10 novembre 2011

Des négociations à une face cachée ?

Je reviens sur mon dernier billet à propos des négociations entre les « petits partis de gauche » et le PS. Ces négociations sont normales mais les Verts gagneraient beaucoup à tout mettre sur la table ou à ne pas communiquer sur le sujet… Ou à expliquer les vrais enjeux.

L’application de la réforme territoriale sera appliquée pour la première fois en 2014.

Les élections Régionales et Cantonales disparaitront et les élections se feront par des espèces de nouvelles circonscriptions ou de nouveaux cantons entre des candidats et plus des listes. Les petits partis seront défavorisés pour deux raisons :
-         les scrutins ne seront plus « sur liste » avec une partie des sièges distribués en fonction du pourcentage des voix recueillies par chaque liste,
-         les cantons seront plus grands que les cantons actuels, les fortes colorations politiques locales du fait de la personnalité d’un élu joueront beaucoup moins.

Même si c’est un sujet que j’ai traité, je vais rappeler le bordel que ça sera en 2014 en détaillant ma propre zone géographique. Mon Maire est issu du MRC (le parti de Chevènement) et a été élu Conseiller Régional sur la liste du PS. Mon Conseiller Général est communiste et a été élu, de mémoire, avec le soutien du PS. Ainsi, MM. Alain Desmarest et Jean-Luc Laurent sont tous deux « mes » élus territoriaux.

Mathématiquement, avec la réforme territoriale, il y aura donc un élu d’une petite formation politique de moins « dans mon coin ». Peut-être même deux si le PS se fâche. Le PC risque de perdre les derniers départements qu’il gère et le MRC ses deux (?) élus au « futur » Conseil Régional.

Les Verts sont peu présents dans mon coin mais je suppose qu’ils ont les mêmes problèmes ailleurs.

Il y a deux solutions :
-         soit François Hollande gagne la présidentielle,
-         soit le candidat de l’UMP, a priori Nicolas Sarkozy, la gagne.

Dans le premier cas, le PS pourra se montrer royal (si je puis me permettre) et offrir des circonscriptions à ses alliés, leur permettant ainsi de bénéficier, outre de députés et d’un groupe à l’Assemblée Nationale, d’un juteux financement de la part de l’état (les partis touchant des subventions selon le résultat de scrutins nationaux).

Dans le deuxième cas, les petites formations de la gauche ne bénéficieront d’aucun élan leur permettant d’avoir un nombre conséquent d’élus voire risquent de perdre des députés. Surtout si le PS est en colère.

Dans le deuxième cas, la réforme territoriale sera mise en application et les petites formations vont perdre des implémentations locales. Surtout si le PS est en colère. Elles risquent même de perdre des fiefs historiques, ce qui serait très mauvais pour elles.

Dans le premier cas, la nouvelle majorité, composée des forces de gauche réunies autour de la plate-forme établie entre les deux tours et en préparation des législatives, pourra arrêter la mise en œuvre de la réforme.

Et même si ce n’est pas possible (ces temps-ci, les économies sont très à la mode : arrêter la réforme pourra difficilement être un argument de campagne, une autre réforme serait néanmoins possible), le Parti Socialiste pourra avoir certaines largesses…

Dans mon billet de ce matin, un commentateur (FalconHill) disait : « Et si le PS envoyait bouler une bonne fois pour toute les Verts et ces partis un peu extrêmes sur les bords qui ne pèsent rien dans les urnes ? »

Ca me parait être une excellente idée sauf que je pense qu’une majorité doit être plurielle pour mieux représenter les citoyens.Il n'empêche que s'il faut en passer par là pour que la gauche puisse, un jour, gagner des élections nationales...

Néanmoins, aux « primaires citoyennes » organisées par le Parti Socialiste, 2 860 157 ont voté. François Hollande a recueilli 1 607 268 voix au second tour. Aux dernières législatives (le dernier scrutin national), les candidats Verts ont recueilli 845 884 voix au premier tour (90 975 au second ; les périmètres ne sont pas exactement comparables). Ainsi, dans un scrutin « privé », François Hollande a recueilli deux fois plus de voix que les écolos à un scrutin national.

Dans son projet, il avait une position mesurée à propos du nucléaire : la réduction à 50% de l’énergie produite en 2025. Il n’avait pas l’arrêt du nucléaire et surtout de l’EPR. Par fidélité pour les 1,6 millions des gens qui l’ont soutenu, il ne peut pas infléchir de position pour en satisfaire potentiellement 850 000 !

Qu’on ne me fasse pas croire que l’arrêt du nucléaire est réellement une exigence des Verts et d’autres formations politiques (ben oui, il doit bien y avoir 30% de communistes parmi les employés d’EDF…), surtout quand on connaît les enjeux électoraux pour l’avenir des « petites formations politiques ».

Qu’on ne me fasse pas croire que ce machin est réellement au centre des négociations !

7 commentaires:

  1. Sauf que si Hollande l'emporte, comme nous le souhaitons l'un et l'autre, la réforme territoriale de 2014 aura du plonb dans l'aile et...adieu le conseiller territorial. C'est un engagement ferme du PS.

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  2. Pierre,

    C'est ce que je dis. Mais aussi que ça ne va pas être facile.

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  3. Je déconnais tout à l'heure, mais ton billet est excellent. Et tellement logique, et plein de bon sens...

    (ça manque, le bon sens, en politique politichienne...)

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  4. Falconhill,

    Si les blogs pouvaient en apporter...

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  5. Non ce ne sera pas facile, ce n'est rien que de le dire...

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  6. ce qui est au centre des négociations c'est le nombre de postes que les verts demandent.Et le fait que faute préimplantation suffisante, nombre d'entre eux veulent des parachutages.

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  7. Bon maintenant c'est Coppé qui ne veut pas que Hollande négocie avec les verts... Est-ce que ça signifie qu'il anticipe la victoire du PS ?

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