04 mai 2013

L'apaisement, c'est maintenant

Mes confrères blogueurs commencent les billets à propos de la première année de François Hollande à l’Elysée. Stef est déçu. Sarkofrance et Dedalus beaucoup moins ! Moi, je suis très déçu ! Pépère aurait pu faire ses 60 engagements directement au cours de la session parlementaire extraordinaire de juillet. Nous serions alors en train de travailler au démantèlement de la deuxième moitié du parc de centrales nucléaires.

Sarkofrance parle de confessions intimes. Je vais en faire aussi. Cela ne surprendra pas mes lecteurs mais j’aime bien François Hollande. On a l’impression d’avoir un être humain à l’Elysée, quelqu’un comme vous et moi, quoi… Cela étant, mes propos ne relèvent pas du fanatisme idiot : j’ai connu François Hollande alors qu’il n’était pas président (notre première rencontre date de 1996) et je l’ai supporté pendant toute sa campagne pour la Présidentielle, l’ayant même rencontré de près lorsqu’il avait reçu les blogueurs. Je suppose que beaucoup de personnes ont un rapport un peu particulier avec François Hollande, notamment ceux qui, comme moi, ne sont pas membres du PS mais en sont de fidèles électeurs. Rappelons-nous cette déroute de 2002, Hollande qui a du géré et les formidables victoires aux élections locales qui ont suivi. Hors du PS, on est très loin de leurs histoires de courants, de motion, de personnalités, …

Toujours est-il que je trouve qu’on a un président de la République sympathique, ce qui n’était pas spécialement le cas avant… Disons le autrement : c’est aussi parce qu’on ne pouvait pas blairer Sarkozy qu’on aime bien Hollande.

A part ça, je ne vais pas tortiller du cul pour chier droit : je suis déçu par la politique fiscale. Il y a 45 millions d’électeurs et probablement 45 millions de lascars qui se font une politique fiscale dans leur tête. Je vais faire la mienne : j’aurais voulu qu’on augmente la CSG (pour, ultérieurement, la fusionner avec l’impôt sur le revenu dont on aurait encore plus augmenté la progressivité) et qu’on diminue les prélèvements sur le travail, sauf pour ce qui concerne la retraite dont au sujet de laquelle on aurait pu augmenter les cotisations pour éviter de nous faire bosser plus longtemps.

Autant dire que le CICE passe mal, d’autant plus que c’est une usine à gaz et que je crois qu’on a besoin de simplicité dans la fiscalité afin que tous les électeurs puissent comprendre comment ça marche.

L’ANI est une grosse source de mécontentement pour mes camarades. Je ne suis pas spécialement content mais je ne suis pas content, non plus, des motifs de mécontentement… Je pense que ces camarades n’ont pas compris certaines évolutions du marché du travail, déplorables, certes, mais probablement inéluctables : le nombre de salariés dans les grosses boites va continuer à diminuer par rapport aux braves gens des autres catégories : non seulement les retraités et les chômeurs, mais aussi les salariés de petites boites et ceux à leur compte, comme les auto-entrepreneurs. Quand vous êtes emportés par la marée, ce n’est pas la peine de nager à contre-courant, ça vous pousse à la noyade certaine.

Par contre, il y a une méthode : la négociation. Les décisions ne sont plus prises avant la convocations des partenaires sociaux à l'Elysée.

Les camarades du Front de Gauche mettront au passif la ratification du TSCG. Pas moi. Elle était nécessaire. Nous sommes plusieurs pays dans cette Europe, le nouveau traité a été négocié. Il fallait le ratifier. Le processus d’élaboration des traités est mauvais puisque les parlements nationaux auraient du être saisis avant la signature. Le traité est sans doute mauvais mais ce n’est pas le seul : les précédents aussi. C’est Maastricht qui nous impose les fameux 3%, allègrement cassés par la droite, pas une « nouvelle Europe ».

Les 3% ! François Hollande avait pris des engagements de réduction du déficit. On voit jour après jour qu’ils vont être difficiles à tenir. Il n’empêche qu’il me parait nécessaire de réduire ce déficit, pour différentes raisons, notamment qu’on ne peut pas éternellement repousser au lendemain la résolution des problèmes. En outre, je ne crois plus du tout en une relance par la demande dans une société mondialisée. En français : vous pouvez distribuer du pognon à des nouveaux salariés, s’ils le dépensent en achetant des conneries fabriquées à l’étranger, ça ne résoudra strictement rien. La priorité doit donc être à la réindustrialisation.

La réindustrialisation ? Elle ne passera pas par la sauvegarde d’industries vieillissantes. Encore une fois, il faut arrêter de nager contre le courant parce qu’en terme de communication, le signal est très négatif. Les électeurs qui habitent dans des régions industrielles où le taux de chômage est très élevé voient des politiciens de droite puis de gauche s’époumoner sans le moindre résultat. Ils vont vite aller voir ailleurs.

La réindustrialisation ? L’Etat fait avec ce qu’il a à sa disposition et ce qu’il peut créer, comme la BPI qui va monter en charge. Néanmoins, l’Etat ne peut pas tout, tout seul, et l’intervention économique doit être déportée vers les régions, au plus près du terrain. C’est une des raisons qui font que je suis très attaché à la réforme territoriale et à la décentralisation et je suis très déçu quand je constate que les réseaux sociaux (ceux de gauche, je me fous de ceux de droite, à part les blogs des copains) s’y intéressent très peu. C’est pourtant d’elle que viendra le redémarrage de l’économie, beaucoup plus que des autres machins que j’évoquais plus haut. C’est d’elle aussi que reviendra la reconquête des électeurs par les grands partis. Les électeurs verront des actions concrètes près de chez eux…

Je vais citer un exemple. Loudéac est ma commune natale dans le sud des Côtes d’Armor. Il y a environ 10000 habitants. Pontivy est à une vingtaine de kilomètres au sud, dans le nord du Morbihan. Il y a 20000 habitants. Il est tout à fait logique que les deux patelins se rapprochent pour dynamiser leurs secteurs. Loudéac avait un hôpital, condamné à disparaître ou à devenir un mouroir. Pontivy avait un hôpital vieillissant. Les deux communes se sont « unies » pour créer un hôpital flambant neuf entre les deux, desservant un secteur avec probablement environ 100000 personnes. Il se crée de l’activité autour : cuisine, blanchisserie, … Et on conserve l’hôpital. Il n’est plus obligatoire d’aller se faire opérer à Saint Brieuc. Sans ce genre d’action au cœur des régions, ces trous crèvent. Et le Front National gagne les élections parce que les électeurs perdent tout espoir…

Ceux qui veulent bloquer la construction d’un aéroport par principe devraient y réfléchir… Le Centre Bretagne est à 1h30 de Notre Dame des Landes et à 4 ou 5 heures de Roissy.

Régionalisation. Voila. Hop.

La réindustrialisation ? Elle passe par l’Etat actionnaire. Empêcher Orange de vendre DailyMotion a une boite américaine est une excellente idée, non pas pour DailyMotion mais pour Orange qui est quand même un géant mondial du numérique avec un chiffre d’affaire supérieur à celui de Google. Il faut qu’Orange diversifie son activité et la vente d’un de ses fleurons n’était pas nécessairement une bonne idée. L’Etat est actionnaires d’autres boites et peu certainement encore agir…

Cela étant, j’étais en train de dresser un bilan de la première année, pas de faire un discours de politique générale… Toujours est-il que la plupart des réformes me semblent aller dans le bon sens. Elles sont progressives, on avance pas à pas et ça nous change des annonces quotidiennes de réformes diverses non suivies d’effets qu’on a connues pendant cinq ans.

Pour le reste ?

Le climat a changé dans le pays. Nous avons vécu dix ans de divisions, de Français jetés les uns contre les autres, les musulmans contre les autres, les Roms contre les autres, les chômeurs contre les autres… Le climat est apaisé. Il y a bien des milliards de personnes selon les manifestants qui braillent dans les rues mais la division, le bordel, les nuisances,… viennent d’elles seules. Pas des pouvoirs publics.

La place de la France dans le monde ? Les nuisibles de droite martèlent qu’elle baisse. La France a pourtant montré qu’elle était la seule nation Européenne à pouvoir intervenir rapidement à l’étranger. Nous ne sommes peut-être plus une grande puissance économique mais nous continuons à jouer dans la cour des grands, ce qui n’est pas le cas de tout le monde ;

Plus une grande puissance économique ? Heu… Nous restons la cinquième. Le catastrophisme ambiant est lassant.

La popularité ? Elle est mauvaise. On nous dit que des records sont battus. Ce n’est pas vrai. Chirac et Sarkozy ont été plus bas. On disait aussi qu’ils n’avaient plus de légitimité. C’est le jeu politique. Il y a eu trop d’événements récents, coup sur coup, pour analyser cette popularité. On étudiera ça plus tard…

Quand on reste convaincu par le gouvernement et le président, on ressent cette popularité un peu comme une injustice et il est assez difficile d’analyser ça avec la moindre objectivité… On attendra donc les prochaines élections.

Mais elles ne sont pas une fin en soi. Ce qui compte est le redressement du pays. La plupart des mesures déjà prises ou en cours me paraissent aller dans le bon sens. Mais dans l’attente, il faudrait redonner espoir aux Français. La communication reste donc très importante pour montrer que nos dirigeants sont au travail et ont un cap.

La BPI a été créée, c’est plus qu’une banque, c’est un interlocuteur unique pour les PME dans chaque région. L’argent de l’épargne a été mobilisé pour les PME. Le Crédit Impôt Recherche a été adapté pour les PME. Elles auront accès aux marchés publics.  Des allègements de charges ont été mis en place pour les entreprises qui investissent en France. Celles qui délocalisent doivent rembourser les aides publiques. Ce n’est qu’un extrait du bilan diffusé sur le site de l’Elysée (pdf) que je vous invite à apprendre par cœur avant de raconter des bêtises dans les réseaux sociaux.

Le changement, c’est vraiment maintenant. Mais il n’est pas rapide.

« Ce fut une première année difficile. Parce que la crise économique est profonde. Parce que l’urgence sociale est immense. Parce que la droite a fait en dix ans des dégâts considérables, a laissé la France dans un état désastreux. Parce que la gauche n’avait pas été au pouvoir depuis dix ans et que bon nombre de ministres – mais également la majeure part des équipes ministérielles – étaient inexpérimentés. Parce que le système médiatique est ce qu’il est, c’est-à-dire d’abord marchand, ensuite largement intoxiqué par la communication sarkoziste. Parce que le temps politique est largement incompatible avec le temps médiatique. Pour tout un tas de raisons. Le fait est cependant que le changement c’est depuis un an. » disait le sage Dedalus.

Qu'est-ce qu'on attend pour nommer Thomas Hollande à la tête de l'EPAD ?

17 commentaires:

  1. Thomas Hollande à l'Epad? Bonne idée!

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  2. Allez zou, François Hollande n'est là que depuis 1 an, il encaisse plutôt bien et je suis comme toi, je le trouve sympathique et sincère mais il n'est pas aidé par son propre camp je trouve.
    Laissons le bosser, on fera le vrai bilan dans 4 ans.

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    1. Oui. Il encaisse très bien. C'est sidérant et ça montre qu'il est à la hauteur.

      Mes prochains billets seront (en principe) sur son camp. Ça serait bien, d'ailleurs, que les blogueurs s'entendent à ce sujet. Que nous chargions réellement.

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  3. Que les blogeurs s'entendent... ca me fait froid dans le dos de lire ce genre de truc.

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  4. Que les blog s'entendent... Ca me fait froid dans le dos de lire ce genre de truc.

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    1. Oui et ? Connard. J'ai parlé de blogueurs et pas de blogs mais peu importe. Je t'explique : El Camino et moi sommes copains d'enfance depuis au trois ans. Il ne me parait pas anormal que je lui envoie un mail du genre : salut gros, nous pourrions taper ensemble sur le PS.
      Il y a des trous du cul comme toi qui pourraient avoir à redire...

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    2. C'est tout à fait normal pour les gens comme toi. T'es né 50 ans trop tard, et trop à l'ouest. Dommage. Surtout pour nous...

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    3. Laisse tomber les connards.

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    4. Tu as raison, apprécions l'apéro.

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  5. Dans le Figaro, c'est peut-être Tapie qui le dit, mais n'empêche, Hollande aurait réussi à donner une direction économique plutôt cohérente à la France. je ne sais pas pourquoi, mais on pourrait être tenté de le croire.

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  6. Quatre années ! Il est temps de créer un ministère du redressement du bilan de François Hollande.

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  7. Bravo Nicolas ! Ce que tu dis est d'une grande logique. Reste que les options que tu loues me restent en travers de la gorge. Ainsi la capacité d'intervention militaire. Quand elle devient offensive et colonialiste, je crie casse-cou. D'où mon leitmotiv : sortir complètement de l'OTAN, structure agressive, est une priorité. Les USA et leur structure capitaliste sont NOTRE adversaire, que nous le voulions, ou non.

    Notre pays ne doit pas rester une contrée de consommateurs béats, mais ressentant de plus en plus la mainmise extérieure anglo-saxonne en général. Il ne s'agit pas de bête ressentiment nationaliste, mais du fait que le PROFIT est pour eux critère d'excellence. "Ces gens-là, Monsieur"..." il ne s'agit pas de les haïr, mais tout simplement de leur tourner le dos, et par exemple de promouvoir une aventure plus logique, celle de Mare Nostrum. Nous avons tant de choses plus en commun avec nos voisins du pourtour de la Méditerranée ! Mettons en place un "vivre ensemble" plus frugal certes, mais aussi plus joyeux, quelque chose de vraiment alternatif au développement économique.

    C'est pourquoi, entre autres, l'aéroport de NDL en projet est une si mauvaise solution à un problème qui ne se pose pas en ces termes.

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