19 septembre 2007

Rapprochement de la précarité

Il y a une histoire que je suis en train de préparer pour Equilibre Précaire, notre blog collectif qui n’est pas dédié à la cuisine Italienne mais à la précarité. C’est l’histoire de mon copain Marc à qui il a fallu moins d’un an pour passer du statut de salarié benoît à celui de précaire patenté.

Je parle de cette histoire dans « Partageons mon avis » car ça m’entraîne pour Equilibre Précaire ! En effet, sur EP, je suis tenu à un minimum de qualité pour ne pas faire honte à mes camarades alors qu’ici, je peux raconter les bêtises que je veux. Je peux en adresser la primeur à PMA, ça ne fera pas d’ombre à EP, nos lecteurs ne sont pas les mêmes et surtout PMA est le seul blog homologué comme Influent par l’association des Blogs Influents Très Ecoutés à avoir moins de 180 visites par jour.

Je ne sors pas cet acronyme par hasard, mais pour saluer mes lecteurs historiques.

Je parle de cette histoire maintenant car ça va me permettre d’embrayer sur les réformes annoncées par Nicolas Sarkozy hier. Il y en a une qui mérite une écoute particulière, le rapprochement ANPE – UNEDIC, alors que les autres méritent de déclencher les foudres de tout individu qui se respecte.

Je laisse néanmoins la gauche et les syndicats s’emparer du projet. J’ai entendu Marie-George Buffet le promettre à la radio ce matin.

Mon copain Marc, vous le connaissez presque ! C’est un membre de la bande de pote dont je parle souvent dans Partageons Mes Aneries, un de mes autres blogs. Contrairement à Jacques, Jean, Jim, Loïc et Tonnegrande, ce n’est pas un des personnages que je mets en avant pour animer sa série : je peux donc en parler en toute liberté ici, d’autant que Marc n’est pas son vrai prénom.

L’histoire ! L’histoire !

Ca fait 11 onze que je connais Marc. Depuis 11 ans, il enchaîne CDI sur CDI, de SMIC amélioré en SMIC amélioré : préparateur de commande, vendeur, livreur, monteur de meubles, … Il changeait de boulot tous les deux ans pour différentes raisons, la plus fréquente étant l’opportunité d’une amélioration : rapprochement géographique, meilleur salaire, travail plus intéressant, …

Comme dans la bande, c’est moi l’intellectuel, c’est à moi que Marc confiait la rédaction de son CV. Depuis l’âge de 18 ans (il en a vingt de plus), il n’y a pas un trou dans le CV que j’ai du combler par une invention amusante ! Pas une période chômage excédent la quinzaine de jours.

Ainsi, jusqu’à juillet 2006, il bossait dans un magasin près de notre quartier général. En juillet 2006, l’accident bête. Il jouait au ballon avec un môme. Le ballon atterrit sur un balcon voisin. Marc escale l’immeuble pour récupérer le ballon, relance le ballon au gamin, saute du balcon… Double fracture de la jambe.

Trois mois d’hôpital. Six mois de rééducation. Terribles, ces six mois quand on a 38 ans, qu’on habite dans un appartement de 17 mètres carrés, des revenus en baisse, l’impossibilité de marcher autrement que pour aller à l’hôpital, …

Pas de famille, juste les copains pour le soutenir. Le moral baisse.

Vers avril 2007, tout s’écroule. Je vous livre les événements en vrac, j’ai du mal à reconstituer la chronologie. Il est licencié pour faute pour un truc qu’il aurait fait avant son arrêt, un de ses arrêts de travail se perd entre l’ANPE et son futur ex employeur, son toubib oublie un prolongement d’arrêt de travail et l’assistante social fait une connerie (je n’accuse pas, c’est uniquement une conclusion que j’ai tirée).

En une quinzaine de jours, il se retrouve sans statut : ni salarié ni chômeur. Les conseils des copains fusent : « retourne voir l’assistante sociale », « va voir les prud’hommes », « prends un avocat » (c’est facile quand on n’a pas de pognon), « va voir machin, il connaît bien ces trucs-là », …

Je faisais évidemment partie de ces copains conseillers et l’encourageais à régler ça avec l’assistante sociale : j’avais a priori une grande confiance dans ces services. J’ai surtout eu le tort de ne pas bien jauger l’urgence de la situation et la capacité qu’on a à sombrer dans les méandres de l’administration !

Je vous laisse imaginer la suite : plus les moyens de payer son logement social, expulsion, … Sans même savoir à quel guichet s’adresser pour toucher le RMI !

La suite ? Je ne suis pas trop inquiet ! Marc se remettra… Le temps de surmonter l’espèce de dépression dans laquelle ces 14 mois d’inactivé l’ont poussée…

La conclusion ! La conclusion !

Je ne raconte pas cette histoire comme un témoignage pour faire pleurer dans les chaumières, il me faudrait le talent. Ma conclusion dans Equilibre Précaire aurait été que la complexité du droit du travail en France et l’organisation délirante des services tournant autour sont un facteur d’aggravation de la précarité !

Complexité du droit du travail ? Comment se défendre quand on est viré après huit mois d’arrêt de travail pour une histoire survenant avant…

Organisation délirante ? Comment peut on se retrouver sans statut, conseillé par une assistance sociale, sans avoir où récupérer le RMI…

Ma conclusion pour PMA sera que le rapprochement de l’UNEDIC et de l’ANPE proposé (exigé…) par Nicolas Sarkozy doit être étudié, voire approfondi, par la mise en place de Guichets Administratifs Uniques (Locaux ou Etatiques pourrais-je proposer pour sortir un joli acronyme).

Quand on sort de l’école, on fait des stages, on trouve ou on ne trouve pas du boulot, puis un jour on a besoin de l’aide de la collectivité ou, presque pire, on a droit à des aides et on ne le sait pas ! Un ou deux ans après, on trouve un vrai logement, on n’est plus hébergé par des copains ou par une vieille tante et on oublie de déclarer le changement d’adresse auprès des impôts qui nous courent après pour réclamer des sous. Trois ans après, à force de bosser comme un taré, on se retrouve en arrêt maladie, on envoie sa déclaration à la sécu à côté de chez soi… mais quand on a quitté le domicile des parents on a oublié de déclarer son changement d’adresse !

J’arrête les exemples !
On a tout simplement un système trop compliqué. Quand on est dans la merde ou qu’on a un changement, il faut qu’on puisse aller voir un seul guichet, qu’on explique à la dame « voilà ce qui m’arrive, je fais quoi ? » ou « voilà où j’en suis, vous pouvez me régulariser le tout ? ».

Même pour des trucs simples, le mur administratif est difficilement surmontable pour une personne normale. Quand on trouve un appart, pourquoi aller voir la CAF pour les APL, les impôts pour l’adresse, la mairie pour l’inscription sur les listes électorales, la préfecture pour la carte grise, … ?

Alors, quand on est dans la merde, face à ce mur que faire ?

La proposition de Nicolas Sarkozy de rapprochement l’UNEDIC et l’ANPE mérite d’être étudiée, de même que le rapprochement avec un tas d’autres services.

Ca ne doit pas être fait n’importe comment (l’ANPE est un organisme d’état sensé aider au retour à l’emploi, l’UNEDIC un organisme « d’assurance chômage » géré par les partenaires sociaux) mais ça doit l’être. Je veux bien recueillir les objections : je n'ai pas étudié le sujet d'une manière contradictoire !

C’est un facteur de diminution des coûts (« optimisation » des guichets) et de simplification des démarches pour l’usager. La suppression d’un mammouth précarisant.

C’était une des propositions de Candidat Nicolas Dublog avec laquelle on a bien rigolé. A propos, vous a-t-on dit que l’ex-Candidat prépare sa rentrée ?

9 commentaires:

  1. Hé, en "blog politique", t'es #0 !

    Mieux que 1er.

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  2. Ben, non, c'est pas négatif, c'est juste pour voir si j'ai encore une marge de progression.

    Ben, oui, tout le monde est à zéro ce matin. Ca arrive (une ou deux fois par mois, c'est la panne). C'est con, j'avais fait plein de billets avec des mots clés hier.

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  3. Sur le rapprochement ANPE-Assedics, il faudrait retrouver les discours de l'époque, notamment Mitterrand sur les raison de séparer l'ANPE qui s'occupe de recaser les rejetés du système libéral et l'Assedic qui a un interet enorme à obliger les gens à bosser dans n'importe quoi, juste pour ne plus avoir à les payer…

    Sur l'administration, tu as raison à 100%
    La vie m'a offert le plaisir de retourner le système contre lui-même : les impôts me poursuivaient à coup de lettres recommandées m'annonçant les énormes frais de retard accumulés alors que dans le bureau voisin des mêmes impôts, ils avaient depuis 3 ans ma nouvelle adresse !
    Chouette petit plaisir !
    :-))

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  4. Franssoit,

    C'est gonflant, j'ai bien ta photo ici mais pas au boulot, ça perturbe.

    Fil,

    Dans le billet, j'ai essayé de dire les différences entre l'ANPE et l'UNEDIC et de dire aussi que je n'avais pas étudié le dossier de fond en comble. Ce que je prône, c'est un rapprochement des guichets (et par conséquent des gugusses qui les tiennent). Je ne veux pas philosopher sur ces différences et les conneries qu'a probablement dites Mitterrand.

    Il est juste urgent de faire quelque chose !

    Pour ce qui concerne le deuxième paragraphe de ton commentaire; je dois avouer que la première version de mon billet - il a fallu que je me censure - contenait une bonne centaine de lignes d'exemples de conneries administratives, la plupart me concernant directement !

    La pire étant après mon DUT, j'avais trouvé une école pour faire un stage. Les conditions d'admission étant d'être chômeurs. En septembre (c'était en 86, ça a probablement beaucoup changé depuis), je vais à l'ANPE et je leur dis "bonjour je voudrais m'inscrire". Le guichetier me dit "oui, vous cherchez quoi comme boulot". Je dis, innocemment (l'âge !) : "aucun, mais il faut que je sois inscrit chez vous pour avoir droit à une formation". Le type : "on ne peut rien pour vous".

    Le directeur de l'ANPE locale passe dans le coin et voyant ma mauvaise humeur défend son employé et me dit "vous vous rendez compte, vous voulez vous inscrire à l'ANPE alors que vous n'êtes pas chomeur, ça va faire gonfler les chiffres". Je lui dis : "oui, mais si je ne m'inscris pas à l'ANPE, je serais réellement chômeur". Et je finis pas me casser.

    Je fonce à mon école (à 180 km) et je leur explique mon cas. Ils me disent "Monsieur, on est désolé, mais on est subventionnés pour former des chômeurs, si vous n'êtes pas inscrit à l'ANPE on n'a tout simplement pas le droit de vous prendre".

    J'appelle mon père et lui explique mon cas. Une demi heure après j'étais inscrit en règle à l'ANPE.

    Tout ceci est véridique. Les détails je n'en suis pas sûr, mais connaissant le père, il est probable que le directeur de l'ANPE ait eu un bel oeil au beurre noir le lendemain.

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  5. Nicolas : alors si l'administration se met à fonctionner sans heurts, qu'est ce qui va nous rester pour rigoler ? :-))

    Pour l'Assedic, vues les amitiés de l'autre Nicolas avec les grands patrons, ca m'étonnerait qu'il cherche juste à améliorer le côté pratique pour les chomers !
    Et puis, ici à Toulouse, tout fonctionne comme c'est là, pourquoi changer ? :-))

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  6. Fil,

    Pour rigoler... il nous reste l'humour (je précise pour les trolls : c'est un truc qui vous est imperméable).

    Sur le reste, on peut discuter ! Dans mon billet, je défends une mesure Sarkozienne !

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