08 mai 2025

LFI et moi

 


La France Insoumise vient de connaître une crise (ils s’en remettront probablement ce qui ne me réjouis pas). Il y a eu les larmes de crocodile de Mélenchon lors de la manif contre le racisme et l’islamophobie. Suite à cela, d’amusants militants ont sorti une vidéo d’un passage du chef à plume dans une émission de Ruquier dans lequel il exprimait une position totalement opposée à ce qu’il dit maintenant, allant jusqu’à comparer les femmes voilées à des fantômes). Tout cela a confirmé que son soutien aux musulmans est uniquement une posture électoraliste.

J’ai toujours pensé et écrit que c’était une erreur stratégique : les immigrés d’origine algérienne sont loin de notre culture et renieraient probablement la plupart des points du programme de LFI. D’une part, il y a les volets « wokistes » comme les positions féministes ou sur les minorités sexuelles ne correspondent pas ce que pourrait attendre des religieux. D’autre part, d’un point de vue « économiques », les immigrés de ma connaissance sont assez libéraux (pour caricaturer, ils préfèrent envisager la vie comme chauffeurs VTC ou patron de bistro qu’en salariés d’un service public.

Je me trompais en partie. Un récent sondage (pdf) montre que les électeurs de confession musulmane voteraient à plus de 50% pour JLM. En revanche, même si je suis un peu hors sujet, les homosexuels voteraient plus facilement pour Raphaël Glucksmann que pour JLM

 


Je vous conseille l’étude de ce sondage même si je reste hors sujet. Il est plein d’enseignements. Le premier est d’ailleurs que les instituts de sondages ne prennent même plus la peine d’étudier une candidature unique à gauche. Par contre, je parlais récemment d’un autre qui disait clairement qu’un candidat non LFI d’une gauche désunie arriverait au second tour. Cette fois, ce n’est plus vrai (sauf peut-être si Gabriel Attal était le candidat du centre). Ce qui reste probable c’est que Glucksmann arriverait devant Mélenchon.

Je rappelle que ce n’est qu’un sondage. Même s’il est intéressant, lors des présidentielles précédentes, ceux diffusés deux ans avant le scrutin présentaient un score de JLM largement inférieur au résultat final. En outre, la campagne n’a pas commencé, on ne connait pas le nom des candidats et la gauche hors LFI n’a pas commencé à dérouler l’ombre d’un élément de programme.

 


La crise à LFI, dont je parlais en début de billet, a connu un point d’orgue avec la parution du livre « La meute » (que je ne lirai pas) qui, tel que présenté par la presse, montre l’absence de démocratie au sein du parti et le comportement parfois odieux du chef. Je ne comprends pas que l’on puisse être surpris par cela mais j’ai vu des militants LFI en mode « ouin ouin, il ne faut pas croire cela, ce n’est qu’un tissu de mensonges à charge ». On sait que cela n’est pas vrai. Ils auraient mieux fait d’avoir une défense plus positive, du genre : « oui mais en fonctionnant ainsi, on a fait plus de 20% à la dernière présidentielle et il est logique que le candidat choisisse lui-même les éléments de campagne qu’il a portés. Vous croyez vraiment que le programme de Sarko de 2007 avait été fait par les militants UMP ou que celui d’Hollande en 2012 était issu des débats entre sympathisants ? »

 


Ce n’est pas la peine que je répète ici ma position vis-à-vis de LFI. Je vais le faire quand même. Je suis totalement contre leurs positions à l’opposé des valeurs républicaines et contre celles vis-à-vis du monde musulman et surtout de la Palestine. Je vais revenir à tout cela. Je ne suis par contre pas du tout opposé à leurs projets relatifs à tous les sujets de politiques intérieure même si j’aurais évidemment tendance à exprimer une position moins gauchiste. Ce que je reproche à ce programme, c’est surtout d’être un catalogue de mesures (plus de 600, je crois) donc impossible à comprendre pour les électeurs et, en particulier, qui ne les aide pas du tout à se projeter dans un monde meilleur, qui ne fait pas rêver.

Par exemple, ils parlent beaucoup des retraites et de l’âge de départ en zappant totalement les autres sujets qui préoccupent beaucoup plus les gens, comme les incertitudes pour les enfants, les coûts liés au vieillissement et à la dépendance. On peut tirer plein de fils : par exemple, les gens qui ont travaillé toute leur vie pour construire un petit patrimoine dans l’espoir de le transmettre à leurs enfants le voient souvent fondre lors des dernières années au profit des factures des Ehpad.

Récemment, un copain proche de LFI, publiait dans Facebook un article du Monde au sujet des retraites (réservé aux abonnés, je ne l’ai pas lu). Je vais résumer le texte d’accompagnement de mon pote : la seule solution pour devenir riche est d’hériter, le travail ne paie plus assez. Pour moi, il faut en venir à une taxation élevée très hauts héritages pour éviter l’entassement du capital, éviter à certains de devenir très riches avec de très forts revenus alors qu’on nous matraque d’impôts et de taxe diverses pour épurer une dette qui a surtout profité aux plus riches. En d’autres termes, quand Bernard Arnault passera l’arme à gauche, il ne me paraitrait pas scandaleux que 80% des participations qu’il a dans des entreprises viennent dans le giron de l’Etat, d’une part pour rectifier son capital et d’autre part pour augmenter ses revenus.

Je disais que l’on peut tirer plein de fil mais les successions sont un tabou en France car les électeurs ont peur qu’on leur pique le pognon qu’ils mettent de côté pour leurs vieux jours et leurs enfants mais qui, finalement, finira par fondre plus vite qu’un glaçon dans un verre de Ricard.

Je ne suis pas en train de vanter mes positions de gauchiste (je n’ai pas assez travaillé ces aspects, en plus) mais c’est ce genre de sujets que les politiciens devraient déballer devant les électeurs, en partie d’ailleurs pour montrer qu’ils travaillent. Mon billet porte sur LFI mais cette critique serait très approprié par les pingouins des autres partis de gauche qui ont plus tendance à afficher leurs querelles de nombril.

 


A propos de la Palestine, je reproche surtout à LFI de minimiser les critiques du Hamas (c’est tout de même en son nom qu’ont été commis ce qui est réellement des actes terroristes le 7 octobre – on ne sait même plus quelle année) et d’amplifier celle d’Israël en parlant sans cesse de génocide (rappelons qu’il s’agit par définition de la destruction d’un groupe humain et qu’il ne s’agit pas de ça à Gaza). Les positions sont souvent très tranchées (ce qui est vrai pour tout le monde : les supporters inconditionnels d’Israël sont loin d’être parfaits).

Les actes de l’extrême droite actuelle au gouvernement sont condamnables et on ne parle pas assez des Israéliens dans la rue pour les combattre.

Sans compter que, au fond, les électeurs français, sauf les musulmans, se foutent totalement de la Palestine (je ne dis pas ça pour jouer au fumier : le fait que depuis ma naissance, j’entends parler de guerre dans ce coin de la planète, de processus de paix, d’accords divers…).

 


Venons-en à la position de LFI vis-à-vis du monde musulman et, surtout, de leurs relations avec les musulmans de France. C’était un peu le sujet de mon dernier billet où je parlais d’immigration.

Je vais commencer par critiquer mes copains de la gauche Républicaine. Ils se sont positionnés en faveur de la loi contre le port du voile dans les compétitions sportives. Cela n’a pas à être l’objet d’une loi. Que les fédérations sportives se débrouillent si le voile provoque des troubles ou des gènes. En outre, on parle de compétitions sportives mais un simple match de foot est une compétition et je ne vois pas en quoi la loi pourrait interdire des tenues dans un match de quartier…

Cette interdiction est évidemment une discrimination et n’aiderait certainement pas à l’intégration des femmes concernées (des lecteurs avisés pourrait noter des fluctuations de mes opinions mais, en fin de compte, elles me sont provoquées par des types intransigeants).

A contrario, l’interdiction du voile pour les accompagnatrices scolaires est beaucoup plus légitime : ces dames font, par délégation, des actions de service public et la neutralité s’impose donc.

Je crois faire preuve, ainsi, d’un certain recul (pour dans un cas, contre dans l’autre) grâce à un bon sens légendaire et j’aimerais bien que tous les militants politiques adoptent des positions aussi mesurées, qu’ils soient d’un bord ou de l’autre…

 


Néanmoins, la gauche « radicale » devrait arrêter de raconter des conneries sur les mélanges de culture, les apports d’autres peuples ou, du moins, le faire avec un peu de recul.

Les femmes françaises, par exemple, se sont battues pour pouvoir se promener en bikini à la plage, voire en monokini (en rienkini m’irait assez bien) et c’est tout à leur honneur. Elles ont dû affronter des principes issus de notre culture, du patriarcat qui était à l’origine de notre France (Didier Goux n’est plus là pour reprendre mes formulations).  

On ne peut pas mettre les femmes musulmanes qui se battent pour pouvoir porter un burkini à la plage sur le même niveau. Elles s’enfoncent dans d’affreux principes patriarcaux. Je ne vais pas dire que notre société est supérieure. Disons qu’elle a connu une plus longue évolution (au fond, Jésus avait 700 ans d’avance sur Mahomet…) et qu’il n’est franchement pas souhaitable de voir cela s’interrompre pour le bonheur d’accueillir dans la joie et la bonne humeur des populations venues du monde entier…

 

Du recul, bordel ! Le voile, c’est souvent moche et ce n’est jamais un signe de progrès.

3 commentaires:

  1. Je lirai la "Meute" et j'en ferai sans doute un billet de blog, même si ça m'épuise d'avance. Je n'avais jamais vu que le mot "burkini" était là pour faire penser à Bikini, mais en s'y opposant, c'est assez violent.

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    1. Moi non-plus... C'est en l'écrivant que je m'en suis rendu compte.

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  2. Ce qui manque au ps c’est un candidat qui a du poil aux pattes et une voix ferme pour dire la réalité de la France d’aujourd’hui :
    La marge de manœuvre quasiment inexistante à tous les niveaux et qu’il va essayer dans ce marécage de sauver quelques meubles. Genre Jospin " l’état ne peut pas tout ", mais surtout en ayant le courage de dire pourquoi.
    Hélène

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