20 octobre 2008

Subsidiarité et crise de rire

Ce qu’il y a de sympa avec les théories libérales, c’est qu’on peut toujours prendre un malin plaisir à les railler. C’est pourquoi je lis toujours avec passion les billets des blogs libéraux dont celui de mon pote Lomig. Ainsi, l’autre jour, il nous parlait du principe de subsidiarité.

« Cette notion exprime l’idée simple selon laquelle les structures, à plus forte raison les super-structures, n’ont de raison d’être que si elles viennent palier à des insuffisances du niveau inférieur. La gestion par la commune de certains problèmes ne se justifie que si les individus ne peuvent pas régler ces problèmes eux-mêmes, la gestion d’un problème par l’Etat ne se justifie que s’il ne peut être traité de manière satisfaisante au niveau régional, etc. »

Ils sont très forts pour théoriser. Il a fallu que je vérifie sur Wikipédia : en tant que pauvre gauchiste, j’ai du mal avec les mots de plus de 3 syllabes. « Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème d'elle-même. »

Finalement, Wikipedia n’est pas toujours très fiable (les libéraux savent très bien comment ça marche), ce matin avant de prendre ma douche, j’ai tiré mon Petit Larousse de son tas de poussière qui me rassure quant à la compréhension de la langue française.

Une petite recherche google et la lecture de quelques exemples me rassurent : « Le principe de subsidiarité consiste à réserver uniquement à l’échelon supérieur, ici la Communauté européenne (CE), ce que l’échelon inférieur, les États membres de la CE, ne pourrait effectuer que de manière moins efficace. »

Voilà comment en jouant sur les mots, un libéral peut tirer la couverture à lui. Pour ma part, j’aime bien être pragmatique. Si j’en crois un libéral, ma commune n’a pas besoin de s’occuper du ramassage de mes ordures dans la mesure où je peux les porter moi-même à la déchetterie de mon choix… On est bien. Ben ouais : « La gestion par la commune de certains problèmes ne se justifie que si les individus ne peuvent pas régler ces problèmes eux-mêmes » qu'ils disaient !

Toute la démarche des libéraux tiens sur un joli phrasé permettant de faire croire qu’on a oublié tout dogmatisme et qu’on est encore plus pragmatique que les autres ! Ils arrivent même, d’ailleurs, à intellectualiser ce concept. Par dogmatisme ?

Il faudrait un jour que les libéraux sortent de leur théorisations diverses et reviennent dans la vraie vie. La chute des bourses et la catastrophe économique qui nous pend au nez comme la crotte pendait au cul de l’immonde roquet que j’ai croisé sur le trottoir en allant prendre mon café ce matin pourraient en fournir une bonne occasion.

Allez, les gars !

18 commentaires:

  1. Prem's !
    Merci à toi de citer mes articles. Je précise qu'à la base j'ai découvert ce concept dans un article de JF Feldman (dont j'ai cité des extraits ici : http://www.politique.blomig.com/2008/09/30/subsidiarite/).

    Par ailleurs, ce mot (c'est ce qu'on apprend dans l'article de Feldman) a été utilisé par tout le monde, et comporte des définitions très nombreuses. Il me parait normal de le définir dans un sens qui permet d'assurer la protection des libertés individuelles, n'étant pas particulièrement fan des abus de pouvoir.

    Jacques Delors en a beaucoup parlé, mais il s'en servait pour justifier le pouvoir octroyé à la commission européenne. Il pensait cette notion comme une justification de la prise de décision tout en haut, puis avec une redescente sur les niveaux inférieurs. Il me parait bien plus juste et fondé de faire partir cette notion des individus. Et ça ne justifie en rien le fait de devoir amener soi-même ses déchets à la décheterie. Pas la peine de caricaturer pour exprimer son désaccord, si ?

    RépondreSupprimer
  2. M. Lomig devrait commencer par apprendre que le verbe PALLIER réclame deux "l" et qu'il est transitif...

    RépondreSupprimer
  3. Didier,

    On dit "palier de décompression".

    Lomig,

    Putain ! T'es rapide.

    Sur la caricature, je crois bien que c'est toi qui pousse le bouchon en redéfinissant le mot pour tes besoins personnels ! Ta définition signifie explicitement que ce n'est pas utile d'organiser un ramassage des ordures...

    N.B. : C'est bien parce que j'avais la "définition" de Jacques Delors en tête que ton billet m'a interpelé et amené à faire quelques vérifications...

    RépondreSupprimer
  4. Ah LOmiG. Je l'aime bien, c'est mon libéral préféré :D
    Dogmatique à souhait ^^

    RépondreSupprimer
  5. Les libéraux sont toujours dogmatiques, non ? Puisque dans la réalité leur système ne peut pas fonctionner !
    :-)))

    RépondreSupprimer
  6. Subsidiaire, si je ne suis pas trop crétin, ça désigne quelque chose qui vient en renfort, qui vient aider. Comme on passe de ce secours àquelque chose qu'il faut casser pour le remplacer par autre chose, c'est un mystère.
    Mon dictionnaire historique de la langue française me dit que "subsidiarité" au niveau européen est apparu, lancé par les allemands, en 1991, à partir d'une encyclique de Pie XI !!!
    :-))

    [C'était mon commentaire culturel du jour !].

    RépondreSupprimer
  7. Etienne,

    C'est un bonheur !

    Poireau,

    Vive la culture !

    RépondreSupprimer
  8. @Didier G., Etienne B. et monsieur poireau : attention, vous tenez des propos tombons sous le coup de la loi contre les discriminations religieuses.

    RépondreSupprimer
  9. David75

    La subsidiarité ne fonctionne que quand ca arrange.

    Et pour LA POSTE par exemple ou est la subsidiarité !!

    RépondreSupprimer
  10. @ Monsieur Poireau : oui dans son article, Feldman revient sur les liens entre cette notion et le personnalisme, ainsi que différentes encycliques qui précisait la nécessité de le définir en montant (en partant de l'individu).

    RépondreSupprimer
  11. Les fonds d'investissement spéculatifs ( les hedge founds, qui se nourrissent de la crise et l'amplifient, en spéculant sur la baisse des valeurs) sont au centre de toutes les inquiétudes , les noms de deux grands établissements français , particulièrement exposés, ayant été cités...

    http://www.impots-utiles.com/apres-les-subprimes-les-hedge-funds.php

    RépondreSupprimer
  12. Nicolas, tu te trompes! sur le rammassage des ordures, les individus peuvent le faire, mais ce n'est pas la question : qs'ils le font eux-mêmes, ce sera moins bien organisé que si c'est la collectivité qui s'en charge. C'est ça, la subsidiarité. Après, le principe ne vaut pas règlemagique : sur la fisclaité, par exemple, on peut très bien dire qu'il faut laisser e sujet à l'échelle nationale, masi tu auras toujours quelqu'un pour dire que non, c'est plus efficace de le traiter à l'échelle européenne...

    RépondreSupprimer
  13. Il chante encore Feldman ?

    RépondreSupprimer
  14. Le principe de subsidiarité est en effet un concept d'"européistes", si j'ose dire.

    En réalité, la commission européenne prend des actes unilatéraux sur tout un tas de sujets.

    Est-il logique qu'elle "légifère"(entre guillemets) sur la taille des filets de poisson au niveau Européen ?
    Oui, pour éviter les inégalités dues aux différences dans les droits internes (n'importe quel pays pourrait avantager ses pécheurs en leur accordant par la loi une taille de filet minimale).
    Dès lors, le poisson ne serait pas sauvegardé.

    Par contre, est-il logique que la commission européenne décide de la taille que doivent faire les nains de jardins ?
    Non. Pourtant elle l'a fait. C'est là que le principe de subsidiarité, qui amuse beaucoup les spés du droit européen, entre en jeu. Parce qu'il y a là matière a thèser et a doctriner de partout.

    (Rq : j'ai cherché un lien sur cette affaire de nains de jardins. je n'ai trouvé que des liens qui parlent de Barosso et Sarkozy, allez savoir pourquoi).

    RépondreSupprimer
  15. David,

    Quel rapport avec La Poste ?

    Impots machin,

    Halte au spam ! Deux fois aujourd'hui, ça fait trop.

    Le Chafouin,

    Tu es sur que c'est moi qui me trompe et pas nos théoriciens libéraux ?

    Benjii,

    C'est un peu ce que je dis : tout est bon pour théoriser.

    RépondreSupprimer
  16. Oui, mais il est légitime de se poser la question des nains de jardins.

    Par contre, aller raconter n'importe quoi a propos de la commune et des individus sans avoir un pet de connaissance en la matière, c'est moins légitime.

    RépondreSupprimer
  17. C'est un peu le "métier" de nos chers libéraux. Théoriser...

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux c'est-à-dire tous sauf ceux qui proviennent probablement d'emmerdeurs notoires.