15 octobre 2009

TVA dans la restauration : c'est reparti pour un tour !


Ainsi, le gouvernement convoque à nouveau les restaurateurs à Bercy pour exiger une baisse des prix, des embauches, des augmentations de salaire, … en compensation de la baisse de la TVA dans la restauration.

Je ne voulais pas en parler à nouveau, mais l’excellent Seb Musset m’a twitté une vidéo de Christophe Barbier évoquant le sujet car je connais bien le sujet. Contrairement à beaucoup de gugusses qui donnent leur avis sur la question, d’ailleurs. Quand on est à droite, on aime bien qu’on respecte les demandes du gouvernement et quand on est à gauche, il est d’usage de tirer sur les petits patrons de bistros.

Je vais juste faire deux rappels :
  1. La baisse de la TVA a été demandée depuis longtemps par les restaurateurs pour limiter l’impact de la « nouvelle concurrence » : les supermarchés et supérettes qui vendent des sandwiches, les boulangeries qui le font aussi, les cantines, les points chauds, les kébabs,… Tous ces commerces ont des charges moindres que les bistros. Il ne viendrait, par exemple, à personne d’entrer dans un kébab et demander « je peux utiliser vos toilettes, s’il vous plait ».
  2. On peut le regretter, mais les prix sont libres, en France. Le gouvernement ne peut pas contraindre un commerce à baisser les tarifs. C’est la terrible loi de l’offre et de la demande qui permet de fixer les prix. Je vais donc vous donner un conseil : si le bistro que vous fréquentez est trop cher, changer de bistro.

Ainsi, l’habillage de cette baisse (les fameuses compensations) n’est qu’un instrument de communication pour… justifier une mesure pourtant juste. Le Gouvernement a agi en connaissance de cause et les syndicats de restaurateurs ont rebondi sur le sujet. Maintenant, les deux sont empêtrés dans leurs emmerdements et font semblant de taper sur les troupes.

Je connais très bien cinq bistros. Trois au Kremlin-Bicêtre, un à Loudéac et un à Choisy-le-Roi. Je discute souvent avec leurs patrons. Comme ils ont changé de patrons, certains plusieurs fois, ça fait onze patrons. Trois de ces cinq bistros font également brasserie (plat du jour, carte, …). Sur ces onze patrons, aucun n’est en accord avec les syndicats de la restauration. En fait, ces derniers ne représentent que quelques grosses affaires des centres villes, bien loin de la réalité de bistros de quartier.

Les bistros sont en réelle difficulté. Des milliers disparaissent chaque année. D’autres sont obligés de faire des travaux importants pour monter en gamme (les petits bistros sont maintenant trop concurrencés par les cantines, les Mac Do, les saladeries, …). La baisse de la TVA a été décidée en juillet. Elle n’a pas été répercutée sur tous les prix. Quand elle a été répercutée, personne ne l’a vu, car elle l’a été sur « le plat du jour » celui dont le tarif varie en fonction du montant de la matière première (la côte de bœuf n’est pas au même prix que la salade de pâtes). Observez bien les prix. Pas ceux imprimés sur la carte. Ensuite, rappelez-vous les rentrées précédentes… Vous gueuliez parce que les prix augmentaient (les patrons profitant des vacances d’août pour réajuster les tarifs). Enfin, quand vous allez manger au restau, regardez bien l’addition. Qu’est-ce qui coûte cher ? Le pinard… Mais la TVA n’a pas baissé sur l’alcool. Enfin (bis), demandez au patron de bistro l’évolution des prix pratiquées par ses fournisseurs, notamment le livreur de bière.


Je défends les bistros. Certes, je ne suis pas spécialement objectif mais avec le pognon que j’y laisse, je suis assez sensible aux tarifs…

Mais les annonces du gouvernement et des syndicats n’ont jamais été approuvées les restaurateurs qui ne demandaient qu’à bénéficier du même taux de TVA que leurs concurrents.



14 commentaires:

  1. complètement d'accord avec billet. J'ai moi-même fait du lobbying auprès de mon député (PS) pour qu'il vote la baisse de la TVA, ce qu"il a fait, en pensant que la baisse n'allait pas se faire réellement mais que cela allait être un poumon en temps de crise pour les bistrotiers. D'ailleurs la baisse est limitée dans le temps ce qui est une bonne chose.

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  2. Romain,

    J'avais oublié que tu étais un pilier de comptoir...

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  3. Bonjour,

    alors si l'on vous suit : disons clairement que la baisse de la TVA était une subvention de l'Etat à la filière de la restauration (3 milliards... une paille...).

    La question qui vient ensuite est la suivante : était-ce la mesure la plus urgente à prendre, était-ce le secteur le plus en difficulté ?

    Les prix ont effectivement été fixés en fonction de l'offre et de la demande dans le cadre d'une TVA à 19,6%. Dire que si l'on baisse la TVA à 5,5% on ne peut pas baisser les prix d'autant veut tout simplement dire que la différence va dans le bénéfice des restaurateurs. C'est donc juste une aide ou un cadeau selon comme on l'interprète.

    Je ne saisi pas pourquoi... mais j'ai l'impresssion qu'il y avait peut-être plus urgent... (et 3 milliards ça ne courent pas les rues... surtout avec le déficit actuel...)

    m'enfin,
    @+

    PS je pense qu'il est rare que dans un kebab vous commandiez une bonne bouteille de vin sur laquelle le restaurateur fait la culbute... m'enfin... chaque commerce a ses avantages et inconvénients...

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  4. Nap,

    Ce n'était pas la mesure la plus urgente, mais quand tous les bistros auront disparu, on en reparlera.

    "la différence va dans le bénéfice des restaurateurs". Tu connais le chiffre d'affaire d'un seul restaurateur pour septembre ? A part en zone touristique, jusqu'à la fin du mois, ils se demandaient si les clients allaient revenir après l'été !

    Crois-tu que la nécessité pour certains de changer de caisse enregistreuse et de tout reprogrammer permette d'aller vite ?

    Crois-tu que "l'offre et la demande puisse définir des prix en moins de trois mois, l'été surtout ?

    Tous ces arguments sont du vent.

    Quant au Kebab, tu crois que la bouteille de Coca que tu achètes avec ne dégage pas de marge pour le commerçant ?

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  5. Oh un appeau à libéraux, vite vite, accourons !

    Ben oui. Les restaurateurs étaient au bord de l'asphyxie et comparer cette baisse salutaire de TVA avec un genre de paquet fiscal spécial restauration est un non-sens. Je suis donc en complet accord avec ce billet outrageusement libéral. ;-)

    Et je regarde donc d'un air désabusé ce gouvernement soi-disant de droite se faire tirer les oreilles par un blogueur de gauche pour excès d'interventionnisme. Tout va bien.

    Au fait, il manque un "par", à la fin.

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  6. Je ne suis pas trop d’accord avec toi sur ce coup là… Ok les bistrotiers et les restaurateurs ont des fins de mois difficiles, et le gouvernement le sait. Mais c’est d’abord dû à la baisse du pouvoir d’achat de la clientèle.
    La baisse de la TVA nous a été vendue comme une mesure pour relancer ce pouvoir d’achat face à la crise. Pouvoir d’achat des clients comme celui des employés.
    Résultat, seuls les proprios se sont mis la différence dans la poche et exit le petit personnel et la clientèle. Il n’y a pas un truc qui te chiffonne là-dedans ?
    Cette économie était sensée être redistribuée, et elle ne l’a pas été. C’est un peu comme avec les 35 heures, tout pour les patrons et rien pour les autres !
    Alors je ne dis pas que certains patrons de bars et de restos n’en avaient pas besoin, mais ce genre de mesure inutiles pour la majorité et utile pour une catégorie de personne ressemble plus à de l’électoralisme qu’à autre chose.
    Pour preuve, le bulletin d’adhésion à l’UMP envoyé aux bistrotiers dans la foulée !

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  7. Evan,

    Ca n'a rien de libéral. Je suis un gauchiste, je défends la baisse de la TVA et maintient qu'elle doit être compensée par une imposition progressive sur le revenu.

    Gwendal,

    On dit un peu pareil. Tu dis que la baisse nous a été vendue. C'est ce que je dis...

    Pour l'instant, personne ne s'est encore mis de l'oseille dans la poche (sauf les bistros vivant de la saison touristique, mais qu'on arnaque les touristes ne me choque pas trop...).

    Par ailleurs, il s'agit, somme toute, de la baisse de l'impôt le plus injuste.

    Mais si un bistro répercute sur les prix maintenant que la rentrée est lancée (ce qui date d'une quinzaine de jours, seulement), on peut s'imaginer que le voisin fera pareil.

    Par ailleurs, il ne faut pas oublier le consommateur dans cette histoire : il n'est pas obligé d'aller au bistro, et surtout de choisir le plus cher.

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  8. Avec une photo pareille, plus envie d'aller au resto moi.

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  9. Heu, là Nicolas, j'ai du mal à être de ton avis… Personnellement, j'estime que nous devrions bénéficier d'une baisse de l'intégralité de la TVA sur les tarifs. Ceux qui sont volés depuis des lustres, c'est nous. Si les restaurateurs sont à la peine, qu'ils fassent comme tout le monde et revoient leur train de vie à la baisse.

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  10. Le coucou,

    peut-être mais les restaurateurs n'ont rien promis. Ce sont les syndicats et le gouvernement qui ont fait de la com. Les restaurateurs adaptent leur prix selon le marché.

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  11. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  12. bon j'en profite que tu parles (encore) de bistro pour te dire que je serais là le 29/10.
    Sur le billet, je me pose une question, si les prix baissaient n'y aurait il pas plus de clients, plus de volume amènerait plus de débits donc plus de possibilité de négocier les prix sur le volume acheté... enfin je suis pas une tête en économie !!!

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  13. Tu sais quoi ? Le gouvernement belge vient de décider de baisser la TVA ici aussi et emploie la même argumentation en faveur de la création d'emploi. Sauf que les usagers connaissent déjà le résultat plutôt mitigé de cette mesure en France et se rend compte à l'avance du "mensonge" !
    :-))

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  14. OSEM,

    C'est une question d'équilibre.

    Au 29 !


    Poireau,

    Ce qui prouve qu'on est en avance sur les Belges : on se fait sodomiser avant.

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