08 septembre 2009

Sauver la sécu...

J’ai franchement la flemme, ce matin, mais je voudrais revenir sur le billet de Mathieu qui revient, lui-même, sur une discussion que nous avons eue à l’aide d’un outil de communication moderne à propos du déficit de la Sécurité Sociale.

Je crois qu’une des principales raisons de ce « déficit structurel » est lié à une erreur de gestion monumentale qui vise à rentabiliser chacune des structures plutôt qu’à réfléchir de manière globale au coût de la santé en France.

L’été dernier, j’avais été voir ma mère à l’hôpital suite à une fracture de la guibole. J’avais été frappé de voir les prix des chambres affichés dans le couloir. L’hôpital devait avoir pour consigne de remplir au maximum les chambres les plus chères pour récupérer de l’oseille de la sécu sans s’occuper, réellement, des besoins de santé.

Imaginons un service de 15 lits à 600 euros. Si 10 lits sont occupés, l’hôpital va toucher 6000 euros. Si 5 lits sont occupés, l’hôpital touchera 3000 euros. C’est de bonne guerre et tout le monde est content. Il n’empêche qu’à part quelques centaines d’euros pour les repas, les charges seront strictement les mêmes : le matériel pour meubler 15 chambres et 2 infirmières (par exemple) pour assurer la garde… L’hôpital n’a donc d’autres choix que de « vendre » des « nuitées » pour équilibrer un budget : la sécu raque, elle est en déficit.

Juste un autre exemple, pour le fun… Une radio. L’hôpital va s’empresser de la facturer « à l’acte » et donc « optimiser » l’utilisation de son matériel sur le dos de la sécu, or, quel que soit le nombre de radios, les charges sont strictement les mêmes : salaire du radiologue et amortissement du matériel. Unitairement, l’acte n’a aucun coût mais est facturé…

La deuxième erreur de gestion de la sécu est d’avoir comme principe de base que les gens sont des tricheurs ou abusent. Pour combattre lutter contre 5% d’andouilles qui imposent des frais supplémentaires, on pénalise 100% de la population. Le meilleur exemple est le médecin traitant qu’il faut aller voir avant de consulter un spécialiste. Comme si on allait voir un spécialiste pour le plaisir. « Bonjour Monsieur le Cardiologue, j’ai le palpitant qui part en vrille, vous pourriez regarder ce qu’il a, ce con ? ». Ca m’est arrivé une fois, il y a une demi douzaine d’année. J’étais nase. Ma tension partait en vrille. Généraliste. Laboratoire. Généraliste. Cardiologue. Généraliste. Laboratoire. Généraliste. « Bien ! Monsieur, vous n’avez rien, vous devriez prendre des vacances ». « Ca tombe bien, j’y suis à la fin de la semaine » « Très bien ».

Le jour où on arrêtera de vouloir gérer la santé publique comme une entreprise à rentabiliser, on aura peut-être une chance de sauver la sécu. Mais sauver la sécu est-il la priorité d’un gouvernement de droite, qui se fera un malin plaisir à aider les assurances privées ?

A l’époque où j’avais mon problème de tension, je bossais un peu pour la sécurité sociale. Le gouvernement de droite de l’époque avait décidé de mettre des photos sur les cartes Vitale. Ca coûtait la peau des fesses (pas la technologie, le fait de convoquer chacun des usagers pour les prendre en photo). Le seul but était de lutter contre la fraude (estimée, à l’époque, à une centaine de millions d’euros, c’est-à-dire rien par rapport au budget global, mais c’est facile de faire gronder les ménagères en parlant de fraude). Personne, dans les hautes sphères de l’administration, n’avait réfléchi au problème de base : qui fraude la sécu ? Ceux qui sont malades et pas assurés.

Ben ouais, mais il faut bien les soigner quand même. Qu’est-ce que ça peut faire s’ils fraudent ?

22 commentaires:

  1. ce billet mérite de nombreuses précisions

    1/ quand tu parles de sécu je suppose que tu parles de l'assurance maladie , parcequ'en réalité la sécu comprend aussi l'assurance retraite régime de base (qui n'est pas en bonne posture financière) et les CAF.

    2/ les dépenses maladies se répartissent environ 50/50 entre la médecine de ville et l'hopital.
    (voir ici les résultats à fin mai 2009http://www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/documents/RESULTATS_REGIME_GENERAL.pdf). Or autant les hopitaux sont restrucutrés, pressurisés autant on demande bien peu aux médecins libéraux (et on se demande pourquoi !).

    3/la réforme du médecin traitant n'avait pas pour but de lutter contre la fraude des assurés mais de rationnaliser le parcours médical, et aussi de limiter la concurrence entre les médecins (ex : si un médecin ne te donne pas un arrêt comme tu le souhaites, tu vas en voir un autre)

    4/ la lutte contre la fraude ce sont des mesures différentes et surtout une coordination entre tous les acteurs (ASSEDIC, CAF, URSSAF, CPAM, impots etc...)

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  2. encore une chose "qui fraude la sécu ? Ceux qui sont malades et pas assurés. " non car l'assurance est désormais universelle (plus CMU etc)

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  4. une fin à la sauce libérale !!
    ben oui, c'est les pauvres qui sont malades et qui ne payent pas qui seraient la cause du trou !
    pas les riches qui payent et qui partent en cure
    pas les patrons qui envoient les ouvriers au taf dans des conditions telles qu'ils n'arrivent pas à la retraite en bonne santé !

    bref, non seulement tu avances des arguments de droite, mais tu n'as même pas des solutions de gauche ! (aller chercher l'argent ou il est par exemple)

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  5. Il me semble que les hôpitaux publics sont budgétisés par l'Etat: on appel ça dans le jargon "le budget global". Une enveloppe est allouée pour les fonctionnemetns de l'année, sur étude des frais de l'année précédente. C'est la DDASS qui s'en occupe.
    Je pense que c'est une précision utile quant à la clarification des dépenses: les frais d'hopitaux sont prévus, ce sont les actes "complémentaires" qui coutent: dépassements, interventions, médicaments, hébergement...

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  6. Olympe,

    1. Dans le langage courant, la sécu est l'assurance maladie.

    2. Oui.

    3. Oui. Je ne parle pas que des tricheurs mais aussi des gens qui abusent. En outre, je décris "mon parcours" qui est délirant.

    4. Pour ce qui concerne la fraude, je constate juste que c'est une "bricole" par rapport au trou (mais c'est plus large que tu ne le dis, il y a aussi les fraudes à la mutuelle).

    Wallen,

    Oui, il y a bien un problème avec l'accroissement normal des dépenses... et l'histoire des structures (j'avais étudié, à une époque).

    Serge,

    Tu racontes n'importe quoi puisque justement je dénonce la casse de la sécu à des fins libérales.

    Homer,

    Il y a aussi la tarification à l'acte...

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  9. A la demande de Wallen, j'ai effacé ses deux derniers commentaires mais, par mégarde, j'ai aussi supprimé le premier... Je l'ai retrouvé dans la corbeille :



    Pour commencer à sauver la sécu (et tous les autres systèmes de santé en Europe d'ailleurs), il faudra commencer par accepter que la santé coûte chère et qu'elle coûtera de plus en plus en chère (par tête) avec les avancées scientifiques... Que les systèmes soit public, privée, semi-public ou semi-privé ou que sais-je encore, ça ne changera rien il faudra mettre plus de ressources...
    La nature du système, lui, est plus le résultat de l'histoire des structures pré-existantes dans un pays donné que d'une efficacité plus ou moins avérée d'un système vs. l'autre.

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  10. bon,
    j'ai relu, le texte de nicolas, et tout ce que je peux en dire c'est que c'est brouillon.
    à tel point que j'ai cru que sa dernière phrase était sa conclusion.
    d'où ma réaction.

    il n'empeche que notre hôte n'apporte pas plus de solutions

    et que si j'ai tiqué là dessus : "Personne, dans les hautes sphères de l’administration, n’avait réfléchi au problème de base : qui fraude la sécu ? Ceux qui sont malades et pas assurés."

    c'est parce que c'est un argument de la droite : chacun mériterait d'être soigné selon sa participation au système (alors même qu'à partir du moment ou tu consomme et même ou tu vis tu participes au système (mais cela ils ne l'ont pas intégré)

    "Ben ouais, mais il faut bien les soigner quand même. Qu’est-ce que ça peut faire s’ils fraudent ?"

    et ça c'est une analyse de la gauche bête (l'analyse , pas la gauche) : parce qu'ils ne fraudent pas !! se faire soigner ce n'est pas frauder, accepter cette idée c'est faire le jeu des libéraux.
    se faire soigner, c'est un droit, refuser de tomber malade aussi.
    à nous de le faire respecter...

    (j'essayerai de poster ici un article de politis sur la façon de pouvoir combler le soit disant trou de la sécu, si nicolas le permet)

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  11. Serge,

    Comme je l'indique en préambule, ce billet est un complément à celui du Privilégié mis en lien.

    Par ailleurs, tu tiques sur de mes phrases en oubliant la suivante, qui est la dernière du billet, en gros : on s'en fout de la fraude, de toute manière il faut bien soigner les gens.

    Enfin, je n'ai pas la prétention de résoudre les malheurs du monde en un billet. Ce blog en compte d'ailleurs près de 2500 dont une partie sur la fiscalité et la sécu.

    En outre, la fin de ton commentaire est insultant et grostesque. C'est quoi la "gauche bête". Pour moi, c'est celle qui veut être politiquement correcte et qui refuse d'appeler un type qui a un fausse carte Vitale un fraudeur. C'en est un.

    Il n'est pas normal qu'il faille une carte pour être soigné, on est d'accord, mais la question n'est pas là. Puisque mon paragraphe est justement pour dénoncer la droite qui cherche les fraudeurs.

    Tu me traite de "bête". Je vais répondre : ce n'est pas avec des connards comme toi, donneur de leçon, prétentieux, insultant, ne sachant pas lire, qu'on va sauver la gauche.

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  12. Refuser de tomber malade est un DROIT ?!?

    Mon pauv' garçon, j'aimerais pas habiter dans votre tête...

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  13. Gularu,

    Oui.

    Didier,

    Vous comprendrez maintenant pourquoi je le traite de connard ?

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  14. vous savez ce que vous dit le connard ?

    allez passons...et parlons entre adultes qui sont sortis du bac à sable

    @ nicolas: tu me demandes de savoir lire, je te retourne le propos : je n'ai pas écrit que tu étais bête, ni même la gauche, mais que l'analyse faite était bête, ce qui n'est pas pareil.

    et je maintiens : considérer que ceux qui se font soigner sont des fraudeurs potentiels en affirmant qu'ils ont le droit de frauder, c'est faire le jeu dé la droite.

    @goux : oui, ne pas tomber malade c'est un droit et que droite comme gauche ne veut pas faire respecter

    je viens de vallées ou les gens meurent à cause des fumées des usines, de l'amiante, je vois des paysans deverser plus de pesticides qu'il n'en faudrait pour defeuiller la jungle vietnamienne, et j'estime que la société devrait faire plus d'effort pour que les gens ne tombent pas malades plutôt que de les soigner.
    nous mettons plus d'argent dans la recherche contre le cancer que dans l'agriculture biologique.
    et les exemples sont légions...
    alors vous me trouvez peut être con, je m'en fous...

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  15. Serge,

    C'est bien mon analyse que tu trouves bête ! Donc moi.

    L'hiver dernier, j'ai refusé de ne pas avoir une angine. Ca n'a pas marché. Tu ne te rends même pas compte à quel point tu peux raconter des bêtises.

    En outre, je n'ai pas dit qu'ils avaient le droit de frauder, tu confonds tout et ne sait toujours pas lire. Ils n'ont pas le droit de frauder. Personne n'a le droit de frauder. Il est juste complètement con qu'une loi inique interdise à des gens de se soigner.

    En racontant de telles bêtises, tu fais particulièrement le jeu de la droite en décrédibilisant la gauche.

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  16. Dans cette vision de droite qui pose l'Etat en bon père de famille, image qu'elle utilise encore quand il s'agit de parler de la dette et des déficits répétés qu'elle fabrique (et qu'on ne devrait pas se permettre, dit-elle en se s'auto-flagellant pas assez !), on pourrait imaginer un père de famille qui prend la décision de ne plus soigner qu'un enfant sur deux ou sur trois, en fonction de ses revenus du moment !
    :-))

    [Je pense aussi que le trou de la Sécu est dû en majeure partie au vieillissement de la population. Le résultat de la grande copulation nationale d'après-guerre, on fêtait la victoire en troussant visiblement !, arrive à la retraite en masse. Une fois absorbé ce pic démographique, les choses devraient rentrer dans l'ordre. Ce sont des dettes d'Etat, donc pas de quoi s'alarmer avec les délais de remboursements habituellement appliqués aux particuliers ! :-) ].

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  17. Poireau,

    Les causes du déficit sont nombreuses, mais le vieillissement de la population aurait pu être anticipé et si certains gouvernements (de gauche comme de droite probablement) avaient pu ne pas prendre certaines mesures, on n'en serait pas là !

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  18. Il est sûr que si vous n'avez que des Serge pour promouvoir la gauche, je n'ai même plus besoin de troller, moi. Ni les gens de droite de se déplacer pour voter.

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  19. Didier,

    Il faudrait que je l'envoie vous troller pour voir...

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  20. On ne parle pas étranger dans mon blog.

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