Hier, on a appris que le gouvernement envisageait un passage
de 3 à 7 du nombre de jours de carence en cas d’arrêt maladie. Comme d’habitude,
les réseaux sociaux de gauche ont surréagit un peu par principe (même s’ils
sont plus occupés par la famine à Gaza et la loi Duplomb) alors que les
spécialistes et les syndicats (j’étais tout à fait d’accord avec le communiqué
de la CGT) ont été plus mesurés.
Un autre côté, une partie des Français, notamment à droite,
ont dans le nez les fonctionnaires qu’ils prennent pour une bande de fainéasses
qui abusent des arrêts maladie. Ils voudraient donc augmenter le nombre de
jours de carence.
Une fois encore, les réseaux sociaux et les comptoirs de
bistro s’affolent pour rien sans connaitre les dossiers.
Profitons de l’occasion qui nous est gaiement offerte par
une actualité débile pour mettre les pieds dans le plat.
Tout d’abord, les jours de carence (les premiers jours des
arrêts maladie au cours desquels la sécu ne prend par en compte le versement du
salaire) ne sont pas visibles pour plus des deux tiers des salariés car les
entreprises continuent à verser la totalité des salaires. Allonger le nombre de
jours de carence aurait donc un impact assez lourd pour les entreprises même s’il
soulagerait nos comptes publics. Gageons que le patronat n’y est pas vraiment favorable.
Par ailleurs, ce sont essentiellement les grosses boites qui
seraient concernées. Un accroissement des jours de carence augmenterait donc
les inégalités entre les salariés selon la taille des entreprises (déjà que les
salariés des petites sont assez lésés vu qu’ils n’ont pas vraiment de
protection par les syndicats ou les représentants du personnel et n’ont pas de
RTT sur lesquels ils pourraient puiser en cas de maladie). C’est effectivement
inacceptable (ce que dit d’ailleurs la CGT dont je parlais en introduction).
Venons-en aux fonctionnaires ! Tout d’abord, je ne suis
pas persuadé qu’il y ait un abus spécifique pour ces braves gens. J’ai toujours
travaillé dans des entreprises qui payaient le salaire « en cas de carence »
mais, en plus, depuis vingt ans, je travaille dans une grosse entreprise issue
du secteur public. Il n’y a plus de fonctionnaires recrutés mais, au début, une
bonne partie des collègues l’étaient. Je n’ai jamais constaté de différence
particulière entre les fonctionnaires et les « salariés de droits privés ».
Les gens ont tendance à ne pas aimer les fonctionnaires et
font la gueule quand ils ne peuvent pas être reçus quand il y a des congés
maladies mais ils iraient dans des agences de leurs banquiers ou de leurs
assureurs, ils auraient sans doute les mêmes désappointements… En outre, ils
fréquenteraient les services centraux des grandes entreprises privées, ils
seraient assez surpris par le nombre de glandeurs ou l’inefficacité de certains
processus… Ils n’ont qu’à mettre leurs gamins dans le privé pour vérifier le présentéisme
des instits.
Mettre des jours de carence à la charge des fonctionnaires
serait créer une inégalité entre les salariés des grandes entreprises et ceux
de la fonction publique se qui serait également inacceptable.
En complément, il faut revenir au fond : on veut
traiter le coût des petits arrêts de travail mais ce sont les longs qui coûtent
cher. Permettre aux salariés de s’arrêter quelques jours pour traiter des « bobos »
(et éviter la contagion au bureau) permet de diminuer la probabilité qu’ils
arrivent à des maladies plus graves qui pousseraient à des arrêts plus longs et
donc à un coût supérieur pour les finances publiques. Ce n’est pas moi qui le dis
mais des spécialistes (ce que je ne suis pas mais Google pourra vous apporter
plusieurs confirmations).
Nos idéologues de droite confondent ainsi que le coût des
arrêts maladies et les jours de carence car c’est plus simple à traiter (et à
foutre dans le crâne des gens)…
Je n’ai pas de solution. Peut-être faut-il carrément
supprimer les jours de carence pour tous et augmenter le nombre de contrôles
par la médecine du travail (à charge des employeurs) ? Je ne sais pas…
Et il y a les problèmes connexes comme les arrêts de travail
causés par des règles douloureuses. Changer la législation ferait sans doute
plaisir à quelques militantes féministes mais cela augmenterait les couts pour
la sécu, pour les employeurs et, en fin de compte, les inégalités « hommes
femmes » (pourquoi un employeur irait-il embaucher une femme aux mêmes
conditions qu’un homme s’il perd deux jours par mois ?). Encore une fois,
je n’ai pas de solution et pas spécialement d’idées préconçues.
Enfin, comme beaucoup de gens, je transpose mon cas
personnel sur le cas général. J’ai été beaucoup malade en quatre ans (avec plus
de quatre mois d’hospitalisation et, de mémoire, deux mois d’arrêt maladie pour
remettre après des opérations). J’ai donc coûté cher à la sécu et ma boite (elle
ne paie pas seulement les jours de carence mais aussi les compléments de
salaire entre le montant versé par la sécu et le salaire). J’ai par ailleurs eu
plusieurs séances à l’hôpital pour des examens pour une journée ou pour une
demi-journée. Cela m’a couté pas mal de jours de RTT ou de congés. Parfois, l’hôpital
m’a fait une attestation d’hospitalisation pour une journée et j’ai pu déclarer
mon absence comme une maladie mais ce n’est pas satisfaisant !
Il faudrait ainsi
peut-être ajouter les autres coûts pour les salariés (perte d’une journée de
salaire) avant de les traiter tous comme des grosses fainéasses et supprimer
unilatéralement des jours de salaires.
"Mettre des jours de carence à la charge des fonctionnaires serait créer une inégalité..." C'est déjà le cas. Et comme vous le dîtes, c'est de l'idéologie. Cela crée des injustices, et des mécontentements de tous les côtés. Pas de quoi apaiser une société déjà très divisée.
RépondreSupprimerEx : dans l'Education Nationale, l'absentéisme est plus faible que dans le secteur privé. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Et pourtant il y a un jour de carence (à la charge du fonctionnaire), alors que 3 ont été envisagés. De plus pas de médecine du travail.
Ex perso : cette année, j'ai eu un arrêt de travail du lundi soir au dimanche soir (lié à l'exercice de mon métier) une semaine avec jeudi férié et pont. Je n'ai manqué que le mardi et le mercredi, mais j'ai eu une journée de carence + jour férié et we payés à 90%. Voilà où mène l'idéologie.
Marc
Oui c’est une injustice.
SupprimerJe dois avouer que je ne connais les jours de carence des fonctionnaires.
Je ne sais pas pourquoi il peut y avoir moins de jours d’arrêt dans l’EN. Mais peu importe. Et je vais dire une vacherie : je n’ai pas eu de congés depuis Noël. Je suis épuisé. Si je venais voir un toubib pour un gros rhume, il me mettrait en arrêt. Aucune attaque contre les profs dans mon propos (mes darons l’étaient et je sais dans quel état je pouvais les voir après cinq semaines de classe sans arrêt).
Je n'ai pas trop écrit sur le plan Bayrou mais je le trouve d'une paresse intellectuelle.
RépondreSupprimerPeut être que pour enrayer l'absenteisme et rendre le travail plus productif, peut être faudrait il penser aussi au salarié en tant que personne humain. Revoir des modes de management délirant, d'un autre temps.
Il y a épuisement professionnel, donc pour le combattre on combat ceux qui essaient de le soigner (les médecins) sans prendre le modèle à la source. C'est incroyable...
Non, la plan Bayrou est d'une paresse...
Le plan Bayrou est nul mais le pauvre gars n'y peut rien du management débile...
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