24 novembre 2009

Au bistro !


Ainsi, l'amendement proposé par un sénateur (de même patronyme que moi) et accepté en commission à l'unanimité a été retiré dans la nuit. Rien de surprenant ! L'Elysée n'allait pas déclarer la guerre aux patrons de bistro quelques mois avant des élections délicates. Il s'agissait d'annuler la baisse de la TVA sur la restauration. J'en avais pourtant fait un billet, de même que Polluxe et Ruminances.

Forcément, quand on est de gauche, on gueule contre les patrons de bistro. Mais je suis aussi client. Nous n'étions donc pas d'accord !

Hier soir, je me suis sacrifié pour vous et j'ai fait deux bistros pour interroger leurs patrons. Les deux sont d'accord et formels : ils n'ont rien demandé et ne sont pas membres de syndicats de restaurateurs. Les engagements de ces derniers ne les concernent pas. La communication du gouvernement de les engage pas.

Je me suis un peu foutu de leur gueule, puisqu'ils étaient les premiers à gueuler, avant.

Mais je les ai écoutés. Le premier n'a pas augmenté ses prix depuis le passage à l'euro ou presque (le demi est passé de deux euros à deux euros dix, soit cinq pourcents en presque huit ans).

Le deuxième a réellement baissé ses prix mais personne ne le voit : le prix est inscrit à la craie sur l'ardoise. Je confirme : le plat du jour est passé de 14 ou 15 euros selon les jours à 12 ou 13. Le patron m'a expliqué qu'ainsi, par un curieux phénomène d'arrondis, il perd de l'oseille.

Sortons la calculatrice.

Un plat à 14 euros TTC revient, avec une TVA à 19,6, à 11€70. Un plat à 12 euros revient, avec une TVA à 5,5% à 11€37.

Gardons la calculette.

Un demi qui était à 12 francs début 2001 (le passage à l’euro était début 2002) et qui sera à 2€20 aura augmenté en moyenne de 2,08% par an. La belle affaire ! S’il avait suivi le taux d’augmentation du SMIC, le demi vaudrait plus de 2€40…

Je ne sais pas quelle est la morale de cette histoire et s’il y en a une. Vous me trouverez bien des contre-exemples, retors comme je vous vois. Il n’empêche que j’aime bien ces petits bistros, où bossent un patron, un à trois cuistots (trois sont nécessaires pour faire à bouffer le soir) et 2 à 4 serveurs. Où le plat du jour nous charme tous les midis. Où l’on connaît bien les serveurs, qui nous réservent notre table et s’interrogent en notre absence.


Les clients ont subi la crise. Ils vont moins au bistro. Les recettes baissent. Mes bistros sont en danger.



16 commentaires:

  1. Là encore, c'est une instrumentalisation d'une partie de la population à des fins électoraliste. Alors cette partie de la population, les braves patrons de bistrots, se trouve montrée du doigt sans avoir rien demandé.

    Et ça leur donne une mauvaise image: tu leur donne un avantage et au lieu de le partager (avec leurs employés ou la clientèle), ils empochent tout. Et en plus ils pleurent: les mecs que tu as interrogé sont des pleureuses professionnelles !

    RépondreSupprimer
  2. En Belgique, on a un tas de petits restau locaux qui servent des plats entre 5 et 10 euros, notamment le spaghetti bolo qui semble être le plat de référence. Ca permet de se faire une sortie sans trop dépenser, c'est pratique. Je ne sais pas vraiment pourquoi ils y arrivent ici et pas en France !
    :-))

    [Les bières sont moins chères aussi mais comme c'est de l'élevage local, ça compte pas !!! :-)) ].

    RépondreSupprimer
  3. Eric,

    Oui, c'est la stratégie depuis le début : diviser pour régner !

    Poireau,

    Oui, les bistros belges sont sympa (mais arnaqueurs, PIRE qu'en France, dans certains coins).

    RépondreSupprimer
  4. Tous ces chiffres et ces pourcentages, ça me donne le tournis...

    Garçon ! la même chose !

    RépondreSupprimer
  5. Eh ouais, même son de cloche en Finistère. Mon bistrotier a baissé son café de 1.10 à 1 euro tout rond. Il y gagne 3 cts par tasse environ mais le client est content de ne pas être emmerdé avec la monnaie.

    Au fait, Nicolas, tu ne serais pas en train de nous devenir libéral ?

    (ok, je te taquine)

    RépondreSupprimer
  6. ah, ton flux ne marche toujours pas chez moi ... j'arrive pas à comprendre pourquoi ....

    RépondreSupprimer
  7. Bonjour à tous,
    J'ai le plaisir ou la corvée d'être patron d'un établissement qualifié de bar-pub, employant pas moins de 16 personnes et j'aimerais tout de même apporter quelques précisions...
    J'adore lire qu'un tenancier n'a rien demandé. Pas de soucis alors il n'a qu'a reverser intégralement le cadeau fiscal d'au moins 10% de son CA à ses salariés... Trève de plaisanterie, cette mesure a sauvé grand nombre d'établissements comme le mien qui apres maintes et maintes mesures coercitives et l'arrivée de la crise étaient au bord du dépôt de bilan.
    Ce que je regrette ici est que la mesure d'égalité fiscale entre nous et la restauration rapide n'est pas été assujettie au respect intégral des accords professionnels. Ainsi ceux qui ne voulaient pas de cette baisse ou nen n'avaient pas besoin pouvaient continuer à verser à l'Etat 19,6% de TVA et les autres se seraient rapidement mis au niveau...
    Il n'y a pas que pour la TVA qu'il faut aussi peut être un peu taper sur la table... Le travail dissimulé, les normes d'hygiène, j'aimerais bien que de temps en temps on prennent dans ce pays les moyens de faire respecter les lois sociales. Ca c'est la vraie égalité devant la loi.
    Déclarant l'intégralité de mon personnel et des heures faites, respectant scrupuleusement les normes HACCP, j'ai vraiment l'impression d'être un martien ou le didon d'une farce peu goûteuse...
    Autre précision, l'alcool, donc la bière ou le vin, n'est pas inclue dans la baisse de la TVA et est restée à 19.6%...

    RépondreSupprimer
  8. La TVA c'est un peu la poltax . Ce que je souhaiterai politiquement (faut pas rêver) c'est de reprendre la totalité du débat sur la TVA en réinjectant à l'intérieur de l'égalité et de la justice fiscale.

    La chose la plus simple serait de supprimer la totalité de la TVA, des niches fiscales et de rétablir l'impôt progressif pour les Citoyens et les entreprises.

    En attendant, moi, en parti fils de bistro, je dis ... vive les bistros !

    @ +

    Bésitos

    RépondreSupprimer
  9. Précisions utiles en effet. Coté respect des normes d'hygiène c'est peut-être lié au fait que l'on peu ouvrir un resto sans diplôme contrairement à un salon de coiffure.

    RépondreSupprimer
  10. Claudio,

    Enlève mon flux de ton machin puis remets le.

    Et non, je ne vire pas libéral. Au contraire, presque... Je rappelle juste qu'on vit dans un monde libéral avec les prix libres et je me moque des gens de droite (dont les patrons de bistro) qui croient réellement que le gouvernement (de droite) va pouvoir agir sur les prix.

    Didier,

    Arrêter de boire.

    Jean-François,

    Je n'ai pas dit qu'ils n'avaient rien demandé j'ai dit qu'ils avaient dit qu'ils n'avaient rien demandé !

    Et je crois qu'on est d'accord : voyez ma conclusion et les autres billets que j'ai faits sur le sujet.

    Eric,

    On est d'accord qu'il faut une refonte de la fiscalité.

    Par contre, on ne peut pas toucher aussi simplement la TVA et je ne crois pas qu'il faille la supprimer (juste la diminuer) : elle est payée par les étrangers qui viennent consommer chez nous et, surtout, ça fait payer une taxe sur les machins importés (et donc la production locale n'est pas lésée).

    RépondreSupprimer
  11. Les Jegoun et les bistrots, c'est une obsession partagée.

    RépondreSupprimer
  12. Polluxe,

    Il y a une formation de trois jours depuis peu. Et il ne faut pas comparer ce qui n'est pas comparable (je ne connais rien à la coiffure mais je suppose que la formation est pour ceux coiffent, pas pour les patrons, de même qu'il y a des formations pour les barmans et serveurs, pas nécessairement pour les patrons bistros).

    RépondreSupprimer
  13. En fait pour ouvrir un salon de coiffure il faut avoir au moins un BEP de coiffure donc être plus formé que ses employés...

    RépondreSupprimer
  14. en tant qu'adjoint au commerce de ma commune j'étais partisan de la baisse pour donner un peu d'air aux restaurateurs. Aujourd'hui que cette bouffée a été donnée, on peut revenir à avant.

    RépondreSupprimer
  15. C'est gentil de la part de Romain de nous avoir "donné" une bouffée... et de nous la retirer... J'espère qu'il en sera de même pour la TVA dans le bâtiment ainsi que les exemptions fiscales pour les tailleurs de pipe de Saint Claude, les journalistes ou les huissiers de l'Assemblée Nationale... Egalité...

    RépondreSupprimer
  16. Romain,

    Si on revient à avant, ça supprime la bouffée d'air... Et ils sont obligés d'augmenter les tarifs.

    Jean-François,

    Ce n'est pas vous qui payez la TVA mais le consommateur final (même si je ne suis pas d'accord avec Romain).

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux c'est-à-dire tous sauf ceux qui proviennent probablement d'emmerdeurs notoires.