07 janvier 2011

Vénérer Mitterrand ?

Je me souviens encore de ce matin, début janvier 1996 (après le 8…). J’allais bosser dans le fin fond des Yvelines et j’étais bloqué dans un monstrueux bouchon, sur cette autoroute qui longe l’aéroport de Villacoublay. Justement, il y avait à la radio un reportage en direct de là, à propos du transport du corps de Mitterrand pour son enterrement.

Le journaliste annonce ses bêtises habituelles « Voila l’avion avec le cercueil qui commence à rouler sur le tarmac, la famille et les proches sont en train de monter dans celui qui leur est réservé. » « L’avion de la famille a commencé à bouger, celui avec le corps de François Mitterrand s’élance sur la piste. » « L’avion avec l’ancien chef s’élance dans le ciel. »

Alors j’ai levé les yeux, par-dessus l’immonde palissade de béton gris, et j’ai vu l’avion qui montait, qui s’éloignait dans le même sens que moi, qui s’enfonçait lentement dans les nuages emportant François Mitterrand. J’ai coupé la radio, j’étais ému. Mitterrand était parti. Quelques mois plus tard, j’allais avoir trente ans. Mitterrand représentait la moitié de ma vie. Je faisais probablement partie de la « Génération Mitterrand ».

Souvenir débile. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça, d’autant que je le raconte probablement tous les 8 janvier. Remarque ! Nous sommes le 7. C’est aujourd’hui que j’avais envie de parler de Mitterrand.

C’est à cause de cette vieille crapule de Yann Savidan. D’ailleurs, en allant chercher le lien pour mettre sous son nom, je vois qu’il a fait aussi un billet à propos de François Mitterrand : les grands esprits se rencontrent… Plus exactement, c’est à cause de sa mère qui avait décidé d’accoucher à la veille de la date anniversaire de la future mort de Mitterrand. C’est ainsi qu’en voyant dans mon Facebook que c’était l’anniversaire de ce vieux crabe que j’ai repensé à Mitterrand. Au fait, Yann ! Bon anniversaire !

Cette anecdote à propos de Mitterrand est probablement le souvenir le plus fort que j’ai de Tonton. Comme un con, dans ma bagnole, encalminé sur l’A86, je lui disais au revoir pendant qu’il s’envolait. Gnagnan, ce matin, moi…

Du coup, je suis à moitié obsédé par la mort de François Mitterrand.

J’ai créé ce blog le 28 décembre 2005. Pour les 10 ans du décès, j’étais donc un tout jeune blogueur tout maigrichon et j’avais décidé de me lancer dans un billet un peu sérieux, peut-être le premier, en rédigeant une espèce d’hommage avec références historiques, argumentation, et tout ça, ce dont je suis bien incapable. D’ailleurs, je ne l’ai pas fait, juste un petit billet. J’avais pris mon google et fait un tour des blogs. J’avais découvert avec stupéfaction un tas de connards de gauche qui s’engueulaient sur la nécessité ou non de « vénérer Mitterrand ». Des espèces d’intellos se prenant au sérieux qui en rajoutaient des couches pour cracher sur la mémoire du Vieux. J’étais intervenu, m’étais fait tomber dessus, … J’avais mis un lien dans mon billet vers un billet que je trouvais intéressant, le taulier l’avait découvert et était venu commenter chez moi. Comme il écrivait relativement bien et avait pas mal de commentaires, je le prenais pour un « grand blogueur », une personnalité, une carrure, …

Maintenant que je connais les blogs, je vois ça avec dérision : les tarés de gauche qui crachent sur Mitterrand, les zinfluents qui commentent chez moi et qui répondent à mes commentaires. A l’époque ça m’avait marqué… J’avais peur de faire un billet sérieux, dans mon blog, à propos d’autre chose que de politique sociale ou économique.

C’est ainsi que j’ai été bousculé deux fois par la mort de Mitterrand… Vivement 2016 ?

N.B. : Je ne voulais pas le faire, mais puisque Yann a lancé une chaîne, pour son anniversaire, je vais la relayer. L’objet ? « Toi aussi cause donc de Mitterrand, bordel ! Et n’oublie pas de souhaiter un bon anniversaire à l’aviné à l’origine de cette chaîne débile. »  Sont tagués : Isabelle, Valérie, MHPA, Gildan, Le Coucou.

Val Lenain et Gularu sont exemptés : ils n’étaient pas nés en 1996.

Notre illustration : le petit François donnant sagement la main à son papa pendant l’enterrement de la  belle mère du papa.

31 commentaires:

  1. Aimer Mitterrand, le haïr, l'adorer, le détester, voilà ce que l'on fait. Comme avec un père finalement. Une fois que l'on a accepté cela, sa figure, sa stature, ne reste qu'une grande admiration pour l'Homme qu'il fut, en dépit de toutes ses ombres (qui n'a pas à vivre avec ses propres contradictions ?).

    Oui, la gauche de ce temps là avait autre chose...Elle écrasait la concurrence, à la fois par son talent, mais aussi par sa capacité à fédérer les intelligences. Comment ne pas être nostalgique ?

    A l'époque de la mort de Mitterrand, je devais être dans une phase détestation, et sa mort m'a touché droit au coeur, et je me suis rendu à l'évidence. Enfin presque. J'ai encore résisté quelques années, avant de me ranger définitivement et d'en finir avec ce rapport ambivalent.

    Personne depuis, n'a réussi à donner aux gens autant d'espoir, tellement d'espoir qu'il ne pouvait être que déçu. c'est pour cela que les gens lui en veulent tant, de n'avoir été "que" lui. Mais que lui, c'est déjà à peu près vingt-cinq fois n'importe quel autre.

    Cet homme, quoi qu'on en dise, donnait un sens à la politique, un sens qui incluait l'être humain.

    RépondreSupprimer
  2. Ah le seul qui a su mener la gauche au pouvoir.

    RépondreSupprimer
  3. Yann,

    De rien.

    Dominique,

    Ouais...

    Dorham,

    Ouais. Mais ce que je ne comprenais pas, en 2006, 10 après quoi..., c'est qu'on puisse encore en être à ce stade de détestation après avoir connu Chirac (je parle de celui de 95 à 97), avec le redémarrage des essais nucléaires... Mitterrand avait commencé son premier septennat avec l'abolition de la peine de mort. (ça ne sont que des exemples).

    Maintenant que je fréquente beaucoup plus les "gens qui écrivent", je comprends.

    Mais continue à trouver ça ridicule.

    RépondreSupprimer
  4. C'est ridicule. Les gens aiment rester dans l'ignorance, tout ira mieux quand ils comprendront qu'ils confondent Tonton avec leur Papa.

    RépondreSupprimer
  5. D'accord pour Chirac. Ce type que l'on considère comme un type sympa, ce sont les essais nucléaires, l'ouverture absolue aux idées libérales, et lorsqu'il était premier ministre, la gestion catastrophique des évènements en Nouvelle-Calédonie, l'utilisation politique de la libération des otages au Liban...

    Ce mec a détruit la politique.

    RépondreSupprimer
  6. Oui. Tiens ! Ca serait amusant d'étudier ça génération par génération...

    RépondreSupprimer
  7. Dorham,

    Mon dernier commentaire concernait le tien de 9h44.

    A propos de Chirac : je ne sais pas si un blogueur de droite oserait faire un billet titré "Vénérer Chirac ?"

    Mais on a pire, depuis...

    (je te laisse : grosse journée de réunions)

    RépondreSupprimer
  8. Je voudrai juste réagir à la photo. Elle m'avait beaucoup impressionner à l'époque. D'ailleurs Sarko a tenté de rivaliser la dernière fois avec Angela Merkel mais c'était pas pareil. Non, il n'y avait aucune émotion entre eux sur la photo.

    RépondreSupprimer
  9. J'en parle sur mon Blog demain.

    En avant première :

    François Mitterrand, 15 ans après : http://0z.fr/6UdCJ

    RépondreSupprimer
  10. Tiens, c'est curieux, “on” ne m'a pas tagué pour cette chaîne… Me demande bien pourquoi…

    RépondreSupprimer
  11. Oui ... Il y a eu pas mal d'affaires qui sont sorties à la fin de son 2e septennat

    RépondreSupprimer
  12. Hern,

    Comment tu fais pour faire un lien vers un billet qui n'est pas sur ton blog puisqu'il sera publié demain mais auquel on peut accéder quand même ?

    Une particularité over-blog ?

    (ça explique probablement ma bourde de l'autre jour à propos d'une vidéo qui a fait le tour du Web).

    Dominique,

    J'y ai pensé mais n'ai pas osé.

    Didier,

    Z'êtes pas au Wikio...

    Elmone,

    Bah ! Tu crois qu'il n'y en a pas eu de belles avec les autres ?

    RépondreSupprimer
  13. Mince, ce n'est pas un tag facile que tu m'as collé là ! Ma perception de l'image, puis de la mémoire de Mitterrand a été très fluctuante. Bon, merci, j'essaierai…

    RépondreSupprimer
  14. Le Coucou,

    J'ai volontairement dénaturé le tag de Yann pour les gens puissent parler de Mitterrand mais dans n'importe quel domaine.

    Tiens ! J'aurais pu raconter une autre anecdote. Je bossais près de l'appartement d'un frère ou d'une soeur de Mitterrand, dans le huitième. Son petit fils habitait chez lui et fréquentait le même bistro que moi, une vieille brasserie parisienne (Micheline Dax et Henri Leconte habitaient également dans le quartier et passaient parfois).

    Tous les deux jours, le serveur me disait : "hé, t'as vu, lui, là-bas, c'est le neveu de Mitterrand !".

    Pendant à peu près trois ans...

    RépondreSupprimer
  15. Bon anniversaire à Yann.

    J'ai pleuré à l'enterrement de Mitterrand, j'en étais surpris, c'était une prise de conscience que l'importance que le bonhomme avait dans mon vécu personnel ! :-)

    [Alors qu'à la mort de Giscard, j'ai repris deux fois des pâtes ! :-) ].

    RépondreSupprimer
  16. Pleurer, moi pas. Il était malade et on savait qu'il ne passerait pas l'année... Pas de surprise. Mais une émotion.

    RépondreSupprimer
  17. Nicolas : je n'ai pas pleuré le jour de sa mort mais le jour de l'enterrement, quand Barbara Hendricks s'est mise à chanter…
    :-]

    RépondreSupprimer
  18. @ Nicolas : et oui c'est la magie d'over-blog, je peux programmer en avance des articles.
    Ainsi demain à 6h du matin cet article sur feu tonton sera publié.

    RépondreSupprimer
  19. Tout le monde peut programmer des billets mais pas donner de lien avant la publication !

    RépondreSupprimer
  20. Bon, le taulier insiste pour que je laisse un commentaire :)

    Mitterrand, c'est mon premier souvenir politique: 1981, cours de récréation d'une communale à Paris, on criait tous "Mitterrand président, Giscard au placard".

    Mitterrand, c'est aujourd'hui le choc irrépressible quand je reçois des communiqués de presse de "F. Mitterrand": rien à faire, "F. Mitterrand", c'est pour moi François et non Frédéric...

    "Vénérer Mitterrand"? Mais lequel Mitterrand?
    Le cagoulard décoré de la francisque et ami de René Bousquet? Le Résistant (certes pas de la première heure)? L'auteur du Coup d'État permanent? L'acteur de l'alternance de 1981? Le monarque républicain (très gaullien)? L'abolition de la peine de mort? Le ralliement de la gauche au libéralisme (tournant de la rigueur)? La "gauche du fric", comme disait Philippe Séguin? Le grand Homme affrontant de face la maladie et la mort?

    Désolé de casser l'ambiance...

    RépondreSupprimer
  21. Romain,

    Faut pas !

    Laurent,

    Tu ne casses pas l'ambiance. Je ne sais même pas si tu rends compte que tu illustres à merveille ce billet et les échanges que j'ai eus avec Dorham, dans les premiers commentaires.

    Je vais quand même te répondre sérieusement : on s'en fout.

    RépondreSupprimer
  22. Ah ! Si ! Un truc : la cinquième République dit que le chef de l'état est un monarque. C'est con mais c'est ainsi.

    Actuellement, il ne l'est pas. Je préfère l'interprétation de la constitution par tonton que par notre actuel président.

    RépondreSupprimer
  23. C'qui faut pas entendre...

    J'étais né moi monsieur, en 96 ! :D

    Bon cela dit, je ne pourrais effectivement parler du bonhomme...

    RépondreSupprimer
  24. Mon cher Nicolas, à l'époque de l'élection de Mitterand, j'avais 4 ans 1/2... Je ne pense décidemment pas avoir un avis pertinent sur la question, même si je me rappelle très bien de l'apparition de son visage en ombre chinoise dans notre télévision à 20h pile le soir de l'élection!! Ce qui a d'ailleurs fortement fait grincer des dents mes parents ;)

    RépondreSupprimer
  25. Valérie,

    Il était encore président quand tu étais lycéenne ! Ca marque forcément...

    RépondreSupprimer
  26. Nan mais il se peut que Valérie ait beaucoup redoublé !
    :-)

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux c'est-à-dire tous sauf ceux qui proviennent probablement d'emmerdeurs notoires.