et déconnectés de la réalité quotidienne des masses. » L’émergence des « grands féodaux » est une réalité qu’on ne peut pas nier. Mais elle remplace quoi ? Des fonctionnaires qui se prenaient pour des barons… Des députés et sénateurs qui faisaient du lobbying dans les ministères pour des enjeux locaux alors qu’ils sont des élus nationaux. Du copinage de masse,…

« Elle s'est traduite à la fois par une dégradation de la démocratie et du débat public, et par une inflation de décisions dispendieuses (palais départementaux ou régionaux, grands projets inutiles) et de phénomènes déviants tels que le clientélisme, le conflit d'intérêts et la corruption. » La première partie est fausse (pas la deuxième mais qui peut dire qu’il n’y avait pas de clientélisme ou de corruption auparavant).

La première partie est fausse car il n’y a pas de dégradation. On peut juger qu’il n’y a pas d’amélioration. S’il n’y a pas de dégradation, force est de constater que les élections régionales et départementales sont boudées par le peuple et qu’il y a un réel déficit de démocratie.

Il plaide pour la réforme territoriale : il faut une meilleure visibilité des attributions de chaque niveau et en diminuer le nombre.

« Trente ans se sont écoulés, soit suffisamment de temps pour avoir du recul. A l'évidence, la décentralisation est un échec total et complet aux niveaux économique et social, et pis encore s'agissant de la démocratie. » En lisant cela, j’ai cru rêver. Les régions et départements n’ont aucune compétence en matière économique et sociale (sauf qu’ils reversent le RSA qui est un truc national et qu’il ont en charge la solidarité de proximité, qui ne fonctionne pas très mal).  Ce que propose le gouvernement est de donner des compétences en économie, en social et en démocratie aux échelons territoriaux parce qu’il est bien visible que l’échec total et complet aux niveaux économique et social est de la faute de 40 ans de politiques nationales.

« La nouvelle réforme territoriale qui marquera bientôt une nouvelle étape de la décentralisation se fait à marche forcée. Aucun débat public n'a été organisé, et le peuple ne sera pas appelé à se prononcer. » Je ne sais pas comment on peut dire qu’il n’y a pas de débat public d’autant que la décentralisation était dans le projet de François Hollande qui a nommé dès le départ une ministresse pour cela. On ne parle que de ça… Quant à la consultation du peuple, si Manuel Valls ou François Hollande pose la question au peuple, le peuple répondra : vous nous cassez les couilles mes braves messieurs, on ne veut pas de votre décentralisation et on ne veut plus de lui.

« La décentralisation est encouragée par l'Union européenne. »

On en revient toujours au même. C’est la faute de Bruxelles.

Je vais quand rappeler que si Sivens et NDDL ne se font pas, c’est parce que les opposants peuvent se reposer sur des directives européennes au sujet de l’eau.

Les décisions locales doivent être du ressort des échelons locaux. C’est à l’Etat de définir ce qui peut leur être transféré mais aussi de servir de garde-fou, ce qui est le cas pour nos deux projets et c’est à l’Europe, émanation des nations de décider ce qui doit relever d’elle, c’est-à-dire ce que les Etats veulent mettre en commun.

C’est une excellente illustration d’un fonctionnement démocratique.

Quand je faisais des billets au sujet de la réforme territoriale, j’ai rappelé plusieurs fois une anecdote : quand de Gaulle a séparé en quatre le département de la Seine, la raison principale était le fait que le Préfet du département avait plus de pouvoir que le Premier Ministre…

Toutes les décisions de la région reposaient dans les mains d’un seul fonctionnaire.

On ne me fera pas croire que multiplier le nombre d’élus pour voter des trucs et contrôler le fonctionnement des machins est néfaste à la démocratie. C’était d’ailleurs l’objet de la réforme territoriale de Nicolas Sarkozy : diminuer le nombre d’élus. Et c'est dans le projet qu'il présente actuellement.

« Les technocrates de Bruxelles veulent remplacer les nations par des régions ». J’ai tronqué la citation, volontairement (je ne suis pas d’accord avec la fin des propos mais ce n’est pas l’objet de mon billet).


Il ne s’agit pas des nations mais des Etats. Ne confondons pas. Et ne venons pas défendre les nations alors que nous devrions être internationalistes. La lutte finale, et tout ça.

DPP conclut son billet en se déclarant favorable à la Sixième République. Elle ne changerait rien tant que les citoyens ne s'intéresseront pas aux sujet (mais ce n'est pas le sujet). C'est bien le principe même de la République qui est peut-être mauvais. Seule une décentralisation couplée à une européanisation peuvent la casser.

A chaque Echelon, le bon niveau. L'Etat ayant en charge ce qui revient à la Nation. Allons enfants, et tout ça.

31 août 2012

Cumul des mandats et sandwich au poulet

Je ne crois pas avoir donné mon avis récemment sur le cumul des mandats (ou des mandales comme dirait mon valeureux confère) et je ne vois pas pourquoi je n’ouvrirais pas ma gueule sur un sujet qui m’intéresse aussi peu que la première bière de JJU. Le sujet n’intéresse d’ailleurs absolument pas les Français mais il faisait du bruit à la Rochelle.

Que dire d’un sujet dont on se fout ?

Du remplissage. Tiens ! Je vais vous donner la recette du sandwich au poulet avec un heureux conseil : faites cuire les blancs de poulet à la vapeur mais en prenant soin de remplacer l’eau par de la bière ambrée. Je ne plaisante pas. Vous ferez cuire les œufs normalement. Je ne vais pas expliquer la recette des œufs durs. La salade sera bien fraîche, du cœur de laitue, taillée en chiffonnade. Vous ferez griller le lard sans matière grasse de même que les tranches de laitue. Pour le reste, procéder comme un sandwich ordinaire en ne lésinant pas sur la mayonnaise mélangée à de la moutarde, appliquée dès la première tartine. Vous pourrez les accompagnes de pommes allumettes et surtout d’une bonne bière, si possible de printemps mais ne soyons pas trop exigeants. Les amateurs pourront ajouter des tomates, mais sans moi.

Le non cumul des mandats est un des engagements de François Hollande. Il sera respecté mais devra passer au  travers de la Commission Jospin qui aura surement des trucs à dire mais je ne vais pas anticiper n’ayant, moi-même, rigoureusement rien à avancer sur le sujet.

Prenez bien soin à utiliser de la bière de mars ambrée pour la cuisson du poulet. Sauf si on n’est pas en mars. Les tranches de lard doivent être très fines et le pain de mie sera aux céréales. Ca fait plus branché. Vous pourrez couper les sandwichs en petit triangle que vous maintiendrez en y piquant des cure-dents.

Je rappelle que la bière de mars est à moitié une supercherie commerciale qui aurait du disparaître avec les progrès de l’agriculture et des procédés de conservation. Au moyen-âge, la bière ne pouvait qu’être brassée qu’en hiver pour le froid empêche d’affreux microbes d’intervenir. Arrivé en mars, il fallait commencer à vider les premiers fûts de la saison pour pouvoir y foutre la bière issue des céréales qui restaient encore vivantes. Enfin, je résume. Du coup, les brasseurs ont inventé un système pour vendre plus cher de la bière dont ils devaient se débarrasser. Ils sont malins, hein ! On finit toujours par se faire baiser dans les bistros. D’autant qu’ils cuisent assez rarement leurs blancs de poulets dans la vapeur de bière ambrée.

Je tiens à rappeler à mes collègues blogueurs, amateurs ou non de bière, qu’ils peuvent arrêter de dire qu’ils sont pour le non cumul des mandats. Il est beaucoup plus simple de dire qu’ils sont contre le cumul.

Ce « non cumul » a été voté par les militants socialistes, ce que je ne suis pas sauf pour faire joli dans mon blog, au sein de différentes règles visant à moderniser les pratiques de leur parti, comme les primaires et un tas de trucs dont je me fous comme de la marque des cure-dents utilisés pour maintenir mes mini-sandwichs au poulet. Cette rénovation a permis au Parti Socialiste de gagner l’élection Présidentielle puis les élections législatives.

Afin de marque cette rénovation de la vie politique, toutes les décisions prises par les militants doivent être respectées ne serait-ce que pour montrer qu’on croit à cette rénovation et que la démocratie n’est pas de la merde.

Le refus de certains sénateurs de se plier à la règle – même si je comprends très bien les raisons – est grotesque puisque le cumul devrait être interdit par la loi, qui sera applicable à partir des prochaines échéances électorales.

Je ne vais pas faire un plaidoyer de huit pages pour le sandwich au poulet (n’oubliez pas de bien mélanger la mayonnaise et la moutarde) ou contre le cumul des mandats, le temps nécessaire pour travailler chaque fonction électorale, la destruction des bastions politiques, le cumul des rémunérations, …

Je ne sais pas à quoi travaille la commission Jospin. La loi doit être facile à faire. Je propose : « Article 1. Même pour ceux qui sont amateurs de sandwichs au poulet à la bière de printemps, il est interdit d’exercer conjointement plusieurs des mandats suivants : Président de la République, Ministre, Député, Sénateur, Patron d’un exécutif local, adjoint (ou vice Président) d’un patron d’un exécutif local. Article 2. Après chaque élection, les braves gens concernés ont jusqu’à l’ouverture de la session parlementaire suivante pour se mettre en conformité. »

Je ne sais pas ce que boivent les membres de la Commission Jospin avec leurs sandwichs à la bière de printemps mais ils discutent probablement beaucoup à chercher la petite bête. J’espère que ce n’est pas celle qui nous fera avaler des couleuvres, pour une fois qu’on tient une promesse pas trop compliquée à tenir.

Certains comparent le Beaujolais nouveau et la bière de mars. Ca n’a rien à voir. Les évolutions de l’agriculture et des processus de réfrigération font que la bière de mars ne sert à rien et peut-être produite en permanence. Les céréales sont beaucoup plus dociles que le raisin.

D’ailleurs, les députés sont également beaucoup plus dociles que les sénateurs. Surtout Monsieur Durine. Rebsamen de son prénom. Ce gars-là était un des potes de François Hollande. Il pourrait au moins respecter le choix des militants qui ont permis au Batave en question de se faire élire Président de la République.

Je comprends la peine de Monsieur Rebsamen. Déjà que la loi interdit aux élus locaux de recevoir plus de 9857€49 mais en perdant une de ses fonctions, s’il restait uniquement sénateur, par exemple, il serait limité à 7100 euros sans compter 6400 d’indemnités de représentation, le pauvre.

Il n’empêche que si cela limite les possibilités d’acheter du caviar, il peut encore se payer quelques sandwichs.

Au fait, vous voulez que je vous communique la recette du sandwich au poulet à la vapeur de bière de printemps ?

Je comprends aussi les différents arguments qui sont émis. Tiens ! Ce matin, ma radio me disait personnellement que le Sénat est censé représenter les territoires et qu’il était tout à fait naturel que les Sénateurs soient élus locaux.

J’admets.

J’admets aussi qu’en démocratie et quand on est élu avec le soutien de militants, on respecte les décisions de ces militants.

Ce n’est pas négociable, contrairement à la marque de la moutarde utilisée pour les sandwichs au poulet à la vapeur de bière de printemps.

Les vacances sont terminées. Ce blog peut enfin reprendre le sérieux qui le caractérise. 

09 février 2011

Cécile Duflot ne veut pas de désistement automatique, moi si !

Je suis tagué par Melclalex à propos de la déclaration de Cécile Duflot : «L'objectif n'est pas de faire élire le plus de socialistes pour prendre des départements. Mais de faire élire le plus d'écologistes. Il n'y aura donc pas de désistement automatique en faveur du PS. Les socialistes ont du mal à s'y habituer, mais c'est comme ça !»

La position de Cécile Duflot risque de faire perdre quelques cantons à la gauche et donc quelques départements.

J’espère que tout repose sur le « automatique » et que la position de chacun sera étudiée au cas par cas.

J’aurais préféré que la position soit inverse : « Il y aura un désistement automatique sauf d’éventuelles exceptions. » L’art de jouer sur les mots ?

Pas nécessairement dans le sens où je comprends très bien que dans un canton comme le mien (non renouvelable, cette fois), on puisse avoir quelques difficultés (le candidat communiste serait soutenu par le PS et le MRC – très fort chez nous – et le candidat des verts partirait tout seul, contre toute la gauche).

Le sujet est néanmoins important et rejoint la « problématique du vote utile », sujet primordial dans mes blogs puisque je reçois plein de commentaires de la gauche de la gauche qui m’expliquent que c’est une vaste connerie et qu’ils ne se laisseront pas piéger.

A mon avis, ils sont à côté de la plaque, d’ailleurs. On ne demande pas à des militants de ne pas voter pour leur candidat, on demande juste aux « électeurs lambda » de se demander s’ils ne feraient pas une connerie en ne votant pas pour le parti majoritaire. En d’autres termes, je ne vais pas demander à mes copains du Front de Gauche de voter pour DSK, je demande à mes copains de bistro, le vieux Joël et Tonnégrande, tentés par Méluche, de réfléchir aux impacts de leur vote dans une perspective de ne pas reproduire 2002… Donc, je continuerai à défendre le vote utile mais je ne m’adresse pas aux militants, juste aux électeurs. Les militants du Front de Gauche (par exemple) sont libres de s’adresser à leurs électeurs potentiels, tentés par le vote utile.

On ne fait pas de la politique pour satisfaire des positions intellectuelles des militants mais pour gagner des élections.

Néanmoins, le « vote utile » est une problématique de premier tour alors que le « désistement » en est une de deuxième. Le candidat de gauche en tête au premier tour « doit » être le seul candidat de gauche au deuxième tour.

La présidentielle de la cinquième république a un dicton : « Au premier tour, on choisit, au deuxième, on élimine. »

Pour les cantonales, c’est pareil. Les partis de gauche doivent se mettre en ordre de bataille pour éliminer les candidats de droite au second tour pour avoir une chance que la majorité départementale soit à gauche, même si ce n’est pas la gauche qu’on voudrait…

Et je dis ça en habitant un des départements qui risque d’être le dernier géré par les communistes après les prochaines élections…

Même si je n’ai pas l’occasion de voter, je suis ainsi avec tous les candidats communistes sortants.

Et je continue à être persuadé que le mode de scrutin pour une partie des élections n'est pas le bon...

18 décembre 2010

Ainsi va la démocratie

Je vais rappeler la devise de ce blog, fièrement gravée là haut depuis 5 ans (moins une semaine) : « S'il fallait connaître quelque chose en politique pour en parler, ça limiterait l'intérêt de la démocratie et la recette des bistros. » Je n’ai pas changé cette devise depuis la création du blog, de même que je n’ai pas changé celle de mon blog bistro depuis sa création, en octobre 2005 : « La connerie étant le seul chemin susceptible de nous faire entrevoir une parcelle de vérité, utilisons-la par des moyens de communication efficaces. Le temps qu'on remplisse nos verres. »

Ces deux devises veulent dire à peu près la même chose mais je ne sais pas quoi…

Dans les blogs, on trouve des gens péremptoires, prétendument experts en je ne sais quoi, mais totalement à côté de la plaque, ignorant la société. J’en ai encore croisé un, dans les commentaires de mon dernier billet sur la sécu.

Je vais juste leur rappeler le fonctionnement de la démocratie représentative : les électeurs choisissent des députés et, indirectement, des sénateurs. Les députés vont « choisir » un gouvernement composés de Ministres et de Secrétaires d’Etat, dirigeant des Ministres et Secrétariats d’Etat composés dans lesquels ont trouve des hauts fonctionnaires ayant pour rôle de récupérer l’information par l’intermédiaire de leurs administrations et provenant de spécialistes divers.

Nous avons, par exemple, des experts en sécurité routière qui vont constater que la voiture est mortelle. Conduire tue. Il faut conduire avec modération. Alors le chef de cabinet du ministre recueille l’information et les préconisations du chef des experts en sécurité routière qui se résument à : « Il faudrait limiter la vitesse des voitures à 20 km/h en ville, 60 sur route et 90 sur autoroute et interdire la circulation de nuit et quand il pleut. Par ailleurs, il faudrait pénaliser les collectivités territoriales qui ont en charge l’entretien des portions de routes où il y a des accidents ».

Mais le chef de cabinet pense que la mesure n’est pas terrible. Le pays va être bloqué, les gens vont gueuler et les élus locaux vont se plaindre. Pour la mesure est parfaite sur le papier : les accidents de la route vont diminuer prodigieusement.

Alors, il va voir son chef, qui va voir son ministre et lui dit : « Il faudrait limiter la vitesse des voitures à 40 km/h en ville, 70 sur route et 100 sur autoroute et interdire la circulation quand il neige. Par ailleurs, il faudrait responsabiliser les collectivités territoriales qui ont en charge l’entretien des portions de routes où il y a des accidents ».

Alors le ministre, il réfléchit. Il se voit mal présenter ça aux députés, être sous les feux de l’actualité et expliquer ça à ses chefs, le Premier Ministre et le Président de la République.

Il prend sa voiture de fonction avec chauffeur, car il n’a pas le permis, notre ministre des transports, et va le mercredi matin à l’Elysée au Conseil des Ministres et dit « Il faudrait limiter la vitesse des voitures à 40 km/h en ville dans les portions qui n’ont qu’une voie dans chaque sens et qui n’ont pas de voie de bus, à 80 sur route quand il pleut et 120 sur autoroute quand la circulation est un peu dense. Par ailleurs, il faudrait voir avec les collectivités territoriales pour voir ce qu’elles pourraient faire pour améliorer les routes. »

Alors le chef va se fâcher : « Putain de bordel, on est déjà mal avec la réforme territoriale et les élus locaux qui gueulent, les baisses des transferts de l'état, on ne va pas encore en rajouter une couche, laissons tomber cet aspect ». Alors, le ministre de la charcuterie va lever son petit doigt et dire « heu, comment on va définir « quand il pleut », à partir de combien de gouttes commence la pluie ? » Et le ministre de la justice d’en rajouter : « Ah oui, je ne vais pas finir d’être emmerdé avec les tribunaux qui auront à statuer sur la densité de la circulation. »

Le texte arrive alors à l’Assemblée, devant les braves gens qu’on a élu. « Il faudrait limiter la vitesse des voitures à 40 km/h en ville dans les portions qui n’ont qu’une voie dans chaque sens et qui font moins de 3 mètres de large. »

Le député de Bourg Moilcul, où sont fabriqués les panneaux de signalisation « Contrôles radar fréquent » va déposer un amendement « Il faut qu’on mette un panneau tous les 300 mètres pour indiquer qu’il y a des contrôles radar fréquents ». Un autre député va déposer un amendement pour dire que 50 km/h sont autorisés si le trottoir est large.

A l’issue de la navette parlementaire, le texte voté sera : « La vitesse est limitée à 40 km/h en ville quand les trottoirs sont étroits et qu’il y a des panneaux « contrôles radars fréquents » tous les 300 m. »

La blogosphère gauchiste (si le gouvernement est de droite) va alors gueuler : « Ah mais bordel, c’est une atteinte grave à la liberté des habitants d’immeubles propriétaires d’une voiture et résidant dans un quartier où les trottoirs sont étroits sans compter que ça fait une inégalité supplémentaire avec ceux des quartiers aux trottoirs larges ».

Le Premier Ministre va alors demander à son ministre de prévoir un décret interdisant la présence de panneaux « Contrôles radars fréquents » dans les patelins avec des trottoirs étroits parce que ça pourrait gêner les riverains piétons.

Il s’en fout : le député de Bourg Moilcul est dans une circonscription traditionnellement à gauche car composée majoritaire d’ouvriers peintres de panneaux « Contrôles radar fréquents ».

Un blogueur courageux aura fait un long billet pour expliquer tout le processus ayant abouti à ce décret qui aura fait l’objet d’un entrefilet dans Le Parisien.

Alors le soir, j’arriverai à la Comète et je montrerai ce truc aux copains et leur expliquerai comment la blogosphère a bloqué le projet d’un expert qui voulait limiter la circulation à 40 km/h partout.

Et le grand public aura gagné face aux experts.

Ainsi est faite la démocratie représentative.

Et tant mieux. Même si l’expert avait raison : la voiture, c’est dangereux. Mais je conserve le droit, voire le devoir, de continuer à raconter des conneries à mes copains, quand j’arrive à la Comète le soir.

19 juillet 2010

Ne sommes nous plus en démocratie ?

Des collègues blogueurs ont rencontré Séverine Tessier, porte parole d’Anticor, « l'association des élus et citoyens contre la corruption ». J’étais d’ailleurs invité à cette rencontre mais comme souvent, je me suis dégonflé.

Je concluais mon billet d’hier par « Tu vois, c’est l’histoire du dernier sursaut avant la fin de la démocratie. » Dans les commentaires, trois personnes se qualifiant elles-mêmes de droite, Corto, Didier Goux et FalconHill, semblent trouver que j’abuse.

Peut-être. Ca me consolera pas de savoir qu’il existe des vraies dictatures, dans le monde…

Effectivement, on est gouvernés par des gens qui sont élus. Il y a des nouvelles élections en 2012. On pourra toujours voter. Une majorité se prononcera pour un candidat à la présidentielle puis, dans un élan traditionnel de la Cinquième République, une majorité de députés seront issus du même camp que le Président. Ils auront quartier libre pour cinq ans. Perdront quelques élections locales.

Ce matin, le compte rendu de Dagrouik de l’entretien avec Mme Tessier a resurgi dans mon Reader. Du coup, je me suis replongé dans la lecture de celui de Vogelsong et celui de Seb Musset. Du coup, j’ai relu l’analyse de Sarkofrance. Ces billets étaient sortis le 14 et le 15 juillet (le 14 était férié et le 15, j’ai plus ou moins zappé les blogs) et n’avaient pas émoustillé les quelques neurones qui me restent.

Aujourd’hui, je suis réveillé. Atterré, tant les démonstrations sont implacables. On voit tellement de choses autour de nous, qu’on oublie de tout mettre au bout.

Dans un des ces billets, par exemple, le taulier évoque la libéralisation des jeux en ligne. La femme du ministre qui était en charge du dossier est liée au PMU. Ca n’est qu’un exemple.

Un autre ? Un autre… Dagrouik nous rappelle que le fisc compte 15000 agents en moins depuis 2002… et depuis quelques jours des histoires de fraudes fiscales font la une de la presse, car détectées par elle.

Et pourtant…

Guy Birenbaum, ce matin, nous rappelle les conflits d’intérêts permanent, y compris au sein des journalistes politiques qui devraient être les premiers à les traquer. Il nous cite l’exemple d’une journaliste qui interviewe Bernard Accoyer, le Président de l’Assemblée Nationale, au sujet des conflits d’intérêts. La journaliste vient d’être nommée Officier de la Légion d’Honneur. Elle est Présidente de l’Association des journalistes parlementaires. « Elle illustre juste la schizophrénie d’une journaliste (parmi tant d’autres…) qui, questionnant un élu sur les conflits d’intérêts, ne se rend même pas compte qu’elle nage dedans… Jusqu’au cou. »

Les contre-pouvoirs disparaissent.

Nous ne sommes plus vraiment en démocratie.

Lisez les billets que je cite : je ne peux résumer tout en une page. « S. Tessier déclarait très sérieusement à la fin d’un entretien “On ne va pas se mentir, on n’est plus en démocratie” ».

L’affaire Woerth a surgi dans la vie politique avec des espèces de ramifications dans tous les sens. Les micro-partis sont découverts. Un ministre va chercher de l’oseille à Londres, profitant d’un déplacement officiel,…

Le tous pourris revient et Didier Goux ironisera dans les commentaires en me demandant si je découvre la politique.

D’autres vont nous expliquer que ce « tous pourris » profite au Front National alors que Dagrouik nous rappelle que presque toutes les grandes mairies, tenues par le FN, ont sombré dans des scandales divers.

Tout est fait pour détourner les citoyens de la politique. « Sarkozy vise l'abstention en 2012 , dégouter de la politique et faire peur aux vieux anciens pour les convaincre de voter massivement pour lui : retraites […], insécurité […] et autres peurs connexes. »

Que donne la une de la presse ce matin ? La suite de l’affaire Woerth et des tirs sur des policiers, à Grenoble.

Ah ! Un Français a gagné l’étape…


Bravo à Anticor. Bravo aux journaux qui sortent les affaires. Félicitations aux copains blogueurs.

04 octobre 2009

Rendez-nous la démocratie

67% de oui. Joli score obtenu par le Oui en Irlande. C'est à peine croyable. Le Oui perdait il y a 15 mois et gagne maintenant. Vous y croyez ? Non. Vous avez tort. Le score est réel. Nos amis. Irlandais ont juste été menacés : si vous ne votez pas oui, vous perdez le pognon, votre boulot, on égorgera vos enfants, violera vos femmes, …

Ils se sont fait piquer leur vote. Comme les Français, presque pire. Aux Français on leur a dit « votez » puis « vous avez mal voté, on va décider à votre place ». Aux Irlandais on leur a dit « votez » puis « vous avez mal voté, revotez, mais bien cette fois-ci sinon ça ira mal ».

Pourtant, une des raisons pour lesquels les gens votent non est le manque de démocratie au niveau Européen puisque personne ne comprend réellement les circuits de décision. Tout le monde veut que l'Europe avance, mais les « ouiistes » ont tort de se réjouir aujourd'hui : l'Europe a à nouveau perdu de la place dans l'estime des gens.

Ce qu'il y a de marrant, c'est que ces résultats tombent le jour de la « votation citoyenne » en faveur de notre service public de distribution du courrier. Je ne sais pas si les organisateurs se rendent réellement compte de ce qu'ils ont fait :

Petit 1 : ils organisent ce machin alors que la droite justifie le changement de statut de La Poste par les décisions « de Bruxelles » alors qu'on sent bien, ce jour particulier, que les décisions « de Bruxelles » sont un déni de démocratie puisque les peuples sont « obligés » de les approuver.

Petit 2 : ils organisent cette élection inutile (dans le sens où elle n'est qu'une pétition géante) en faisant croire aux gens qu'elle s'inscrit dans un processus démocratique le jour même où l'élection en Irlande montre le déficit de démocratie.

Il faudrait au contraire communiquer sur ce déficit de démocratie plutôt que d'organiser un machin qui ne changera rien, au nom d'une privatisation de La Poste qui ne risquera jamais d'arriver (aucun Gouvernement ne se mettre à dos les élus locaux et personne ne voudra jamais acheter ce machin).

La seule consolation dans ce vote Irlandais, c'est qu'on a l'impression qu'une page se tourne. C'est l'espèce de soulagement qu'on ressent lorsqu'un proche décède après souffert longtemps d'une longue maladie. On est bien tristes, mais une page se tourne. On va pouvoir passer à autre chose. « Ils » vont arrêter de nous les brouter, tous ces « ouiistes », ces « nonistes »,...

On va pouvoir recommencer à exiger une Europe démocratique, on va pouvoir exiger que nos politiciens se penchent sur la phase suivante, celle dont on discutera dans 15 ans...

Mais, dans l'attente chers camarades de gauche contents de leur journée d'hier : on fait comment pour rétablir la démocratie dans ce pays. On continue à organiser des élections sans valeur ?