03 septembre 2013

Syrie, vote, Constitution et droitosphère

Le débat sur le vote à propos de l’intervention en Syrie se poursuit dans les blogs. Lors de mon billet de ce matin, je n’avais pas vu celui de Pierre Parrillo. Je dois avouer mon agacement car j’aimerais bien avoir la position des blogueurs de droite relatives à cette intervention. Ni celles de personnalités politiques de l’UMP… Ils sont bons pour exiger un vote, l’art de déporter le débat sur une bêtise et d’oublier le fond.

Malheureusement pour moi, j’ai trouvée une personnalité à peu près sensée à l’UMP en la personne de Jean-François Copé…

La machine à distribuer de baffes ne devrait pas tarder à se lancer…

L’article 35 de la Constitution est formulé ainsi : « Le Gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l'étranger, au plus tard trois jours après le début de l'intervention. Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n'est suivi d'aucun vote. »

La Constitution prévoit ainsi explicitement qu’il n’y aura pas de vote.

Les blogueurs de droite peuvent ronchonner. Le titre de billet de Pierre Parrillo est formulé ainsi : « Syrie: la gauche antirépublicaine refuse aux Parlementaires le droit à un vote démocratique. » Outre le fait que j’aime beaucoup cette notion de vote qui ne serait pas démocratique, il convient de rappeler que la Constitution avait été modifiée lors du quinquennat précédent, par la loi constitutionnelle 2008-724 du 23 juillet 2008.

Son article 13 prévoit la phrase ci-dessus que je rappelle : « Le Gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l'étranger, au plus tard trois jours après le début de l'intervention. Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n'est suivi d'aucun vote. »

Lors de l’examen de ce texte, les députés socialistes avaient déposé un amendement, de numéro 293 : « ARTICLE 13 - Rédiger ainsi la dernière phrase de l’alinéa 2 de cet article : « Cette information donne lieu à un débat qui peut être suivi d'un vote dans les conditions fixées par le règlement intérieur des assemblées. » »

Cet amendement a été rejeté.

La droite – l’UMP, quoi ! – a refusé explicitement qu’un vote puisse être organisé à l’occasion d’une intervention des forces armées à l’étranger.

Il faut arrêter de nous prendre pour des cons.

Je ne sais pas si les blogowars doivent être votées par le Parlement. Je vais néanmoins profiter de mon passage à l’écran pour étudier le billet de Pierre Parrillo, paragraphe par paragraphe. C’est pour son bien, hein ! Mes confrères Elie Arié et Sarkofrance ont fait des billets sur la différence entre l’antirkozysme et l’antihollandisme. Prenez cela pour une illustration.

« Etrange comportement de ce Gouvernement qui de toute évidence refuse à son peuple, au moins sur la question de la Syrie, tout débat démocratique en ce sens, à l’heure ou pas moins de deux français sur trois sont opposés à une intervention française dans ce conflit. » Pour qu’un débat soit démocratique, il faut qu’il soit suivi d’un vote. C’est l’UMP qui a empêché les votes, pas le gouvernement actuel. En outre, ce paragraphe est totalement inutile : le débat est d’ores et déjà organisé et prévu. Il se tiendra demain. Conformément à la Constitution.

« Etrange également cette gauche morale donneuse de leçons et profondément antimilitariste qui à priori semble être le premier Gouvernement français à engager notre pays dans autant de conflits simultanément. » Pourquoi ? La France n’était pas engagée en Afghanistan quand Nicolas Sarkozy a engagé une action en Lybie ? Action par ailleurs soutenue par la gauche car nous avons d’autres chats à fouetter…

« Et encore une fois, étrange cette gauche qui n’a pour seule issue lorsqu’elle est confrontée à un avis contraire au sien, que de diaboliser systématiquement son adversaire, en profitant au passage pour banaliser puis galvauder tous ces mots pourtant lourds de sens, qui définissent avec précisions les pires horreurs de l’histoire. » Qu’est-ce que ça veut dire ? Les pires horreurs de l’histoire (relatives à cette histoire de Syrie, hein !) ont été diffusée par les sites gouvernementaux hier, avec la description de ce qu’il se passe en Syrie. Pour le reste, je ne sais pas qui diabolise qui ! C’est la droite qui reproche à la gauche de ne pas organiser un vote qui n’est pas prévu par la Constitution puisque la droite n’en voulait pas.

C’est quand même fort.

« Etrange toujours cette gauche qui refuse le débat Parlementaire et le vote on ne peut plus démocratique dans ses Assemblées sur un point pourtant crucial pour notre pays et sur lequel la majorité elle-même est divisé. » Dois-je me répéter ?

Je comprends mieux la position de Jean-François Copé : il a compris que tout le monde à droite ne faisait que raconter des conneries.

« Etrange gauche qui bien souvent se sent obligée de prouver, en le clamant haut et fort, qu’elle est Républicaine. Pourtant, et l’histoire l’a toujours prouvé, ceux qui se sentent le plus le besoin de prouver aux autres ce qu’ils sont, le font bien souvent pour pas que l’on se rende compte qu’ils sont en réalité l’exact inverse de ce qu’ils prétendent être. » C’est celui qui le dit qui l’est nananère mais est-ce quelqu’un aurait un traducteur ? Le coup de l’exact inverse est fort, quand même ! C’est la droite qui a interdit le vote en question.

« Etrange, encore et pour finir, cette gauche qui autrefois réclamait à la majorité de droite un vote Parlementaire sur la question d’un engagement français dans un conflit armée en Irak et qui quelques années plus tard, à situation pourtant similaire, réfute toute idée d’une consultation des Parlementaires. » Quel engagement en Irak ? Faudrait quand même éviter de raconter des grosses conneries : lors de la première guerre d’Irak, dite guerre du Golfe, c’est la gauche qui était au pouvoir. Lors de la deuxième, la droite a, à très juste titre, refusé d’intervenir. La question d’un vote ne se posait pas.

« Simplement une gauche fidèle à elle-même, toujours prompt à dénoncer tout et n’importe quoi pour entretenir l’illusion qu’elle défend une certaine ligne politique, tout en profitant au passage pour donner des leçons à la Terre entière, qu’elle se gardera bien de s’imposer à elle-même. » Il ferait mieux de se relire ! Quelles leçons ? Quelle ligne politique ? Celle de l’UMP qui a refusé une modification de la Constitution pour rendre la Consultation du Parlement possible ?

N'allez pas croire que je sois de mauvaise humeur. Je regrette simplement un état catastrophique de la blogosphère du droite qui nous empêche de faire des belles blogowars bien argumentées. Je regrette aussi que certains tiennent des blogs politiques et exposent des avis sans même faire marcher ce qu'ils ont entre les oreilles.

Dans l'attente, j'attends les positions politiques des blogueurs de droite quant à ce dossier.

16 commentaires:

  1. Ma position :

    http://newskandal.wordpress.com/2013/08/29/tout-et-son-contraire/

    http://newskandal.wordpress.com/2013/09/03/malbrough-sen-va-en-guerre/

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  2. Donc je n'ai pas le droit à la parole dans ce billet

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  3. François Hollande avait présenté un amendement lors de la révision constitutionnelle pour que le vote soit possible, c'est donc qu'il estimait que ce vote avait une importance.

    Il a moins d'importance maintenant ?

    Si le président est cohérent avec lui même, il demandera un vote (comme il l'eut fait) ou n'importe quoi qui ressemblerait à cela juste pour être en ligne, en phase, en cohérence avec ce qu'il demanda il y a quelques années...

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    1. Ce vote est interdit par la Cobstitution. Il y aura un débat qui permettra de recueillir l'avis de chaque groupe.

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    2. L'art, par Skandal, de déformer les choses

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    3. Je ne déforme rien. Il fut pour instaurer un vote dans la constitution (que ces cons de l'UMP n'ont pas voulu) et là lui et son camp semble nous expliquer que c'est pas une bonne idée...

      Je trouve qu'il y a un manque de cohérence.

      Que ce vote ne soit pas possible pour l'instant est une chose, mais c'est, je crois, justement le moment pour en parler.

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    4. Il n'a jamais dit que ce n'était pas une bonne idée mais que ce n'était pas prévu par la constitution, c'est différent il me semble

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  4. En tous cas, la vie serait plus simple si on mettait le "y" de "Syrie" et de Libye" au même endroit.

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    1. Ah oui tiens ! J'ai fauté. Font chier les arabes... ;-)

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  5. D'après ce que je lis dans les journaux aujourd'hui, à part quelques postures politiques de la "droite conne" dont on aura toujours le spectacle de quelques exemplaires en pleine gesticulation, et qui n'ont rien à envier à la "gauche conne" qui gesticule elle aussi sur d'autres sujets de façon tout aussi ridicule en d'autres temps, l'ensemble des gens censés ont bien admis, à droite comme à gauche que le vote n'était pas constitutionnel, même si certains ténors ont indiqué qu'ils aimeraient que celui-ci ait lieu.
    Je trouve pour ma part dommage que la constitution ne l prévoit pas et même l'exclu totalement. Après il est vrai que pour être respecté il faut commencer par respecter la loi, ce qui ne m'empêche pas de penser que ce serait une erreur que de rentrer en guerre contre la Syrie.

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  6. Bon, moi je pense que tout ça a assez duré, Al-Assad commence à faire chier.

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    1. Tout le monde est d'accord. Mais maintenant on est obligés d'attendre sa prochaine connerie pour lui filer une baffe.

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  7. Mon avis argumenté en vidéo sur la situation en Syrie :

    http://judicael.fr/politique/je-suis-contre-la-guerre-en-syrie-jc-parle-n2/

    /discuss

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  8. Excellent billet
    Les preuves perso je crois en leur véracité. Mais je n'ai pas vraiment d'avis s'il faut intervenir ou non, car le but est assez flou, et nous avons Israël, l'Iran ou la Turquie à côté.
    Concernant les armes chimiques, elles ont été interdites depuis 1925 avec le protocole de Genève.
    Mais jusqu'à 4,8 millions de Vietnamiens ont été touchés au Vietnam par l'agent orange de Monsanto.
    Après les États-Unis donnent des leçons ? C'est toujours mieux que la démocratie russe, mais bon...
    Donc massacrez-vous avec ce que vous voulez, mais pas des armes chimiques !
    Des missiles au plutoniun ça existe et ça pas de problème légal de les utiliser.
    Après faire une compétition dans l'horreur comme ce qui se passe sous nos yeux...
    La vraie question, plus que celle des armes chimiques, est que des civils innocents ont été pris pour cible, et ça c'est immonde. Les grandes puissances se sont neutralisées dans leur stratégie d'échecs, et là nous avons un des deux mauvais choix à faire. Espérons en l'ouverture qu'on faite les Russes aujourd'hui d'intervenir conjointement pour arrêter le massacre...
    En tout cas un truc qui sonne faux pour l'opinion publique est que le choix d'intervenir a été pris avant le retour des inspecteurs de l'ONU. Devant la fatalité de la guerre, il ne reste plus que l’utopie.

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