31 janvier 2013

L'éternel anonymat des blogueurs

C'est un éternel sujet. Pourtant, les commentateurs des blogs n'y comprennent strictement rien mais comme tous nos braves citoyens se prennent pour des spécialistes. Ils savent manier une souris et se décrètent ingénieurs en informatique. L'anonymat était au cœur d'une conversation avec des amis blogueurs, hier, et l'un d'entre eux en a fait un billet. Les commentaires sont emblématiques de la bêtise de nos citoyens. 

Tenez ! J’en cite un : « Jegoun, il suffit de taper ton nom sur Google pour voir ta tronche de cake en gros plan. » Nous avons donc un type qui fait une théorie sur mon anonymat parce quand on connaît mon nom, on tombe sur ma photo. Respirez un coup et réfléchissez : comment mon vrai nom pourrait-il être anonyme ?

Chaque blogueur aura des propres raisons d'être anonyme et on ne peut pas nécessairement les connaître. Imaginons que El Camino soit le Président de l’Association nationale des proxénètes. Son vrai nom est Jonathan Sifléletrain et c’est avec cette identité qu’il est connu comme Président de l’ANP. C’est un personnage public. Certains peuvent être amenés à chercher ses propos, en tant que Président, sur la toile. El Camino peut ne pas vouloir qu’une telle recherche mène à son blog tricot, ça le rendrait ridicule.

On pourra trouver d’autres raisons mais c’est la principale. Pour ma part, je ne souhaite pas que mes collègues de travail sachent que j’ai un blog parce qu’ils se mettraient à le lire et à me regarder comme blogueur. Je ne veux pas qu’une recherche Google avec mon blase permette d’arriver sur mon blog. Par contre, je me fous que les lecteurs de mon blog savent mon nom. Ce que je ne veux pas c’est que ceux qui savent mon nom tombent sur mon blog.

Je vais donc illustrer ce billet avec une copie d’écran d’une recherche Google avec mon nom. En premier (flèche rouge), il y a un blog d’un type qui a le même nom que nom. Ne le dites à personne : c’est moi. Ca brouille les pistes. En deuxième (flèche rose), vous tombez sur un universitaire. Ce n’est pas moi. En troisième (flèche verte), vous trouvez un compte Twitter à mon nom. C’est à moi mais ce n’est pas @jegoun. En quatrième (flèche bleue), vous tombez sur mon compte Google+ associé à mon adresse mail principale, celle que j’utilise pour communiquer avec mes collègues quand je ne suis pas au bureau. Vous descendez un peu, vous tombez sur d’autres types avec mon nom, mes profils et ceux d’autres lascars de même nom dans un tas de réseaux sociaux dont Facebook et d’autres comptes Google+ à moi et un tas d’homonymes. Vous tombez aussi sur mon blog politique mais à ce stade, le poisson est noyé. Tenez ! Cherchez mon blase dans Facebook, vous trouverez des tonnes d’andouilles dont les parents ont copié les miens au moment de les inscrire à l’état civil.

L’anonymat est un éternel sujet, disais-je en introduction, et il est délicat d’en faire le tour. Je résume ma position : je ne suis pas anonyme mais je ne veux pas qu’on retrouve facilement mon blog dans Google. C’est réussi. C’est raté avec Google Images mais personne, sauf des tordus, ne cherche la photo de ses collègues de travail dans Google Images.

Je vais donc donner un premier conseil aux blogueurs qui souhaitent rester anonyme : créez donc un vrai compte pas anonyme et montrant que c’est bien vous, totalement indépendant de votre activité de blogueur.

Faire le tour de l’anonymat ?

Tout d’abord, l’aspect juridique. La loi oblige les blogueurs à déclarer leur véritable identité à leur hébergeur, ce qui n’empêche pas votre hébergeur de dissimuler votre identité et de vous laisser bloguer sous pseudonyme. Dans la pratique, il s’agit de vous trouver facilement en cas de plainte contre vous. Dans un des onglets de mon blog, il est indiqué « « Partageons mon avis », « Partageons mes agapes », « Partageons l'addiction »  et « Au comptoir de la Comète » sont des services de communication au public en ligne édité à titre non professionnel au sens de l'article 6, III, 2° de la loi 2004-575 du 21 juin 2004. Conformément aux dispositions de cet article, leur éditeur (oui, moi !) a choisi de rester anonyme. Les quatre blogs sont hébergés par Blogger qui dispose de mes coordonnées complètes. »

Tout cela est juridique et compliqué. Je vais résumer : un blog est un média comme un autre. Le blogueur est considéré comme le directeur de la publication. Si vous ne déclarez pas vos vraies coordonnées, c’est votre hébergeur qui devient responsable de vos propos. Par le passé, des agrégateurs ont eu des ennuis avec la justice. Un exemple : vous reprenez une dépêche AFP. L’AFP s’en fout, un blogueur n’est pas un concurrent, il aura 100 ou 1000 visites, c’est tout. Par contre, si un gros site reprend le blog, il sera amené à diffuser une information de l’AFP alors qu’il n’a pas payé un « abonnement » à l’AFP. L’AFP pourrait être amené à l’attaqué pour préserver ses sources de revenus.

Imaginons que je dise ici : « Jonathan Sifléletrain, Président de l’Association nationale des proxénètes, a une petite bite. » et que ça ne soit pas vrai. Vu son job, ça lui porte préjudice et il pourrait m’attaquer en diffamation. La « justice » va donc se tourner vers mon hébergeur. Si l’hébergeur est incapable de me retrouver, il porterait donc la responsabilité de la publication si la justice n’avait prévu que le blogueur doive déclarer sa véritable identité. Ils feront donc une enquête complète et vous retrouveront donc grâce à vos adresses IP ou autre. Ils ne seront pas contents et vous aurez la peine maximum… Imaginons maintenant que ce soit un commentateur qui dise ça suite à un de mes billets. Si le commentateur n’est pas identifié clairement et indubitablement, le taulier du blog devient responsable. Le commentateur anonyme ou « pseudonymé » ne se rend pas compte de ces aspects. Il n’aime donc pas les commentateurs qui ne sont pas clairement identifiés.

Je vais faire un aparté : le blogueur n’est pas responsable que devant la justice, il est aussi responsable de la tenue de son blog et de l’ambiance des commentateurs. Si un commentaire anonyme en insulte un autre, il en devient responsable. Par contre, si un commentateur signant avec l’adresse de son blog en insulte un autre, c’est le commentateur en question qui assume la responsabilité. Le blogueur a donc toute légitimité à virer les commentateurs mal identifiés.

Ainsi, commenter sans pouvoir être identifié est de la pure lâcheté. Je cite un commentaire qui m’est adressé en début de billet. Le type m’insulte mais je ne peux pas le retrouver. C’est un lâche, cela étant dit sans méchanceté : il ne s’en rend pas compte. Il a pris ses « manies » de commentateur sans avoir réfléchi aux implications. D’une manière générale, tous ceux qui expriment « un engagement » de manière anonyme sont lâches voire grotesques. Ce ne sont pas des gros mots : je ne veux pas que mes collègues de travail sachent que je blogue, c’est une forme de lâcheté… Mais pas la pire. Quelqu’un qui tombe sur mes propos sur le web peut aisément me retrouver.

Parmi les commentateurs d’un blog, il y a donc plusieurs catégories de commentateurs :
-         celui qui a un blog à son nom ou celui qui a un blog sous pseudo et qui est un peu connu (c’est le cas de beaucoup de mes copains de blogs, ce qui sont dans ma bloguerolle),
-         celui qui a un blog mais n’est pas connu du taulier,
-         celui qui n’a pas de blog mais qui signe avec un moyen d’identification (un compte Google+, par exemple),
-         celui qui signe avec un pseudo « original » qui lui permet d’être connu du taulier,
-         celui qui signe avec un pseudo débile (même si c’est son prénom !),
-         celui qui ne signe pas.

Faire le tour de l’anonymat ?

Quand le réseau social Google+ que j’évoquais à l’instant est sorti, à l’été 2011, une polémique est née parce que Google+ exigeait que les gens utilisent leur vraie identité. C’était grotesque. Il n’y a que les blogueurs à se branler avec leur identité (qu'est-ce qu'on en a foutre de ce qu'ils peuvent raconter ?) et Facebook exige également de mettre sa vraie identité.

D’une manière générale, tous les réseaux sociaux sont considérés comme des services de « microblogging », donc des blogs. La vraie identité doit être connue. C’est la loi Française avec l’interprétation que j’ai livré ci-dessus (et sur laquelle je me trompe peut-être) : l’important est de pouvoir être facilement retrouvé en cas d’enquête de police ou de justice.

Il y a souvent des polémiques à propos de ce qu’on peut voir dans Twitter (récemment saisi par la justice pour des propos antisémites). Moi-même, je suis régulièrement insulté par des andouilles dans Twitter dès que j’évoque certains sujets. Je ne suis pas juriste et je n’ai pas tendance à porter plainte pour un oui ou pour un non.

Il n’empêche que ce sont des fumiers, des trous du cul, des lâches et des enfoirés (j’espère que je n’ai rien oublié). On va dire des morveux qui se croient importants, se prennent pour des dieux, …

Je résume

Je comprends très bien l’anonymat dans les blogs parce que chacun pourra se trouver des bonnes raisons. Mais parmi ces bonnes raisons, il n’y a pas celle d’échapper à une baffe dans la gueule ou à une procédure en justice. Seul le fait d’être parfaitement identifié, comme je le suis, contrairement à beaucoup, autorise certains propos.

Et encore…

Ca me choque fortement que l’on puisse penser que le web puisse être un territoire de non-droit sous prétexte que l’on puisse y rester anonyme. Surtout quand on fait de la politique et qu’on est censés définir ce qu’est le droit…

37 commentaires:

  1. Excellent!

    J'ai le même nom qu'un véliplanchiste professionnel, je vous raconte pas les demandes Facebook des nanas qu'il a du croiser sur un spot. Parfois, ça a du bon le relatif anonymat du blogueur :)

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  2. On remarque d'ailleurs que tous les réseaux demandant d'assumer une identité et tous ceux jouant le jeun de la vraie identité sur ces réseaux se "lâchent" bien moins.

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  3. Perso, je ne suis pas anonyme.
    C'est un choix. Mon est une marque.

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  4. J'ai pas tout lu mais je retiens qu'El Camino en a une petite !

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  5. Moi je ne suis pas anonyme, je m'appelle Fred et je suis de Lille! :-)

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  6. Mon ancien patron avait lancé un appel d'offres (pour un montant de 150000 euros) pour "surveiller" les productions de mes collègues sur internet. Devoir de réserve, toussa ... Il s'agissait de M. Darcos. Ne riez pas, c'était avec nos impôts.

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  7. Très bon billet. J'abonde, un peu comme James.
    J'ai un peu errer dans tous les sens, oscillant entre Mike et l'autre, tatonnant, à droite à gauche et je crois que j'ai enfin réussi à trouver une sorte d'équilibre avec le tout. Mike, commente et blogue, et l'autre a sa véritable identité en faisant son beau sur tous les facebook, Google+. C'est plus clair, et on ne se mélange pas les pinceaux. Toujours préféré le pseudo à l'anonymat, mais je peux éventuellement comprendre l'anonymat des gens qui ne bloguent pas (tant qu'ils ne font pas chier).
    Mais il n'y a aucune lâcheté à cloisonner certaines de nos activités sur le net, il est normal de chercher à se protèger un peu

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    1. Merci
      Oui. On peut se protéger mais même anonymement on ne peut pas faire n'importe quoi.

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    2. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  8. C'est marrant ça, presque l'info du jour, El Camino en aurait une petite, alors ?

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  9. Je copie-colle pour travailler à essayer de comprendre.
    Sinon, d'un point de vue pratique et personnel :
    je voudrais que mon nom ici soit Geneviève B.
    et je voudrais que, quand on clique sur mon nom, la page s'ouvre sur une page comme celle de Bembelly, par exemple, où il n'y a que certaines informations, et ensuite seulement on clique sur les blogs qu'il a listés

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    1. Dans la pratique, j'utilise un compte Blogger différent de mon ´compte Google. C'est un peu chiant ...

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  10. Au début des forums, sur Usenet, il était convenu que chacun s'exprime sous sa véritable identité. Et puis est arrivé l'anonymat, qui s'est abattu sur Internet comme une onzième plaie d'Egypte. Certains ont largement dépassé le stade du troll et ont inventé le crypto-anarchisme. Je me goure si j'appelle ça du foutage de gueule hyper coordonné ?

    En attendant cette révolution cybernétique, je m'appelle François Hureau et j'emmerde les anonymes !


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    1. Un coming out pas trop difficile. Ça fait presque 20 ans que je m'exprime avec mon identité sur Usenet puis le Web. Certains m'avaient prédit les pires mésaventures (perte de clientèle, discrédit, pourrissage perso,...) j'attend toujours.

      Et puis... comme on est plusieurs homonymes, la tâche est aisée.

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    2. Oui les homonymes, c'est bien.

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    3. Je suis pour le mariage des homonymes.

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  11. Et moi j'ai pas de bol.


    -Sourire-

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  12. Ecrivons une manifestation : "We're not anonymous" !

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  13. Mon identité numérique est la seule que j'ai choisi - vive la liberté sur le net

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    1. La liberté sur le net ? Parfait ! Laissons faire les pedophiles, les terroristes,...

      Mort au code civil qui exige qu'on s'appelle comme l'ont choisi les parents ! Je me demande d'ailleurs pourquoi on se bat pour le mariage pour tous...

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  14. J'ai choisi l'anonymat pour une raison basique qui tient autant à ma tranquillité professionnelle et familiale qu'à l'idée - sans doute saugrenue - que ce que j'écris est plus important que de savoir qui je suis dans la vie (nom, prénom etc.). Il est probable que je ne tiendrai pas un blog autrement. C'est mon choix.

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    1. C'est choix. Mais on te connaîtrait sous ton vrai nom, ça ne changerait pas grand chose.

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