Les sondages se suivent et se ressemblent : on ne peut
pas dire que les cotes de popularité de François Hollande et Jean-Marc Ayrault,
même si dans la dernière enquête IFOP, le président reprend un point (voir le pdf ici).
Selon sa sensibilité politique, chacun trouvera des explications à ces mauvais
chiffres.
Je vais uniquement faire un commentaire. Je lisais dans la
presse ce matin que la chute de la popularité de François Hollande était la
plus forte de l’histoire de la Cinquième mais ce n’est pas totalement exact. Dans
la même période, selon TNS,
Jacques Chirac avait perdu 8 points de plus en 1995.
Ce qui n’est pas une consolation.
Selon TNS, la cote de confiance de Jacques Chirac était de
37% en novembre 1995 alors que celle de François Hollande, 17 ans après, est de
36%, soit quasiment la même chose. Nicolas Sarkozy a mis quatre mois à être
aussi impopulaire. Au cours de son mandat, Nicolas Sarkozy n’a pas souvent
dépassé 40%. L’étude de la popularité de Jacques Chirac au cours de son premier
septennat n’a pas beaucoup d’intérêt à cause de la cohabitation, mais au cours
de son second septennat, il a mis près de deux ans à descendre au dessous de
40%.
Je ne sais pas si on peut comparer avec les années
précédentes. Toujours est-il que François Mitterrand, lors de son premier
septennat, avait mis trois ans à descendre vers 40% (et presque 5 ans pour le
deuxième). Valéry Giscard d’Estaing, quant à lui, semble avoir toujours eu une
relativement bonne cote de confiance… ce qui ne lui a pas servi à grand-chose,
à la fin de son mandat…
Ceux qui sont aussi vieux que moi se rappelleront les grands
événements qui ont accompagné ces phases de chute de popularité. C’est
notamment le cas de Jacques Chirac qui m’intéresse, lors de son premier mandat,
parce que sa chute est supérieure à celle de François Hollande (mais il partait
de plus haut !). Rappelez-vous de l’histoire des Jupettes. Ou utilisez Wikipedia : à cette
époque, il « met l'accent sur la lutte contre
le déficit budgétaire et la dette de l'État afin de respecter le pacte de
stabilité de l'Union européenne et d'assurer l'arrivée de l'Euro. Pour ce
faire, le mouvement des privatisations […] se poursuit. […]Dès juillet 1995,
une de ses toutes premières décisions est d'effectuer une ultime campagne
d'essais nucléaires. […] » C’est surtout la page Wikipedia
d’Alain Juppé qui est intéressante pour se rappeler des actions politiques
de l’époque… qui avait débouché sur un remaniement d’un Gouvernement qui était
jugé bien peu sérieux.
Le deuxième point qui m’intéresse est l’impact d’Internet sur
cette popularité. Prenez l’exemple de l’interview de Jean-Marc Ayrault dans le
Parisien, récemment, et de sa sortie à propos des « 39 heures », le
tabou… L’encre de cet honorable canard n’était pas sèche que Twitter chauffait avec
des gens de gauche qui criaient au scandale. A l’époque du début du mandat de
Nicolas Sarkozy, si son Premier Ministre avait fait une telle sortie, les blogs
de gauche auraient rigolé, les blogs de droite auraient siffloté discrètement
en l’air.
D’ailleurs, François Fillon avait fait une « belle
bourde » en déclarant qu’il était à la tête d’un état en faillite. L’affaire
a surtout fait parler d’elle parce qu’il s’était fait engueulé par l’Elysée et
qu’il avait été obligé de faire du rétropédalage par la suite. Quel rôle a joué
Internet dans ce pataquès ?
En 1995, Internet n’existait quasiment pas et les réseaux
sociaux étaient encore dans les testicules de leurs géniteurs.
On en tirera les conclusions qu’on voudra. De toute manière,
toi, cher lecteur, si j’écris un truc, tu remettras en cause mon objectivité
sans te demander si ce n’est pas toi, par hasard, qui manquerait un peu d’objectivité…
Je vais me contenter de faire deux remarques.
La première : dans l’absolu, François Hollande n’a pas
à se préoccuper de sa cote de popularité mais… il est impossible de faire des
réformes sans popularité.
La deuxième : ça fait trente ans (28 ?) que le
président de la République a très souvent une popularité dérisoire. C’est
lamentable. Ca fait 30 ans que les Français n’ont plus confiance dans leurs
dirigeants.
François Hollande est, à ce titre, un président tout à fait normal…
C’est un autre point de l’étude de l’Ifop que je cite en
introduction qui a retenu mon attention (ou, plutôt, celle de mon confrère
Melclalex qui me l’a signalé ! D’ailleurs, n’oubliez pas de lire son
billet du jour avec l’étude des impacts des
évolutions de la fiscalité en fonction du niveau des revenus).
A la question : « Selon
vous, l’opposition ferait-elle mieux que le gouvernement actuel si elle était
au pouvoir ? » 58% des sondés répondent par la négative et ce taux
est en baisse. (voir l'illustration)
C’est avec beaucoup d’émotion que je vois les cadors de l’UMP
faire de la communication dans tous les sens, aujourd’hui, alors qu’il est
absolument évident que c’est contreproductif…