25 mai 2025

Glucksmann : stop !

 


Récemment, suite aux propos de François Ruffin (voir mes deux derniers billets), Raphaël Glucksmann s’est exprimé au sujet de la primaire à gauche en vue de la prochaine élection présidentielle. Je vais lui expliquer ma façon de penser. Ca tombe bien, j’aurais consacré un billet aux deux candidats dont on parle plus pour ce scrutin confidentiel. Peut-être alors pourrais-je revenir à autre chose ?

Extrait d’un article : « Le social-démocrate Raphaël Glucksmann […] a affirmé  […]  qu'il ne participerait pas à une primaire  […] qu'il juge "mortifère". "Je ne participerai pas à un truc d'appareils qui produit une synthèse molle, car ça ne fonctionnera pas" […]. Il se verrait bien […] être le candidat de la gauche sociale-démocrate en 2027, persuadé que la dynamique sondagière créera le vote utile autour de lui. »

Tenez ! Je vais m’adresser directement à lui.

 


Mon cher Rapha,

Si tu permets que je te tutoie et que je t’appelle tendrement par ton diminutif. Au fond, nous faisons partie de la même famille politique, ma gauche sociale-démocrate, que je préfère appeler le centre-gauche car certaines étiquettes me cassent les burnes et évoquent surtout le passé. On peut même dire « le centre-gauche un tantinet libéral », hein !

Disons-le, je suis plus proche de tes idées que de celle de François Ruffin…

A la lecture de mon blog, on ne pourra pas dire que je suis un grand fan de primaires mais j’ai concédé, cette année, qu’elles me paraissaient souhaitables dans la mesure où le PS semble incapable d’avoir un candidat qui tienne la route, à condition qu’elle ne soit pas organisée par des neuneus à la Castets ou des groupuscules de gauche qui se croient sérieux.

Par le passé, il est arrivé que le résultat de primaires fut catastrophique (et pas seulement dans notre camp) mais on ne peut pas nier que celle de 2011 a provoqué un élan qui a aboutit à une victoire, même si le candidat élu a été critiqué pour sa politique par la suite alors qu’il avait largement eu le temps d’exprimer ses opinions avant que les sympathisants votent pour lui.

 


Tout d’abord, un peu de modestie ne nuit pas. Tu n’irais pas jusqu’à prétendre que ta notoriété est importante mais n’oublie pas, tout de même, que tu as été choisi tête de liste aux européennes car ces couillons de socialos, Faure en tête, n’ont trouvé personne pour représenter le parti. Ensuite, n’oublie pas non plus que les scores aux européennes est presque toujours atypique, les électeurs votant pour des groupuscules divers tant ils sont persuadés que le Parlement Européen ne sert à rien. Au fond, on a vu plus d’une fois les écolos faire jeu égal avec le PS et je crois bien que Michel Rocard, chef de file des socialos avait failli être dépassé par Bernard Tapie pour les radicaux de gauche…

Sans vouloir te déprimer, tu n’es rien, même si tu es peut-être plus connu que les charlots du Parti Socialiste, dernier grand parti « historique » à avoir gagné la présidentielle en France et tout de même premier parti de gauche en termes de nombre d’élus.

 

Tu as déclaré : « Il n’y aura pas de candidature commune avec Jean-Luc Mélenchon. Nous sommes en contradiction frontale sur tellement de sujets, de l’Europe, sa défense et son rôle, au mix énergétique et au nucléaire, en passant par la manière même de faire de la politique. Prétendre l’inverse serait mentir et je ne mentirai pas. »

Nous sommes parfaitement d’accord. Tu peux lire le billet que je faisais à propos de Ruffin. Je disais que les primaires ne m’intéresseraient plus si Mélenchon y participe et que, comme il n’y participera pas et sera candidat « direct », l’intérêt de la primaire est cassé. J’ai dit aussi que si les candidats imposaient des thématiques non républicaine ou la sortie du nucléaire, je refuserai aussi de jouer.

Nous sommes donc à peu près d’accord mais je n’ai pas opposé de fin de non-recevoir, limitant à quelques sujets, mais pas des moindres, mes restrictions. J’ai dit que, pour le reste, je respecterai le projet de la personne élue tout en essayant, à mon très modeste niveau, de le faire bouger dans le sens de mes idées.

Tout cela est bien compliqué mais je ne monte pas sur mes grands chevaux en parlant de mensonges.

 

Tu as dit, en réponse à certains : « il ne s’agit pas d’égo, il s’agit d’idées ». Ne racontons pas de carabistouilles : il faut avoir un sacré égo pour se présenter à la présidentielle en pensant que la défense de ses idées fera le reste. Tu as dit aussi : « mettre ses principes dans sa poche, c’est la certitude de la faillite morale et de la défaite politique » : on va dire que ce n’est pas faux mais la défaite sera aussi assurée si on part tout seul.

Tu as dit refusé de rejoindre l’initiative de Lucie Castets qui a convié l’ensemble des partis de gauche à une réunion pour organiser cela. Je te rejoints parfaitement, cette primaire ne doit pas être l’objet d’illuminés qui n’ont aucune légitimité mais doit être organisée par les dirigeants des partis, élus par leurs militants. Un peu de sérieux.

« Feindre de pouvoir aller ensemble à la présidentielle fait peser un soupçon d’insincérité sur notre espace politique. C’est mortifère. » Je suis toujours entièrement d’accord ! Mais ce qui serait mortifère serait de multiplier les candidatures à gauche pour des gens qui ne sont pas spécialement éloignés… Demande à Lionel Jospin ce qu’il en pensait après la déroute de 2002 ! Avoir dans les pattes Taubira, Chevènement et Mamère n’était pas d’un grand confort… Et il y avait bien des divergences de principes entre les quatre. Il m’aurait paru préférable que les quatre zozos se réunissent et se mettent d’accord, quitte à organiser une primaire. Les points de comparaison entre 2002 et 2027 s’arrêteront là…

 


Pour autant, je ne suis pas un partisan de l’union. J’ai lutté (à l’échelle de mon blog) contre la Nupes puis le NFP contrairement aux illuminés actuels des primaires. Il y a un incompatibilité nette entre LFI et les socdems, ce que tu appelles « les principes », et les résultats ont été affligeants même si les même illuminés continuent à crier que la gauche a gagné les législatives en 2024… Et je rappelle souvent que François Mitterrand a gagné la présidentielle après avoir mis fin au programme commun.

En revanche, c’est ainsi que j’ai dit récemment que j’étais favorable à des primaires sans Mélenchon (j’aurais pu dire sans LFI mais les autres candidats potentiels de cette formation sont des quiches ou des tartiflettes immangeables). Je continue donc à penser qu’il faut une large union mais pas totale et une primaire organisée par les partis républicains de gauche aurait bien un sens, pour sceller cette sorte d'union…

 

Enfin, tu as parlé d’une dynamique sondagière. Ce n’est pas parce que j’accord de l’importance aux sondages qui donnent un état de l’opinion à un instant précis qu’il faut compter dessus par la suite ! Il y a aussi la dynamique de campagne et on n’oubliera pas que Mélenchon est tout de même un meilleur orateur que toi, même s’il débite les conneries plus rapidement que je ne m’enfile des pintes de bière.

La dynamique sondagière risque plutôt de pousser Jean-Luc Mélenchon ou Edouard Philippe, voire de montrer que Méluche pourrait arriver au second tour ce qui pousserait les socdems à voter pour Philippe pour éviter l’élection de Bardella…

 


Ainsi, pour l’instant, il vaudrait mieux montrer ce que nous pourrions faire ensemble ce qui n’empêche pas de préciser que, si trois mois avant l’élection, le candidat issu de la primaire est laminé par Mélenchon au niveau des sondages, on pourra s’en détacher, partir seul, soutenir quelqu’un d’autre.

Il faut le préciser car, alors, cela ne serait pas mentir, comme tu dis. Mais, à ce jour, le travail en commun doit être mis en avant plutôt que de faire confiance à un égo surdimensionné.

Par ailleurs, comme François Ruffin, tu n'as pas le physique. Tous les deux, vous devriez grossir un peu et mettre une cravatte. 

 

Ton dévoué,

Nicolas

4 commentaires:

  1. Je n'oublie pas que les Glucksmann, père et fils, ont soutenu Sarkozy en 2007. Ce type est un imposteur et un opportuniste de la pire espèce. Jamais je ne voterai pour un tel gugusse.

    Denis.

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    1. Il a pu changer en vingt ans. Et ce n’est pas avec des positions comme la tienne qu’on arrivera à gagner…

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  2. On voit le résultat avec Hollande, Valls et Cazeneuve : un champ de ruines et Mélenchon au final.

    Denis.

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    1. Je sais que tu préfères la défaite. Ça limite les risques.

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