16 novembre 2011

L'invisible bonheur néolibéral

Quand j’avais une quinzaine d’années, on allait au ski, en famille. De Bretagne, ça faisait une sacré expédition. J’ai un merveilleux souvenir de ces soirées très courtes, dans la station de Val Cenis, aux alentours de Noël, avec cette ambiance festive bon enfant, nous promenant en croisant d’autres touristes qui erraient dans ce village illuminé entre l’heure de la fermeture des pistes et celle du passage à table. C’est une conversation précise que j’ai eue avec mon frangin qui me revient en mémoire, ce matin, alors que je cherche à préparer une introduction à ce billet.

On parlait politique et on s’amusait de la une des journaux.

Ca fait 30 ans.

Ca fait 30 ans que je m’intéresse à la politique, devenue une passion avec la création de ce blog.

Ca fait 30 ans que j’entends les mêmes chroniqueurs, journalistes, éditorialistes qui nous sortent la même soupe, sans le moindre regard critique, et nous prônant le bonheur avec cette espèce de néolibéralisme censé nous pondre une « société meilleure ».

C’est ainsi que je me joints avec plaisir à une brochette de sympathiques blogueurs (Océane, Mipmip, Agnès, SeeMee, Seb Musset, CSP, Marco, Dadavidov, Vogelsong, Intox2007, Dedalus, Christian) et tous ceux qui voudront nous rejoindre pour m’adresser à eux.

Ils ont la responsabilité d’informer les Français, ces électeurs et de jour en jour, au pied du mur ou au bord du gouffre, ils tentent de nous faire avancer.

Le sommet est atteint depuis cet été avec cette espèce de chantage issu de la « crise de la dette ».

Madame, Monsieur,

Vous vous définissez vous-même comme étant de sensibilité « libérale » sur le plan économique et c’est bien évidemment votre droit le plus strict. Vous ne verrez donc pas d’inconvénients à être sollicité afin de répondre à une simple question.

Nous, blogueurs et citoyens de sensibilité de gauche, sommes depuis une trentaine d’années face à votre discours nous assurant que le libéralisme économique – ou néolibéralisme si vous préférez – ne sera qu’une promesse de bonheur et de liberté pour tout un chacun, humbles comme aisés, et qu’un passage, certes douloureux mais que vous nous assurez « nécessaire », par une période de temps plus ou moins difficile où serait mise en place une sévère mais juste « rigueur » économique, finira, à terme, par porter des fruits dont tout le monde sans exceptions profitera…

Disons le net : nous sommes sceptiques.

Non pas que nous mettions en doute votre bonne foi quant à ces affirmations : votre sur-présence médiatique depuis tant d’années nous a convaincu de votre sincérité. Mais tout de même, tout le monde finit par se demander, à force :

Ce fameux « bonheur néolibéral » qu’on nous promet depuis 30 ans, ça vient quand ?

Parce que dans un pays comprenant 8 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté et des salariés pressurés comme des citrons en permanence, et où malheureusement il semble bien qu’une fraction fort malhonnête de personnes trouvent à s’enrichir en se contentant de siéger dans des conseils d’administration, il est quelque peu délicat de percevoir les bienfaits de ces fameux « marchés » que vous défendez pourtant mordicus en dépit du bon sens.

Comme toujours, vous répondrez à cela qu’il faut « poursuivre les réformes » parce qu’on a « pas assez libéralisé » ; mais soyons sérieux : il vous faut clairement admettre que vous vous êtes plantés. Qu’en 30 ans vous n’avez pas été foutus de faire quelque chose de bien. Et que le néolibéralisme n’a conduit qu’une fraction infime de gens très riches à encore plus s’enrichir au détriment de tous les autres.

Notre question sera donc : pourquoi ne pas admettre que votre idéologie est nuisible pour la majorité, que vous vous êtes plantés, et que dans l’intérêt général vis-à-vis duquel vos idées sont objectivement nuisibles, il serait mieux que vous laissiez tomber et passiez à autre chose ?

Dans l’attente de votre réponse, veuillez Madame Monsieur agréer l’expression de nos salutations distinguées.

12 commentaires:

  1. Ahhh, ça c'est un beau billet, j'abonde et me joins, si tu permets.

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  2. À mon avis, ils vont vous répondre que parler de libéralisme, même “néo”, dans un pays où l'État est omniprésent, les fonctionnaires omnipotents et où chaque initiative privée est aussitôt ensevelie sous des tonnes de paperasse relève de la pure plaisanterie.

    Mais bon, je peux me tromper.

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  3. Didier,

    S'ils répondent.

    Il n'empêche : ce sont eux qui soutiennent ce modèle vendu comme libéral.

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  4. Je co-signe volontiers parce que... Je n'aurais pas mieux dit !

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  5. Je crois que c'est déjà trop tard.
    Toutes leurs décisions seront court-circuitées par les politiciens issus du libéralisme (banques d'affaires) ou par les lobbyistes qui sauront arroser ces pauvres élus qui œuvres pour le peuple.
    Mais nous pouvons encore rêver, il ne nous restera bientôt plus que ça.

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  6. Je suis d'accord avec Scoerpix, c'est trop tard. Les hommes politiques qui sont au pouvoir veulent conserver leurs privilèges et ceux qui veulent le pouvoir le veulent intact afin de pouvoir en profiter aussi. Le libéralisme profite aux mêmes personnes depuis des siècles et il y a bien une raison pour cela: les riches font tout pour que cela ne change pas.

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  7. Les gens,

    Ce ne sont pas les politiciens qui sont interpelés.

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  8. bon billet. Pour reprendre vos propres termes, mon cher maître, je plussoie. Et vais de ce pas me joindre à la cohorte, dans le rang, sans pousser... Mais quand même : il manque Minc.

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  9. Contrairement à mes confrère je n'ai cité personne.

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  10. Tiens, c'est amusant, tu as choisi le même titre que moi !

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  11. Ce n'est pas le hasard ! Tu es la première à avoir tiré et je ne savais plus si on avait décidé du même titre. Le tien étant bOn je ll'ai gardé !

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