Je suis toujours surpris sur les erreurs d’analyse faites
par les cadres de la gauche radicale. Je reparlerai peut-être de la nouvelle
tribune de Marine Tondelier (ça fait deux dans la semaine je qualifiais déjà la
première de « Tribune de trop). Cette fois, c’est une vidéo TikTok de
Clémence Guetté. C’est une députée que je ne connais pas trop mais qui parait
bien moins frapadingue que les autres guignols et qui a, en plus, des
caractéristiques physiques assez sympathiques qui changent beaucoup de notre
paysage habituel.
Précisément, elle évoque les traumatismes liés au referendum
de 2005 (et surtout au fait que le texte soit imposé par la suite) et ceux liés
au quinquennat de François Hollande. Je veux bien débattre d’à peu près tout
mais, à un moment, il faut revenir sur terre.
A propos de 2005, ce n’est pas ce texte qui imposait le
libéralisme mais les précédents. Ne refaisons pas l’histoire. Mitterrand nous
a collé Maastricht mais si on critique Mitterrand, maintenant, ça fait tache à
gauche. Les socialistes ont largement voté pour le traité en interne : il
était donc logique qu’ils le soutiennent. Ceux qui n’ont pas respecté le vote
du parti et qui sont par ailleurs maintenant chef d’un autre parti ne devraient
pas faire les malins. Ensuite, le « peuple de gauche » a
majoritairement voté « non » au referendum mais ce ne sont pas les
sociaux démocratiques qui l’ont fait repasser par la petite porte.
Ne refaisons pas l’histoire.
En 2012, ce n’est pas le « mon adversaire est le monde
de la finance » qui a fait l’élection de François Hollande mais le rejet
de Nicolas Sarkozy. Au moment où il a gagné la primaire, Hollande avec 20
points d’avance au second sur son adversaire mais il a fini avec trois ou
quatre… On peut légitimement se demander si ce ne sont pas les conneries de l’aile
gauche de sa majorité qui expliquent cette baisse. On va rappeler par exemple l’accord
avec les écolos qui ont gagné une promesse de la sortie du nucléaire (mais qui
ont tout de même présenter un candidat face à Hollande toute en bénéficiants de
circonscriptions gagnables) ou le projet d’imposition à 75% des hauts revenus.
Par ailleurs, la bérézina de 2017 pour la social-démocratie a
poussé les électeurs de gauche à voter moins à gauche. Il faut peut-être se
poser les bonnes questions et arrêter de dire que les électeurs ont voté moins
à gauche parce que la politique n’était pas assez à gauche. En outre, n’oublions
pas, tout de même, que c’est surtout le bordel sous les gouvernements Hollande
qui a montré aux électeurs que nous étions incapables de diriger et que c’est
aussi pour cela que des personnalités de gauche sont partis vers « chez
Macron ».
Je ne veux pas refaire les débats, je veux simplement qu’on
arrête de dire des conneries. Par exemple, Mme Guetté dit que c’est parce que Hollande
a fait la déchéance de la nationalité que les électeurs sont partis. Hollande n’a
pas fait la déchéance de la nationalité. Ne refaisons pas l’histoire, disais-je,
déjà deux fois. Il a proposé la déchéance de nationalité (pour les lascars qui
avaient aussi une autre nationalité et qui faisaient des attentats en France,
ne me dites pas qu’on doive impérativement les tolérer sur le sol…) à un moment
(après des attentats) où il cherchait à faire un consensus national ce qui a
fonctionné jusqu’au moment où la gauche a commencé à taper dessus.
Quant au reste, les mesures liées à la loi travail, au CICE,
au pacte machin, il faudrait voir à ne pas oublier un détail : c’est
depuis qu’elles ont été prises que le chômage a baissé presque continuellement
et que si elles ont mauvaise presse, c’est surtout à cause de l’opposition de
gauche et pas du tout parce qu’elles ont heurté « le peuple de gauche ».
Je ne veux pas refaire le match ou relancer un débat, je dis
simplement qu’en omettant des faits pour faire une analyse, on court fatalement
dans le mur… Au fond, la gauche n’a gagné, en France, dans l’histoire récente, que
si le centre gauche état rassemblé et il ne l’est pas (ce qui n’est évidemment
pas le problème de Mme Guetté).
Jean-Luc Mélenchon fait du grand en art quand il s’agit de
se mentir à lui-même (ou, du moins, de mentir aux militants). J’ai encore vu
une publication de lui récente, ou il rediffusait une publication d’un quidam à
sa gloire et qui disait que, lors de la précédente présidentielle, il n’était pas
présent au second tour car Fabien Roussel a recueilli une partie des voix qui
auraient dû lui aller. Or c’est totalement faux ! Si Roussel n’avait pas
été candidat, je n’aurais pas voté pour Mélenchon. Peut-être, d’ailleurs,
aurais-je choisi Macron pour éviter un second tour Mélenchon Le Pen où cette
dernière aurait pu gagner.
Que les hommes politiques mentent, c’est une chose, mais qu’ils
le font à eux-mêmes, ou font semblant, est assez pénible. En l’occurrence,
Méluche devrait se demander ce qui fait que je ne vote pas pour lui.
La deuxième étape, même si c’est trop demander, serait
répondre à mes attentes…
Alors, j’en viens à la tribune de Marine Tondelier, plutôt
pour rigoler parce que je n’arrive pas à compter ses tribunes. C’est dans La
Tribune, ça tombe bien. Elle s’adresse aux électeurs en vue d’avoir encore
et toujours une union. Dès la première phrase, elle ment. Elle sous-entend que,
par mon bulletin de vote, j’ai choisi d’éliminer le RN aux dernières législatives.
C’est totalement faux.
Ensuite, elle appelle à l’unité de la gauche. C’est une
hérésie : jamais la gauche n’a gagné en pratiquant l’unité. Je vous passe
le nombre de clichés qu’elle balance par la suite mais elle a construit une analyse
qui la pousse une démonstration sur la base de choses erronées.
Elle n’a même pas vu que le Front Républicain qui a empêché
la victoire du RN à l’été 2024 ne vient pas que des électeurs qui aspirent au
même monde qu’elle. Et oublié que Mitterrand a gagné en 1981 avec un PC à 15%
et après avoir rejeté l’union (sous la forme du « programme commun »)
plusieurs années avant.
Ces braves gens ne pourraient-ils pas s’asseoir et réfléchir !
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