Récemment François Ruffin a beaucoup parlé de son souhait de
voir organiser une primaire pour désigner le principal candidat de la gauche
pour l’élection présidentielle de 2027. Il a dit vouloir y participer et est à
peu près sûr de gagner. Je partage son avis et je vais adhérer à sa démarche
avec deux ou trois réserves que je vais exprimer par la suite.
En effet, il me semble être le plus capable de rassembler
les militants de gauche de la social-démocratie à la gauche radicale. Je parle
bien des militants, c’est-à-dire de gens « comme vous et moi »
qui, à défaut de se battre au sein d’une formation politique, sont passionnés
par la politique nationale au point d’y consacrer une partie de nos loisirs. Je
ne sais pas si « le peuple de gauche » est dans le même état
d’esprit.
Je vais donc adhérer à son projet, non pas par conviction
d’autant que je ne sais ce qu’il va présenter mais par adhésion à la nécessité
de faire un consensus (chacun ne peut évidemment pas exiger que le candidat
reprenne toutes ses propositions et ses avis). Je donnerai évidemment mon avis
au moins jusqu’à la primaire, tout de même. Je me donne bien évidemment le
droit de rejeter le candidat s’il franchit certaines lignes jaunes mais ce ne
sont pas les réserves que j’exprimais en introduction.
J’ai tout de même de la suite dans les idées…
Mes grosses réserves
Elles tournent autour de Jean-Luc Mélenchon et de certaines
positions de LFI. Tout d’abord, si Méluche participe à la primaire, je n’y
participerai pas. En effet, je considère que participer à une primaire impose
d’en respecter le résultat et donc de soutenir le candidat qui en sera élu. Je
ne veux pas m’engager à soutenir ces zozos que je considère comme hors des
valeurs de la République et qui, en plus, seraient à près les seuls à ne pas
bénéficier d’un front républicain lors d’un second tour face à un candidat du
Rassemblement National.
Pour rappel, lors de la primaire du PS en vue de 2017,
j’avais fait plus ou moins campagne pour Benoit Hamon mais je n’avais pas
participé à un vote ayant trop de doutes, non pas sur le programme d’Hamon mais
sur la capacité de chacun des candidats à mener une campagne. Manuel Valls, par
exemple, était candidat mais n’a pas joué le jeu jusqu’au bout. C’est
exécrable. J’annonce donc aujourd’hui (comme si quelqu’un en avait quelque
chose à foutre) que je rejette une primaire avec Mélenchon mais que j’en
suivrai le résultat si ce dernier ne gagne pas…
Ma deuxième réserve est si Jean-Luc Mélenchon est candidat
au premier tour de la présidentielle, avec ou sans avoir participé à la
primaire, et que Ruffin l’emporte, je ne suivrai pas le résultat de la
primaire. En effet, deux candidats issus de la gauche radicale feraient que la
gauche se boufferaient entre eux et cela éliminerait toute chance de la gauche.
En d’autres termes, si Mélenchon, Ruffin et Attal sont candidats au premier
tour, je soutiendrai Attal (comme j’ai fini, pour des raisons sans rapport, par
voter pour Macron en 2017). Si Mélenchon ne l’est pas, je soutiendrai Ruffin,
légitimé par la primaire.
Contre Mélenchon ?
J’ai toujours été en nette opposition avec la position de
LFI sur la partie récente du conflit israélo-palestinien. Si les actions du
gouvernement Israélien sont devenus évidemment condamnables et doivent
impliquer les instances internationales, il ne fait pas oublier qu’elles
n’existeraient pas s’il n’y avait pas eu les attentats du 7 octobre, si le
Hamas ne détenait plus d’otage et j’en passe. Les actions ne seraient pas si
dramatiques si les dirigeants du Hamas ne se cachaient pas dans des hôpitaux et
des écoles. Israël serait bien moins virulent s’il savait que le Hamas n’avait
pas d’arme. Je reproche donc à LFI de manquer de distinction. Il faut quand
même voir qu’ils sont à la limite de traiter de collabos ou de fascistes ceux
qui, comme moi, osent rappeler qu’Israël a été la victime du 7 octobre…
Les positions de LFI sur les musulmans en France sont
également inadmissibles et c’est au quotidien. Mélenchon a encore fait un tweet
inadmissible, hier, à propos du conseil de défense suite à l’entrisme des
frères musulmans. Même si Retailleau (et même Attal récemment) disent des
conneries énormes, il ne faut pas oublier que des pays tels que l’Arabie, la
Jordanie, l’Egypte… ont bannis les frères musulmans. Pourquoi seule la France
serait taxée d’islamophobie ? Un peu de sérieux.
Il pratique ainsi du clientélisme, auprès d’une population
religieuse ce qui, au fond, montre qu’il n’a rien à faire à gauche, et auprès
d’une population proche de l’extrême gauche en France, toujours en opposition avec
le pouvoir établi. Pour ma part, je ne suis pas là pour jouer.
Une récente déclaration d’Alexis Corbière à propos de l’assassinat
de diplomates Israéliens me semble ignoble. J’écoute souvent les déclarations
de Mathilde Panot qui parait ne faire que de la propagande à propos d’Israël
préférant ce sujet à la cause des Français démunis me laissant entendre que
cette clique a bien quitté la gauche.
J’ai dit et redit que je voterai pour Mélenchon s’il était
opposé à Le Pen ou Bardella à un second tour mais je peux affirmer que ce n’est
plus à cause de l’idéologie qui pue du cul. Il suffit d’écouter les députés
RN : ils n’aiment pas le peuple, sont nuls en économie et j’en passe.
Fidèle à moi-même
Il y a un certain nombre de points que j’ai exprimé dans le
blog et au sujet desquels je ne peux pas transiger. Par exemple, je ne peux pas
soutenir un candidat qui promet la sortie du nucléaire tant que nous ne sommes
pas capables de produire l’électricité autrement. Je refuse par ailleurs tout
slogan gauchiste : je préfère une « juste taxation des revenus et des
biens » par rapport à « taxer les riches ».
Je ne pourrai pas soutenir un candidat qui tolère dans son
entourage des individus qui soutiennent outrageusement des idées dites woke (je
n’ai rien contre la défense de toutes les minorités mais je ne peux pas jouer avec
des clowns qui oublient celle des gens normaux et le disent en utilisant une écriture
« inclusive à points »).
Et Ruffin ?
Je peux trouver des gens qui pourraient témoigner que Ruffin
n’avait pas l’allure d’un président. On dirait un étudiant attardé qui se
retrouve dans une cérémonie sans avoir regardé le dress code. Un plouc, en
gros. Cela dit sans méchanceté mais qu’il mette une cravate, bordel !, et
en permanence s’il y a des caméras dans le coin.
Cela peut sembler idiot mais il y a des électeurs à
convaincre que le type dont le nom est écrit sur le bulletin de vote a
réellement la stature…
Sous les ponts
De l’eau passera sous les ponts et de la bière dans mon gosier
passeront avant qu’il ne soit temps de s’engager. Je viens de donner trois conditions
qui font que je ne m’engagerai pas pour Ruffin dont une contradiction avec des
sujets que je défends (mais je ne pense pas qu’il aille jusque-là) et deux en
rapport avec Mélenchon et, là, « ça craint ».
Par contre, à droite, on ne sait pas ce qui pourrait se passer.
Edouard Philippe pourrait se droitiser pour garantir une alliance avec LR s’il
remporte une bataille (d’amis…) avec Bruno Retailleau. Dans ce cas, un couloir
pourrait s’ouvrir pour le centre avec la « social-démocratie ». Je ne
sais pas derrière qui ? Glucksmann qui me parait tout de même une quiche
insipide incapable de tenir la distance ? Cazeneuve qui mène son petit
bonhomme de chemin mais se fait un peu oublier et a tout de même la réputation
d’un simple notable de province (bien habillé, tout de même) ? Attal qui
est un solide, sympathique et devra bien chercher à exister tout en gardant le
soutien de la formation politique qui a soutenu deux fois le candidat élu ? Hollande qui, au fond, sait revenir de rien et surtout gagner...
Au fond, je ne sais pas qui je vais choisir. A ce jour, François
Ruffin m’est sympathique, il n’a pas dit trop de conneries et me parait dans
cette gauche que j’appelle par mes souhaits de jour en jour. Mon avis a peu d’importance
mais je ne serais pas surpris que nous soyons très nombreux dans le même état d’esprit…
Dans l'état actuel, c'est bien lui que j'attends.
Je reste un soutien du Parti Socialiste, un peu par défaut, mais il ne pourra pas se reconstruire pour gagner la présidentielle. Qu'il fasse le job pour redevenir un parti de premier plan et maintenir son implantation locale.
"Si les actions du gouvernement Israélien sont devenus évidemment condamnables [...], il ne fait pas oublier qu’elles n’existeraient pas s’il n’y avait pas eu les attentats du 7 octobre"
RépondreSupprimerPour moi, on ne peut pas faire débuter l'histoire au 7 octobre. Ex : les exactions des colons dans les territoires occupés, soutenus pas l'armée israélienne depuis si longtemps. Et j'en passe... L'éternelle histoire de la poule et de l'oeuf.
Je pense que c'est même le problème : personne n'a le monopole de la violence, de l'injustice, etc. J'aimerais pouvoir soutenir un des deux camps sans soutenir tout ça.
Pour le reste, à part sur Attal que je ne peux pas encadrer (gros opportuniste difficile à cerner, même si c'est le cas de bien d'autres), soit je suis d'accord, soit cela donne à réfléchir.
Marc
Evidemment que la guerre n'a pas commencé le 7 octobre. Depuis que je suis tout petit, j'entends parler de ce conflit.
SupprimerJe ne souhaite pas soutenir un camp (comme toi, j'en serais incapable) mais il faudrait que toutes les parties soient objectives.