Je me suis engueulé avec deux types au bistro, hier, deux
lascars qui viennent occasionnellement boire l’apéro avec la bande que je
fréquente assez souvent (je ne peux plus l’appeler « ma bande » :
ils viennent surtout le midi et je ne viens que trois ou quatre fois par
semaine et uniquement les jours où je ne suis pas en Bretagne). Il y a ainsi
trois piliers : Patrice, Philippe et Dominique. Souvent, des gugusses comme
moi et les deux autres partageons le comptoir et les tournées !
Ainsi, alors que nous étions quatre, hier midi, à l’Amandine,
un type arrive, Manu, et boit un verre sur la tournée en cours. A un moment, l’un
de nous demande « on est où sur les tournées ». Manu a répondu « ça
ne sera pas moi aujourd’hui, je n’ai pas de sous, en même temps que j’en
commandais une. C’était le troisième verre de la semaine que je lui offrais
sans avoir eu de retour. Je l’avais un peu mauvaise. Je veux bien être généreux
mais pas qu’on se foute de ma gueule. Je n’ai pas les moyens de payer des
verres, tous les jours, à tout le monde… Et il y a aussi deux questions de
principe. 1/ On ne va pas au bistro quand on n’a pas de pognon sauf en
présentant la situation et des excuses à l’avance. 2/ On ne se fait pas rincer
la gueule.
Finalement, j’ai quitté le groupe pour aller déjeuner. Quand
j’ai eu fini, je suis passé à la caisse. Manu m’a fait une réflexion sur mon
pantalon qui avait oublié de cacher la partie haute de mon postérieure. Je lui ai
répondu qu’on n’a pas gardé les vaches ensemble, qu’il n’a pas à me faire de
réflexion et que quand on vient au bar pour se faire rincer la gueule sans jamais
rien payer, on a au moins la décence de fermer sa gueule.
J’ai perdu un « ami »…
Le soir, j’étais dans le même bistro mais pas avec la bande.
Au moment de partir, Patrice me suit car il savait que j’allais à la Comète. Un
autre type nous a alors couru après, Philippe, pas celui dont je parlais au
début, un ex-légionnaire. Un alcoolique qui a fait je ne sais pas combien de
cures de désintoxications. Il a demandé s’il pouvait nous accompagner. On a
accepté. A la Comète, chacun a offert une tournée mais il me gonflait prodigieusement :
conversation sans intérêt tournant autour de lui, de ses problèmes d’alcool qu’il
avait surmontés (tu parles ! Il était saoul). Alors j’ai commandé une
autre tournée mais sans l’intégrer dedans. Il n’était pas content. Patrice lui
a payé un verre et il est parti.
J’ai perdu un autre « ami ».
Je n’étais assurément pas d’humeur à me faire marcher sur les
pieds, hier. Ma maussaditude était sans doute liée à la mort de Didier Goux (voir
mon dernier billet) même si, à la réflexion, je ne vois pas trop de rapport,
sauf vraiment indirect.
Toujours est-il que, ce matin, en réfléchissant à tout ça,
je me suis dit que les deux couillons qui ont subi mes foudres avaient des
comportements de trolls de blog avec une caractéristique essentielle : le
manque de savoir vivre. Dans les blogs, il y a trois types de types de trolls :
ceux qui deviennent rapidement insultants, ceux qui font étalage de supposées
connaissances et qui, d’ailleurs, profitent souvent pour faire du hors sujet, et
ceux qui interviennent dans les conversations entre le taulier et ses
commentateurs. Les trois ne sont pas exclusifs.
Didier et moi avions beaucoup de trolls. J’en avais
certainement plus de lui de la première catégorie, les « insultants »,
du fait que je suis moi-même un tantinet grossier et surtout du fait que je
tienne un blog politique engagé : les types en désaccord ont souvent
tendance à te prendre pour un débile. La conséquence d’avoir des trolls est que
l’ambiance devient pourrie dans les commentaires alors qu’on les voit plus
comme une espèce de comptoir de bistro où l’on raconte des bêtises dans la
bonne humeur.
Quand on signale à un type qu’il a un comportement inapproprié,
il a tendance à rectifier son comportement pendant quelques temps mais le
naturel revient toujours. Alors il n’y a pas trente-six solutions : il faut
activer la modération des commentaires et ne jamais publier (sauf accident)
ceux des types que l’on souhaite bannir.
Je vais aller au bistro pour l’apéro (bien mérité) de midi.
Je suppose qu’il y aura Philippe, quand je vais arriver et que Patrice et
Dominique vont suivre de peu. Si des indésirables se pointent, j’irai à l’autre
bout du comptoir, peut-être même dans un autre bistro. Les indésirables ne comprennent
pas qu’ils finissent par me chasser du groupe alors qu’il est possible que les
autres préfèreraient discuter avec moi qu’avec eux. Pas de reproche, c’est bien
naturel. J’ai peut-être trop de savoir vivre pour les engueuler, les exclure
des tournées, pour empêcher les autres de leur parler. Je vais donc aller
ailleurs.
Seul le patron peut prendre la décision de les virer. Les
gens qui sont tricards dans les bistros ne comprennent généralement pas ce qu’il
leur arrive. Ce n’est pas facile de virer un client. Il faut voir la recette,
par exemple. S’ils le virent, ils perdent des sous (si les mecs paient parfois…).
Si c’est moi qui risque de partir, ils en perdent plus. Et il y a l’ambiance à assurer :
il faut aussi juger de l’impact sur les autres clients du bannissement d’un
type mais aussi voir si les types qui m’importunent ne dérangent pas aussi les
autres. Surtout que, parmi ceux que je considère comme des casse-couilles, il y
a peut-être des zozos qui sont appréciés par d’autres.
Mais, par-delà ces logiques, il faut voir les impacts de ce
pataquès auprès des autres clients, ceux qui ne viennent qu’occasionnellement
et les habitués du comptoir mais faisant partie d’autres bandes. Les
conséquences d’un bannissement tout comme d’un comportement inapproprié d’un
client peuvent toucher tout le commerce…
Heureusement, dans les blogs, on peut activer la modération.
Mais dans les bistros, je préfère boire avec modération qu’avec n’importe qui.
Tout se recoupe.
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