24 juillet 2025

Pas de carence pour les réseaux sociaux !

 


Hier, on a appris que le gouvernement envisageait un passage de 3 à 7 du nombre de jours de carence en cas d’arrêt maladie. Comme d’habitude, les réseaux sociaux de gauche ont surréagit un peu par principe (même s’ils sont plus occupés par la famine à Gaza et la loi Duplomb) alors que les spécialistes et les syndicats (j’étais tout à fait d’accord avec le communiqué de la CGT) ont été plus mesurés.

Un autre côté, une partie des Français, notamment à droite, ont dans le nez les fonctionnaires qu’ils prennent pour une bande de fainéasses qui abusent des arrêts maladie. Ils voudraient donc augmenter le nombre de jours de carence.

Une fois encore, les réseaux sociaux et les comptoirs de bistro s’affolent pour rien sans connaitre les dossiers.

 

Profitons de l’occasion qui nous est gaiement offerte par une actualité débile pour mettre les pieds dans le plat.

Tout d’abord, les jours de carence (les premiers jours des arrêts maladie au cours desquels la sécu ne prend par en compte le versement du salaire) ne sont pas visibles pour plus des deux tiers des salariés car les entreprises continuent à verser la totalité des salaires. Allonger le nombre de jours de carence aurait donc un impact assez lourd pour les entreprises même s’il soulagerait nos comptes publics. Gageons que le patronat n’y est pas vraiment favorable.

Par ailleurs, ce sont essentiellement les grosses boites qui seraient concernées. Un accroissement des jours de carence augmenterait donc les inégalités entre les salariés selon la taille des entreprises (déjà que les salariés des petites sont assez lésés vu qu’ils n’ont pas vraiment de protection par les syndicats ou les représentants du personnel et n’ont pas de RTT sur lesquels ils pourraient puiser en cas de maladie). C’est effectivement inacceptable (ce que dit d’ailleurs la CGT dont je parlais en introduction).

 

Venons-en aux fonctionnaires ! Tout d’abord, je ne suis pas persuadé qu’il y ait un abus spécifique pour ces braves gens. J’ai toujours travaillé dans des entreprises qui payaient le salaire « en cas de carence » mais, en plus, depuis vingt ans, je travaille dans une grosse entreprise issue du secteur public. Il n’y a plus de fonctionnaires recrutés mais, au début, une bonne partie des collègues l’étaient. Je n’ai jamais constaté de différence particulière entre les fonctionnaires et les « salariés de droits privés ».

Les gens ont tendance à ne pas aimer les fonctionnaires et font la gueule quand ils ne peuvent pas être reçus quand il y a des congés maladies mais ils iraient dans des agences de leurs banquiers ou de leurs assureurs, ils auraient sans doute les mêmes désappointements… En outre, ils fréquenteraient les services centraux des grandes entreprises privées, ils seraient assez surpris par le nombre de glandeurs ou l’inefficacité de certains processus… Ils n’ont qu’à mettre leurs gamins dans le privé pour vérifier le présentéisme des instits.

Mettre des jours de carence à la charge des fonctionnaires serait créer une inégalité entre les salariés des grandes entreprises et ceux de la fonction publique se qui serait également inacceptable.

 

En complément, il faut revenir au fond : on veut traiter le coût des petits arrêts de travail mais ce sont les longs qui coûtent cher. Permettre aux salariés de s’arrêter quelques jours pour traiter des « bobos » (et éviter la contagion au bureau) permet de diminuer la probabilité qu’ils arrivent à des maladies plus graves qui pousseraient à des arrêts plus longs et donc à un coût supérieur pour les finances publiques. Ce n’est pas moi qui le dis mais des spécialistes (ce que je ne suis pas mais Google pourra vous apporter plusieurs confirmations).

 

Nos idéologues de droite confondent ainsi que le coût des arrêts maladies et les jours de carence car c’est plus simple à traiter (et à foutre dans le crâne des gens)…

Je n’ai pas de solution. Peut-être faut-il carrément supprimer les jours de carence pour tous et augmenter le nombre de contrôles par la médecine du travail (à charge des employeurs) ? Je ne sais pas…

Et il y a les problèmes connexes comme les arrêts de travail causés par des règles douloureuses. Changer la législation ferait sans doute plaisir à quelques militantes féministes mais cela augmenterait les couts pour la sécu, pour les employeurs et, en fin de compte, les inégalités « hommes femmes » (pourquoi un employeur irait-il embaucher une femme aux mêmes conditions qu’un homme s’il perd deux jours par mois ?). Encore une fois, je n’ai pas de solution et pas spécialement d’idées préconçues.

 

Enfin, comme beaucoup de gens, je transpose mon cas personnel sur le cas général. J’ai été beaucoup malade en quatre ans (avec plus de quatre mois d’hospitalisation et, de mémoire, deux mois d’arrêt maladie pour remettre après des opérations). J’ai donc coûté cher à la sécu et ma boite (elle ne paie pas seulement les jours de carence mais aussi les compléments de salaire entre le montant versé par la sécu et le salaire). J’ai par ailleurs eu plusieurs séances à l’hôpital pour des examens pour une journée ou pour une demi-journée. Cela m’a couté pas mal de jours de RTT ou de congés. Parfois, l’hôpital m’a fait une attestation d’hospitalisation pour une journée et j’ai pu déclarer mon absence comme une maladie mais ce n’est pas satisfaisant !

 Il faudrait ainsi peut-être ajouter les autres coûts pour les salariés (perte d’une journée de salaire) avant de les traiter tous comme des grosses fainéasses et supprimer unilatéralement des jours de salaires.

4 commentaires:

  1. "Mettre des jours de carence à la charge des fonctionnaires serait créer une inégalité..." C'est déjà le cas. Et comme vous le dîtes, c'est de l'idéologie. Cela crée des injustices, et des mécontentements de tous les côtés. Pas de quoi apaiser une société déjà très divisée.
    Ex : dans l'Education Nationale, l'absentéisme est plus faible que dans le secteur privé. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Et pourtant il y a un jour de carence (à la charge du fonctionnaire), alors que 3 ont été envisagés. De plus pas de médecine du travail.
    Ex perso : cette année, j'ai eu un arrêt de travail du lundi soir au dimanche soir (lié à l'exercice de mon métier) une semaine avec jeudi férié et pont. Je n'ai manqué que le mardi et le mercredi, mais j'ai eu une journée de carence + jour férié et we payés à 90%. Voilà où mène l'idéologie.
    Marc

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    1. Oui c’est une injustice.

      Je dois avouer que je ne connais les jours de carence des fonctionnaires.

      Je ne sais pas pourquoi il peut y avoir moins de jours d’arrêt dans l’EN. Mais peu importe. Et je vais dire une vacherie : je n’ai pas eu de congés depuis Noël. Je suis épuisé. Si je venais voir un toubib pour un gros rhume, il me mettrait en arrêt. Aucune attaque contre les profs dans mon propos (mes darons l’étaient et je sais dans quel état je pouvais les voir après cinq semaines de classe sans arrêt).

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  2. Je n'ai pas trop écrit sur le plan Bayrou mais je le trouve d'une paresse intellectuelle.

    Peut être que pour enrayer l'absenteisme et rendre le travail plus productif, peut être faudrait il penser aussi au salarié en tant que personne humain. Revoir des modes de management délirant, d'un autre temps.
    Il y a épuisement professionnel, donc pour le combattre on combat ceux qui essaient de le soigner (les médecins) sans prendre le modèle à la source. C'est incroyable...

    Non, la plan Bayrou est d'une paresse...

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    1. Le plan Bayrou est nul mais le pauvre gars n'y peut rien du management débile...

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