10 mai 2013

Un 10 mai

Il y a 32 ans, François Mitterrand était élu Président de la République. C'était la première fois que la France basculait à gauche depuis la mise en œuvre de la nouvelle constitution. Nous entamons la deuxième année de la quatrième législature de gauche. Les trois premières auront laissé leurs traces dans l'histoire et on sait d'ores et déjà que l'on retiendra de celle-ci le mariage pour tous.

En 1981, l'élection de François marquait le début d'une période d'espoir. En 2012, l'élection de François Hollande marque surtout la fin de l'ère Sarkozy. C'est étrange. Pour le reste, nous sommes enfermés dans une crise économique dont a envie de se rejeter la responsabilité au trajets de la tronche. Certains vont la dater de 81, d'autres de 73 ou 74. D'autres encore vont l'imputer à l'Europe, aux 35 heures, à Nicolas Sarkozy, à mai 68 ?

Je me rappelle de longues discussions, au comptoir de la Comète, en 1997, quand la gauche venait d'être élue. Les clients majoritairement à droite faisaient porter tous les maux de la société par la retraite à 60 et Mitterrand. A l'époque, nous n'avions pas de blog et je militais à ce comptoir.

40 de crise. La chute du mur de Berlin. La mondialisation, les chocs pétroliers, le réchauffement climatique, le développement emblématique de la Chine, l'Europe, l'Euro,...

Je lisais les blogs, ce matin. Mon copain Bab, est parti pour Notre-Dame-des-Landes pour préparer une chaîne humaine. 20000 personnes devraient être là pour faire le tour de l'aéroport, symboliquement, pour marquer leur défense de la Zone d'Aménagement Différé. 40 ans de crise. Le Larzac, Plogoff, NDDL... Des militants vont bloquer un projet important qui aurait pu être un espoir pour le grand ouest ou le symbole de ces 40 ans de crise... Au choix.

Dressons le tableau : une économie largement libéralisée avec des millions de chômeurs et de précaires. Elle a vaincu, au cours de ces 40 ans ou de ces trente ans, d'autres modèles économiques qui n'ont pas marché. Le 10 mai 1981, les braves gens voyaient déjà les chars Russes aux portes de Paris, la France basculant dans le socialisme. François Mitterrand a pourtant été un des principaux acteurs de la création de cette Europe libérale.

Il y a un an, certains croyaient que François Hollande avait comme principal ennemi la finance.Et nous sommes toujours là, à attendre une embellie de la conjoncture économique tout en sachant qu'au mieux elle nous permettra de revenir à un taux de chômage à 8% dans quatre ans.

Et on appelle ça l'espoir. J'avais 15 ans en 1981. L'espoir était tout autre, il me semble.

10 commentaires:

  1. L'espoir de 81 reposait sur l'existence d'un capital (pas que financier, surtout humain en fin de compte). Il a été dilapidé. Aujourd'hui la France est comme une serpillière qui a été énergiquement essorée. On a beau la tordre dans tous les sens, chercher dans le moindre recoin, il n'y a plus une goutte de jus à en tirer.
    Il n'y a donc plus de place pour l'espoir de ceux qui ont pour seul projet de consommer, dépenser, flamber, etc.

    Mais n'allez pas croire que je situe le début de ce processus d'essorage à 1981. Ca a commencé bien avant. Mais en 1981 il restait encore quelques trucs à jeter pas la fenêtre, pas aujourd'hui.

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  2. j'avais 30 ans l'espoir était immense tu veux dire ! J'ai rencontré plusieurs fois Mitterrand avant et après car j'étais conseiller municipal de ma commune dans la Nièvre ( le Maire était son ami). Mais aujourd'hui avec le recul, malheureusement, je ne crois plus aux hommes politiques.

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  3. Billet clair. J'ai l'impression d'être à nouveau sur la même longueur d'onde que toi.

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  4. Ho pétard, 32 ans, j'était jeune à l'époque, 20 ans… Pfff…!

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  5. 32 ans... J'en ai le double aujourd'hui... Bordel.

    Le bonheur n'est pas arrivé comme je l'avais cru...

    Cette année là pourtant je décidais de m'acheter ma première télé !

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    1. Mon cher Vinosse, je suis désolé de devoir te dire qu'il y a peut-être une désastreuse corrélation entre le bonheur qui n'arrive pas, et le fait que tu achètes une télé. Peut-être là que tout s'est joué et a viré en eau de boudin.

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  6. Le problème réside peut-être dans le fait que c'est la notion même d'espoir, voir allez, soyons fou, d'utopie, de rêver qu'un monde autre qu'une machine à broyer du consommateur pétrolifère était possible. Ça qui a été flingué par les tenanciers du réalisme économique à perte de vue, l'horizon, carrément (là où l'autre quiche dirait la possibilité d'une île)
    Celui où enfin tu pourrais envisager de VIVRE, de souffler, sans même prétendre à être, et non pas cavaler dans tous les sens comme un crétin tout au long de ta vie pour finir éventuellement piétiner par de plus cyniques que toi.
    Et je ne parle même pas de biens communs.
    Parti comme on est, on est très mal barré.
    Sinon, il reste la drogue, les putes et des chiffres et des lettres, aussi, hein. Chacun son bonheur.

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