21 février 2011

Un homme d'état

Figurez-vous qu’il m’est arrivé un truc incroyable, hier soir : j’ai regardé la télé. Je le ne fais jamais ou presque (pas par snobisme, je suis toujours fourré devant mon ordi). J’ai été pris d’une pulsion : il FALLAIT que je regarde DSK comme si Dieu existait et me l’avait ordonné.

Alors j’ai pris mon courage à deux mains et mes escaliers à deux pieds et me suis dirigé vers un bistro équipé d’un téléviseur et d’une réserve de Vittel. A vingt heures, il ne restait plus que de vieux arabes bourrés (important dans le décor, l’antisémitisme n’est pas mort…), le vieux Joël et moi.

A 20 heures, j’ai demandé au patron de mettre la deux et quand DSK a commencé à causer, je me suis rapproché.

Au fond, mon sentiment importe peu d’autant que tout a été dit dans twitter. Tout mais pas grand-chose, les commentaires sont assez creux, ce matin. Un comme si le messie avait porté la parole finale. « On s’est occupé de la finance, de l’économie, il est temps maintenant de s’occuper des gens, surtout en Europe, où les gouvernement les ont abandonnés. » Je ne cite pas, je résume.

Christian Jacob et la ruralité de DSK ? Il ferait mieux de s’occuper de ce pourquoi il a été élu plutôt que d’alimenter des polémiques, si les élus bossaient, on en serait pas là. Une succession de petites baffes sans avoir l’air d’en donner. Au dessus du lot.

A un moment, le vieux Joël s’est tourné vers moi, presque ému : « On a enfin un homme d’état, en France, il faut qu’il revienne. » J’avais le même sentiment mais j’étais presque convaincu d’avance (sans être spécialement DSKiste, je me contente de chercher la bête rare capable de faire gagner la gauche). Pas Joël. Il ne lui serait même pas venu d’envisager la moindre seconde de voter pour DSK et il ne le fera probablement pas, conquis par Méluche. Il n’aurait même pas regardé l’émission si mon envie n’avait pas été « communicative ». Les voies du cerveau… « On a enfin un homme d’état, en France ». Ca change de tous les autres.

L’émission terminée, j’ai branché Twitter (j’avais refusé de faire du livetwittage, c’est déjà suffisamment compliqué de se concentrer dans un bistro avec des arabes bourrés qui crient en traitant de juif le type dans le poste). Et j’ai lu.

Twitter avait été très actif, visiblement, pendant l’émission mais s’est vite calmé. Quelques minutes après, il ne restait que quelques ségolistes traditionnels, des purs souches, qui tentaient d’expliquer que DSK n’avait rien dit, n’était pas rentré dans le détail, à aucun sujet.

Ils m’ont presque fait pitié. Ils n’ont même compris qu’il n’était pas là pour ça.

13 commentaires:

  1. « avec des arabes bourrés qui crient en traitant de juif le type dans le poste »

    L'absorption d'eau minérale vous fait délirer, mon ami : vous savez TRÈS BIEN que seuls les Français de souche et surtout de droite peuvent faire preuve d'un quelconque racisme ! Tenez-le vous pour dit, sinon je vous envoie pour deux semaines en stage de rééducation chez les Ruminants.

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  2. Didier,

    Il ne s'agit pas de racisme mais d'antisémitisme ce qui ne me parait malheureusement pas spécialement absent de la gaucherie, de nos jours.

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  3. De nos jours et d'hier. Je retiens cette phrase de DSK "Faut pas faire le malin"

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  4. Attention à ne pas réduire l'opposition à DSK à de l'antisémitisme.

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  5. Mouais,
    J'ai écouté distraitement cette entrevue. J'ai trouvé cela consternant. Le présentateur du JT étant un bouffon lisse, cela ne pouvait vraiment voler très haut. DSK a été très professionnel malgré la faiblesse de l'interlocuteur. Il a bien tenu son cap, a été assez fin sur l'épisode Jacob, RAS en quelque sorte. Le coté "homme d'état", je pense que c'est une illusion collective. L'homme d'état, on ne le voit que lorsqu'il est en exercice. Ce qui est certain, c'est que Sarkozy n'en est pas un. Je ne sais quand même pas si je vais payer pour voir...

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  6. LG,

     

    Non, mais attention à ne pas oublier de donner des baffes.

     

    Nicocerise,

     

    Belle phrase !

     

    Dorham,

     

    Mais on s’en fout. D’ailleurs, je viens de lire les réactions des dirigeants de droite, ils se coulent tout seul. Ce qui importe, c’est une image globale que peut laisser DSK à l’issue de cette quinzaine médiatique, cette personnalité qui s’est affichée loin de la connerie quotidienne de nos petits représentants… J’aime bien cette image de « messie putatif »…

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  7. c'est sûr, quand tu sors la machine à distribuer les baffes...

    ... on sait qu'elle est sur la table..

    elle ne passe pas inaperçue.

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  8. Oui, enfin, l'antisémitisme reste tout de même une forme de racisme, non ?

    Mais une forme très particulière, je vous l'accorde.

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  9. Je dirais la stature d'un homme d'état, oui, probablement, mais après ce que nous subissons ce n'est pas si difficile.

    "Une succession de petites baffes sans avoir l’air d’en donner. Au dessus du lot."
    Personnellement, je les ai bien entendues claquer les "petites" baffes, et du coup je l'ai trouvé plus prétentieux que nécessaire.
    Mais, bon, moi je ne suis pas déjà convaincue. Loin de là en fait.
    C'est juste qu'une personnalité solide qui se présente pour le PS je regarde d'un oeil intéressé...

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  10. LG,

    Faut bien.

    Didier,

    Allez en discuter chez Lomig...

    Axel,

    Oui, il faut observer...

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  11. le "bouffon" a parfois des maladresses qui mettent les pieds dans le plat, une manière d'échapper à la la "lissitude" du media. A Tapie, il a parlé de l'argent qu'il avait touché, alors qu'il essayait d'apitoyer le spectateur sur lui-même, à Strauss-Kahn, il évoque la situation similaire de Delors chez sa ...femmme (qui parle pour lui et a su beaucoup lui pardonner). Le bouffon est habile à déchirer le voile finalement.

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  12. Je crois que j'ai repris deux fois des nouilles !

    Pas fan de DSK du tout mais s'il faut voter pépère pour virer la droite du pouvoir, allons-y, ce sera une première étape de reconstruction !
    :-))

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  13. Ben ouais, une première étape. C'est tout ce qu'on demande.

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