Je le disais hier : alors que la gauche n’a pas grand-chose
à évoquer avec le peuple de ses électeurs potentiels, la droite, l’extrême et
celle qui était Républicaine, peut parler du principal point de son projet :
l’immigration. Chacun a son angle d’attaque : la préférence nationale, les
OQTF… On a même un candidat qui voulait foutre les indésirables à Saint-Pierre
et Miquelon (alors qu’il aurait été plus sage de rouvrir les bagnes de Guyane
comme Trump veut remettre Alcatraz en service !).
Quand on est militants de gauche, ce sont des thèmes qui
nous échappent un peu et on se demande comment ils peuvent attirer des
électeurs avec ces conneries. On peut même dire que les propositions sont
ineptes, immorales, inhumaines et trouver un tas d’autres jolis adjectifs. On
peut aussi dire que c’est grotesque, contre-productif, coûteux.
On peut même philodecomptoiriser : les immigrés
occupent généralement des postes qui ne le seraient pas nécessairement pas des
souchiens, ils sont donc productifs et rapportent du PIB, ils cotisent et
payent des impôts… Le gros Marcel, au bout du comptoir, pourra répondre que « oui
mais l’AME nous coûte un bras ». On pourra lui répondre que ce
n’est pas vrai. On est un peu plus d’un milliard alors que notre gouvernement
en cherche en urgence quarante. Comme on ne va pas, non plus, laisser crever
les gens, on ne peut pas réduire tous les coûts !
Bah ! Jordan Bardella a balancé ses mensonges, comme le
coût de la santé pour les Algériens qui viennent se soigner en France au frais
de notre pays (j’en parlais hier : tout est faux, le nombre est dérisoire
et c’est la sécu algérienne qui raque).
La gauche part donc perdante à ces sujets. Le plus drôle, ou
pas, c’est qu’elle ne se rend pas compte que ça a toujours été le cas. Preuve
en est : les forces d’extrême-droite continuent à monter depuis plus de 40
ans, depuis l’arrivée des socialos au pouvoir, la création de SOS Racisme…
Une des conséquences devrait être que l’on se rende compte,
en fin, que le sujet est important pour les électeurs (même si je reste
persuadé qu’une des grandes raisons de la montée du RN est le rejet des partis
politiques traditionnels et pas l’immigration). Les partis de droite peuvent
donc en parler avec des questions qui semblent sérieuses comme le coût de l’immigration
dont je parlais.
Ils évoquent aussi la préférence nationale comme si un type
qui bosse en France, paie ses impôts, cotise… aurait moins de droit ou de légitimer
à disposer d’un logement social qu’une enflure française depuis trente-six
générations.
Avec tous ces sujets d’apparence sérieuse et honnête, ils
flirtent sur les sombres idées qui voient les problèmes réels issus de l’immigration.
Il faut donc évoquer, entre nous pour l’instant, ces
problèmes réels. Entendons-nous bien, je vais ici jouer à l’avocat du diable.
Mes propos pourraient déplaire à mes lecteurs de gauche, y compris ceux qui ne
sont pas des fieffés connard mais ne représentent pas nécessairement le fond de
ma pensée.
Il y a (au moins) deux problèmes réels (du moins dans l’esprit
des gens) : l’insécurité des personnes et des biens et l’insécurité
culturelle.
A propos de la première : ne nous voilons pas la face, il
vaut mieux vivre à campagne que dans certaines banlieues si on tient vraiment à
nos abattis. On ne peut pas omettre qu’il y ait parmi les jolis personnages qui
occupent nos prisons des lascars dont les parents ou grands-parents qui ne sont
pas issus de ce qui était la CEE. Enfin, on se rend tout de même compte que les
émeutes qui égaient notre morosité quotidienne vient tout de même de ce qu’on
appelle bêtement des quartiers populaires pour éviter de parler de ghettos.
Comme beaucoup à gauche, je suis persuadé que cette
insécurité ne vient pas de l’origine ethnique ou culturelle des gens concernés mais
est avant tout sociale (il est plus tentant de voler une mobylette quand on
habite en HLM que quand papa peut nous offrir une BMW) et liées aux phénomènes
de ghettos qui font que les immigrés sont entassés dans des coins qui leur sont
devenus, de fait, réservés. En outre, il y a le racisme dont ils sont l’objet,
les discriminations et tout ça qui provoquent des difficultés d’intégration voire
des problèmes de « meutes ».
En matière de sécurité, la gauche ne doit pas oublier les conneries
qu’elle a fait par le passé : expliquer aux gens qu’ils ne vivaient pas
dans l’insécurité mais qu’ils avaient un sentiment d’insécurité. Autant dire « putain,
connard, tu mélanges tes émotions et la vérité ».
Et qu’importe la vérité.
A propos de la seconde, l’insécurité culturelle, plusieurs
ouvrages ou articles ont été faits à ce sujet et je vais résumer mon idée de la
chose en quelques phrases. Les gens (les électeurs, quoi !) ont peur que
les immigrés apportent avec eux un bout de leur civilisation, de leurs
coutumes, de leurs usages… Ils ont sans doute raison, cette fois. Notre pays a
évolué au cours de centaines d’années depuis sa création et on y est plutôt
bien, non ?
Je vais illustrer cela par le voile pour différentes
raisons. D’une part, c’est un symbole religieux et on a réussi à évincer
progressivement la religion de la sphère publique. C’est un peu le principe de
la laïcité au fond… Alors on ne peut pas tolérer une religion qui prendrait de
l’importance, qui irait jusqu’à obliger les femmes à se voiler pour marquer sa
présence, qui inciterait les femmes non musulmanes à porter le voile dans
certains quartiers pour ne pas inciter les hommes à avoir des pensées impures
ou que sais-je ?
Il n’y a pas que le voile mais c’est un des trucs les plus
visibles. Et n’oublions pas que l’on a réussi à sortir de notre vie des traditions
qui viennent du catholicisme comme l’interdiction de se faire prendre en flagrant
délit par un curé quand on va voir les putes.
En outre, il y a des choses, dans nos us et coutumes, mais
aussi nos lois, qui viennent du bon sens de la religion comme certains des dix
commandements (je n’en connais qu’un : « tu ne tueras point » ;
ça ne semble pas idiot…).
La gauche fait souvent des conneries quand elle parle de l’immigration.
Le cas du voile en est une, outre le fait que défendre une religion n’est pas
spécialement de gauche et que la religion ne doit pas être assimilée à une
couleur de peau. Sans compter que, électoralement, près de 70%
des Français sont pour une loi pour interdire le voile dans l’espace
public.
Elle commet aussi l’erreur de ne pas prendre en compte les
sentiments des Français. On peut toujours rêver d’un monde meilleur si on ne
peut pas se faire élire…
Elle se trompe quand elle ne répond pas correctement à la
droite ou l’extrême-droite. Elle fait une faute grave quand elle dit
ouvertement que ceux qui parlent d’immigration ou sont préoccupés par elle sont
racistes ou d’extrême-droite : on n’insulte pas des gens qui pourraient
mettre un bulletin dans l’urne. Pire ! On n’explique pas aux gens qu’ils
sont des fachos… : ça leur ferait une excellente raison de voter pour des
bébés mussoliniens.
De fait, elle oublie de traiter sérieusement certains sujets :
que fait-on des migrants, des réfugiés et j’en passe. N’est-il pas temps d’expliquer
aux Français qu’on doit accepter ces gens, qu’ils doivent pouvoir venir chez
nous, y travailler, y cotiser… parce que chez eux, pays musulman, on pend les
homosexuels. Je ne sais pas si les militants de gauche se rendent compte des
amalgames qu’ils peuvent générer.
Mais ils doivent expliquer la contrepartie de l’immigration :
s’adapter à nos lois, à nos usages comme celui de se bourrer la gueule avec les
voisins au barbecue du dimanche midi…
Tout ce qui est bon, quoi ! Plutôt que de laisser penser
qu’on n’aura plus droit aux côtes de porc grillées au charbon de bois parce
que cette bidoche sera interdite par une
partie de la population.
Au boulot !
Euh j'ai discuté (et pas que) avec des délinquants et c'était plus facile pour eux de gagner du fric qu'en bossant après avoir fait des études qui leur auraient rapporté moins : c'est culturel et pour avoir discuté avec des magistrats c'est assez répandu. Culturel sans rapport avec une religion. Après sur le sujet immigration, comme tu le dis, ces gens travaillent : c'est la France qui se lève tot et dont les enfants vont à l'école et ne foutent pas le bordel. Ceux qui ne veulent pas s'adapter à nos lois sont très minoritaires, et on doit l"expliquer au migrant et réfugié (pas pareil) : ici on a des lois et une société organisée d'une façon : s'ils s'y opposent ce sera un billet de retour ou un refus d'entrée si demandeur d'asile. Pourquoi ? pour protéger les gens issus de l"'immigration et qui sont d'honnêtes citoyens (même s'ils votent LFI) d'un phénomène simple et violent : le racisme d'une partie de la population qui fait des amalgames et pour les croyants des islamistes qui les font chier sur les réseaux sociaux et parfois IRL aussi dans certains quartiers à justice tribale où il ne faut pas être homo ou une femme seule qui réussit. Les militants de gauche devraient discuter plus souvent avec des homos de quartier et des femmes seules issus de ces quartiers... et avec les jeunes issus de ces milieux qui ont réussi à l'école en .. sortant de schémas réactionnaires familiaux (et culturel) et .. en s'extirpant du quartier/ghetto. Tout est la pour comprendre ce qui se passe, et ce qu'il faut faire : aider ceux là et reproduire les schémas qui les ont fait réussir. Et ce malgré qu'ils sont un peu plus bronzés. Comment ont réussi ceux qui finissent ingénieur ? ou docteur(e) et ils sont nombreux ceux-là ? La gauche a oublié son message émancipateur , celui qui libère l'Homme de ses chaines culturelles et réactionnaires comme la religion. C'est une des raisons pour laquelle je l'ai abandonné. Le PS est devenu silencieux. en 2017 Macron avait un message émancipateur (oublié un peu depuis hélas) par le travail... c'est autre chose que de les peindre en victime d'un système accusé de racisme institutionnel ...
RépondreSupprimerLe fait que ça soit culturel n'a rien à voir avec la religion ni même la couleur de peau. Marine Le Pen a été condamnée pour avoir pris dans la caisse, eu fond !
SupprimerPour le reste, on est d'accord. Sauf un truc, à force de considérer un musulman comme un immigré (ce qui est évidemment souvent le cas mais la question n'est pas là) participe à l'amalgame. Or, c'est bien LFI qui mélange immigration et religion.
Dans le billet, je n'ai pas parlé du "racisme institutionnel" mais c'est aussi à ça que je pensais en parlant des difficultés d'intégration. En fait, je n'ai pas voulu en parler parce qu'on en viendrait au racisme de la police et tout ça (je ne nie rien et je n'affirme rien).