09 avril 2014

Les flèches qui croisent les mots


Didier Goux nous parlait de mots croisés. Il s'y est remis par hasard. Pour ma part, j'ai arrêté par hasard. Je suis sevré. Pourtant, vous pouvez relire les archives de mon blog, ce n'est pas très vieux. La première étape fut l'arrêt du France Soir. Les mots fléchés d'Alain Bonhomme correspondaient parfaitement à mes compétences. La deuxième étape a eu lieu quand je me suis rendu compte que le serveur de la Comète aimait bien faire ceux du Parisien en rentrant chez lui. Je les lui ai laissés. Pourtant, je les faisais tous les jours, sans vraiment de plaisir. Cinq minutes, montre en main. Dix minutes exceptionnellement. S'ils pouvaient occuper le serveur pendant ses 45 minutes de transport…

Ceux de France Soir me prenaient une bonne heure, parfois deux. Ils avaient le niveau de difficulté parfait pour que j'y prenne du plaisir, avec, en plus, une pointe d'humour dans les définitions. Ceux du Journal du Dimanche, par contre, sont bien trop difficiles pour moi. Ou étaient, je n'ai pas essayé depuis 4 ou 5 ans. Il me semble que c'est Albert Varennes qui les faisaient. Parfois, je ne trouvais pas plus de quelques lettres. Et encore ! Des pluriels incertains.

Ce qu'il y avait de bien, avec France Soir, c'est que je voyais ma progression. Je constatais que j'y passais de moins en moins de temps à un point que j'y prenais de moins en moins de plaisir, laissant de plus en plus le vieux Joël les faire alors que, auparavant, on les faisait ensemble (je les faisais tout seul quand il n'arrivait au bistro qu'après 20h. Une sorte de rituel entre nous).

Pendant un temps, je faisais tous les matins les mots fléchés des quotidiens gratuits dans le métro. Je me mettais au défit de les faire en moins de trois stations de métro, soit environ 5 ou 6 minutes, en me faisant bien voir des autres cruciverbistes du coin. Ce n'était pas de la vantardise (pourquoi irai-je me vanter auprès d'inconnus ?) mais une manière de les traiter d'abrutis. Les gens prennent le métro tous les jours à la même heure et font toujours les mots fléchés du même journal mais ne progressent pas. C'est un truc qui m'a toujours énervé, par exemple, ces gens qui ne mettent pas un S ou un E (non définitif) pour les pluriels et les féminins (voire les deux pour les féminins pluriels). Ou les gens qui n'arrivent à se rappeler ce qu'est le lac des Pyrénées en deux lettres.

Si je vais vite, c'est aussi parce que je ne m'applique pas et que j'écris vite. Par exemple, quand je positionne des E et des S, je sais qu'ils ne sont pas définitifs. Et ça ne me dérange pas de raturer.

C'est un truc qui me dérangeait avec le vieux Joël quand nous faisions les mots fléchés de France Soir, ensemble, alors que nous avions tous les deux le même niveau de compétence. Privilège de l'âge, je lui laissais le stylo, d'autant qu'il ne supportait pas mon écriture de cochon. Il s'appliquait à chaque lettre, ne mettait pas les E et les S avant d'être sûr de lui et commençait toujours par en haut à gauche. Je commence toujours par le bas à droite... C'est bien plus efficace. Je sais : c'est complètement con de chercher l'efficacité.

À deux occasions, nous avons eu deux France Soir et avons pu faire les mots fléchés chacun de notre côté. En regardant vaguement l'un sur l'autre, ce qui n'était pas de la tricherie, mais le résultat de plein de soirées à plancher "physiquement" sur la même grille. À chaque fois, j'avais fini les 90% les plus faciles de la grille alors qu'il n'avait pas fait le tiers mais nous finissions à peu près en même temps.

Je disais que nous avions le même niveau de compétences. Ce n'est pas exact : il a beaucoup plus de vocabulaire que moi, ce qui n'est pas compliqué, et surtout de mémoire. Il est très fort pour les lacs des Pyrénées en deux lettres... Par contre, j'imagine beaucoup plus rapidement les astuces ou jeux de mots qui pouvaient se cacher derrière une définition. Plus exactement, je vois plus rapidement si une astuce peut de cacher alors qu'il perd du temps à savoir s'il peut y en avoir une. Amusant.

C'est un peu comme pour les blogs : pendant un temps, j'étais très bon pour trouver des jeux de mot dans mes titres. Maintenant, je me suis calmé. Toutes les conneries que je peux écrire l'ont déjà été dans Twitter. Je m'égare mais c'est pour illustrer un état d'esprit par rapport aux mots.

Je parle beaucoup de niveau de compétence parce que je ne sais pas quels mots employer. Comme quoi, les mots,... Pendant un temps, je partais au bureau vers 8h. C'était 20minutes qui était distribué. Je faisais donc la grille de mots fléchés tous les matins. À la fin, je mettais ainsi 5 ou 6 minutes. Plus tard, j'ai changé d'horaire et c'était le quotidien Métro qui était distribué. J'ai rapidement progressé pour mettre aussi 5 ou 6 minutes. Je continuais à faire une grille ou deux par mois sur 20minutes et j'ai vite compris que je régressais, passant de ces cinq ou six minutes à une dizaine voire quinze, subissant une espèce de vexation (interne : personne ne le savait !) assez bizarre.

Ainsi, chaque cruciverbiste devient formaté pour un niveau ou un type de grille. À priori, 20minutes et Métro peuvent être catégorisés dans les très faciles mais selon les habitudes, on peut les trouver de niveaux différents. Le Parisien est dans les faciles mais moins que les gratuits. France Soir est plus difficile et le JDD est encore pire mais j'imagine que des lascars le font presque en première lecture.

Enfin, je n’ai jamais aimé faire de mots fléchés ou croisés dans des recueils. Je préfère ceux des journaux ou magazines, comme s’il y avait une sorte de rituel ou comme si on s’habituait à un style, un auteur,… Va savoir…

C'est rigolo, quand je cherche "mots fléchés france soir" dans Google Image, je tombe sur mes propres billets de blog. Et je reconnais les photos au fait qu'elles soient ratées. Dans celle utilisée pour ce billet, c'est Joël qui écrit en noir et moi qui finis en rouge. Je m'étais fait aider de Twitter, ne trouvant pas tout seul.

17 commentaires:

  1. C'est amusant le coup du lac des Pyrénées en deux lettres : je me faisais la réflexion hier soir, faisant un mot croisé du Parisien, et ne parvenant plus à me souvenir ni de la rivière du nord en deux lettres, ni du luth iranien... (qui sortent une fois par mois).

    J'aime bien ton billet : je me retrouve assez bien...

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  2. Allez, une petite définition pour les vrauchistes:
    En 4 lettres : tintin chez les soviets.

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  3. Je réponds avant d'avoir tout lu. À cause du côté excitant, pour moi, de ce billet. Dans les années 1990 – 2000 (approximativement), le premier qui arrivait au rewriting de France Dimanche avait pour tâche (non écrite…) de photocopier la grille d'Alain Bonhomme et de la distribuer sur les bureaux. À peine arrivé, tout le monde s'y mettait. J'étais généralement le deuxième meilleur. Le premier était toujours François Ch., d'abord rewriter, puis chef de ce service, puis rédacteur en chef, et qui vient de mourir d'un cancer, ce con. Je n'ai jamais réussi à terminer une grille avant lui et, du coup, je ne suis pas fâché qu'il soit mort, ça lui apprendra à me défier.

    À ma connaissance, Bonhomme est le seul auteur de mots fléchés capables de fairte entrer dans ces petites cases des définitions amusantes.

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  4. Extra !!! ;o)

    Merci Nico pour ce billet !!! :o) :o)

    BISES

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    1. De rien ! Merci d'être passée sur mon blog politique après mon erreur.

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  5. On doit avoir à peu près la même méthode pour les mots fléchés, je commence toujours en bas à droite aussi et je ne reste jamais plus d'une seconde à chercher une définition, je tourne.

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    1. Façon de parler, je ne reste jamais sur une définition que je ne trouve pas immédiatement disons.

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    2. L'important est de ne pas perdre temps avec une définition quand on est sûrs de pas trouver.

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    3. Excellent. Je suis un adepte des grilles de bonhomme et me retrouve un peu. Lol

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  6. "Des pluriels incertains"
    ça ferait un joli titre de roman.

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