26 septembre 2007

Rions un peu avec le libéralisme

Les commentaires du blog Equilibre Précaire m’ont fait renouer avec une catégorie d’individus que j’avais perdus de vue depuis plus d’an après quelques escarmouches sur Partageons Mon Avis : les libéraux de tous poils.

En France, on sait assez peu ce qu’est le libéralisme tel que défini dans la plupart des pays. Nous avons tendance à le réduire au strict secteur économique alors que ça concerne tous les secteurs de la société.

Profitons d’ailleurs de la fin de cette introduction et de ce moment de sérénité matinale brusquement interrompu par des besoins naturels pour nous moquer des militants de droite en France qui vantent la politique de Nicolas Sarkozy au nom du libéralisme. Un vrai libéral sera offusqué de la politique d’immigration de Brice Hortefeux : ajouter des arsenaux juridiques pour contrôler l’immigration est à plier de rire ! Pour le vrai libéral, le système se régule tout seul : l’immigration aussi, qui se fera selon les aléas de l’évolution de la société et du monde du travail.

Ainsi, les gauchistes français comme le rédacteur de PMA oublient souvent que les libéraux ont de bons côtés ! Je me rappelle par exemple d’un excellent billet dans un blog où un libéral défendait l’avortement au nom de la liberté de la femme à disposer de son corps. C’était beau et émouvant. Mon euphorie avait cependant été stoppée à la lecture des commentaires par un libéral qui luttait contre l’avortement au nom du droit du fœtus ! Il avait fallu que je fasse preuve d’une très grande maîtrise de moi pour ne pas intervenir dans la conversation et m’interroger sur les droits du spermatozoïde qui, dans l’histoire, ne voulait que tirer un coup et rentrer chaudement chez lui après action. Il n’est pas nécessairement venu là pour se reproduire et voudrait bien qu’on s’occupe de nos fesses.

Sur la plupart des sujets de société, nous pouvons admirer les libéraux, même s’ils ont parfois tendance à rêver un peu trop ! Par exemple, ils comptent sur la concurrence entre les entreprises pour juguler la pollution.

D’un point de vue économique, par contre, ils ont bâti un modèle économique qu’ils défendent avec une conviction qui ne peut générer qu’une profonde émotion. Souvent, ils sont jeunes et comme nous sommes des vieux cons, nous pouvons oser les traiter avec un brin de paternalisme.

Ils ont un tas de théoriciens qui pondent de jolis textes. En fait, ils sont un peu comme ces communistes des siècles derniers : le modèle théorique était parfait ! Mais ça n’a jamais marché. Si des libéraux me lisent, je les invite à réfléchir beaucoup au début du présent paragraphe plutôt que de fustiger mes autres conneries.

Avec la gentillesse qui nous caractérise nous allons leur donner quelques points de réflexion, certes insuffisants : nous ne sommes pas des théoriciens de l’économie, juste du bon sens. C’est suffisant ! Nous sommes suffisants. D’ailleurs nous parlons de nous à la troisième personne, il faut que je nous ressaisisse.

Mon premier point : une économie toute libérale aboutit forcément à la concentration du capital. Au gré des réussites et des échecs de chacun, normaux dans un monde libéral (et ailleurs aussi), les sociétés se rachètent entre elles. Cette concentration du capital entraîne de facto une concentration du pouvoir, qui n’est plus démocratique mais arbitraire. Voyez tous ces patrons du CAC 40 qui siègent mutuellement dans leurs conseils d’administration réciproques ! La dérive est inévitable : les décisions ne viennent plus des palais de la République tant haïe par les libéraux mais du Palais Brongniart ! Ainsi les décisions ne sont plus prises pour le bien commun mais pour le seul bien de ces grandes entreprises.

Amis libéraux, vous n’y voyez pas de mal ! Très bien vous en fasse. Mais quand mes impôts seront utilisés pour construire des Rafales plutôt que des écoles parce que M. Dassault aura crié plus fort que M. Bouygues lors d’un conseil d’administration, ça me titille ! Ce n’est pas grave, pour compenser, M. Bouygues aura un marché pour construire une autoroute entre Le Kremlin Bicêtre et Ivry-Sur-Seine : ça m’arrangera bien pour aller au boulot.

Mon deuxième point, un des sujets préférés de ce blog : cette concentration du capital est une concentration des richesses. Pour que ces richesses conservent leur valeur, il faudra lutter contre l’inflation… La meilleure manière de lutter contre l’inflation est de mettre des contraintes sur les salariés pour les empêcher de consommer plus que de raison et de revendiquer des augmentations de salaire. On appelle ça l’entretien de la précarisation.

Mon troisième point : tous les arguments employés pour justifier la « privatisation » de ce que nous aimons considérer comme des services publics sont bidons, à part leur rentabilité, mais ça ne me semble pas l’objectif premier d’un service public. Par exemple, quand la sécurité sociale ne sera plus abreuvée par des cotisations obligatoires, les plus pauvres (et les plus moyens) n’auront plus les moyens de cotiser et de se soigner ! Il faudra donc qu’ils fassent appel à la charité…

Amis libéraux, bravo ! Vous pensez que ça va marcher. Vous pensez que les gens seront heureux de prendre une assurance privée pour garantir la santé ! Vous croyez vraiment qu’avec 1000 euros par mois, un pauvre pourra dégager 100 euros pour ça, après avoir dégagé 200 euros pour l’école de son môme ? Non ! Il faut donc une progressivité des contributions : dans un modèle libéral, ça ne tient pas ! Moi qui suis célibataire, relativement jeune, en bonne santé, il y a de fortes chances que je prenne la mutuelle des célibataires, relativement jeunes et en bonne santé (mais myopes, ça a un coût) ! Tant pis pour mes voisins quinquagénaires avec leurs deux mômes au lycée.

Mon quatrième point : le principe du libéralisme est que chacun personne compétente arrive à prendre un espace dans la société. Le phénomène de la "succession" (héritages, ...) vont faire que des riches héritiers dirigeront les entreprises et la société ! La richesse n'est pas synonyme de compétence.

Mon cinquième point rejoint le deuxième : ce qui est reproché au libéralisme est ce qu’on appelle la loi du plus fort. Avec vos nombreuses théories, vous démontrez que c’est faux ! C’est à peu près aussi facile que démontrer l’existence de Dieu…

Il n’empêche que quand son épouse travail dans le coin, qu’il vient d’acquérir un pavillon, que son môme est diabétique et qu’il a en alternance avec sa petite sœur, une semaine sur deux, à héberger sa vieille mère, un ouvrier est à peu près obligé d’accepter les conditions fixées par un patron !

Vos autres arguments ne sont que du pipi de chat.

Je ne veux pas d’une société où chaque individu doive passer toutes ses nuits blanches en se demandant comment il pourra enfoncer ses collègues de travail pour conserver son poste !


20 commentaires:

  1. Les libéraux (au sens généralement admis en France) sont la plupart du temps :

    - soit des gamins qui confondent réfléchir et enchainer des démonstrations "logiques" dans le vide. C'est de leur age, j'avoue que moi-même à leur age (bien que du "bord" opposé), j'avais le cerveau un peu simplet.

    - soit des gens qui confondent assez curieusement une liberté théorique et un esclavage bien réel des gens dans le besoin vis à vis de ceux qui détiennent l'argent.

    Il est quand même assez curieux que ce soient pratiquement les mêmes qui réclament du libéralisme et qui veulent imposer un mode de vie.

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  2. Franssoit,

    Tu deviens sérieux. Avec l'âge ?

    Heureusement que je prévenais dans mon billet : "Souvent, ils sont jeunes et comme nous sommes des vieux cons".

    Pour ton deuxième point : non ! Ils ne confondent pas, ils manipulent. Notamment les jeunes que tu évoques dans le premier point.

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  3. Yes, le mot "confondent" n'était pas du tout le bon, mais j'ai la flemme.

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  4. Pendant la campagne présidentielle, j'ai trouvé un blog libéral (un vrai avec Madelin dedans) et pour eux, ce qu'on appelle les charges sont des avances sur salaire: vieillesse, maladie, chômage et ne sont donc pas négatives. C'est tout le contraire de ce que les jeunesPOP et les trolls associés racontent pour défendre le Nain, les avantages des dominants du MEDEF et autres séides de l'oligarchie "libérale" des néo-cons.

    Je connais une libérale dans l'âme qui a voté SR aux deux tours de la presidentielle, en expliquant que le projet PS était plus proches des individus que les folies de Sarkozy qui avantagent les rentes.

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  5. Dagrouik,

    Je dois connaître ta libérale ! En fait, il y avait beaucoup de gens qui trouvaient le programme de SR beaucoup plus libéral que celui de Sarko.

    Même sur des aspects où on ne s'y attend pas (par exemple la régionalisation est une perte d'influence de l'état et une mise en concurrence des régions).

    En fait, la politique de Nicolas Sarkozy n'a rien de libérale !

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  6. tu oublies la principale contradiction interne des ultralibéraux (tendance libertaire): pour parvenir à leur systeme, il leur faut une foultitude de règles avec une autorité forte pour les faire respecter!

    il faut empecher les gens de se constituer en groupe ou en communautés qui voudraient se donner des régles de vie différentes par exemple.

    non seulement il faudrait détruire tout ce que les sociétés se sont données d'entraves à la "liberté pure" (qui n'en est pas une), mais il faudrait en plus empecher qu'elles repoussent.

    si on observe le comportement des institutions libérales comme le fmi par exemple, on constate qu'elles obtiennent leurs "réformes structurelles" (libéralisation-dérégulation) par la contrainte. ils accordent des prêts à pas cher à des pays pris à la gorge, en s'appuyant sur la garantie offerte par les réserves des états riches (même si on sait ce que vaut la garantie financière des US)

    Bref, une société "libérale" est nécessairement une société dans le même temps autoritaire, dont la police intervient pour "cadrer" le mode d'organisation des hommes.

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  7. Martin,

    Oui bien sûr ! Mais pas dans leur esprit !

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  8. jean marie bockel créé la "gauche moderne"
    pour faire travailler des gens de gauche avec l ump en résumé

    j ai regardé hier soir la constitution des élu(e)s de la ville de mulhouse (bockel le maire liberal a évidemment le temps de s'en occuper!)la plupart des adjoints sont des enseignants!

    ben c est quand meme plus facile de degager du temps quand on est enseignant que plombier ou vrp! alors la mixité sociale parlons-en aussi!

    je suis peut-etre hors-sujet MAIS çà m'énerve tout çà!

    comme l ump de paris qui se réunit toute la journée pour les municipales - mais si tu bosses, tu prends des rtt, congés! ben, en contrepartie tu attends des compensations!

    qu'on m'explique les différences entre sacerdoce, privilèges, liberalisme, et "nom à papa et maman"!!

    olive énervé pour une fois!
    pourtant il pleut et j'aime la pluie! les cons restent chez eux!

    bon je sors!

    commentaire long car billet long
    ceci ne s'applique pas à la qualité mais bien à la quantité!

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  9. Olive,

    Merci ! Et reste calme.

    Tu poses un bon problème : la possibilité de faire de la politique quand on bosse.

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  10. la CGT de la polyclinique de Guingamp sera reçue vendredi matin par le maire de Guingamp et président du conseil d'administration de l'hôpital. Un rendez-vous qui fait suite au placement en redressement judiciaire de cette société privée de 200 salariés, par le tribunal de commerce ce mercredi. La CGT de l'hôpital se joindra au rendez-vous. Le syndicat se dit inquiet de cette situation,


    ET LA

    l'avenir de l'hôpital étant étroitement lié à celui de la polyclinique, dans le cadre d'un pôle santé initié il y a dix ans et concrétisé l'an dernier par la mise en commun de moyens.

    ben voyons regardons les subventions apportées!

    ouest-france.fr

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  11. Les médecins et patrons de cliniques privées sont de grands libéraux.

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  12. Tant qu'ils lient pas le sort de l'hopital à celui de l'En Avant.

    C'était un commentaire de Franssoit, spécialiste mondial du football des Côtes d'Armor.

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  13. Moi, je m'intéresse aux résultats du Mans (rapport à la provenance du patron de la Comète).

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  14. C'est vrai que c'est cocasse que les libéraux contestent toute réglementation du travail, alors que celle-ci est le fruit de négociations entre syndicats et patronat, c'est-à-dire deux catégories de libres associations entre individus...

    Donc, pour eux, l'association d'entrepreneurs au sein d'une société, c'est bien, mais l'association de travailleurs dans un syndicat, c'est mal ?

    Au fond, les syndicats devraient entrer en bourse, à ce moment ça plairait aux libéraux !

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  15. hey nico.
    un libéral outre atlantique est considéré à gauche. enfin la gauche etat-uniènne.

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  16. Je tire mon chapeau, très bon article !

    Dans le libéralisme est mise en exergue la liberté et l'absence de contrainte. Mais il me semble depuis toujours que l'argent lui-même est LA contrainte du système.
    Ainsi, dire que chacun trouve sa place dans un monde prétendument libres est une connerie. Par exemple, le gars, il est musicien, poête ou peintre, comment il fait pour payer son libre loyer que son libre proprio lui réclame à coup de libres huissiers [mais qui font la gueule quand même !].

    Tu vises juste en assimilant la foi aveugle libérale avec lex pensée soviétique. Come toutes les croyances, elle est basée sur très peu de réalité et beaucoup d'imagination théorique !
    :-)

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  17. Irène,

    Tu crois que je dois acheter des actions de la CGT ?

    Peuple,

    Il s'agit bien de la gauche outre atlantique !

    Fil,

    Merci ! Tu as raison... Mais c'est rigolo, aucun troll n'est intervenu ici, alors que mon billet de ce soir, heu...

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  18. Oui, le libéralisme est en effet contre la politique d'immigration de Sarkozy/Hortefeux

    Pour le reste... (j'ai pas tout lu non plus)

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  19. Le champ libre,

    Tu as raison de ne pas tout lire. Ca t'évite de faire des commentaires trop longs : en tant que taulier du blog, je dois les lire.

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  20. C20100,

    Pour le reste, n'oublie pas que j'ai probablement étudié les théories libérales avant toi et que je devais les connaitre avant toi. Le problème, c'est que je m'en fous à un point incroyable.

    A force de prendre tes opposants pour des cons, tu finiras déprimé. C'est triste.

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