16 février 2007

A la cantine, Nicolas Sarkozy ne sera pas élu.

J’aime bien l’analyse politique à la petite semaine. Des fois, j’essaie de faire bouger mes neurones pour trouver un truc à dire. Là pas besoin !

Comme tous les midis, j’ai mangé avec des collègues de boulot. Pendant ces temps là, j’aime bien parler boulot. Aucun autre sujet n’est intéressant. La varicelle de la fille de mon collègue ne m’intéresse pas. Le préparatif du départ au ski ne m’intéresse pas. La gastro à laquelle le voisin a échappé ne m’intéresse pas.

Ce midi, on parlait politique. Les idées de droite dominent largement la conversation. Non pas qu’elles soient majoritaires (dans mon domaine, ça serait plutôt l’inverse) mais les gens de gauche ont l’intelligence de ne pas exprimer leur avis pendant le travail. Par contre, les gens de droite, j’entends par là la vieille droite républicaine anti-soixante-huitarde, sont persuadés que tout le monde est de leur avis. Car on ne saurait tolérer de dangereux gauchistes dans l’informatique bancaire.

Ce ne sont pas les informaticiens qui votent à gauche mais les fonctionnaires et les ouvriers…


Travailler dans l’informatique, beaucoup de gens ignorent ce que ça veut dire. Beaucoup s’imaginent que les informaticiens sont en jean avec les cheveux longs à concevoir des trucs délirants en mangeant des sandwiches bios.

Ce n’est pas ça du tout ça. Je vous explique en bleu.

Un informaticien est un type en costard qui passe la moitié de son temps en réunion ou au téléphone pour obtenir des budgets pour tenir des engagements qu’à pris en son nom une maîtrise d’ouvrage délirante pour satisfaire des demandes des utilisateurs complètement irréalistes et ne répondant dans pas du tout à leurs besoins réels.

L’autre moitié du temps est passée en réunion ou au téléphone pour expliquer que le plantage général qui empêche toutes les agences de France d’avoir accès à l’informatique n’est réellement pas de sa faute, mais de celle de l’hébergeur des serveurs informatiques que la direction a choisi parce que c’est moins cher que d’exploiter soi-même les ordinateurs.

La troisième moitié est passée au téléphone ou en réunion avec des concurrents pour essayer de faire émerger des standards afin de diminuer les coûts de développement et garantir l’interopérabilité (vous trouvez évident qu’un touriste Chinois puisse payer avec sa carte au bistro du coin ?).

La quatrième moitié est passée à corriger ses propres conneries et à argumenter auprès de votre direction pour avoir plus de personnel pour tester les solutions.

Je vous passe les séminaires imposés par les RH, les rencontres avec les fournisseurs dont vous vous foutez royalement, les discussions avec la direction des achats pour justifier une dépense qui, de toute manière, est déjà au budget, la négociation avec le type des méthodes pour pouvoir faire un "cahier des charges" alors que lui voudrait que vous fassiez un "dossier de consultation", les trois heures perdues à apprendre les moyens de faire fonctionner les outils de visioconférence, les huit heures à remplir vos rapports d’activités et notes de frais pour justifier l’utilisation d’un taxi à 15 euros pour 10 minutes de trajet plutôt qu’une heure de transports en commun à 8 euros…

Il vous reste une demi heure pour manger votre sandwich bio et programmer un truc informatique qui vous botte.

Ceux qui ne sont pas informaticiens ne peuvent peut-être pas comprendre. Je n'ai jamais bossé en dehors de l'informatique. Tout ceci génère le stress, des horaires de boulots débiles. Et un salaire confortable.

Je disais qu'au boulot, les gens de gauche sont assez intelligents pour ne pas parler politique, on a assez d'engueulades dans le cadre du travail.

Ce qui n’empêche pas les gens de droite de le faire.

Ce midi, ils ont développé une théorie intéressante. En fait, suite à je ne sais plus quelle émission d’hier soir, ils sont persuadés que Nicolas Sarkozy va perdre. Moi j’étais plié de rire. On se console comme on peut.



La théorie est la suivante.


Côté gauche.

Le PS a un socle solide d’électeurs. Ils n’oublieront pas le 21 avril 2002 et ne feront pas les cons. Rien qu’avec ce socle, le PS est assuré de faire 25%.

N.B. : Amis de gauche ! Ils ont peut être raison. Je n’en sais rien. Ce que je sais c’est qu’ils ont raison sur un point. On a fait les cons en 2002. Il faut se mobiliser. J’en entends qui disent « je n’arrive pas à être convaincu par Ségolène Royal », « José Bové, finalement, il défend bien les idées de gauche » ou « François Bayrou, elles ne sont pas mal ses idées de rassemblement ». François Bayrou n’a pas encore réellement communiqué sur son programme, laissez-le s’agiter. Et n’oubliez pas l’essentiel : il faut que Ségolène Royal soit élue pour avoir une chance d’avoir la majorité à l’Assemblée Nationale et surtout un gouvernement de gauche pendant cinq ans.

Je reprends.

A l’extrême gauche c’est le foutoir. Ca permettra peut-être au PS de ne pas disposer d’un réservoir de voix pour le deuxième tour, mais surtout des électeurs d’extrême gauche vont se déporter sur Ségolène Royal.

N.B. : Amis de gauche ! N’oubliez pas de faire une campagne à gauche !

Donc Madame Royal pourrait dépasser les 30%


Côté droite.

Les sondages donnent 33% à Nicolas Sarkozy et 10% à Jean-Marie Le Pen. Or il est fort probable que Le Pen fera au moins 18%. Comme Le Pen ne piquera pas de voix à l’extrême gauche (il n’y a plus beaucoup de voix à piquer), c’est bien chez Sarkozy qu’il va les prendre. 33 moins 8, ça fait 25 !

D’ici à ce que François Bayrou en pique une partie !

Ce Bayrou, avec ses 14% ! Il est annoncé comme étant le troisième homme ! Soit la presse se plante comme pour chaque élection, soit il va encore monter ! Or, à la base, c’est bien un candidat de droite. S’il arrive à 20%, il piquera légitimement 6 % à Sarkozy (c'est-à-dire au gens qui disent dans les sondages qu'ils voteront pour Sarkozy car ils ont éliminé Royal). Ce qui nous fait le Sarkozy à 19%.



Je récapitule : mes collègues de droite sont persuadés que Nicolas Sarkozy ne sera pas au deuxième tour.

Ca fait chaud au cœur !

6 commentaires:

  1. Nicolas : pas sot, à condition que les électeurs de gauche, aient effectivement de la mémoire.
    Priorité numéro 1 : virer l'UMP.
    Et, si j'en crois tous les votes de Bayrou à l'assemblée, ça ne passe pas par Bayrou !

    Le Pen en interview s'estime à plus de 20%… :-))

    [Si Bayrou fait un gros score, c'est bon pour Sarko. Si c'est LePen, le 3ème homme, Sarko n'aura pas de report, je pense…]

    RépondreSupprimer
  2. "Si Bayrou fait un gros score, c'est bon pour Sarko".

    Non. L'UMP ne peut pas se permettre d'avoir un second tour Bayrou - Sarko.

    RépondreSupprimer
  3. Fabien,

    Je ne sais pas si je dois prendre ça comme un compliment.

    Ma boite informatique est très bien : je décris juste la situation chez l'ensemble des clients où j'ai bossé.

    Si tu bosses dans l'informatique et que tu n'as jamais eu de problèmes avec la MOA ou la "prod", bravo !

    RépondreSupprimer
  4. Fabien : c'est la cantine qui te gène ? :-)

    RépondreSupprimer
  5. Les sondages donnent 60% pour la droite (UMP+UDF+FN+poussières) et 40% pour la gauche. Ca a beau n'être que des sondages, ça impressionne.
    Dis-moi, tes collègues, ils carburent au vin rouge ou ils se font des rails de farine de froment?

    RépondreSupprimer
  6. Mes collègues ne sont pas virés de France 2 et de RTL, eux !

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux c'est-à-dire tous sauf ceux qui proviennent probablement d'emmerdeurs notoires.