28 février 2011

Instants d’Eternité, par Valentin Pringuay

Instants d’Eternité est un roman écrit par Valentin Pringuay.

Pour être plus précis, il s’agit d’un recueil de nouvelles où toutes sont liées entre elles. Le premier extrait de ce roman a été publié sur le blog du Moderateur. J’ai le plaisir de diffuser la suite sur Partageons mon avis.

Vous pourrez suivre la suite à partir de ce site web.

Chaque extrait est multi-média puisqu’une illustration, une musique, une photographie accompagnera chacun d’eux, œuvre d’un artiste découvert sur Internet. Aujourd’hui, la musique est de Mikhaël de Within Felony






« Gabriel se réveille et se rend compte qu'une force étrange fait disparaître le monde où il vit. Et alors qu'il comprend que ses parents n'existent plus, il pense à Annabel, la fille qu'il aime et qu'il doit maintenant sauver. » Je vous invite à lire le premier épisode sur le blog du Modérateur.

Voila le deuxième…

***
        Annabel ne dormait pas vraiment à poings fermés. Ses yeux étaient fermés mais son esprit vagabondait sur des milliers de sujets différents. En apparence tout allait bien pour elle. Annabel avait conscience d’être ce que l’on appelle une jolie fille. Mais son visage l’insupportait. C’était comme si c’était un morceau de chair qui masquait sa vraie nature. Annabel n’était pas l’image que le monde avait d’elle. Sa première expérience amoureuse l’avait rendu craintive, fragile. Elle avait peur des sentiments qu’elle pouvait faire naître chez les autres, peur de ses propres sentiments. Sa place n’était pas dans un tel monde. Il lui semblait bien souvent être seule au milieu de tout ces gens, seule à croire encore qu’un amour romantique soit possible. Son ancien petit copain n’avait jamais perçu les rêves qui transparaissaient au travers de ses yeux, il n’avait jamais compris qu’elle avait formé un idéal en amour. Et il n’était pas son idéal. Elle avait d’abord cru percevoir en lui les traits de son âme sœur. Mais Annabel avait perdue ses illusions en même temps que sa virginité.
Il n’y avait que ça qui avait intéressé Steven au final.
Ah Steven. Le fait d’évoquer ce nom lui fait mal. Elle se recroqueville un peu en ramenant à elle sa couette.
Un bruit à sa fenêtre. Quelque chose qui tape son volet. Un caillou peut-être. Un deuxième bruit vient confirmer à Annabel qu’il lui faut se lever. Elle quitte son lit en ne posant que la plante de ses pieds sur le sol froid. D’une démarche mal assurée, elle arrive jusqu’à la fenêtre qu’elle ouvre sans difficulté. Derrière le voile de sommeil de ses yeux, derrière le volet, derrière l’air frais du matin, il y avait Gabriel. Il se tenait là à regarder dans sa direction avec ses yeux timides et ses joues légèrement empourpré. Il chasse l’une des mèches de cheveux bouclés d’un brun blond de son front.
« -Annabel, appela-t-il. Il faut que tu viennes. Il se passe quelque chose. Nous sommes en danger. »
La jeune femme ne sus pas ce qui lui fit le plus drôle d’effet : que quelqu’un pense immédiatement à elle pour l’écarter d’un danger, ou la manière douce et tremblante avec laquelle il avait prononcé son nom.
« -J’arrive », lâcha-t-elle après cinq secondes pendant lequel elle était resté en suspends.
Annabel passa un blue-jeans et un chemisier blanc qu’elle boutonna en descendant les escaliers. En sortant de sa chambre, elle avait jeté un regard vers la chambre de son père. Il n’était bien sûr pas là. Il était parti depuis déjà bien longtemps pour ouvrir le bar.
Elle se jeta au dehors pour venir se mettre en face de Gabriel. De ses mains elle lissa une mèche sur le côté droit de son front tout en disant :
« -Qu’est-ce qu’il se passe ? »

***
Gabriel la regarda sans dire un mot. Cet instant était splendide. Il vivait pour la première fois une scène de roman, ou de film. La jeune fille parue gênée, et de ce fait lui aussi se trouva stupide de ne pas pouvoir sortir un mot.
Coupé.
On la refait. Il aurait aimé faire ça mais on n’était définitivement pas au cinéma. C’était la vraie vie pour une fois.
« -Le monde est en train de disparaître, énonça-t-il en assurant sa voix du mieux qu’il pouvait. Quelque chose est en train de le détruire lentement. »
Qu’allait-elle faire ? Se mettre à rire ? Se retourner après lui avoir jeté un regard méprisant ?
Elle baissa la tête comme dans un acquiescement.
« -Tu te moques de moi ? », demanda-t-elle avec une intonation dans la voix qui montrait qu’elle savait déjà que non. 
Il secoua la tête de droite à gauche d’un air désolé. Presque comme si c’était sa faute si le monde se faisait grignoter là-bas.
« -Qu’est-ce qui fait ça ? »
Le croque-mitaine.
Cette réponse lui traverse l’esprit mais il ne le dit pas. Il préfère dire qu’il ne sait pas.
La jeune fille paraît déçu par cette réponse. Gabriel se demande si elle aurait aimé la version du croque-mitaine. Probablement pas.
Les yeux d’Annabel se tourne vers la voiture et elle comprend à cet instant précis qu’elle va s’enfuir avec lui et que sa vie ne sera plus jamais pareil.
Elle regarde Gabriel et un sourire passa sur son visage.
« -C’est loin d’ici ? », demanda-t-elle.
« -Non c’est juste à côté…à quelque chose comme trois cents mètres. »
« -Tu m’emmènes voir ? », lance-t-elle.
Le garçon la regarda avec des yeux interrogateurs. Venait-elle vraiment de lui proposer d’aller droit vers le danger plutôt que de s’en éloigner ?
Gabriel supposa qu’elle avait peut-être besoin de preuve pour accepter de le suivre. Pourtant ce n’était pas ça qui avait motivé la jeune femme. C’était juste la curiosité de se tenir aux confins du monde avant de lui tourner le dos en même temps qu’à toute son ancienne existence.
Gabriel se dirigea vers la voiture mais il vit que Annabel avait décidé de se rendre jusqu’au bout du monde à pieds.
Le garçon accourut à sa suite pour venir se mettre à son niveau. Il la regardait en espérant qu’elle ne se mette à lui parler. Ce qu’elle fit peu de temps plus tard :
« -Oh mon Dieu, s’exclama-t-elle. Comment est-ce possible ? »
C’était comme se retrouver au bord d’une falaise abrupte, à cinq pas d’une chute d’eau presque muette. La terre s’effaçait lentement devant ce grattement continuel. Annabel resta en contemplation devant cet étrange spectacle alors que Gabriel laissait ses pensées se porter sur ce « croque-mitaine » qui était à l’origine de tout cela. Il se l’imaginait affreusement maquillé en clown, un sourire sanglant lui barrant le visage, les ongles écorché et terreux.
Le garçon n’aimait pas du tout cette image qu’il chassa de son esprit en reportant son attention sur Annabel.
« -On peut partir maintenant ? », s’impatienta-t-il en voyant la fin du monde assombrir la terre à leurs pieds.
La jeune femme se retourna et acquiesça en prononçant d’une voix blanche :
« -Mon père se trouvait là bas. »
« -Je sais, souffla Gabriel de manière presque inaudible. Je suis désolé. »
Ils se dirigèrent l’un à côté de l’autre vers la voiture sans dire un mot. Annabel était apparemment bouleversée. Elle avait la tête baisser vers le sol avec un air absent.
Une fois arrivé à côté de la décapotable de son père, Gabriel brisa le silence en lui disant qu’il fallait partir le plus loin possible.
« -Mais où ? », rétorqua-t-elle avec dans ces deux mots un sous-entendu qu’il était inutile d’expliciter.
Un sous-entendu qui voulait dire « à quoi cela sert de fuir puisque la fin du monde nous poursuivra où que nous allions ?»
Ce à quoi Gabriel ne pouvait absolument rien répondre. Bien sûr que cette fuite semblait totalement inutile, mais que pouvait-on faire d’autre ? Se coucher sur le sol à attendre de se faire prendre en photo sépia par le Grand Photographe et disparaître en poussière ?
« -Il y a probablement quelque chose à faire, s’indigna le jeune homme. Il doit y avoir une manière d’échapper à ça, d’arrêter la progression de…de…ce truc. Cela ne coûte rien d’essayer. »
Annabel se souvenait très bien de Gabriel dans son école. C’était quelqu’un qui c’était toujours laisser faire quand la bande locale venait pour l’insulter et le frapper. Qui se laisser faire sans rien dire.
Un lâche. C’était ce qu’elle avait pensé à l’époque. Et c’était l’image qui lui restait de Gabriel.
Il avait apparemment changé entre temps. Aujourd’hui il ne paraissait toujours pas très sûr de lui, mais au moins il était combatif.
Annabel acquiesça. Il avait raison : il ne fallait absolument pas baisser les bras.
La jeune femme devança Gabriel en bondissant à l’intérieur de la voiture sans ouvrir la portière. Il la regarda avec un sourire aux lèvres avant de se glisser lui aussi sur son siège.
Les yeux posés l’un sur l’autre, Annabel et Gabriel avaient cette étrange sensation de bien-être malgré la tragédie qui frappait leur monde.
C’était la fin du monde et ils se sentaient bien.



***
         « -Vous avez l’antenne dans dix secondes. »
La maquilleuse se retire après avoir saupoudré une dernière fois le front de l’invité de fond de teint.
Le présentateur, le célèbre Larry Sherman en personne, était en train de disposer des fiches face à lui.
« -Dans trois, annonce un caméraman. Deux. Un. »
Et il achève le rituel par un geste de la main qui signifie que l’émission est maintenant diffusée en direct partout dans le monde, du moins dans la partie du monde restant.
« -Mesdames et messieurs bienvenus dans notre émission où nous recevons aujourd’hui le célèbre Marc Anderson qui est l’auteur du livre prophétique « Rêve d’apocalypse ». Marc, que ressent-on quand on se rend compte que l’on a écrit un roman qui se réalise petit à petit ? »
Marc avait sauté de joie en voyant que cela avait fait vendre soudainement des millions d’exemplaires. Mais ce n’était pas le genre de réponse que Larry Sherman voulait entendre. Ce qu’il désirait c’était un bon vieux mélo du genre :
« -J’ai prié que ce ne soit qu’une coïncidence. Mais voyant que les évènements me donnaient chaque jour raison, j’ai appelé tous les gens que j’aime pour leur annoncer que l’on allait vivre des jours difficiles. Qu’il fallait se réunir et profiter de ce qui pourrait être nos derniers instants. »
Larry Sherman laissa un bref temps de silence avant d’enchaîner :
« -Vous voyez-vous comme un prophète ? »
Marc accueillit la question la mâchoire serrée. Il n’avait jamais demandé à être exposé aux caméras pour répondre à toutes ses questions. Surtout qu’il fallait que ses réponses correspondent à la pensée de son éditeur.
« -J’ai fait un rêve monsieur Sherman, commença-t-il sans savoir ce qu’il allait dire exactement ensuite. J’ai vu ce qui nous arrive en ce moment. J’ai vu les images de ce raz-de-marée, de l’épidémie qu’il allait apporté, de la guerre qui allait découler de tout ça. Maintenant j’ai écris ce que j’ai vu et je l’ai porté au monde. Si ce rêve m’a été inspiré par une divinité, si cela fait de moi un messager de Dieu, je ne le sais pas. »
Le présentateur acquiesça avant de lire sur le téléprompteur une question qui lui était envoyé par la rédaction.
« -Vous avez aussi vu notre monde happé par le néant, disparaître petit à petit, n’est-ce pas ? »
Marc Anderson fit timidement oui de la tête.
Sherman continua en mettant davantage d’intensité dans la voix :
« -Je suppose que j’ai le droit de raconter la fin de votre roman dans la mesure où cela représente notre avenir, l’avenir de toute l’humanité. Nous allons être sauvé. Ce mur de destruction qui avance irrémédiablement, va s’arrêter. C’est bien cela ? »
« -C’est effectivement comme cela que se termine mon roman, répliqua l’auteur. Mais il y aura eu beaucoup de victimes avant cela. Les survivants de cette apocalypse devront se remettre sur le droit chemin pour créer une nouvelle humanité...une humanité… meilleure que celle que nous connaissons. »
Il avait achevé son discours d’une manière hésitante.
« -Pensez-vous que c’est une punition que Dieu nous inflige ? »
« -Ce n’est pas une punition, lança Marc. C’est une manière de nous faire comprendre qu’il faut tourner la page. Que nous avons fait beaucoup d’erreur et qu’il faut reprendre depuis le début. »
Larry Sherman regarda son assistante qui lui montrait une pancarte annonçant que c’était le moment de la première coupure publicité.
« -Merci Marc Anderson de nous avoir accordé cette interview. Nous revenons tout de suite après avec Arthur Sanders, ce chauffeur routier de quarante-huit ans qui prétend avoir traversé le néant et en être revenu et qui raconte son expérience. »

***
La route était en ligne droite, presque une ligne de symétrie entre les maisons qui se trouvaient de part et d’autre.
« -Arrêtes-toi ! », lui commanda Annabel.
La voiture s’arrêta. Gabriel regarda la jeune femme en prenant conscience qu’elle lui avait dit cela sans paniquer, juste fermement comme quelqu’un qui a oublié quelque chose. 
« -Tous ces gens, lança-t-elle en regardant les maisons alentours. Il faut les prévenir de ce qui arrive. On ne peut pas les laisser derrière nous comme ça. »
Le jeune homme acquiesça comme quelqu’un qui se reproche de ne pas avoir eu l’idée avant.
Ils descendirent de voiture pour se diriger chacun vers la maison face à leur portière.
Gabriel frappa trois coups à la porte et fit deux pas en arrière. Il attendit là pendant un bref instant avant qu’une jeune fille n’ouvre la porte. Il se souvenait l’avoir déjà vu à son école.
« -Il faut que tu partes d’ici tout de suite, énonça-t-il avec cette violente impression qu’il n’allait pas être crû. Le monde est en train de disparaître. Il n’y aura bientôt plus rien ici. »
La jeune fille avait de grands yeux interloqués.
« -Qui est-ce ? », demanda une voix masculine à l’intérieur de la maison.
La silhouette du père vint apparaître avant d’éclipser celle de la fille.
« -Que lui voulez-vous ? », demanda l’homme d’un air menaçant.
Gabriel hésita à répondre mais il reprit à peu de chose près le discours qu’il avait eu plus tôt.
« -Et tu croyais vraiment que ma fille allait te suivre dans ta voiture en racontant une histoire aussi stupide ? »
« -Je… je ferais mieux de vous laisser », bégaya le jeune homme en faisant deux pas en arrière.
Le père acquiesça d’un air satisfait.
« -Et ne va plus jamais tourner autour d’elle. Intéresse toi aux filles de ton âge plutôt que d’espérer profiter de la crédulité de la mienne. »
« -Ce n’est pas du tout ça monsieur, je ne m’intéresse pas à votre fille. Vous devriez aller voir là-bas par vous-même. »
La porte se referma.
Il revint à la voiture presque en même temps que Annabel. Elle lui annonça d’une voix désolée :
« -Madame Jenkins ne m’a pas crû. »
« -Ne t’inquiète pas. Moi non plus on ne m’a pas crû. »
Ils remontèrent dans la voiture et Gabriel redémarra pour se mettre au niveau des deux maisons suivantes.
« -On réessaye ici ? », demanda-t-il.
« -Ça ne coûte rien d’essayer je suppose. Et puis je connais la famille qui habite dans cette maison. J’espère qu’ils me croiront. »
En disant cela, Annabel avait montré la maison à sa gauche. Ils sortirent de la voiture et croisèrent leurs directions pour se diriger vers la maison opposée.
Ils revinrent tous deux la minute suivante.
Annabel le regarda d’un air interrogatif. Gabriel secoua la tête une fois à droite, puis à gauche.
« -Moi ils m’ont promis d’aller voir au cas où », expliqua-t-elle.
« -Au cas où quoi ?, pouffa le jeune homme. Où tu ne serais pas complètement folle ? »
Annabel se mit à rire à son tour.
Gabriel regrimpa en voiture et elle le suivit aussitôt. Ils roulèrent sur cent mètres avant de se stopper au niveau des maisons suivantes. Le jeune homme sortit de la décapotable et se dirigea prestement vers la porte. Il frappa une nouvelle fois trois coups. Neuf au final avant qu’il n’admette l’idée qu’il n’y avait personne ou qu’il n’était pas le bienvenu. Il fit le chemin inverse vers la voiture quand il vit que Annabel était restée à trois mètres du véhicule sans s’approcher davantage de la maison.
« -Annabel ? », appela-t-il d’une voix teintée d’inquiétude.
Elle se retourna et il vit ses yeux humides. Elle ne pleurait pas, mais se retenait du mieux possible pour ne pas le faire.
Gabriel comprit, il demanda :
« -C’est la maison…de… »
Il n’eut pas besoin d’aller plus loin dans sa question, elle n’eut pas besoin d’y répondre non plus. C’était la maison de Steven. Son ex-petit ami.
« -Qu’il aille au diable. », tonna-t-elle dans un gémissement. 
Gabriel ne fit pas de commentaire et la regarda s’asseoir dans la voiture avant de se mettre à ses côtés. Il posa sa main sur son épaule et ce contact surpris la jeune femme.
« -Ça va aller maintenant, assura-t-il d’une voix douce. Dans une heure il aura disparu de la surface de la terre, et il faudra qu’il disparaisse aussi de ta tête. »
Elle fit oui de la tête avant de poser ses pieds sur le tableau de bord. Annabel alluma la radio avant de lui dire d’une voix légèrement plus joyeuse :
« -Allons-y alors. »


Atlantico.fr : un nouveau site d'information exclusivement en ligne

Grace à Dominique, je découvre ce nouveau média, http://www.atlantico.fr/ (qui pousse même la gentillesse jusqu’à citer mon blog). Il semble être un site d’information « pas à gauche » (donc à droite ?). Je me dois de les encourager : on a besoin d’une autre information patati patata, longue vie, bonne chance et tout ça.

Alors j’ai été voir quelques articles pour juger.

Celui-ci, par exemple, qui cite les propos de Christian Jacob à propos de Dominique Strauss-Kahn et estime que le chef des députés UMP a raison : DSK serait le premier Président de la République (déjà !) sans racine rurale. Ils ont juste oublié de préciser les racines rurales de Nicolas Sarkozy.

Il y a ensuite cet article, comparant l’Allemagne et la France. « Là-bas, capitaliste ou libéral ne sont pas des insultes. Y travailler plus de 35 heures n'est pas un scandale ». L’auteur aurait été bien avisé de comparer les temps de travail effectifs en France et en Allemagne, ne serait-ce qu’en consultant les sites de l’OCDE ou d’EUROSTAT. Un blogueur gauchiste le fait en cinq minutes quand il n’a pas d’idée de billet mais qu’il veut quand même rigoler.

Cela dit, je suis d’une parfaite mauvaise foi. Nombre d’articles sont bien au contraire franchement critiques face au gouvernement.

Si j’avais une critique à formuler de ce site, je dirais que la lecture des articles donne une impression de « déjà vu », peut-être amplifiée par le fait que je vient de me taper plusieurs articles à la suite, dans la succession de ma lecture d’une bonne quinzaine de billets de blogs, pendant ma pause déjeuner.

A contrario, les articles me semblent beaucoup plus digestes que ceux de certains concurrents.

A suivre, donc (sachant que je ne suis lecteur d’aucun pure player).

Nicolas Sarkozy nous aurait-il oubliés ?

Dans mon billet d’hier matin, j’émettais l’hypothèse de l’arrivée en tête de Marine Le Pen au deuxième tour, hypothèse qui loin de m’amuser m’interroge et me chagrine. Comment en sommes nous arrivés là, l’échec de la politique et tout ça… ?

Cela dit, des à-côtés pourraient très bien m’amuser. Par exemple les tentatives d’éléments de réponse apportés par une frange de mes camarades de gauche risquent d’être à plier de rire. Surtout, Nicolas Sarkozy vient d’annoncer un remaniement pour renforcer la diplomatie française et donc la place de la France dans « le concert des nations » ! J’imagine la trogne du chef d’orchestre si un parti d’extrême droite d’arrive en tête d’élections nationales. Bonjour la place de la France et l’image de marque à l’étranger.

Paf ! Le président annonce vouloir accompagner la mutation des pays arabes et les élections montreraient surtout qu’on voudrait accompagner la mutation des arabes vers leurs pays… On aurait l’air fin…

Cela dit, je me demandais hier soir à quoi ça servait de parler du remaniement. Yann me confirme que ça ne sert à rien et Mathieu, que je prenais à témoin, hier, nous met au défit de trouver « un billet ou un article sur le remaniement de ce soir qui apporte une vision originale par rapport aux discours des grands médias ».

Je ne sais pas ce que vont dire les grands médias, je n’ai lu aucun édito ce matin à part celui du machin gratuit que je lis dans le métro et qui m’apporte toute satisfaction en ne prenant que cinq minutes de ma vie, par jour. Je ne vais pas, non plus, répondre au défit de Mathieu, non pas en cherchant un truc original mais en prétendant en pondre un. Voila 62 mois que je  tiens ce blog politique et j’ai l’habitude d’y balancer les conneries qui me passent par la tête. Voilà la dernière, pour ponctuer ce préambule fumeux…

Nicolas Sarkozy vient de donner de nouveaux points au Front National (ou plus précisément à Marine Le Pen).

Outre le fait qu’il rend encore plus « fouillis » sa politique, le énième remaniement,… et pour ça, je laisse les grands médias et mes confrères blogueurs s’escrimer, je constate juste qu’il ne s’adresse plus au peuple Français.

Il met en place un gouvernement pour accompagner les pays arabes dans leurs changements – alors qu’ils ont bien montré qu’ils n’avaient pas vraiment besoin de nous – laissant quand même entendre qu’il s’agissait aussi d’éviter des vagues massives d’immigration…

Mais nous, là-dedans ? Notre pouvoir d’achat, notre chômage, notre dette, … On l’oublie ? Ca y est, on est foutus ? On ne peut plus rien faire ? L’emploi, les retraites, la formation des jeunes, le prix des céréales dont on fait la bière,… On laisse tomber ?

Il nous a oubliés, le Président ?

Marine Le Pen à 14 mois pour parler de préférence nationale…

27 février 2011

Twitter, la moustache et le remaniement

Je me rappelle du dernier remaniement. Quelques jours après, un débat avait eu lieu, dans les blogs, à l’initiative de Mathieu : « ça sert à quoi d’en parler dans les blogs ? »

Le chef de l’état a fini son allocution depuis une quarantaine. Je l’ai vue au bistro. Après j’ai écouté l’interview de Johnny. Elle est forte, Claire Chazal : réussir à le faire parler. Les questions doivent durer plus longtemps que les réponses.

Dimanche dernier, c’est Dominique Strauss-Kahn qui causait dans le poste. Nicolas devait avoir de faire pareil. Il a aussi annoncé la composition du nouveau gouvernement, prenant ainsi la place du Secrétaire Général de l’Elysée (qui est à l’Intérieur) et du Premier Ministre (probablement à l’extérieur, on ne l’a pas vu de la journée).

La réaction du  bistro a été unanime.

Ca sert à quoi d’en parler dans les blogs ? Effectivement tout a été dit avant et les éditos vont d’en donner à cœur joie, demain. Je n’ai rien à ajouter.

J’ai néanmoins quelques lecteurs pas intéressés par la politique et qui viennent sur mon blog pour voir si je n’ai pas des nouvelles histoires de cul à raconter. Je résume donc. MAM est partie. POM est resté. Alain Juppé est Ministre des Affaires Etrangères. Gérard Longuet est Ministre de la Défense. Claude Guéant est Ministre de l’Intérieur. Brice Hortefeux n’est plus là. Il aurait déclaré : « Un remaniement, ça va, c’est quand il y en a plusieurs… » C’est Karim qui tenait l’Aéro ce soir. Il y avait le Vieux Joël mais on n’a pas vu Djibril. Sinon, je crois bien que le Premier Ministre Tunisien s’est barré, mais ce soir on s’en fout.

Ca sert à quoi d’en parler dans les blogs ?

A rien, mais je me devais de parler de la réaction dans Twitter. La seule interrogation des twittos porte sur la moustache de Nicolas Sarkozy. Voir l’illustration. Vous pouvez cliquer pour agrandir.

Demain est un autre jour.

Et Marine Le Pen arriva en tête au premier tour...

A gauche, on est peinards. On a le gros parti, le PS. Bon an mal an, bonne élection, mauvaise élection, il représente 25% des voix. On a eu une gauche de la gauche relativement prospère. Dans le dernier sondage que j’ai vu, un peu surprenant (mais avec l’hypothèse selon laquelle Nicolas Sarkozy ne se représenterait pas), on a un Besancenot à 8% et un Mélenchon à 6%. Les verts seraient autour de 4%. Une espèce de ritournelle. Avec ça, on arrive à gagner les élections locales mais à perdre les nationales, un peu comme si c’était un jeu.

A droite, ils ont créé le « parti unique », il y a une dizaine d’années. Ils sont au top pour les nationales et pour l’élection du Président au scrutin universel mais sont un peu mal pour les locales, n’ayant pas d’appuis.

Je suis tombé sur un commentaire d’un blog où l’on me qualifie de nostalgique du RPR. Le camarade Rimbus, lui-même, me trouve autorisé à parler au nom des gaullistes. Il n’en est rien. Les gens ont du mal à imaginer à quel point je me fous de certaines bricoles, comme le départ de MAM d’ailleurs.

Si j’étais nostalgique de quelque chose à droite, ça serait tout simplement de la droite qui a rythmé mes premières années en politique et qui s’est effondré au cours des dix ou quinze dernières années, avec peut-être un tournant, au cours de ces deux premiers mois de l’année (mais je ne suis pas historien et il est trop tôt pour que les historiens puissent sortir quelque chose de cette nébuleuse). La droite avait deux fortes composantes : l’UDF et le RPR.

L’UDF représentait une espèce de machin démocrate chrétien avec un ramassis de libéraux dont il était toujours amusant de constater que les principaux dirigeants étaient issus d’un mouvement d’extrême droite, Occident.

A sa droite, nous avions le RPR, une espèce de machin de tradition Gaulliste, Républicaine où je ne sais quoi, que nous combattions toujours avec ferveur. Ils n’étaient pas toujours très propres, ces braves gens. Je ne fais pas allusion qu’au SAC de Charles Pasqua mais aussi au « bruit et l’odeur » de Jacques Chirac. Ils représentaient néanmoins une sorte de barrage contre le Front National et les relents nauséabonds que l’on sait et qu’on se mettra sur l’oreille pour fumer plus tard.

Sur la scène politique actuelle, nous avons un peu Gérard Longuet qui représente le premier et Michèle Alliot-Marie le deuxième. Nicolas Sarkozy va parler, ce soir. Gérard Longuet devrait rentrer au gouvernement et MAM en sortir et je ne vois aucune raison de m’en réjouir, à part en constatant qu’une ministre ayant « trahi la république » (je mets des guillemets, j’ai la flemme de chercher une expression plus juste) se fait épingler et est obligée de faire ses valises. Ou de les défaire définitivement, plutôt.

Dans le temps, on parlait « des trois droites », après on n’en a eu plus que deux. Ce mois-ci, tout est torpillé. Les quelques vagues repères qu’on pouvait avoir ont disparu, ce qui n’est pas trop grave, on n’est pas électeurs de la droite…

Par contre, je connais des électeurs de droite. Ils ne doivent pas trop savoir où aller. Vous aussi vous en connaissez : la petite vieille du coin, votre boucher, votre chauffagiste, l’ouvrier de l’artisan menuisier avec qui vous prenez le café, le matin, le dentiste sympa, toujours prêt à faire la fête… Vous en connaissez forcément. Ils représentent, allez !, un socle de 35% de la population.

Les gauchistes les ignorent. Un ouvrier qui ne vote pas à gauche n’est pas un bon ouvrier et les autres n’ont aucun intérêt. Pourtant, une partie des ouvriers ne vote pas. Ils ne sont pas français. La majorité des autres travaillent pour une petite entreprise, sont aussi individualistes que moi caricatural. Ils votent à droite.

Vous les connaissez, ces électeurs de droite. Seulement, quand vous êtes avec eux, vous oubliez la politique, vous parlez de la vie du quartier, du mach de foot de la veille. Tiens ! Je vais pouvoir les faire chier, ce midi, Rennes est numéro 1 en Ligue 1. Je vais les voir à l’apéro, à la Comète.

Généralement, je raconte dans le blog mes histoires de bistro. Cette fois, pour rigoler, je vais raconter au bistro mes histoires de blogs. Alors, les gars, z’avez vu ! Alliot-Marie est virée, un jeune ambassadeur se fait détester par les Tunisiens et le Président de la République, celui pour qui vous avez voté, se fait épingler par les Turcs parce qu’il ruminait un chewing-gum.

On va rigoler. La gauche ayant fermé se gueule cette semaine, ils n’auront rien à me répondre. Si ce n’est qu’ils ne voteront pas Nicolas Sarkozy en 2012. Mais ils voteront toujours à droite. Pour la seule candidate qui ait la chance de faire un score notable.

C’est ainsi qu’en deux ou trois mois, on a vu éclater une droite traditionnelle. Nicolas Sarkozy joue avec le feu pour espérer recréer le scénario de 2002 mais avec toutes les erreurs qu’il commet, il risque de se laisser dépasser par les événements.

Marine Le Pen pourrait très bien arriver en tête au premier tour. Elle a réussi son pari : en quelques mois, elle a dédiabolisé son parti. Des électeurs de la droite traditionnelle pourraient naturellement se reporter sur elle, avec le traditionnel argument « de toute manière, elle ne passera pas », parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. « Leur » droite traditionnelle a explosé en vol.

Mais les blogueurs gauchistes continuent à penser qu’à eux seuls ils représentent le peuple.

Alors si ça peu vous faire plaisir, j’admets : je vois un tas de raison pour me réjouir du départ de Michèle Alliot-Marie. Le coup de sa Fondation ferait même déborder le vase si ce n’était déjà fait.

Mais aujourd’hui, je n’ai pas envie. Je constate juste que si on continue comme ça, dans quatorze mois, il se pourrait bien que les derniers représentants du RPR et de l’UDF appelleront à un vote républicain pour le PS, pour faire barrage au Front National.

Continuez à vous réjouir. Le peuple à faim, donnons-lui des jeux…

Mais les électeurs de droite que vous connaissez, que je connais, vont voter pour Marine Le Pen. Parce qu’ils n’ont pas d’autre choix.

26 février 2011

Ne mâchons pas notre rancoeur

Voila nos amis Turcs (lire chez Romain) qui ne sont pas contents. « Le maire d'Ankara Melih Gokcek a fait savoir samedi qu'il s'était permis de mâcher du chewing-gum en présence de Nicolas Sarkozy lors de sa courte visite en Turquie vendredi, en réaction au "manque de respect" dont le chef de l'Etat français avait fait preuve selon lui en faisant de même. »

Mon billet de ce matin est mal passé auprès de certains et contrairement à d’habitude, ça a plutôt tendance à me faire rigoler. Les gauchistes en peau de lapin que nous sommes tous derrière nos claviers ont l’impression d’avoir gagné une grande victoire avec le départ annoncé de Michèle Alliot-Marie, plein de grâce, comme si nous étions pour quelque chose. Certains ont même pensé que je plaignais la dame. Pas du tout : elle a fait des conneries, visiblement, elle est virée, basta.

Je constatais juste qu’il eut été vaguement prudent de prendre quelques pincettes dans l’analyse, Nicolas Sarkozy ayant réussi à virer la dernière personne qui ne soit pas totalement rentrée dans le rang et restait le symbole d’une autre droite, que j’ai toujours combattue, mais qui me semblait un tantinet plus rébublicaine.

Des peuples arabes ont gagné : ils ont eu la peau de leurs dictateurs. Félicitons-les. Les blogueurs gauchistes ont gagné : ils croient avoir eu la peau d’un des ministres.

MAM était Ministre des Affaires Etrangères. Je ne sais pas si elle savait faire des bulles de chewing-gum. N'est pas Justin Bieber qui veut, hein Luciamel ? (illustration)

La Ministre des Affaires Etrangères a été virée.

« "M. Sarkozy est descendu de la passerelle de l'avion en mâchant un gros chewing gum. Il s'est arrêté un instant, a regardé autour de lui et a continué à mâcher... Personnellement j'ai été vexé", a rapporté M. Gokcek à l'agence Anatolie.

"Il avait fait preuve du même manque de respect précédemment en présence de notre président Abdullah Gül en France", a ajouté le maire, sans détailler. »

La Ministre des Affaires Etrangères a été virée.

Je ne sais pas si la diplomatie Française sort grandie.

Les blogs politiques de gauche un peu connus ne parlent pas de cette histoire de chewing-gum. Vous les excuserez, ils préfèrent se réjouir du départ de MAM.

Je ne fêterai pas le départ de MAM !

Depuis ce matin, j’erre sur Internet à la recherche d’un billet à pondre, pas nécessairement pour révolutionner le monde, juste pour rythmer le blog, marquer une nouvelle journée. Mes copains Elmone et Yann ont réussi à reparler de MAM. Je n’ai pas envie. Je n’ai pas envie d’ironiser à propos de notre ministre sur le départ, elle faisait partie de ces personnalités politiques qui m’inspiraient le respect, peut-être parce qu’elle était une des dernières figures du RPR d’avant, celui qui, malgré tout ce qu’on pouvait lui reprocher, ressemblait encore à un machin républicain, avant que l’UMP naissante balaie tout sur son passage. MAM a enquillé 4 ministères régaliens, elle a été la première femme Ministre de la Défense, puis la première Ministre de l’Intérieur. Pourtant, depuis quelques semaines, elle déçoit.

Son affaire n’aurait été rien si elle avait tout raconté dès le début mais de semaines en semaines, elle s’enfonce. On (je !) la voyait comme une espèce d’emblème de la République et elle s’accroche maintenant à son poste, incapable de voir qu’elle rend impossible toute politique étrangères, à la France. Alors Nicolas Sarkozy va être obligé de la virer, comme une malpropre, parce qu’il n’a pas d’autre solution.

Les peuples arabes ont exigé et obtenu la tête de quelques dictateurs. On s’en réjouit.

Alors ma « time line » Twitter défile et je vois des twittos gauchistes qui se réjouisse de voir tomber une tête, celle de Michelle Alliot-Marie. Je ne me réjouis pas car j’ai mauvais caractère. J’avais expliqué en commentaire chez Le Coucou que je ne croyais pas ce départ forcé de MAM.

Elle était la dernière présidente du RPR, celui qu’on avait plaisir à combattre parce qu’il représentait quelque chose, une droite, une vraie, une ennemie, autre chose que l’UMP actuelle qui ne représente plus rien à part une machine à gagner les élections nationales pour le plus grand bonheur des copains du patron en promettant la lune à un peuple qui y croyait. L’UMP avait créé la « croissance social » et l’art de conjuguer le mot « social » à toutes les sauces, ils ont ensuite sublimé la notion d’ouverture mettant en place une politique qui a ruiné la France, ruiné les clivages traditionnels qu’on s’efforce de faire renaître en dénonçant des lois iniques. L’UMP a réussi à mettre le Front National au centre de la prochaine élection, probablement parce que la seule solution, pour elle, de gagner au deuxième tour est qu’aucun candidat de gauche n’y figurent.

Alors les twittos gauchistes se réjouissent. Ils ont « eu la tête d’un ministre ».

Pendant ce temps, je n’ai vu aucun billet de blog, aucun twit, sur la dernière sortie de Marine Le Pen :  « il faut "repousser les migrants dans les eaux internationales" ». Il ne s’agit plus de reconduire les « illégaux » dans leur pays d’origine, il s’agit de donner des coups de rames jusqu’à ce que ces pauvres gens périssent, au milieu de la Méditerranée. La marine française contre les boat people. Personne n'a réagi ! Pas une billet, pas une dépêche montrant le côté inique de ces propos...

Alors j’erre de site de presse en site de presse, de blog en blog. Et c’est à 11h30 que je réagis. Mon complice Sarkofrance (bientôt quatre ans de blogage parallèle, environ trois ans d’une amitié que seuls peuvent ressentir deux blogueurs qui se lisent du coin de l’œil depuis si longtemps, en menant le même combat, avec des armes diffférentes), mon complice Sarkofrance n’a pas fait de billet ce matin.

Aurait-il le même coup de bourdon que moi ? La fin de la politique. L’observation d’un nouvel acte du gouvernement, l’acte 2 comme dirait Jean-Pierre Raffarin, moins de trois mois après le dernier remaniement qui aurait du transformer la majorité en machine à gagner la prochaine présidentielle.

MAM va probablement être représenté par un des derniers représentants de la Chiraquie, Alain Juppé, celui qui a payé à la place du chef, celui qui avait tenté un retour au premier plan. Celui qui avait été obligé de démissionner du premier Gouvernement Fillon parce qu'il avait été battu aux législatives. Celui qui revient par la grande porte, comme s'il avait gagné des législatives... Tous les symboles sont à jeter. J'imagine des blogueurs gauchistes, moi le premier, d'ailleurs, se "réjouir" de l'arrivée d'un gaulliste historique à ce poste de Ministre des Affaires Etrangères, saluant un bon coup de Nicolas Sarkozy alors que, tout fout le camp, ma pauvre dame...

Quel gâchis… !

25 février 2011

L'UMP sur les pas du FN : s'indigner ou constater ?

L’UMP va relancer un débat sur l’Islam. L’UMP reprend les thèmes de campagne du Front National. Du coup, à gauche, on s’indigne. On est très fort, à gauche, pour s’indigner. Moi-même, pas plus tard qu’hier, je me suis indigné. Pourtant, je ne suis pas fort pour m’indigner. Je suis assez doué pour mettre les pieds dans le plat de l’économie ou pour émouvoir les braves gens avec les histoires des braves gens de mon quartier, mais pour l’indignation, bof. Il faut dire que je suis difficilement indignable et le seul truc qui puisse réellement m’indigner est quand la bière dépasse 2€50 au comptoir.

En fait, quand j’évoque « l’UMP qui marche sur les plates-bandes du FN », c’est plus pour évoquer l’aspect politique de la chose : le risque politique pour l’UMP, les tenants et aboutissements électoraux, la mutation de la société, la dédiabolisation du FN qui en découle (ben oui, si le plus grand parti de France prend les thèmes du FN, on peut difficilement blâmer le FN de prendre ses propres thèmes).

Et pourtant, la lecture des commentaires à mon dernier billet sur le sujet (notamment ceux de Romain et de Didier que l’on pourra difficilement accuser de connivence politique) finissent par me convaincre que le plus grave est l’échec perpétuel de la politique de l’UMP, échec qui permet au FN de marteler son argumentaire, obligeant l’UMP est à la traine.

L’échec le plus emblématique est cette « dalle de banlieue » que le Président de la République, alors Ministre de l’Intérieur, menaçait de laver au « nettoyeur haute pression ». Un quartier de banlieue, comme il en existe pas, devenu progressivement une espèce de ghetto social, zone de non droit, où les habitants vivent dans la peur, tous les jours, et qui finissent par rejaillir sur tous les pans de votre vie quotidienne, ne serait-ce que par la une de journaux qui nous font recracher le café, le matin.

Pourtant la recette est simple. Il y a trois volets à traiter :
-         un volet social, on ne pourra pas « calmer une banlieue » où 40% des jeunes sont au chômage, avec aucune perspective d’avenir, aucun rêve possible d’une vie meilleure, aucun exemple, même de vie meilleure,
-         un volet environnement, auquel je crois beaucoup, des transports en commun, des commerces de proximité, des établissements scolaires à taille humaine, des services publics, des immeubles vivables, loin des « barres » des années 60-70, …
-         un volet sécuritaire, pour garantir la sécurité des braves gens, pour casser les commerces occultes, rétablir le respect de la république, des forces de l’ordre, … Au gnouf, les délinquants !

Selon qu’on soit de droite ou de gauche, on poussera plus ou moins chacun des curseurs. Si on est un peu trop à gauche, on poussera les assistantes sociales pour expliquer aux mômes que c’est mal de voler les sacs à main des dames et si on est un plus à droite, on tapera sur les immigrés, les imams qui font la loi, …

J’ai dit que la recette est simple. Celle de l’omelette aussi. Pourtant si on n’a pas le coup de main, la bonne poêle et la cuisinière bien réglable, on n’y arrivera pas, on fera une passe de pâté d’œufs insipide. Mais on aura essayé.

Le problème de l’UMP est qu’elle n’a quasiment pas essayé, à part quelques coups de communication, … Le nombre de policiers dans les zones sensibles est probablement en baisse et le plan banlieue de Fadela Amara a disparu. La situation de nos banlieues est intacte, la république n’y est pas plus respectée.

Les lois sécuritaires se sont multipliées en 9 ans, les nouvelles cachant les précédentes avant même la parution de leurs décrets d’application, les histoires de récidive se poursuivent et le faits divers s’enchaînent (on a encore eu, en début de semaine, une histoire de policiers obligés d’abattre un pauvre type les menaçant avec une arme factice, je n’ai pas trop suivi).

Les gens ne sont pas dupes. Ils sont bien obligés de constater l’échec de l’UMP. L’UMP peut toujours renforcer son discours, les gens n’y croient plus, les gens ne croient plus à la politique. Alors ils viennent se réfugier derrière le Front National, sans même regarder le programme plus en avant – tout le monde s’en fout – tant il est évident que l’UMP ne peut plus rien.

Alors l’UMP invente de nouveaux trucs. J’imagine assez bien voir surgir un truc : « on va expulser tous les délinquants sans papier » sans même se rendre compte que les sans-papiers sont déjà expulsés et que la communication massive menée depuis cinq à propos des sans-papiers n’a strictement rien donné. Par définition, personne ne peut connaître le nombre de sans papier et expulser 25 000 gugusses par ans ne changera à l’état de nos banlieue peuplées par des millions de braves gens issues de l’immigration et peut-être en France depuis avant le rattachement de la Bretagne, pour vous dire à quel point je ne me sens pas plus français que quiconque.

Il nous reste une quinzaine de mois. Peut-être suffiront-ils à l’UMP pour se rendre compte de son problème principal : elle n’arrive plus à masquer ses échecs. Les électeurs vont voir ailleurs. Plus elle poussera en avant les thématiques de l’ennemi, à droite comme à gauche, plus elle assurera la promotion de l’ennemi puisque, au moins, l’ennemi est-il peut-être capable d’apporter des solutions.

(photo)

24 février 2011

L'affiche qui fâche

Corto et Vallenain s’offusquent de la sombre affiche du MJS dont tout le monde se fout, moi le premier, mais je suis mis en cause par Val dans son billet et par Corto dans les commentaires chez lui. Pour ceux qui ne sont pas au courant, ils peuvent aller consulter les blogs de Corto et de Val qui, eux, diffusent l'affiche. Moi, pour illustrer ce billet, j'en diffuse une autre, faite par les jeunes pop.

Alors je vais leur répondre : péter dans un verre d’eau est assez compliqué mais n’a jamais fait prendre la mayonnaise.

Cela dit, je les invite à lire la réponse de Laurianne Deniaud, Présidente des jeunes socialistes.

« Une fois sortis des buzz, des polémiques sans fondement et du lip-dub, que propose l’UMP aux jeunes ?  Je suis prête à en débattre publiquement avec Jean-François Copé s’il a moins de temps à perdre dans les jours à venir. »

Charité vs. Solidarité Nationale

Alors que Le Coucou relaie à son tour l’opération entre les blogueurs et les restos du cœur, voila Melclalex qui s’étonne de ma position (le refus de relayer ici). Je vais donc la préciser.

Tout d’abord, je tiens à préciser que ce n’est pas une nouvelle marotte de ma part. C’est opposition entre la solidarité et la charité me tient à cœur depuis longtemps. Je vais donc republier ici un billet que j’ai publié sur Equilibre Précaire en octobre 2007. « Charité vs. Solidarité Nationale »

« Je suis très rythmé. Novembre est le mois du Beaujolais nouveau. Décembre est celui des dons aux associations pour échapper un peu aux impôts et se donner bonne conscience.

En décembre, je vais ronchonner à nouveau sur le fait que 20 ans après la création des Restos du Cœur, il faille encore faire appel aux bénévoles et à la charité pour nourrir les exclus de la société ! Où en est la Solidarité Nationale ?

Ca commence généralement par les bénévoles de la Banque Alimentaire, dans le supermarché en bas de chez moi. Un de ces soirs, ils attendront derrière les caisses avec leurs chariots. J’irai leur demander ce dont ils ont le plus besoin. Les bénévoles me répondront que c’est à moi de voir. Ne voulant pas avoir la honte de leur refiler des pâtes bas de gamme, j’essaierai de trouver des conserves de qualité, que j’aurais envie de manger mais qui ne fassent pas vieux con de bourgeois.

Je sortirai des caisses la tête haute pour satisfaire mon devoir. Plus exactement, je n’aurai pas à baisser la tête devant la honte qui m’envahirait si je n’avais pas participé à la mission collective.

Encore une fois, je ronchonnerai d’avoir participé aux bénéfices de deux multinationales : une qui produit des conserves, l’autre qui les distribue aux fidèles consommateurs. Je me ferai la promesse de ne plus recommencer (ou, la prochaine fois, de faire mes courses dans un supermarché d’une chaîne dont je suis actionnaire).

Rentrant chez moi pour déposer mes sacs de courses, sans même aller au bistro malgré ma juste colère, je prendrai le courrier dans la boîte à lettres. Il y aura Convergence, le magazine du Secours Populaire, un courrier du Sidaction me rappelant leur existence, un reçu du Téléthon me remerciant pour ma participation. Tiens ! La ligue contre le cancer ne m’écrit pas aujourd’hui ? Ah ! Un courrier de ma banque qui m’invite à participer à la prochaine introduction en bourse d’un futur concurrent de La Poste.

La « loi Coluche » qui permet de déduire de ses impôts des « dons aux œuvres » a environ 20 ans. Ca fait beaucoup plus longtemps que des bénévoles se fatiguent à récolter des dons et que les associations dépensent des fortunes à faire de la publicité, à organiser leur système, …

Ca fait environ 20 que je me pose la même question. Pourquoi la Solidarité Nationale peut fonctionner pour acheter des chars Leclerc et pas pour nourrir les plus démunis et subventionner la recherche ? Pourquoi ce n’est pas le budget de l’état qui permet d’envoyer une journée les mômes des cités à la plage ?

Environ un milliard d’euros sont donnés par les Français. La loi Coluche part d’une bonne idée… mais on oublie l’essentiel.

C’est quoi un milliard ? 8% du paquet fiscal. 1,5% du bénéfice des seules entreprises du CAC 40. Toutes choses égales par ailleurs. Nicolas, arrête ton gauchisme primaire, tu vas te faire engueuler par le chef du blog.

Si le budget de l’état alimentait directement celui des associations concernées, elles économiseraient tous les frais de « promotion » (je crois que ça représente environ 30% du budget) et pourraient se consacrer à l’essentiel de leurs missions. En outre, ça me fatigue de faire un choix entre « mes œuvres ». En quoi est-ce plus important de nourrir quelqu’un ou de soigner la myopathie que de participer au financement d’une prothèse dentaire pour un ancien joueur de boxe ?

Mon chèque de 100 euros, je l’envoie à qui ? Au Téléthon ou au Sidaction ? A l’Unicef ou au Secours Populaire ? De quel droit mon voisin de palier (au fait ! Salut, si tu passes par là) aurait le droit de choisir à ma place – ou à la place du député que j’ai contribué, avec lui, à élire – quelle cause mérite une plus grande attention ?

Enfin (je le jure !), on ne me fera pas croire que les denrées recueillis par mes bénévoles dans mon supermarché participent d’une manière significative à l’aide alimentaire dans son ensemble. Qu’il ne s’agit pas un peu d’une opération de communication destinée à sensibiliser le public. Qu’il ne serait pas plus rentable de recueillir des denrées à la source.

Qui peut mieux le faire qu’une association forte, subventionnée par l’état, donc par la solidarité nationale ? Et pas par la charité de bonne conscience et d’exonération d’impôts ? »

Plus de trois ans après, rien n’a changé.

Sauf que… En tant que blogueur de gauche, je réfléchis de plus en plus, une sorte d’obligation, de devoir, pour pouvoir formaliser des idées, les exposer sur mon blog sans risquer de me prendre des salves de trolls de tous côtés.

A force de remuer les données politiques dans ma tête, jour après jour, je suis de plus en plus persuadé qu’on arrive dans une impasse, qu’on a atteint les limites d’un modèle pseudo libéral.

Alors en tant que blogueur de gauche, je me dis de plus en plus qu’on arrive à quelque chose uniquement en changeant de modèle de société.

Je ne lutte pas contre ces associations qui font un travail – malheureusement – indispensable. Il n’empêche qu’en promouvant leurs actions, je ne fais que promouvoir le modèle de société actuel, celui qui nous mène dans le mur, celui qui fait que l’intégration des braves gens dans la société ne dépend plus de cette société mais du bon vouloir de chacun, en fonction du nombre de pièces qui trainent, au fond d’une poche.

L’autre jour, suite à un billet de Vlad, on débattait ici-même de la justesse ou non de l'Allocation de solidarité aux personnes âgées. Une nouvelle rustine dans la société de la « casse sociale ».

Aujourd’hui, il s’agit tout simplement de savoir comment nourrir les gens qui n’ont pas les moyens de passer au supermarché, le soir, et d’offrir un véritable repas à leur famille.

Pour moi, c’est le rôle de la société.

On n’en changera pas le modèle en défendant l’ancien.