Je ne parle que très rarement de ce que l’on appelle la
droite républicaine ou la droite de gouvernement, dans ce blog. Il va d’ailleurs
falloir qu’on oublie ses appellations tant il est possible que nos prochains
gouvernants viennent de l’extrême droite. Je vais faire exception aujourd’hui,
avec le duel pour la tête du parti, LR, mais plutôt pour faire un parallèle avec
la gauche.
Si je n’en parle que peu, c’est pour deux raisons. La
première est que cela ne sert à rien. Cela n’intéresse qu’une très faible
partie de mes lecteurs. Je ne parle même pas d’impact : celui des blogs
personnels est nul… Sauf que mes billets font plaisir à ceux qui partagent à
peu près mes positions. Je ne suis absolument pas en mesure de faire changer un
vote (ce qui explique sans doute la disparition des blogs politiques). On
pourra alors se demander pourquoi je continue à bloguer mais, même moi, je ne
sais pas. Toujours est-il que j’aime bien montrer ma compréhension de la vie
politique (comme mon ami Politeeks, bien moins prolixe que moi, mais qui tente
d’expliquer le discours de Mathilde Panot, dans son dernier billet).
La deuxième est qu’il est très difficile pour quelqu’un de
gauche de se mettre à la place d’un électeur de droite. A l’époque de la
présidentielle 2007 (la dernière à avoir été gagnée par la droite
républicaine), on dépensait beaucoup d’énergie à taper sur l’argumentation de
Nicolas Sarkozy et son projet politique, le fameux « travailler plus pour
gagner plus ». Il disait au peuple : si vous vous sortez les doigts
du cul et que vous bossez plus, on va vous aider à vous en sortir. On va vous permettre
de faire des heures supplémentaires sans vous bombarder de charge, on va vous
aider à acheter une résidence, on ne taxera plus le pognon que vous laisserez
en héritage à vos enfants et vos familles iront mieux. On savait que chaque
point était un mensonge et allait aboutir à une catastrophe. Au fond, on n’a
pas eu tort : l’économie s’est effondrée avec la crise des subprimes,
Nicolas Sarkozy a été grillé et a perdu l’élection suivante. Il n’empêche que
nos jacassements ne servaient à rien. Nous bloguions entre nous. Nous essayions
de faire du buzz mais ce dernier n’arrivait pas de la bonne façon aux oreilles
des électeurs.
Pour la primaire UMP en vue de la présidentielle de 2017,
nous avions tous livrés une analyse et nous disions que Juppé ferait un bien
meilleur candidat de Fillon. Evidemment que nous avions raison (Fillon a perdu
l’élection présidentielle) mais, au fond, on souhaitait la victoire de Juppé à
la primaire pour éviter le risque de l’accession de Fillon à la Présidence.
Voila : on peut se faire plaisir, maintenant, en se disant que nous avions
raison mais aucun de nos arguments n’a été utile…
Aujourd’hui, nous avons deux lascars qui briguent la tête de
LR. Deux principaux candidats sont en lice. Appelons les Nono et Lolo. Lolo a
toujours semblé faire partie d’une droite dure. Aussi, nous pensions que Nono
était plus d’une droite sociale et, au fond, nous ne le détestions pas (en
plus, il a soutenu, comme moi, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il m’était
donc sympathique). Mais au bout de quelques mois au gouvernement, nous nous
rendons compte qu’il est autant de la droite dure que Lolo.
Nono est obsédé par l’immigration mais le créneau est déjà
pris par le RN. On se demande donc s’il ne ferait pas mieux de se branler une
autre nouille d’autant qu’il nous met mal avec l’Algérie, un « pays frère »
(ou petit-neveu, n’abusons pas). Lolo est obsédé par l’assistanat. Il peut dire
ce qu’il veut et cela motive peut-être une partie de la droite de voir que « nos
impôts partent en fumée pour aider une bande de fainéasse ». A gauche,
nous aurions des arguments pour le contrer mais ils ne seraient pas écoutés. Il
ne se rend même compte que ce n’est pas porteur. Sorti d’un cercle de vieux
sympathisants, personne ne va rêver d’une société où l’on n’aide plus « les
crevards ». C’est du Sarkozy inversé. Sarko promettait que les gens arriveraient
à s’en sortir, Lolo promet que les gens qui ne s’en sortent pas finiront par
crever.
LR a fait une erreur : ils présentent l’élection pour
la présidence du part comme une espère de primaire pour déterminer qui sera le
candidat en 2027. Ils se trompent d’objectif : ils devraient choisir un
président de parti qui permettra à ce dernier de peser lors de la prochaine
élection. Il faut dépasser le stade de vouloir absolument avoir un candidat qui
finira dans un obscur couloir, encadré par une extrême-droite très forte et un
centre-droit lui-même assez fort (au fond, si l’on suit les sondages actuels,
le second tour devrait opposer Bardella et Philippe). Et LR semble exclure d'avoir comme candidat quelqu'un extérieur au parti, comme Xavier Bertrand...
Au moins le PS (le parti avec lequel LR a joué à l’alternance
pendant tant d’années), ils ont dépassé le stade d’espérer avoir un candidat à
son nom et en évoque déjà un qui pourrait faire la synthèse d’une gauche non LFI…
Le parallèle entre LR et le PS est facile à établir. En
2017, les cadres modérés de leurs mouvements, exaspérés par un durcissement des
plus « extrémistes » de leurs confrères, se sont tournés vers un nouveau
parti, celui dont le chef allait gagner la présidentielle. En 2022, les deux
partis se sont retrouvés dans le coma. En 2024, pour les législatives
anticipées, ils ont un peu redressé la tête. Le PS a repris une importance au
sein de l’opposition de gauche mais s’est enfermé dans une alliance abominable.
LR, un peu par le hasard des négociations, s’est retrouvé à la tête du
gouvernement, même s’ils n’avaient aucune majorité pour cela. LR a perdu cette
tête, ensuite, après le vote de la motion de censure, mais continue à
participer à un gouvernement dirigé par un allié historique du grand parti de
droite.
Je pense que ça a été une bonne stratégie vu que leurs idées
ont pu peser fortement sur le gouvernement mais il serait de la folie de
vouloir s’entêter à espérer gagner la présidentielle. En outre, ils ont eu la
sagesse de refuser l’alliance avec l’extrême-droite qui était pourtant proposée
par leur chef d’alors, qui a fini par quitter le parti.
La suite logique serait de permettre la réconciliation de la
droite Républicaine avec les centristes (majoritairement à droite) avec qui ils
gouvernent. Je présentais un sondage (pdf)
avec en illustration les scores « prévus » pour la présidentielle. Au
fond, si l’on additionne les scores de Philippe et de Retailleau, ils font jeu égal
avec le RN. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : les scores ne s’ajoutent
pas, je le rappelle assez souvent quand on parle de la gauche. Ce graphique
montre simplement qu’une union de la droite et du centre la pousserait
largement seconde au premier tour (et pas quelques centaines de milliers de
voix près, comme pour Mélenchon…).
Je ne vais pas nier que ce cas de figure m’arrangerait :
il serait la meilleure solution pour éviter la victoire de l’extrême-droite. En
revanche, la solution « parallèle », à gauche, me semblerait
préférable, à savoir une alliance de la gauche non LFI avec les macronistes de
gauche, représentés par Attal. Je suis un doux rêveur mais, dans les deux cas,
on arriverait à une espèce de retour au bercail des éléments perdus dans le
centre. Sauf que le bercail aurait changé : il ne s’agit plus du PS et de
LR mais de deux conglomérats, l’un à gauche et l’autre à droite mais tous les
deux relativement modérés. L’enjeu devient donc de favoriser ce conglomérat. Le
PS l’a bien compris (même si j’attends encore le résultat du congrès) alors que
LR continue à se battre pour un candidat qui, de toute manière, aura un score
ridicule (comme en 2022).
Le PS et le LR doivent se réconcilier avec ceux qu’ils
prennent pour des traitres. Le travail est plus difficile pour le PS : LR
et les centristes sont déjà dans le même conglomérat qui forme un gouvernement
(même sans majorité parlementaire) et le PS doit s’allier avec d’autres
formations de gauche pour exister.
Le PS aura du mal à expliquer à ces dernières et à son aile
gauche qu’il faudra par exemple voter à une primaire où Glucksmann et Attal s’affronteront
et qu’il faudra les soutenir par la suite…
Toujours est-il que LR comme le PS ne reviendront au centre
du jeu que s’ils arrivent à faire l’impasse sur 2027, dans des conditions qui
leur permettent de peser.
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