07 août 2013

Va-t-on retrouver le président normal ?

La communication présidentielle est une éternelle source de discussion dans les blogs et les réseaux sociaux. Bruno Roger-Petit en fait sa chronique du jour, se basant sur la visite de Pépère à La Roche-sur-Yon, hier. On en retiendra deux événements : la manifestation des anti-mariage pour tous et l’interpellation par cette chômeuse quinquagénaire.

BRP estime que la communication est basée sur celle des siècles précédents avec des voyages aseptisés et des médias à la botte.

Il considère que c’est une erreur d’avoir laissé les manifestants agir et qu’ils auraient du être parqués plus loin. Il pense aussi qu’il aurait fallu mettre en scène la chômeuse, la faire venir à la tribune,… Il dit qu’il faut faire de la communication « à la Obama ».

A propos de cette chômeuse à la sauce Obama : « Dans un schéma de communication "emotional writing", elle n'aurait pas eu à interpeller à la sauvette le président, créant de fait une situation, donc une image préjudiciable pour ce dernier. Elle aurait été repérée, identifiée. Elle aurait été avec lui, à la tribune. Et quand le président aurait évoqué le chômage de longue durée, les drames qu'il engendre, il aurait cité cette femme, l'aurait convoquée au pupitre, lui aurait permis de dire tout haut ce qu'elle n'a pu que dire tout bas en l'interpellant au débotté. »

Je traduits. Il aurait fallu préparer un accueil avec uniquement des militants socialistes et trouver une chômeuse pour la débriefer. Ou alors, il aurait fallu empêcher le contact avec la foule.

Ce n’est pas une communication à la Obama mais à la Sarkozy. Trois cars de militants UMP et une actrice. Sarkozy, à la rencontre du peuple, ça donnait «  Casse-toi, pauvre con ! »

J’imagine cette mise en scène, préconisée par BRP. Dès le soir, on aurait appris que des escadrons de CRS avaient été mobilisés en plein été pour tenir des manifestants à l’écart alors qu’il en manque sur les plages pour surveiller les baignades. Le lendemain, le buzz aurait été fait à propos des cars transportant les militants. Et trois jours après, le Canard Enchaîné détaillait comment la chômeuse avait été préparée…

François Hollande est allé à la rencontre des Français. Il a croisé des manifestants et écouté une chômeuse. « Face à cette détresse, cette émotion, François Hollande fait ce qu'il peut, développe l'empathie dont il est capable. »

On verra dans quatre ans ce que donne cette communication. On a vu ce qu’a donné la communication à la Sarkozy.

On saura alors si le verre est à moitié plein ou à moitié vide.

Je vais citer la conclusion de Bruno Roger-Petit (en deux fois) : "Une telle praxis requiert modernité et travail de préparation en amont pour toutes les apparitions présidentielles. Sortir du bureau et du palais. Sentir la France et les Français. Ressentir ce que sont la France et les Français."

Ben oui ! François Hollande a ressenti ce que sont les Français (et surtout les chômeuses quinquagénaires), ce qu'était incapable de faire ses prédécesseurs. On va finir par savoir ce qu'est un Président normal : quelqu'un à qui on peut parler.

"S'adapter, bouger, muer. Et ça, François Hollande ne peut le faire seul, à lui seul, par lui seul et pour lui seul." Oui ! S'adapter ! BRP parle des années 60, des années 80... Mais il est lui-même resté au début des années 2010, quand la presse ne reprenait un tweet pour en faire une cathédrale.

Le faire seul ? Et pourquoi pas ? Il a fixé le cap, ses ministres ont préparé les dossiers, les lois. Le premier ministre a annoncé les mesures principales. Le président va à la rencontre des Français.

Je ne joue pas au ravi de la crèche ! Je fais simplement deux constats. D'une part, j'ai gueulé pendant cinq ans (voire 10) à propos de la communication de Nicolas Sarkozy. Je ne souhaite pas que le nouveau président, celui pour lequel j'ai rédigé 1930293 billets de blog et voté fasse pareil. D'autre part, aucun président en exercice hors cohabitation, n'a été réélu depuis 40 ans. Aucune majorité en place, n'a été maintenue sauf en 1978 (mais la droite avait toujours dirigé) et en 2007 (mais avec un changement de président). N'oublions pas 81, 86, 88, 93, 97, 2002 et 2012...

Il y a deux conditions pour la réélection de François Hollande en 2017. Tout d'abord que le pays sorte du marasme. Ce n'est pas qu'une condition, c'est surtout pour notre bien à tous et on verra si les actions lancées paieront. Sinon, autant que la droite revienne... Ensuite, que François Hollande arrive à imposer une image de président, qu'il ne peut pas calquer sur ses prédécesseurs, notamment Giscard et Sarkozy qui ont échoué en tentant de se présenter à une élection alors qu'ils avaient tous les pouvoirs.

Giscard faisait de la communication politique. On se rappelle des éboueurs reçus à l'Elysée et des fois où il se faisait inviter. Sarkozy faisait de la communication politique. Il débarquait "sur la dalle d'Argenteuil" avec des tonnes de caméras. Hollande a tenté la communication politique. Il s'est fait accompagné de caméras quand il prenait le TGV pour partir en vacances.

Cette fois, on le retrouve dans le seul rôle qu'il sache jouer : celui de François Hollande. Ca ne devrait pas lui faire de mal.

C'est toujours très difficile de se mettre à la place de "l'électeur de base", celui qui n'est pas politisé, celui qui ne sait vraiment pas encore pour quel camp il votera en 2017. Il n'empêche que l'observateur professionnel, comme Bruno, ou amateur, comme moi, doit voir plus loin que son propre ressenti. Par exemple, lors que les journaux télévisés ont ouvert en annonçant que Pépère avait été accueilli par des manifestants contre le mariage pour tous, il est fort probable que l'électeur ait pense : "Putain, encore eux ! Ils nous font vraiment chier".

Ce n'est pas pour rien que l'UMP s'est désolidarisé d'un militant, hier, celui qui avait tweeté des âneries sur Act Up.

Votre devoir pour ce soir : la communication politique est-elle un art ou un mystère ?

Va-t-on retrouver le président normal ?

4 commentaires:

  1. Bonjour,
    bonne analyse des soucis de com du tout mou et des mauvaises solutions à éviter. Par contre pourquoi tout justifier en revenant systématiquement à Sarko ? Honnetement c'est chiant et à force d'être répétitif cela en deviens contre productif en donnant l'impression que "Moi President" ne peux exister que en comparaison à Sarko.

    Monsieur HumHum

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    1. Parce qu'il a imposé le style de l'omnipresident qui contrôle tout. Regarde Chirac lors du 2ème quinquennat : il laissait ses gouvernements faire le job.

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  2. Et La Roche sur Yon n'est pas Longjumeau

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