14 octobre 2009

Les banquiers sont gonflés !


Nos cadres dirigeants, génies de la finance mondiale, sont vraiment à côté de la plaque. J’ai moi-même déjeuné avec des sommités en me faisant passer par mégarde pour une d’entre elle alors que je ne suis qu’un modeste cadre dans le service informatique d’un usine de vélo. C’est avec cette casquette que je me suis levé, ce matin, en pensant à mettre une cravate pas à chier et mon plus joli costar parmi le seul en ma possession. J’allais représenter ma direction à une de ces journées où saute de conférence en conférence pour écouter des  types parler de choses tout à fait passionnantes que je ne peux pas évoquer ici aujourd’hui par pure flemme.

Travailleur pauvre, restez assis. Ca commençait à 11 heures mais je me suis pointé à 10 heures car je croyais que j’avais mal lu le papier et la pause de 15h15, devait durer jusqu’à 16 avant le discours de l’organisateur. Je me suis cassé, ayant des slips à laver. Ceci est véridique : je pense que j’étais le seul participant à faire sa lessive tout seul et à la main en plus. Je raconterai ça ultérieurement dans un autre blog mais ma machine à laver a rendu l’âme hier soir et je suis coincé : plus de slip pour le lendemain d’une rencontre avec des Eminences.

Cette introduction n’a que trop duré mais il faut que je poursuive la description du cadre ; Pendant la pause déjeuner, de 12h30 à 14h (oui, il faut bien 1h30 de pause à un directeur qui a commencé la journée par à une heure pour une conférence d’1h30), j’avais rejoint un type pour qui j’avais bossé il y a une dizaine d’années et qui est devenu, depuis, directeur informatique d’une banque. Pas la BNP, non ! Mais pas, non plus, la Banque de l’Indre pour les Technologies d’Excellence.

Nous racontions des bêtises diverses, genre « souvenir de vieux potes », tout à fait d’actualité dans ces cérémonies qui regroupent périodiquement des professionnels de la profession. Nous avons été rejoint par le directeur adjoint d’un de nos gros fournisseurs communs. J’étais donc avec les deux personnes les plus importantes (par le salaire, parce que, sinon, l’importance des gens…) de la journée, ainsi qu’un jeune ingénieur commercial en charge du compte de la société de mon pote directeur perdu de vue. C’est donc naturellement que nous nous sommes retrouvés ensemble, à table.

Je vous jure que j’ai bientôt fini l’introduction, j’ai juste une remarque à faire à l’attention des organisateurs de cocktails mondains. Vous devriez donner des sandwiches Parisiens à bouffer plutôt que des successions de petits fours sucrés et salés sans intérêt, mélangeant du foie gras et de la vaseline à la framboise. Le tout serait d’ailleurs aussi bien arrosé de Côtes-du-rhône que de Champagne.

Au cours du déjeuner, la discussion a viré vers la crise financière de l’an dernier. L’intérêt d’un directeur informatique d’une banque n’est pas spécialement sa compétence dans le domaine de la finance, mais il participe aux Conseils de Direction et est donc très bien informé.

Nous autres, blogueurs gauchistes, suivions l’affaire, à l’époque, avec notre vision spécifique cherchant à raconter des méchancetés sur le gouvernement et les banques. Il n’empêche que c’était vraiment la panique. De très grosses banques Françaises ont réellement été au bord de la cessation de paiement. Il n’a pas dit lesquelles, évidemment, mais j’ai cru comprendre que celle que j’évoquais ci-dessus était particulièrement concernée.

En débloquant une bonne dizaine de milliards (l’enveloppe prévue allait jusqu’à 25, je crois), le Gouvernement a réellement sauvé dans l’urgence quelques banques. Du style : « On prête le vendredi sinon, dès le lundi, c’est terminé ». On l’a échappé belle ! Imaginez un client de la BNP (si c’est bien elle qui est en cause, je n’en sais rien), qui va tirer 20 euros le mardi pour aller boire un coup avec les copains : non seulement la carte ne rentre pas dans la machine mais en plus un huissier est passé poser les scellés !

On aurait bien rigolé. Mais il aurait fallu boire à crédit. Heureusement, je ne suis pas client d’une grande banque et La Comète est entourée de banques sympathiques.

Plus sérieusement, la confiance entre les banques étaient mortes et elles ne se prêtaient plus en entre eux. Les banques qui vivent du crédit n’avaient donc plus de fric à prêter à leurs clients ! Toute l’économie est en l’air.

Vous savez dorénavant tout du libéralisme. Il ne faut pas d’état sauf pour sauver l’économie en restant solvable grâce aux impôts des pauvres.

La deuxième chose que j’ai apprise (ou presque) est que l’état a gagné de l’oseille avec ce prêt. Le taux de crédit était à 8% pour permettre aux banques de prêter du flouze à 4 ou 5% à ses clients ! L’étant en question ayant lui-même emprunté ce blé à 4% sur les marchés financiers. Ce taux explique pourquoi les banques se précipitent maintenant à rembourser l’état…Les chômeurs peuvent se réjouir : les banques sont sauvées.

« Nos cadres dirigeants, génies de la finance mondiale, sont vraiment à côté de la plaque. » C’est ce que je disais en introduction du billet. J’y viens.

Nos amis banquiers hurlaient contre ce taux, en traitant l’état de voleur. J’ai pouffé et, malgré le fait qu’il aurait mieux valu que je ferme ma gueule, je leur ai expliqué la raison de mon hilarité : « Ha ben ! Vous êtes bien contents de vous en foutre plein la gueule avec vos clients à découverts et vos filiales de crédit revolving avec leurs taux d’intérêt à 18% ». Me croyant dans PMA, je leur ai fait un lien vers un article de presse : « En attendant que la loi soit définitive, Christine Lagarde a rappelé qu'elle souhaitait maintenir le crédit revolving. »

Je résume : non seulement l’état les sauve mais en plus leur permet de sodomiser encore plus de pauvres gens qui n’ont pas les moyens d’acheter du beurre pour manger avec le camembert.

Le libéralisme en marche…



19 commentaires:

  1. Et dire qu'il voulait refonder le capitalisme... Occasion loupée avec tout ces maillards d'euros prêtés sans contrepartie.

    RépondreSupprimer
  2. Bon un libéral vient t'aider... En réalité l'Etat n'a pas été trop gagnant dans l'affaire car si j'ai bien compris l'opération était bien ficellée et indexée sur la forme du marché. Bref les banques ont profité du rebond en plus de se dépêcher de rembourser ce prêt très cher en s'endettant a moindre frais...

    Quand tu auras lavé tes slips, tu pourras chercher un article de Libé sur le sujet.

    A+ dangereux gauchiste qui pactise avec les libéraux

    RépondreSupprimer
  3. Stef,

    Yes... Complètement loupée.

    Seb,

    Pas d'après mon banquier.

    RépondreSupprimer
  4. Nicolas, le meilleur blog d'éco est ici http://lachute.over-blog.com/

    RépondreSupprimer
  5. PPR,

    Merci. Ce qui importe avec les blogs d'économistes, c'est d'en lire plusieurs, ils ne sont jamais d'accord entre eux !

    RépondreSupprimer
  6. La seule chose que je trouve bien dans les religions, c'est qu'elles condamnent l'usure.
    J'en déduis que la banque du Vatican fait des prêts à 0%.

    RépondreSupprimer
  7. @Rimbus, il n'y a que les Catholiques qui s'interdisaient l'usure. Les autres grande religions -Islam, Protestantisme, Judaïsme- ne l'interdisent pas.

    RépondreSupprimer
  8. La banque du Vatican n'a pas été renflouée par l'état Italiens? Le Saint-Père aurait échappé aux titres pourris? Merde alors, c'est qu'ils ont le St Esprit comme conseiller en placements!

    RépondreSupprimer
  9. @le coucou : trop fort, dans mes bras !

    @Nicolas
    Et c'est pas fini, ceci ne fait que commencer, le pire est à venir, la seconde vague est prévue pour février, keskon va rire !!

    RépondreSupprimer
  10. @ Abadinde : les musulmans condamnent l'usure aussi, enfin c'est bien ce qu'il me semble. Mais de toute manière on s'en moque puisque personne ne respecte ces préceptes. C'est drôle de voir que les croyants ont une lecture sélective de leurs livres saints !
    J'ai toujours aimé cette anecdote du christ et des marchands du temple, surtout quand je vois des reportages sur Lourdes, capitale de l'idolatrie commerciale.
    Bon, tout ça ne résout pas la seule question importante de ce billet : les slips sales de Nicolas.

    RépondreSupprimer
  11. Pour les slips sales, il y a plusieurs politiques possibles :

    - l'ultra liberale : tu jettes et tu rachètes

    - la marxiste : échanges avec celui de ton voisin

    - la socialiste courant delanoë : pique une culotte à ta femme

    - la socialiste courant Aubry : tu le retournes et tu le remets à l'envers donc

    - l'écolo : t'en mets pas

    - la sarkozy : une France exemplaire n'a pas de slip sale

    - la ségolène : il faut avoir un très fort désir de slip propre

    RépondreSupprimer
  12. Je suis excessivement blessé. Tu as linké Romain en marquant "Côte du Rhône", et pas moi. Je suis vexé.
    Romain est le Beaujolais, bouh.

    (^_____^)

    Sinon ton billet est tristement juste... je ne sais pas si c'est le libéralisme qui est en marche ou qui est responsable. Parce que le cynisme et l'arrivisme est également présent dans les autres systèmes. Et même si nous étions dans un système méga communiste comme certains en reverait (pas nous), il y aurait quand même ces jolis requins pour profiter du système et des plus faibles pour s'en mettre pleins de poches...

    Mais j'aurais aimé être une mouche pour voir la scène : tu as du te marrer intérieurement :)

    Bonne journée

    RépondreSupprimer
  13. J'étais en train de me dire "tiens, je n'ai pas lu ce brillant billet hier soir, comment se fesse?" quand je réalisai que j'étais sur ton blog politique et pas ton blog de conneries.
    T'as raison, faudrait que je vienne plus souvent :)
    Des bises, grand fou échevelé !

    RépondreSupprimer
  14. Abadinte,

    Le catholicisme, ça m'use.

    Le Coucou,

    Il faut les dénoncer.

    M.,

    J'espère...

    FalconHill,

    On ne peut pas linker toute la blogosphère ivrogne !

    Gauchiste !

    Fiso,

    Ben oui, il faut venir plus souvent ! On peut faire de la politique en rigolant !

    RépondreSupprimer
  15. Tout ça n'est pas bien nouveau. Pour l'avoir vécu de l'intérieur, j'avais déjà une bonne vision des choses l'année dernière (cf. http://minu.me/1uc).
    Ce que je regrette, c'est que :
    - Les promesses d'investissement que les banques avaient fait à l'Etat n'aient pas été tenues.
    - L'Etat n'est pas précisé les secteurs d'investissement dans lesquels les banques auraient dû faire des efforts. Investir dans une énième société de Credit Revolving ne va pas, à terme, sauver l'Economie...

    RépondreSupprimer
  16. Boris,

    Tout ça n'est que de la com gouvernementale (les promesses, les investissements). En fait, il fallait juste sauver les banques de la faillite.

    RépondreSupprimer
  17. Très belle introduction !
    Vraiment chiant la panne de machine à ce moment-là, j'espère que le gouvernement t'en prêtera une au plus vite !
    Quelle naïveté de croire que les banques allaient faire autre chose que s'occuper de se sauver elles-mêmes avant tout…
    :-))

    RépondreSupprimer
  18. Il faudra bien privatiser les banques, tôt ou tard. Il est inquiétant de leur accorder le privilège de "créer" l'argent.

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux c'est-à-dire tous sauf ceux qui proviennent probablement d'emmerdeurs notoires.