13 octobre 2011

Le syndrome du vrai militant

« Tu n’y connais rien, j’ai plus d’expérience que toi, tu te rends même pas compte que moi j’ai fait du porte à porte pour Pierre Juquin en 1988. » C’est à peu près le genre d’argument que se prend le type qui se lance dans le militantisme politique, quel que soit son âge, pour ma part j’ai 45 ans.

Je me retrouve embringué dans cette campagne, au niveau de mon blog, et au fil des jours, je me prends des remarques acerbes sur le coin de la tronche.

Pourtant, Pierre Juquin n’a pas gagné, en 1988, alors que j’ai voté pour lui, pour ma première Présidentielle. Au second tour, j’ai eu plus de chance.

« Tes arguments ne sont pas politique, ils sont du niveau de la cour de récréation. » me fait remarquer Josiane qui venait de noter que le tailleur de Martine Aubry était parfaitement assorti à la cravate de François Hollande et qu’elle venait, pour ça, de gagner des points.

« Tu ne sais pas ce que veulent les électeurs, tu passes ton temps au bistro à discuter avec des gens ou tu parles à tes collègues de bureau, sans même s’intéresser aux quartiers populaires. » me dit Maurice qui passe son temps à discuter en réunion de section à comparer la carrière de Martine Aubry en tant que Maire à celle de François Hollande en tant que député.

« Tu ne t’adresses pas aux gens, tu ne fais que pondre des âneries pour ton blog. » me dit Roger qui va une fois par mois à la sortie de Leclerc distribuer des tracs aux gens tout en discutant avec les autres militants des difficultés scolaires du fils de sa voisine.

Si j’en crois le vrai militant, le pur, le dur, celui qui a participé à toutes les campagnes Présidentielles depuis 1995 sans même se rendre compte qu’il n’a jamais rien gagné, celui qui dit qu’il faut faire appel à l’intelligence des électeurs, ce qu’il fait depuis toujours, celui qui gueule parce qu’il y a de l’abstention alors qu’il a dit aux gens d’aller voter mais c’est de la faute des autres, celui qui se plaint en permanence de la dépolitisation du citoyen, du manque de nouveaux militants,… celui qui débarque dans le militantisme est avant tout prié de fermer sa gueule et d’écouter les anciens, ceux qui savent perdre dignement des élections.

Ah ! On voudrait bien que je diffuse le vrai message dans mon blog que j’ai su populariser sans savoir parler aux gens, sans connaître ce qui pouvait satisfaire des lecteurs ; du moment que je parle du fond, de l’argumentation du bon candidat, celui qui doit gagner.

On voudrait bien que je ne dise pas du mal d’un candidat parce qu’il y a aussi du mal à dire de l’autre, que je ferais mieux de m’y intéresser, au candidat parce qu’il a plus de fond que l’autre qui est mal vu par les électeurs à cause de la veste verte portée lors du défilé du 1er mai 1984, mais je ne le sais même pas car comme je ne suis pas membre du PS depuis 23 ans, je ne peux pas connaître la politique, je ne peux pas avoir de culture politique puisque je ne sais même pas si mon candidat porte des slips ou des caleçons.

« Place aux autres, il faut renouveler les générations. » me dit Robert qui a pris sa carte au PS en 1974 pour protester contre la mort de Georges Pompidou et qui tient toujours le même discours à chaque réunion de section, réussissant à endormir chaque Conseil Municipal en expliquant pendant une heure qu’il faut créer un « Conseil communal des jeunes » pour assurer le remplacement des citoyens.

« Toi, tu ne sais pas, moi ça fait 24 ans que je suis ce candidat, j’ai participé à chacune de ses défaites et de ses retournements de veste, tu me dois le respect, à moi, mon p’tit gars. »

Voila, en gros, ce que je retiens de ces dernières semaines de campagne.

Je dois reconnaître que je n’ai pas fait de porte à porte. Je n’ai pas été faire les marchés. Je n’ai aucun résultat.

A part la moitié de mes copains de bistro et de mes collègues de travail, ceux de gauche, mon Dieu, je parle aussi à des gens de droite, qui sont allés voter.

Je ne suis pas un vrai militant, je n’ai pas milité pour le candidat qui plait à mon interlocuteur pour ses idées mais pour celui qui a le plus capacité de rassembler, celui qui parait le plus sérieux à mon entourage, à mes proches et mes moins proches.

Je ne suis pas un vrai militant, je n’ai pas regardé le débat et je n’ai pas tweeter que machin est excellent et a gagné alors que truc a été mauvais et a perdu.

C’est mal.

Mais je compte bien continuer à raconter des conneries dans mon blog et à discuter politique où sont les gens. Au comptoir et à la machine à café.

13 commentaires:

  1. Ta conclusion me semble d'une évidence !

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  2. D'ailleurs ceux qui tractent sur les marchés devraient penser à ramasser tous les prospectus jetés à terre, que la plupart ne lisent même pas. Les balayeurs vont finir par les obliger à faire le ménage à coup de manche à balai. Que certains n'auront vraiment pas volés.

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  3. Sophia,

    Je n'ai surtout pas voulu dire que c'était inutile !

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  4. He oui, les "caciques" quoi, ceux qui "savent", et auprès de qui tu devrais t'aligner parce qu'ils "savent".
    Moi,c'est la certitude qui m'emmerde dans le militantisme. Le manque de doute, qui déjà, en soi, n'incline pas à échanger.

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  5. Y a peut être un moment où les leçons de ceux qui ne sont pas forcément bien placés pour en donner, on les faire partir avec la chasse d'eau...

    en tous cas ça t'a donné l'occasion de faire une excellent billet.

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  6. Bon, l'essentiel que je retiens de ce billet, c'est "je vais continuer". C'est ça qui est bien !

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  7. Ils sont bornés les vrais militants. Me souviens d'une réunion il y a 8 mois, je n'avais pas envie d'y aller mais le pote n'a pas le permis. En tout cas, mis à part le buffet je serai parti en courant tellement les gens sont refermés sur eux et leurs idées.

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  8. Dominique,

    Oui c'est souvent lassant. Des fois ils font des réunions publiques à la Comete. Je les écoutes.

    Elia, FalconHill,

    Merci !

    MHPA,

    Bah ! On a tous nos certitudes. Moi, ce qui m'emmerde c'est la condescendance.

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  9. Après il y a l'inverse: les leçons de révolution des mecs qui rouillent dans leur canapé devant tf1, c'est au moins aussi gonflant !

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  10. @nicolas : Pour ça, bravo. T'a raisin, mon gars ! Cela me fait penser à une citation qui dit : "vous devez me respecter parceque j'ai vingt ans de plus que vous, et l'autre réponds : "et alors ? Tout dépend de ce que vous avez fait de votre tempes !"... Si c 'est pour se tromper et reproduire les mêmes erreurs, effectivement...

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  11. Romain,

    Oui il y a les deux. Mais ça ne fait pas 30 ans que tu milites et tu es élu dans une majorité ce qui te donne une légitimité. Tiens ! Je vais répondre à GdC.

    GdC,

    Ça fait 20 ans ou plus que tu milites pour des idées qui n'ont pas recueilli plus de 10% des suffrages nationaux depuis 1981. 20 ans d'inutilité.

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  12. @nicolas : je ne suis pas un vrai militant, puisque je suis blogueur ! si je l'étais tant que cela je n'aurais pas le temps d'être ici. Et d 'une. Et de deux, même si je fus militant pendant effectivement 20 ans (aurais tu pensé à moi en écrivant ce billet, ma biche ? Ô comme c'est touchant... j'en suis rouge de confusion..)ce fut dans les milieux associatifs, et non politique. je pensais en effet (à tort) que la politique cela ne sert àr ien. Souviens à toi, à l'époque, on se disait la gauche la droite tout ça... mais depuis sarkozy, si l'on ne savait pas ce qu'était la gauche, on sait à présent ce qu'est la droite : dure ! Je n'ai en effet ressenti le besoin de militer politiquement qu'à partir de Sarkozy... sentant qu'il n'était pas comme les autres. Que le Président soit de droite, de gauche, je m'en fous, mais simplement humaniste et avec une stature et de la hauteur. mais là... Ce personnage est en train de tout saper, dans tous les domaines. Voili voulou, mon chou...

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