Depuis quelques jours, on reparle beaucoup de la « TVA
sociale ». L’appellation est bien entendu ridicule (taxer la consommation
n’a évidemment rien de social). Il s’agit de remplacer une partie des
cotisations sur le travail par une augmentation des taxes sur la consommation.
Pour ma part, je serais partisan d’une augmentation des impôts sur le revenu,
tous les revenus (pas seulement du travail, mais aussi ses successions, des
plus-values de tous poils, des dividendes…), notamment par l’augmentation de la
progressivité (le taux d’imposition qui croit en fonction du niveau des
revenus). Mais mes désirs ne sont pas des ordres !
Notons que des progrès avaient été faits du temps de François
Hollande mais la gauche préfère taper sur la totalité du bilan et Emmanuel
Macron, encouragé par la droite, avait tout foutu en l’air avec sa « flat tax »
(suppression de la progressivité sur les revenus des capitaux).
La gauche est vent-debout contre la TVA depuis la nuit des
temps, à juste titre, car c’est un impôt très inégalitaire (les plus démunis
paient la même TVA que les plus riches, voire plus, ce qui se discute, dans la
mesure où les plus riches ont tendance à dépenser leur pognon dans des trucs
pas assujettis à la TVA, comme « l’immobilier d’occasion »). La TVA a
néanmoins des avantages, comme le fait de faire payer les étrangers en vacances
chez nous et de taxer les produits importés (donc dont les revenus qu’ils
génèrent ont été taxés en dehors de nos frontières).
C’est ainsi qu’un savant équilibre entre l’imposition du
travail et la taxation de la consommation a été maintenu, au fil des années,
dans notre pays.
La droite avait payé assez cher (en termes de nombre de députés)
en 2007, quand Jean-Louis Borloo s’était mis à parler de la TVA sociale et
Nicolas Sarkozy, vers la fin de son mandat, avait fait voter une forte
augmentation de la TVA qui aurait dû intervenir au cours du quinquennat suivant.
Cela explique sans doute, en partie, son échec en 2012 (même s’il y avait
beaucoup d’autres raisons de le mettre à la porte).
François Hollande avait provoqué un rééquilibrage des taux de
TVA avec une baisse de celle dite « à taux réduit » mais une légère hausse
de celle « nominale ». Parallèlement, il avait provoqué une baisse
des cotisations sur le travail (notamment à la charge des employeurs) avec ses
mesures telles que le CICE. Tout cela s’était traduit par une baisse durable du
chômage, en améliorant la compétitivité des entreprises françaises, une baisse
des déficits publics et, pendant un premier temps, du « solde commercial ».
Ce dernier a néanmoins connu une forte croissance en 2017 et
on ne peut accuser Emmanuel Macron d’avoir été néfaste avant son premier budget…
Les chiffres ne sont pas faciles à analyser. Nicolas Sarkozy avait surtout dû
faire face à la crise financière mondiale un peu après son arrivée au pouvoir et
Emmanuel Macron s’était tortoré la crise sanitaire. Aussi, on peut
difficilement expliquer les différentes variations de chiffres uniquement avec
les décisions des majorités en place…
On pourrait être tenté de comparer les différents pays,
notamment en Europe. J’avais un peu étudié cela après les mesures de Donald
Trump : force est de constater que le déficit public de la France avec les
USA est largement plus fort que ceux de l’Italie et de l’Allemagne… Je m’étais
alors heurté à mon niveau d’incompétence et mon élan pour établir des conclusions
sympathiques et honorables avait été brisé.
Malheureusement pour le débat public, les comparaisons se limitent
généralement au niveau des prélèvements obligatoires mais des couillons,
surtout à droite, ne se rendent pas compte que les « assiettes » ne
sont pas les mêmes ! Comment, par exemple, comparer nos retraites par
répartition dont les cotisations sont inclues aux prélèvements en question
alors que, dans d’autres pays, les retraites ne sont pas gérées à un niveau
étatique ?
L’équilibre entre la taxation des revenus et de la
consommation est ainsi un marqueur important du clivage « droite gauche »
tout comme l’opposition entre « la politique de l’offre » et « la
politique de la demande ».
La première consiste à diminuer les coûts pour les
entreprises et donc à aider ces dernières à vendre moins cher pour favoriser
les consommateurs. La deuxième revient à augmenter les revenus de ces derniers
pour qu’ils puissent consommer plus, aidant ainsi les entreprises. Je reconnais
que ma synthèse frise la carricature mais on me reproche souvent la longueur de
mes billets (d’autant que je risque bien d’en faire deux aujourd’hui). Mais
cette opposition entre les deux « politiques » est aussi au cœur des
critiques de mesures de François Hollande dont je parlais plus haut.
Toujours est-il qu’il me semble qu’un équilibre me semble
souhaitable et je me heurte souvent avec mes copains de gauche qui disent des
méchancetés sur la politique de l’offre sur des ordinateurs ou smartphone
produit à l’étranger donc peu taxés en France. Un peu de sérieux ne nuit pas :
ce n’est pas parce que vous allez augmenter les revenus des Français que la production
nationale va nécessairement s’accroitre : les smicards dépenseront les 200
euros qu’ils touchent en plus dans des fruits produits en Espagne ou des
voitures venant de Chine. C’est très bien pour eux mais cela ne va certainement
aider leurs employeurs et leur garantir des revenus à long terme…
Et malgré ma perplexitude, je dois avouer que j'avais été assez convaincu par les arguments de Jean-Luc Mélenchon sur les mesures avancées par le NFP...
En résumé, il ne me semblerait pas idiot qu’on étudie avec
attention ce qui peut se trouver dans cette locution idiote de « TVA sociale ».
J’ai bien conscience que cette haine des clivages fera dire
à mes camarades gauchistes que je suis de droite. Mais qu’ils n’oublient pas
que les non-camarades de droite me traiteraient de gauchiste et surtout que je
préfèrerai que l’on parle sérieusement de justice dans l’imposition des
revenus, de tous les revenus, par un barème avec une progressivité largement
plus marquée.
Pendant ce temps, les partis de gauche ont préféré consacrer
des campagnes politiques à la taxation des riches ce qui revient peut-être au
même mais aboutit forcément à des désastres électoraux. La pérennisation de
notre protection sociale doit bien passer par une réflexion sur son financement
avant de faire l’objet d’une querelle au sujet de ce que doivent être la droite
et la gauche.
J’ai parlé.
Et je ne suis pas le seul dans notre brave centre gauche. Christian Eckert, par exemple, a dit à peu près la même chose (je ne suis pas son porte parole) : il faut réfléchir à cela. Et il est un soutien de Bernard Cazeneuve, le brave garçon.
Trump pense que la TVA en Europe a été faite pour étrangler les entreprises US.
RépondreSupprimerIl n'a pas tort mais comme il ajoute lui-même des taxes sur les produits importés...
Supprimeroui 2 ou 3 fois le taux de TVA : il ne sait pas compter.
SupprimerVoila. Il est fou.
Supprimer