03 février 2013

Que faire des 60 millions de Google pour sauver la presse ?

Un accord a été conclu entre le Google et la presse. Il a été salué par François Hollande. Erwan Gaucher estime que c'est la méthode de ce dernier qui a permis l'accord. Il a pour principal intérêt de permettre à chacun de dire qu'il a gagné. Pourtant, la presse est loin d'être sauvée et d'avoir franchi le pas du numérique.

Éric Valatini de Margin Call estime que Google vient de filialiser la presse. De fait, Google est présent sur tous les fronts (actualité, fournisseur de visiteurs, régie publicitaire,...) et devient, en plus, sponsor. On va dire qu'avec cet accord, la presse sort la tête haute d'un combat ridicule. J'espère qu'elle va gérer intelligemment les 60 millions... Éric Valatini donne des pistes à la presse pour qu'elle puisse s'en sortir. Je vais donc faire la même chose, encore une fois. Mais, pourtant, tous les deux, nous sommes d'accord : que la presse se démerde.

D'ailleurs, je me demande bien ce que viennent faire Hollande et le Gouvernement dans cette histoire. Ils devraient travailler, avec nos partenaires Européens, à une méthode pour taxer Google et "tous les autres" sur le chiffre d'affaire qu'ils font en Europe depuis d'autres pays.

Que faire des 60 millions ?

Je ne sais pas comment est organisée la presse mais si j'étais elle, je créerai un Groupement de moyens dédiée à la transition numérique au lieu de redistribuer le pognon à ses membres. Ce Groupement de moyen aurait quatre axes que je vais détailler par la suite.
1. La publicité
2. Les tablettes
3. L'identification des lecteurs et le porte monnaie électronique
4. Le portail d'actualité du futur.

Il s’agit de développer des outils techniques (pour les trois derniers). Aussi, tous les acteurs Européens de la presse doivent être associés à ce projet car, au fond, il consiste à empêcher Google d’avoir une hégémonie. Les 60 millions appartiennent à la presse Française qui doit rester maitre des décisions, mais rien n’empêche de mettre les outils à la disposition des autres gratuitement et de prendre en compte leurs propres contraintes.

Je veux bien assurer la Présidence de ce Groupement de Moyens à condition que le siège social soit au Kremlin-Bicêtre.

Ne me remerciez pas.

La publicité

Eric Valatini dit dans son article : « La seconde est de jouer sur le terrain de Google, celui du business. Il faut couper le nerf de la guerre de la bataille qui se joue. Il faut que vous mutualisiez vos régies publicitaires ou que vous créiez une régie publicitaire commune et que vous l'ouvriez aux blogueurs, petits sites, etc ... bref à tous ceux qui veulent se joindre, tout cela sur un mode de type coopératif. » Je ne connais rien à ce sujet et ne m’étendrais pas.

Les tablettes

Je suis persuadé que l’avenir de l’information passe par les tablettes. La plupart des organes de presse ont leurs propres applications et c’est très bien ainsi.

Pourtant, et j’en avais fait un billet, les gens achètent aussi les journaux papiers pour pouvoir écrire dessus, notamment pour les jeux (les mots fléchés pour ce qui me concerne… Quand je prends le train, je choisis ma lecture en fonction des mots fléchés qui vont occuper une partie de mon trajet) mais aussi les courses, les jeux, … Je le vois dans les bistros, les gens préparent leurs paris sur les chevaux en gribouillant le journal. D’autres soulignent des articles ou notent des paragraphes (c’était mon cas, le matin, quand je faisais mon billet du jour plus tôt, à partir de la presse gratuite que j’étudiais dans le métro – maintenant je fais l’article directement avec l’iPhone, mon temps de transport étant plus long).

Il faut donc une application où les gens puissent écrire sur leur journal, tourner les pages, revenir à leurs notes, le tout comme s’ils avaient un stylo… : il faut pouvoir gribouiller un sudoku avec les chiffres qu’on estime possible et tout ça…

J’en ai déjà parlé.

Il ne s’agit pas de développer une application pour lire chacun des journaux mais une série d’outils que chaque application d’organe de presse pourrait intégrer.

Il en va de la survie d’une certaine presse qui sera concurrencée par tous les machins qui fournissent gratuitement des dépêches d’agence. Les jeux, les courses, les résultats sportifs, … sont souvent un plus intéressant.

Le porte-monnaie électronique

Il m’arrive souvent d’avoir envie d’acheter un article payant parce que le sujet m’intéresse mais ça m’énerve de sortir ma carte bancaire pour un petit montant. J’aimerais bien avoir un truc chargé à l’avance pour payer ces petits montants. Quand le solde serait à zéro, je pourrais le recharger de 10 ou 20 euros avec ma carte.

Ce truc doit être commun à l’ensemble des journaux.

Les banques doivent être associées au projet dans la mesure où ce n’est pas le métier des journaux de gérer le pognon et qu’elles seront concernées, aussi, pour concurrencer PayPal et des machins comme le Google Wallet (qui seront par ailleurs une catastrophe pour l’économie Française). Surtout, il faut une structure juridique à même de gérer les flux financiers du fait du paiement d’avance.

Néanmoins, la presse doit rester maitresse du jeu : les banques se concurrencent aussi entre elles (alors que les journaux ne se concurrencent pas dans ce domaine).

L’identification des lecteurs

Avec ce porte-monnaie électronique, les lecteurs auront fatalement un moyen de s’identifier. Ce moyen doit être utilisé pour tout ce qu’on peut faire avec un journal : s’abonner, laisser des commentaires, …

Il s’agit aussi de concurrencer Google, Facebook, Twitter, … qui permettent de s’identifier. Il faut reprendre la main, beaucoup d’acteurs sont concernés, y compris les chaînes de télévision avec l’émergence des télés Apple et Google.

On peut imaginer un tas d’usages ! Tiens ! Pourquoi pas un réseau social de partage d’information, concurrent des machins que je citai ?

Le portail

Il ne s’agit pas de faire un portail d’information concurrençant les journaux mais un machin ressemblant à Google News basé sur les articles les plus partagés dans les réseaux sociaux. Ne ne comprends pas pourquoi une telle application n’arrive pas à décoller… (des applications existent mais restent confidentielles, elles devraient pouvoir être promues par la presse Française).
 
Il s’agit aussi de couper l’herbe sous le pied aux grands groupes Américains qui ont nécessairement quelque chose sous le coude. Ou sous le pied. J’ai des problèmes avec l’anatomie, ce matin.

Concluons…

La presse ne fera rien de tout ça et se répartira le pognon comme elle l’entend. C’est dommage. Elle a une occasion unique de reprendre une partie de la main sur Internet en France pour tout ce qui concerne l’information.

D'autres pistes peuvent être étudiées. Par exemple, il faut aider la PQR à renforcer sa présence sur le web et surtout dans les réseaux sociaux (elle n'a pas nécessairement les moyens de se payer les services de Community Manager). Tous les journaux à faible tirage doivent être aidés. Je pense par exemple au machin hebdomadaire tiré à 30000 exemplaires, je crois, de ma commune natale. Je ne l'achète pas quand je suis à Paris et, localement, je me contente de le lire au bistro, très peu de ce qu'il contient m'intéresse (notamment tout ce qui concerne les petites communes aux alentours). Il faut qu'ils puissent mettre à disposition sur le web des articles pour une somme dérisoire (20 centimes ?) mais n'ont certainement pas les moyens de gérer un serveur web.

Chaque journal doit profiter de ses atouts. Par exemple, les pages locales de la PQR ne sont pas en concurrence sur le web. Par contre, il est urgent de mutualiser certains moyens face à des géants internationaux, sinon seuls les grands organes de presse français, comme Le Monde ou Le Parisien, vont pouvoir résister.

Au boulot !

9 commentaires:

  1. Pas mal ... T'as pas de pétrole, mais que des bonnes idées.
    Sauf l'articulation avec la nécessité de s'identifier : pourquoi, justement, le porte-monnaie ne serait-il pas anonyme,une fois chargé : m'identifier pour lire un journal, je ne le fais pas ! Si je vois un article non mis en ligne et que j'aimerais lire, soit je vais acheter le journal, soit je vais le lire à la bibliothèque où je peux le lire gratuitement et aussi aller sur internet gratuitement.
    Pourquoi ça ? Eh bien parce lorsque j'achète un journal au kiosque ou que j'entre à la bibliothèque,je ne suis pas obligée de clamer mon nom,ma date de naissance,mon adresse et le nom de ma banque! L'entrée à la bibli est libre : tu ne sors ta carte pour la faire scanner QUE si tu emmènes des supports chez toi.
    Eternel débat sur les libertés publiques ...

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    1. Objection intéressante. Techniquement, on peut offrir des garanties et ne pas donner au journal les informations sur le paiement et faire en sorte de ne pas savoir qui lit quoi.

      Après, c'est une question de confiance. Mais les gens peuvent aussi utiliser un autre moyen de paiement, comme actuellement. Et tu peux utiliser un pseudonyme.

      Mais de toute manière, il faut un indentifiant pour le porte monnaie... Sinon, qui va être débité ? Avoir le même identifiant pour le porte-monnaie et le compte de commentaire a différents avantages.

      A étudier.

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    2. Il y a aussi le volet légal à étudier (la CNIL et tout ça...). Il ne faut pas qu'on mémorise l'activité d'un type mais d'un autre côté, il faut bien qu'on puisse fournir "des preuves" en cas de litige. Avec la carte bancaire, tu as bien le nom du commerçant sur ton relevé de compte !

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  2. Tiens tu n'as pas développé sur google wallet et paypal.Pourquoi une cata pour l'économie française?

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    1. J'en avais déjà fait un billet.

      Pour résumer, ces modes de paiement vont se développer jusqu'à atteindre une part non négligeable des paiements. Google dispose d'une Mastercard.

      Les flux financiers vont échapper aux banques Française et, surtout, les commissions payées par les commerçants aux banques vont fondre puisque puisque les services de Google et autres seront gratuits. Les banques vont donc perdre beaucoup de sources de revenus (déjà qu'avec la loi en cours qui va diminuer les commissions pour les plus pauvres mais aussi les taux d'intérêts bas, ils perdent beaucoup).

      Or les banques sont obligées d'augmenter leur fonds propres (et donc leurs bénéfices non redistribués) pour pouvoir accorder du crédit dans le cadre de Bale III. Donc les banques ne pourront plus accorder de crédits aux particuliers comme aux entreprises.

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    2. "Google dispose d'une Mastercard." : ça ne veut rien dire. Google va émettre des cartes qui seront estampillées "Mastercard" mais pas adossées à des banques Françaises. Ce seront des cartes "de crédit", type "crédit revolving" (tu payes après, par mensualités ou autres).

      N.B. : et ça risque d'échapper à la réglementation Française de protection des consommateurs et autres...

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  3. Si la presse en profitait pour créer un autre système d'impression distribution, et arrêter avec Presstalis, ça serait aussi quelque chose de bénéfique pour tout le monde.

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    1. Ça ne changerait pas grand chose à part dans l'instant. Dans trois ou dix ans, peu importe, on lira tous le journal sur tablettes...

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  4. c'est comme le cycle de vie d'un produit, je crois que la presse écrite est en phase de déclin

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